Chasse
Chasse
1380 av.J.C.
Dim 98 x 83 cm
Référence EA37977
Conservée à Londres, au British Museum
La peinture murale
Découverte en 1820 par Giovanni d’Anastasi pour le compte du consul Henry Salt.
Nébamoun était scribe et comptable du grain dans le grenier des offrandes divines du temple
d’Amon à Karnak, sous la XVIIIe dynastie.
Son épouse est Hatshepsout.
Composition
Trois personnages sont représentés sur un esquif, au milieu d’un marais luxuriant.
L’esquif est le bateau de pêche des égyptiens, il est fabriqué à partir de tiges de papyrus liées
entre elles.
Nébamoun se dresse très grand au milieu de l’esquif, il porte un pagne de lin blanc noué à la
taille sur le devant, un collier ousekh et de larges bracelets agrémentent sa tenue, sa coiffe est
une perruque à frisons.
Ses bras sont levés, il tient un boomerang dans sa main gauche et de sa main droite enserre les
pattes de plusieurs oiseaux qui se débattent pour s’envoler.
Sa femme se tient debout à ses côtés, elle est de taille plus petite et vêtue d’une tenue très
élaborée pour la chasse. C’est une élégante robe jaune agrémentée d’un châle de la même
couleur, confectionnés dans un tissu plissé. Sa perruque aux tresses fines est maintenue par un
serre-tête, elle est surmontée d’un cône d’onguents (graisse parfumée). Son bras droit est plié,
sa main droite serrée contre sa poitrine tient un grand bouquet de fleurs de lotus.
Entre les jambes de Nébamoun une jeune-femme, est assise en tailleur, il s’agit probablement
de sa fille. Elle est représentée nue, sa coiffure composée de longues tresses serrées est la
coiffure conventionnelle de l’enfance. Elle est couverte de bijoux, une rangée de bracelets, un
collier ousekh et une parure avec un pendentif qui tombe sur son nombril. Elle tient un
bouquet de lotus dans sa main gauche et s’accroche au mollet de son père avec sa main droite.
Dans un geste enfantin, les petits doigts de son pied droit sont écartés.
La scène mélange des images formelles avec ce qui semble être des représentations
réalistes d’oiseaux, de poissons et d’un chat dressé pour la chasse.
Malgré l’apparente précision de ces représentations, ces créatures sont très stylisées et
parfois même purement hiéroglyphiques, représentées de façon peu naturelle, mais très
compréhensible.
Ce ne sont toutefois que des détails secondaires :
Les poissons flottent à la surface de la rivière bleue, elle-même couverte de lignes en zigzag,
symbole de l’onde.
Les fleurs de lotus sont représentées partout dans cette scène, elles sont le symbole de la
Renaissance.
Le chat est un animal domestique, il représente aussi le dieu soleil chassant les ennemis de la
lumière et de l’ordre.
Par convention, la couleur de son œil, doré, est une référence aux significations religieuses de
la scène.
De haute taille, le personnage de Nébamoun est peint en larges touches qui contrastent
vivement avec les fourrures, les plumes et les écailles du chat, des oiseaux et des poissons.
Avec des moyens limités le peintre anime sa composition, son sens du mouvement est
perceptible dans la représentation du personnage central comme dans la posture du chat et les
envols de papillons.
Les animaux, les personnages et les hiéroglyphes (il y a huit registres verticaux) sont traités
avec la même habilité.
Analyse
I- L’art de la peinture égyptienne est de s’assurer une belle vie après la mort.
Les tombeaux égyptiens étaient décorés de scènes qui, une fois « activées » par les rituels
appropriés, permettaient la perpétuation des plus beaux aspects de la vie du défunt et
assuraient que les cérémonies idoines se poursuivraient pour toujours.
À partir du Nouvel Empire, apparurent des papyrus peints nommés « Livre des morts » qui
illustraient les hymnes, sorts et recommandations censées accompagner le défunt dans son
voyage outre-tombe.
À Thèbes (l’actuel Louxor), le calcaire, bien que fin, est très friable et les tombes gravées sont
rares.
En général, on recouvrait les murs de plâtre épais, puis d’une couche plus fine sur laquelle on
peignait ensuite à sec.
Bien que la peinture murale ou sur papyrus, suive les mêmes conventions stylistiques que la
sculpture en relief égyptienne, il s’agit d’un support différent qui se prête à d’autres usages.
Toutefois les techniques restent très formelles.
Les artistes ne disposaient que d’une palette réduite de couleurs (terre et ocre) qu’ils
conservèrent même lorsque d’autres pigments furent découverts. Ce sont des pigments
minéraux qu’ils délayent avec un liant, de la gélatine animale- par exemple.
II- Le fait de recréer le monde en peinture ou en sculpture, est sous-tendu par un dessin
religieux.
La représentation est ainsi rendue « vivante » et ne cherche pas à peindre le monde tel qu’il
est.
Ceci mène à toute une série de conventions, comme le démontre cette scène.
Les tombes de Nakht (TT 52) et de Menna (TT 69) reproduisent des scènes semblables,
toutefois la facture est moins aboutie que dans la peinture de Nébamoun.
Conclusion
L’artiste ne pouvait pas faire preuve d’originalité, il se devait de respecter les lois très strictes
de la représentation pour être apprécié.
