Septembre 2024 – TG
DM n°1 – Entraînement guidé à l’explication de texte
« Représentez-vous, en effet, un être affranchi de toute limitation extérieure, un despote plus absolu
encore que ceux dont nous parle l'histoire, un despote qu'aucune puissance extérieure ne vienne contenir
et régler. Par définition, les désirs d'un tel être sont irrésistibles. Dirons-nous donc qu'il est tout-puissant ?
Non certes, car lui-même ne peut leur résister. Ils sont maîtres de lui comme du reste des choses. Il les subit,
il ne les domine pas. En un mot, quand nos tendances sont affranchies de toute mesure, quand rien ne les
borne, elles deviennent elles-mêmes tyranniques, et leur premier esclave, c'est le sujet même qui les
éprouve. Aussi, vous savez quel triste spectacle il nous donne. Les penchants les plus contraires, les caprices
les plus antinomiques se succèdent les uns aux autres, entraînant ce souverain soi-disant absolu dans les
sens les plus divergents, si bien que cette toute-puissance apparente se résout finalement en une véritable
impuissance. Un despote est comme un enfant ; il en a les faiblesses, et pour la même raison. C'est qu'il n'est
pas maître de lui-même. La maîtrise de soi, voilà la première condition de tout pouvoir vrai, de toute liberté
digne de ce nom. Mais on ne peut être maître de soi, quand on porte en soi des forces qui, par définition,
ne peuvent être maîtrisées. [...] C'est précisément à cette maîtrise de soi que nous dresse la discipline morale.
C'est elle qui nous apprend à agir autrement que sous la poussée d'impulsions intérieures et en laissant
notre activité descendre spontanément sa pente naturelle. Elle nous apprend à agir avec effort ; car il n'est
pas d'action morale qui n'implique que nous ne contraignions quelque penchant, que nous ne fassions taire
quelque appétit, que nous ne modérions quelque tendance. En même temps, comme toute règle a quelque
chose de fixe et d'invariable qui la met au-dessus de tous les caprices individuels, et comme les règles
morales sont plus immuables encore que toutes les autres, apprendre à agir moralement, c'est apprendre
aussi à se conduire avec suite, d'après des principes constants, supérieurs aux impulsions et aux suggestions
fortuites. C'est donc communément à l'école du devoir que se forme la volonté. »
E. DURKHEIM, L’Éducation morale (1925)
I. Entraînement à l’introduction
Lisez le texte avec attention et cherchez à synthétiser les informations principales que vous renseignez
ensuite dans les tableaux suivants (vous pouvez reproduire les tableaux sur votre copie) :
Ø Les thème(s) du texte
(à quelle.s notion.s du programme le
texte fait référence ?)
Ø Problème philosophique
(Quelle est la question que l’auteur
se pose ici ? Quel est le paradoxe ?
Vous pouvez le formuler sous la
forme d’une question, une suite de
question ou un paradoxe)
Ø Thèse de l’auteur
(Quelle est sa réponse à la question ?
quelle idée défend-t-il ? que
cherche-t-il à démontrer ?)
Septembre 2024 – TG
Ø Le plan du texte
De la ligne… Ce que fait l’auteur Ce que dit l’auteur
à… (il énonce sa thèse, il donne un (il faut résumer en une phrase ou deux
exemple, il analyse la thèse adverse, l’idée générale de la partie : si on vous
il argumente, il développe les demande de quoi il parle ici, il faut que
conséquences d’une idée… : donc votre réponse synthétise l’information
quel est le procédé argumentatif de principale).
la partie ?)
Première
partie
Deuxième
partie
Troisième
partie
II. Entraînement à l’analyse
1) a - Expliquez le paradoxe que soulève Durkheim au début du texte (l.1 à 5, jusqu’à « … il ne les
domine pas » ) : que dit-il ? Dans quelle mesure cela peut sembler surprenant ? Comment peut-on
défendre son argument ?
b – Trouvez un exemple de votre choix pour illustrer son idée (aidez-vous de la suite du texte : « En
un mot, quand nos tendances sont affranchies de toute mesure, quand rien ne les borne, elles
deviennent elles-mêmes tyranniques, et leur premier esclave, c'est le sujet même qui les éprouve »).
2) Analysez et expliquez la citation suivante : « La maîtrise de soi, voilà la première condition de tout
pouvoir vrai, de toute liberté digne de ce nom ». Pour l’analyser vous pouvez vous aider des
définitions des termes, d’un exemple qui vous permet de l’illustrer… Soyez attentifs aux nuances
dans les définitions des termes.
3) En vous aidant de la fin du texte, que semble vouloir dire faire son devoir ici ? Est-ce en accord avec
l’idée que vous vous faites du devoir ?
III. Réflexion personnelle à partir du texte
1) Êtes-vous d’accord avec la thèse de Durkheim ? Pourquoi ? Que pourrait-on lui objecter ?
David Émile Durkheim (1858-1917), sociologue français, considéré comme l'un des
fondateurs de la sociologie moderne. Dans l’Éducation morale il explore le rôle de
l'éducation dans la formation des valeurs morales essentielles pour la cohésion
sociale.