L’artiste était entièrement soumis aux règles du groupe, et ce cadre normatif très contraignant
de la création est la raison pour laquelle nous trouvons tant de charme et d’originalité à l’art
égyptien.
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Vers 1350 avant J.-C., Nébamon, haut fonctionnaire sous le règne de Thoutmosis IV et
d’Amenhotep III (Nouvel-Empire), décède. Son corps, embaumé, va reposer dans une tombe
qu’il a fait réaliser. Sa dernière demeure, comme cela se pratique alors, est divisée en deux
parties : le corps et le mobilier se trouvent dans une chambre funéraire scellée pour toujours,
tandis qu’une chapelle demeure accessible pour les vivants, afin qu’ils prient en faveur du
voyage dans l’au-delà du défunt et qu’ils n’oublient pas son nom. Les parois de cette chapelle
ont été couvertes de peintures magnifiques, figurant Nébamon dans les actions de sa vie.
3000 ans plus tard, des fragments de ce décor, transportés à Londres, inspirent l’émotion aux
visiteurs.
Les décors de la tombe de Nébamon ont une fonction rituelle et magique. Dans l’Égypte
ancienne, il existe beaucoup de pratiques autour de la mort qu’il convient de respecter afin
d’assurer la survie du défunt dans l’au-delà. C’est pourquoi l’iconographie qui figure sur les
tombes est extrêmement codifiée : le défunt est représenté dans les actions de sa vie, intégré à
l’ordre du monde. On le voit accomplissant la Maât (l’ordre) dans des scènes d’agriculture et
d’élevage, et repoussant l’Isefet (le chaos) dans des scènes de chasse et de pêche.
Une des scènes les plus célèbres de la tombe figure Nébamon à la chasse aux oiseaux, dans un
marais du Nil. Debout sur une barque, accompagné de sa fille (elle est figurée assise entre ses
jambes) et de sa femme, Nébamon saisit des oiseaux en plein vol. C’est l’expression de son
triomphe sur les forces de la nature.
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Sur un autre panneau, Nébamon, figuré en grand, inspecte ses biens : ses esclaves lui
présentent hommage et font défiler les oies et bœufs qu’il possède, tandis que des scribes les
comptent. Cet étalage de richesse témoigne du prestige de Nébamon, mais aussi de son
autorité. Les scènes sont accompagnées de hiéroglyphes qui ajoutent à l’image de
l’animation : on y lit les chamailleries des paysans dans la file d’attente, alors qu’un intendant
leur intime de se taire.
Tombe de Nébamon, vers 1350 avant notre ère, British Museum
Ces deux scènes sont extraordinaires par le soin accordé à la représentation de la faune, avec
une profusion de détails et un souci de donner l’illusion de la vie et du nombre. Ces scènes,
malgré cet effort de précision, ne délivrent qu’une vision idéalisée de la vie.
Cette vision de la vie de Nébamon a un rôle religieux, social et magique : elle exprime les
fonctions du défunt de son vivant, expose les titres qu’il portait, et donc témoigne des faveurs
royales dont il bénéficiait. La démonstration laisse espérer l’obtention des mêmes faveurs de
la part des dieux dans l’au-delà.
De telles scènes de banquet, spécifiques à l’art du Nouvel Empire, sont une extension d’un
thème traditionnel, celui du repas funéraire. Dans ces scènes, le défunt était figuré devant une
table chargée de nourriture (pains, canards rôtis, figues), de bière et de
tissus. Précisément chiffrés, ces mets assuraient l’approvisionnement et donc la survie du
défunt pour l’éternité.
Lors des fêtes religieuses, les parents du défunt et les prêtres délégués par eux se rendent dans
la chapelle afin d’effectuer un certain nombre de rites : ils prononcent des prières et le nom du
défunt afin que ce dernier puisse exister dans l’au-delà.
Chefs-d’œuvre de la peinture
Les peintures de la tombe de Nébamon sont l’œuvre d’une équipe d’artisans extrêmement
talentueux, restés anonymes. Elles sont représentatives de leur époque, la XVIIIe dynastie,
connue pour être l’âge d’or de la peinture égyptienne. Plus généralement, le Nouvel Empire
est une époque très brillante, caractérisée par un essor artistique sans précédent, favorisé par
un afflux de richesse. Cette aisance s’exprime par un goût nouveau pour le luxe et l’élégance,
qui transparaît dans cette peinture.
Tombe de Nébamon, vers 1350 avant notre ère, British Museum
L’époque est également marquée par un renouvellement dans l’art, dont la tombe de
Nébamon est l’un des exemples les plus aboutis. Les peintres se découvrent des ressources
propres, se libérant en partie du poids des traditions. Car s’ils innovent par certaines formules
plastiques, l’art égyptien demeure un art de convention, à but magique : il convient donc de
respecter certaines règles de représentation sans quoi les peintures ne pourraient remplir leur
rôle.
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Ainsi, les artistes du Nouvel Empire ont enrichi le répertoire antérieur, en y ajoutant des
épisodes liés à la carrière des personnages, livrant ainsi de précieux renseignements sur le
fonctionnement de l’administration. À partir d’un canevas imposé, les peintres développent
des compositions originales. Les artistes ont aussi rafraîchi les motifs traditionnels en
les adaptant au goût de l’époque : les peintres du Nouvel Empire privilégient le mouvement,
l’exubérance des couleurs, cherchent des détails qui « font vrai ». Dans la tombe de Nébamon,
ce souci de naturalisme s’épanouit dans les figurations des animaux, qui témoignent d’un sens
de l’observation et d’une sensibilité toute particulière. Les peintres jouent avec les
conventions du dessin, allant jusqu’à figurer des visages de face, fait rare dans l’art égyptien.
Par ailleurs, la disposition du décor de la tombe de Nébamon et les thèmes déployés restent
tout à fait classiques.
Tombe de Nébamon, vers 1350 avant notre ère, British Museum
Si les peintures de la tombe de Nébamon, 3000 ans après avoir été réalisées nous enchantent
encore, il convient de rappeler comment elles sont arrivées là, en plein cœur de Londres.
En 1820, Giovanni d’Athanasis, marchand d’art grec, découvre dans la nécropole de Thèbes
une magnifique tombe aux parois peintes. Il y détache les plus belles scènes qu’il propose au
consul anglais Heny Salt, passionné d’égyptologie. Ce dernier fait acheter par le British
Museum (pour une somme dérisoire : 2000 livres !) onze fragments de la tombe, qui
rejoignent douze ans plus tard les cimaises londoniennes, où elles seront présentées jusqu’en
1999 sur un simple montage en plâtre de Paris. D’autres fragments, plus petits, sont vendus à
divers collectionneurs (et se trouvent aujourd’hui au Musée égyptien de Berlin, au Musée des
Beaux-Arts de Lyon et Musée Calvet d’Avignon).
A la suite d’une longue restauration (2001-2007), les panneaux ont été remontés dans une
nouvelle scénographie, qui restitue la disposition originelle de la tombe tout en protégeant ces
fragiles peintures. Des artéfacts contemporains de la réalisation de la tombe sont présentés
dans les vitrines : il s’agit souvent d’objets très proches de ceux représentés sur les panneaux,
sans être eux-mêmes issus de la tombe.
La présentation est appuyée par des reconstitutions 3D très réussies, qui complètent
efficacement la visite.
Reconstitution de la tombe de Nébamon, animation 3D proposée par le British Museum
(cliquez sur l’image pour y accéder)
Ces reconstitutions ne sont que des hypothèses : en effet, aussi surprenant que cela puisse
paraître pour le visiteur moderne, l’emplacement exact de la tombe de Nébamon n’est pas
connu. À l’époque de la découverte, l’archéologie n’en était qu’à ses balbutiements et
Giovanni d’Athanasi n’a donné aucune information précise sur la localisation de la tombe,
sûrement afin de préserver son filon d’autres « archéologues-marchands ». Aujourd’hui, les
archéologues cherchent encore la tombe de Nébamon parmi les milliers de vestiges des
alentours de Thèbes. En 2012, une équipe allemande pensait l’avoir retrouvée, avant
d’infirmer leur hypothèse. Il est probable que les arrachements orchestrés par Giovanni
d’Athanasi ont irrémédiablement endommagé la tombe, la rendant anonyme…
L’emplacement de la tombe de Nébamon demeure un mystère, même si on devine qu’elle
devait se situer à Cheikh abd el-Gournah, sur la rive ouest de Thèbes, où sont enterrés
beaucoup de hauts fonctionnaires de la XVIIIe dynastie.
Palette de la chasse
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Palette de la chasse
Découverte
Les fragments ont été acquis entre 1886 et 1888 auprès d’une source anonyme en Égypte par
Wallis Budge. Ils ont été enregistrés comme provenant de Tell el-Amarna, probablement à la
suite de la confusion avec d’autres objets acquis au même moment sur ce site. Trente ans
après leur acquisition, Budge détermina leur provenance comme venant d’Abydos dans son
livre By Nile and Tigris : a narrative of journeys in Egypt and Mesopotamia on behalf of the
British museum between the years 1886 and 19135.
Du fait du style et de la datation, cette provenance d’Abydos serait confirmée par certains
chercheurs4.
Datation
Après une première datation par le philologue anglais Wallis Budge, l'archéologue allemand
Hermann Ranke reprend cette chronologie. Il distingue deux groupes qui se suivent
chronologiquement, la palette de la chasse se situant à la frontière de ceux deux groupes6.
Pour l’archéologue, c'est la forme oblongue de la palette présentant une représentation
complexe et un signe hiéroglyphique qui la met en position d'assurer une transition entre les
deux groupes. De nouvelles datations seront effectuées jusqu’à celle de l’archéologue Luc
Watrin. À partir de sa révision des Stufen de Werner Kaiser7,8, Luc Watrin date la palette de
fin Naqada IIIa-début IIIb4.
Description
La palette de la chasse est gravée en bas-relief sur un seul côté. Autour du godet placé en son
centre, la palette présente une scène complexe de chasse mêlant chasse aux lions et à d’autres
animaux sauvages comme des oiseaux, des lièvres et des gazelles. Les armes utilisées par la
vingtaine de chasseurs sont des arcs et des flèches, des masses, des bâtons de jet et des lances.
La palette de la chasse
La palette de la chasse
reconstituée
Le fragment conservé au
Louvre recto-verso
Recto
Hormis les lions, les animaux sauvages représentés sont la gazelle, l'antilope Springbok, le
bubale, le lièvre, l'autruche et une espèce de cerf.
Tous les chasseurs portent la barbe et la plupart ont des coiffes de plumes. Leurs vêtements se
compose d’un court kilt avec une queue de renard9 attachée à l'arrière. Trois chasseurs portent
des signes distinctifs d’une appartenance géographique ou tribale, les autres ne disposent que
de leurs armes notamment l'arc, la lance, la masse, le bâton de jet et le lasso appelé également
lariat chez certains scientifiques. Les objets arrondis portés par certains des chasseurs ont été
interprétés comme des sacs ou des boucliers10,11.
L’identification des canidés fait encore débat parmi les chercheurs. Interprété à l’origine
comme des renards ou des chacals10, l’analyse de renard fut confirmée par plusieurs
scientifiques12,13 même si l’identification comme lycaons a également été évoquée 14. Parmi les
chasseurs, un canidé poursuit trois espèces d'antilopes et une autruche entre les deux rangées
de chasseurs sur l’extrémité la moins large de l’objet. Un autre canidé, dans la partie la plus
large, se précipite sur un Springbok retenu par la corde du lasso d'un chasseur.
Un membre du groupe des chasseurs tente de maintenir un Springbok par les cornes à l'aide
de son lasso. Deux lions ont été touchés par des flèches et l'une des bêtes blessées est en train
de poursuivre un chasseur. Les flèches appartiennent à la variété à pointe de silex, avec un
bord biseauté plutôt qu'une pointe15.
Au milieu de la palette, mais légèrement décalée vers l'extrémité la plus large, se trouve une
zone plate entourée d'un anneau surélevé, imitant les dépressions circulaires utilisées pour
broyer la peinture oculaire sur les palettes fonctionnelles.
À l'extrémité large se trouvent, une bête mythique constituée des parties antérieures liées de
deux buffles ou aurochs mâles et un symbole correspondant au hiéroglyphe du sanctuaire, sḥ.
Verso
Le verso ne présente pas de décoration, mais chaque fragment présente diverses traces dont
certaines peuvent être interprétées comme des marques récentes de manipulation soit liées aux
outils lors de la découvertes soit liées à d’autres outils lors de ses diverses manipulations.
Signification de l’iconographie
Pour l’archéologue Stan Hendrickx, cette chasse est à situer dans le contexte de l’élite
prédynastique. Il s'appuie sur l'iconographie montrant, dès le début de la culture nagadienne,
un lien étroit entre le pouvoir militaire/politique et la chasse et la consommation de viande
d’animaux sauvages dans un contexte rituel ainsi que l'importance de cette consommation
dans des cimetières comme le cimetière d’élite HK614.
Fonction de l’objet
Fonctions des palettes à fard : Palette à fard#Fonction et signification.
Les palettes à fard servent à broyer les minéraux dont sont tirés les fards. Cependant, la
palette de la chasse comme tout un groupe de palettes ne semble pas avoir cet usage. En effet,
aucune trace d’utilisation n’a été relevée sur cette palette pas plus que sur le groupe de
palettes historiées du prédynastique auxquelles la question d'un sens religieux ou
cosmogonique se pose.
Confection
Selon l’archéologue Stan Hendrickx, l’exécution d’un artéfact comme la palette de la chasse
était confiée à des artisans spécialisés, ce qui justifierait un résultat uniforme 18.
Notes et références
1.
(en) British Museum, « British Museum collection on line - The Hunter's Palette n°EA
20790 [archive] », sur British Museum, 2019 (consulté le 10 avril 2020).
(en) British Museum, « British Museum collection on line - The Hunter's Palette n°EA
20792 [archive] », sur British Museum, 2019 (consulté le 10 avril 2020).
Musée du Louvre, « Le Fragment de la palette de la chasse [archive] », sur Musée du
Louvre (consulté le 10 avril 2020).
Jean-Olivier Gransard-Desmond, Étude sur les Canidae des temps pré-pharaoniques
en Égypte et au Soudan, BAR Publishing, coll. « British Archaeological Reports -
International Series » (no 1260), 2004, 94 p. (ISBN 978-1-84171-618-3), p. 45.
(en) E. A. Wallis Budge, By Nile and Tigris : a narrative of journeys in Egypt and
Mesopotamia on behalf of the British museum between the years 1886 and 1913, vol. 2, John
Murray, 1920, 912 p. (ISBN 978-0-353-01240-0), p. 338.
(en) Douglas J. Brewer, The Archaeology of Ancient Egypt : Beyond Pharaohs,
Cambridge University Press, 2012, 219 p. (ISBN 978-0-521-70734-3, lire en ligne [archive]), fig. 5.3.
(de) Werner Kaiser, « Zur inneren Chronologie der Naqadakultur », Archaeologia
geographica, vol. 6, 1957, p. 69-7.
(de) Werner Kaiser, « Zur Entstehung des gesamtägyptischen Staates », Mitteilungen
des Deutschen Archäologischen Instituts, Abteilung Kairo, vol. 46, 1990, p. 287-299.
Jean-Olivier Gransard-Desmond, Étude sur les Canidae des temps pré-pharaoniques
en Égypte et au Soudan, BAR Publishing, coll. « British Archaeological Reports -
International Series » (no 1260), 2004, 94 p. (ISBN 978-1-84171-618-3), p. 47.
(en) W. M. Flinders Petrie, Ceremonial Slate Palettes : Corpus of proto-dynastic
pottery, British School of Egyptian Archaeology, coll. « British School of Egyptian
Archaeology » (no 66/1-2), 1953, p. 12.
L. Keimer, « Notes prises chez les Bisarîn et les Nubiens d'Assouan », Bulletin de
l'Institut d'Égypte, vol. 32, 1949-1950, p. 89-91.
(en) Dale J Osborn et Jana Osbornová, The Mammals of Ancient Egypt, Aris & Phillips,
coll. « Natural history of Egypt » (no 4), 1998, 224 p. (ISBN 978-0-85668-510-1), p. 71, fig. 1.3.
Jean-Olivier Gransard-Desmond, Les Canidæ de la Préhistoire à la Ière Dynastie en
Égypte et en Nubie (Maîtrise en Sciences humaines et sociales), Paris, Université Paris IV-
Sorbonne, 1999, 185 p., p. 53.
Stan Hendrickx, « L’iconographie de la chasse dans le contexte social prédynastique »,
Archéo-Nil, vol. 20, décembre 2010, p. 128 (lire en ligne [archive]).
(en) W. M. Flinders Petrie et Francis Llewellyn Griffith, The royal tombs of the earliest
dynasties 1901 : Part 2, Egypt Exploration Fund, coll. « Archaeological survey of Egypt »
(no 21), 1921, pl. VI, 13-14.
Jean-Olivier Gransard-Desmond, Étude sur les Canidae des temps pré-pharaoniques
en Égypte et au Soudan, BAR Publishing, coll. « British Archaeological Reports -
International Series » (no 1260), 2004, 94 p. (ISBN 978-1-84171-618-3), p. 50.
Jean Yoyotte, « Origine », dans G. Posener, S. Sauneron, J. Yoyotte, Dictionnaire de
civilisation égyptienne, Paris, Fernand Hazan, 1959.
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Palette à fard
Soins cosmétiques dans l'Égypte antique
Art de Nagada
Culture de Nagada
(en) List of ancient Egyptian palettes
Confréries de chasseurs en Afrique
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Dozo
Cadre
Type Innung
Côte d'Ivoire
Mali
Guinée
Pays
Sierra Leone
Liberia
Burkina Faso
Les confréries africaines de chasseurs appelées dozos sont des sociétés d'initiés qu'on
retrouve surtout en Afrique de l'Ouest et particulièrement parmi les populations de langue
mandingue.
Origines
Les sociétés ouest-africaines ont hérité de ce schéma social, tout comme du matriarcat, du
totémisme, entre autres, et également des confréries ésotériques de chasseurs, religieuses,
danseurs, tout étant fondé sur la profession.
La tradition orale mandingue fait remonter l'existence de ces confréries à deux frères
mythiques : Kontron et Sanin. Le fondateur de l'Empire du Mali, Soundiata Keïta, était, avant
de devenir Mansa, membre d'une confrérie de chasseurs dont il fut nommé maître, d'où son
surnom Simbo. Son corps militaire était surtout composé de chasseurs.
En malinké, le mot « dozo » (ou doso, donson) veut probablement dire “[celui qui] entre au
village”, tiré de la phrase ka don so, “entrer au village.”1
Histoire
Chez les Malinkés, les Bambaras, ainsi que chez les groupes apparentés Bobos ou Bwas et
Sénoufos ces confréries de chasseurs étaient très vivaces. Ils étaient chargés de protéger les
grands royaumes sahéliens des animaux féroces et de soigner les populations à l’aide de
plantes médicinales2.
Souvent recrutés parmi les nobles, les dignitaires, surtout les classes guerrières, les membres
de ces confréries jouaient un rôle très important dans la société même s'ils n'avaient que très
peu d'influence sur les décisions politiques, qui étaient l'affaire des dirigeants, de la royauté.
L'initiation était la première étape pour intégrer une confrérie de chasseurs. De jeunes
adolescents étaient souvent envoyés pour intégrer une telle confrérie, car elles étaient
également considérées comme une école de vie. Leur structure, contrairement à d'autres, ne
dépend pas de successions héréditaires.
Le « dozoya » est le terme désignant la science du dozo ou bien son code moral4.
Les confréries de chasseurs, très solidaires entre elles, sont très liées aux forgerons, souvent
« castés » dans les sociétés africaines.
Les dozos sont censés être dépositaires de savoirs mystiques séculaires et être dotés de
pouvoirs magiques2. Ils reconnaîtraient et chasseraient les mauvais esprits, seraient
invulnérables aux balles, auraient la capacité de se transformer en lion, etc5. Beaucoup, de
façon plus modeste, jouent aujourd'hui un rôle de guérisseur.
Rôle actuel
Ces confréries existent encore aujourd'hui, comme en témoigne le livre de l'ethnologue malien
Youssouf Tata Cissé, La confrérie des chasseurs Malinké et Bambara : mythes, rites et récits
initiatiques6.
En Afrique de l'Ouest, ils sont appelés Dozos5 et sont très liés aux populations de langues
mandingues (Guinée, Mali, Burkina Faso et Côte d’Ivoire notamment)1. Dans ces pays, on
peut assister à des scènes folkloriques de danses, chants, des parades, des réunions, où sont
évoquées, racontées, les histoires liées à cette confrérie, aussi de nombreuses scènes de
sacrifices. Les jeunes sont confiés à un maître qui va être initié dans la forêt aux valeurs de la
société secrète, les techniques magiques et les danses7.
Durant la Seconde Guerre mondiale, ils étaient très nombreux parmi les tirailleurs sénégalais7.
Les chasseurs sont également utilisés parfois comme auxiliaires des forces de police 3 voire
constitue une police parallèle2. Par exemple en Côte d'Ivoire, ils auraient été utilisés pour
protéger des cars de transport face à la recrudescence des attaques des « coupeurs de route ».
Des observations semblables ont été faites au Cameroun où le retour en force des chasseurs
traditionnels a profité du vide laissé par l'État dans le nord du pays8.
Ce nouveau rôle dans le maintien de l'ordre n'est pas sans poser de problèmes. Des cas
d'exactions auraient été notés dans le Nord du Burkina Faso et dans le Sud de la Côte d'Ivoire,
selon le rapport d'Amnesty International 2003 sur le massacre des gendarmes de Bouaké9. Il y
a également des problèmes de droit. Les membres de ces confréries détiennent des armes,
parfois sans être titulaires des permis de port. En Côte d'Ivoire, des personnes se prétendent
dozos pour profiter des avantages des membres de la confrérie3, tandis qu'au Mali certains
jeunes appartiennent à des groupes dozos sans avoir été initiés et sont simplement dans une
logique d'autodéfense10.
À la suite de ces actions de maintien de l'ordre, leur popularité s'est d'ailleurs singulièrement
accrue ces dernières années, et nombreux sont les Africains qui vont recueillir leurs
enseignements très simples, mais aussi très profonds, fondés sur une transmission continue de
la morale du chasseur, la défense de la veuve et de l'orphelin, ce à quoi s'engagent tous les
enfants de « Sanene ani Kontron », les chasseurs d'Afrique.
Les femmes ne peuvent être acceptées à proprement parler, mais elles peuvent devenir dozo
par héritage, en succédant à leur père défunt11.
Au Mali
Dans le centre du Mali, les dozos appartiennent à de nombreuses communautés. Certains sont
accusés d'exactions contre les peuls10,12.
En Côte d'Ivoire
La majorité des dozos en Côte d’Ivoire parle une langue de la famille mandingue1. Les dozos
ont connu une longue éclipse dans l'histoire du pays jusque dans les années 19907.
L'association Benkadi
L'association Benkadi a été créée en 1990 sur le modèle de ce qu'avaient créé les dozos
maliens, afin de lutter contre la criminalité croissante en Côte d'Ivoire et en réaction à la
passivité de l'Etat1. Le mot “benkadi” veut dire, en langue mandingue “la concorde (ou la
coopération) est agréable”1. Ils ont alors commencé à assurer la sécurité des routes.
Benkadi compterait 3600 membres. Elle comptait deux figures : Soro Nagalourou à Korhogo
et Bamba Mamoudou, un des membres fondateurs, au Centre. Il avait créé une unité au sein
des forces nouvelles, les Guerriers de la Lumière. Cette association offre aujourd'hui les
services de sa société de sécurité privée.
Autres structures
On recense au moins trois autres structures officielles rassemblant les dozos en Côte d'Ivoire :
La Coordination des dozos de Côte d'Ivoire créée en 2010 par Moussa Touré, un militaire à la
retraite. Elle revendique 5000 membres.
La Fédération nationale des confréries dozos de Côte d’Ivoire (FENACODOCI) dirigée en 2021
par Dosso Sory4, considéré comme proche de feu le ministre Hamed Bakayoko. La
FENACODOCI est une dissidence de Benkadi et est surtout présente dans le sud. Elle
compterait 28 000 membres.
La Confrérie des Dozo de Côte d’Ivoire (CODOZ-CI), dont le sécrétaire général est Aboulaye
Koné et le président le colonel à la retraite Moussa Touré (2022)14.
Après l'indépendance
Dans le milieu des années 90, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) avait pris des
mesures répressives visant à réduire leurs interventions en milieu urbain en matière de
sécurité.
Dès le début de la crise politico-militaire (2002-2011), ils se sont rangés derrière les insurgés7
et ont profité du désordre pour s'attribuer un rôle politique et militaire2. Ainsi, Bamba
Mamoudou, membre de l'association Bekadi, représentait les dozos au sein des Forces
Nouvelles.
Le président de la confrérie des dozos était Sériba Coulibaly en 20015 tandis que la presse
mentionne en 2005 un certain Bakary Koné7. Certains dozos, comme Zakaria Koné, sont
devenus des seigneurs de guerre lors de la crise politico-militaire en Côte d'Ivoire15. Toutefois,
le premier responsable des chasseurs traditionnels est désigné parallèlement comme un certain
Noumoutié Koné16. Bakary Ouattara, est pour sa part secrétaire des dozos du nord2.
Le Front populaire ivoirien (FPI) interdira leurs associations, les considérant comme une force
parallèle au service du Rassemblement des républicains (RDR)13.
Ce rôle a débouché sur des violences qui ont été documentées dans un rapport de la Mission
des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Selon ce dernier, les milices dozos auraient tué
228 personnes et blessé 164 autres en quatre ans2.
Période actuelle
Vers 2015, le président Ouattara a voulu les désarmer, mais sans résultat significatif, d'autant
que de plus en plus de responsables les considèrent comme des alliés dans la lutte contre la
menace des groupes djihadistes qui ne cesse de croître dans le nord du pays2.
Les dozos sont estimés aujourd'hui à 200 000, un chiffre en progression constante (ils étaient
50 000 en 19972). Ils sont essentiellement localisés dans le nord et dans l'ouest du pays2.
Au Burkina Faso, ils sont présents dans tout le pays mais particulièrement concentrés à
l’Ouest17. La confrérie est organisée autour des chefs dozo, appelés les dozoba.
Il existe au Burkina Faso un Haut Conseil national des dozos qui regroupe la quasi-totalité des
associations et organisations des chasseurs du Burkina18. Son président était Victor Sanou en
septembre 2021 et son secrétaire général Siaka Koné18.
Des chefs dozos ont créé en septembre 2020 une structure, le conseil national des chasseurs
dozos du Grand-Ouest, qui réunit les grands chefs dozos de chaque localité de l’Ouest18. Son
chef serait le dozoba Blaise Sanou17.
l’Union nationale des dozos et tradipraticiens de santé du Burkina17, dont maître Drabo
Yacouba dit « Le Bonck » est le père fondateur et président en 201919. Celui-ci nomme des
coordinateurs régionaux, qui ont eux-mêmes autorité sur les coordinateurs provinciaux 20.
Drabo Yacouba serait également coordinateur de l’Union panafricaine des Dozos sans
frontière (UDSF)17 ;
l’Union nationale des Dozo du Burkina, dont Aly Konaté était président en 2019 11.
Les Dozos sont très engagés contre les groupes terroristes. L’adoption de la loi sur les
Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), en janvier 2020, a entraîné l'inscription de
nombreux Dozos et la légalisation de leur action17. L'UDSF a en outre créé une unité
combattante, la « Dozo Assistance Internationale » (DAI)17. Dans ce conflit, les Dozos sont en
concurrence dans leur zone d'implantation, dans l'ouest du pays, avec les Koglweogos21.
Au Liberia et en Sierra Leone, les homologues des dozos sont appelés les kamajors5.
En Guinée
En Guinée, ils prennent le nom de Donzo et exercent une influence politique lors des
échéances électorales. Ils sont traditionnellement respectés par la population de la Haute-
Guinée et participent à la protection de l'environnement22,23.
Dans la fiction
La plupart des chefs d'État de l'Afrique médiévale et, dans une certaine mesure de l'Afrique
actuelle, comme l'a mis en lumière Ahmadou Kourouma dans son roman En attendant le vote
des bêtes sauvages24, sont issus de leurs rangs.
Galeries
Donzo au Mali
Annexes
Articles connexes
Soundiata Keïta
Charte du Manden
Bozo
Fanta Maa
Bibliographie
Youssouf Tata Cissé, « Notes sur les sociétés de chasseurs Malinké », in Journal de la Société
des Africanistes, tome XXXIV, fascicule II, 1964, p. 175-226
Youssouf Tata Cissé, La confrérie des chasseurs Malinké et Bambara : mythes, rites et récits
initiatiques, Nouvelles du Sud, Ivry ; Agence de coopération culturelle et technique, Paris,
1994, 390 p. (ISBN 2-87931-038-5)
Joseph Hellweg, Hunting the ethical state : the Benkadi movement of Côte d’Ivoire, Chicago :
University of Chicago Press, 2011, 291 p. Cet ouvrage n'aborde presque pas la période de la
guerre civile mais se concentre sur la formation du Benkadi dans les années 1990.
Kélétigui Abdourahmane Mariko, Le monde mystérieux des chasseurs traditionnels, Nouvelles
Éditions Africaines, Dakar, 1981
Alexandre Mensah (dir.), « L'impact des chasseurs », Africultures, no 33, L'Harmattan, Paris,
2001, 128 p.
Bernard Nantet, « Chasse », in Dictionnaire de l'Afrique. Histoire, civilisation, actualité,
Larousse, Paris, 2006, p. 68 (ISBN 2-03-582658-6)
Christine Théodore, Objets d'initiation. Rencontre avec un Chasseur Dozo, L'Harmattan, Paris,
2017 (ISBN 978-2-343-10488-1)
Filmographie
Les maîtres du nyama : la confrérie des chasseurs sénoufo, film documentaire réalisé par
Patrick Kersalé, Éditions musicales Lugdivine, Lyon, 2006 (DVD)
Le doso n'goni : la musique de la confrérie des chasseurs en pays manding, film documentaire
réalisé par Idrissa Diabate, Dia-Comm Productions, Paris, date ?, 40 min (DVD)
L'Envol du chasseur, Un film de Alexandre Bonche, Réalisation : Alexandre Bonche, Jean-
Michel Corrillion, Guillaume Vincent, 2007 - France - 52 minutes, Production Arte, les films du
rêve.
Liens externes
Notes et références
1.
AFP, « Côte d’Ivoire: les dozos, alliés encombrants pour l’Etat », Jeune Afrique, 4 février 2014
(lire en ligne [archive])
« Côte d’Ivoire-AIP/ Les dozos sensibilisent sur le respect de la vie humaine – AIP – Agence
Ivoirienne de Presse de Côte d'Ivoire [archive] », 29 novembre 2021 (consulté le 10 janvier 2022)
François Wandji, « LES DOZOS, GUÉRISSEURS ET " CHASSEURS " », L'Humanité, 24 juillet 2001
(lire en ligne [archive], consulté le 28 juin 2018)
Voir bibliographie
Thomas Hofnung, « Les dozos, arme secrète des rebelles ivoiriens [archive] », sur Libération, 25
août 2005 (consulté le 11 janvier 2022)
« Côte d'Ivoire : une suite de crimes impunis. Du massacre des gendarmes à Bouaké aux
charniers de Daloa, de Monoko-Zohi et de Man », rapport d'Amnesty International, 27 février 2003,
p. 9 [1] [archive]
« Attaque de Koumaga au Mali: comment en est-on arrivé là? [archive] », sur RFI, 26 juin 2018
« Confrérie Dozo : Elle est ouverte aux femmes, mais dans une certaine mesure - Mousso
News [archive] » , sur Mousso News, 28 avril 2019 (consulté le 30 janvier 2022)
Rémi Carayol, « Les milices prolifèrent au Burkina Faso [archive] », sur Le Monde diplomatique,
1er mai 2020
« Côte d’Ivoire-AIP/ Une rencontre annuelle de chasseurs traditionnels dozos à Taï pour
promouvoir la concorde et l’intégrité morale – AIP – Agence Ivoirienne de Presse de Côte
d'Ivoire [archive] », sur AIP, 22 juin 2021 (consulté le 25 janvier 2022)
Hellweg Joseph et Médevielle Nicolas, « Zakaria Koné et les transformations des chasseurs dozos
en Côte d’Ivoire. De la société civile comme stratégie politique », Afrique contemporaine, vol. 3,
nos 263-264, 2017, p. 41-58 (DOI 10.3917/afco.263.0041, lire en ligne [archive])
« Côte d’Ivoire-AIP/ Les Dozos rappelés à leur rôle de bénévole de sécurité – AIP – Agence
Ivoirienne de Presse de Côte d'Ivoire [archive] », 3 décembre 2021 (consulté le 10 janvier 2022)
Sidwaya, « Femmes dozos : Ces soldats de l’ombre contre l’insécurité [archive] », sur
aouaga.com, 15 décembre 2020 (consulté le 26 janvier 2022)
Kamélé Fayama, « Haut conseil national de la confrérie dozo : les premiers responsables se
concertent pour organiser la structure [archive] », sur AIB REGIONS, 16 septembre 2021 (consulté le 25
janvier 2022)
« Me Drabo Yacouba, chef dozo : « Si vous refusez de collaborer avec les FDS parce que vous
avez peur, sachez que même si vous ne dénoncez pas les bandits, vous ne serez pas
épargnés » [archive] », sur lefaso.net, 11 septembre 2019 (consulté le 25 janvier 2022)
Lamine Traoré, « « Les Koglweogos restent à l’Est et nous à l’Ouest. Un point, deux traits. »
(Blaise Sanou, chef dozo de Bobo-Dioulasso) – NetAfrique.net [archive] », sur netafrique.net, 25
novembre 2016 (consulté le 29 janvier 2022)
Un paradis du chasseur
Participer à un safari en Afrique… Quel chasseur de gros gibier n’en a pas rêvé ? La chasse
aux grands fauves sur le continent noir répond à l’instinct ancestral de l’homme obligé
autrefois de se défendre contre les bêtes sauvages ou d’assurer sa subsistance en les tuant.
C’est à la fois le sport le plus viril, car il n’est pas sans risque, et une merveilleuse aventure
dans la nature africaine.
L’Ethiopie offre à cet égard un terrain particulièrement propice : un des grands attraits de ce
pays pour les chasseurs est la variété de sa faune. On y trouve les animaux qui ont fait la
réputation du Kenya voisin et certains autres que l’on rencontre surtout sur son sol. Au
premier rang, il faut citer bien entendu les grands félins : le lion, le léopard et le guépard,
répandus dans les savanes et dans les deux déserts de Danakil et d’Ogaden ; une grande
variété de gazelles et d’antilopes, des zèbres et des éléphants, des koudous, des oryx, des
buffles, des hyènes, des chacals et bien d’autres encore, sans oublier une multitude d’oiseaux :
outardes, cormorans, ibis sacrés, francolins, serpentaires, spatules, autruches…
Cette faune se répartit inégalement selon les diverses régions. Dans l’Harar, pays de déserts et
de savanes, qui comprend à peu près tout l’est et le sud-est de l’Ethiopie, la saison de la
chasse se situe entre la mi-septembre et la mi-juin. Là, on rencontre de magnifiques lions à
crinière noire très recherchés, beaucoup de léopards et d’oryx. La ville de Harar, qui se trouve
à 500 kilomètres d’Addis-Abéba, est desservie tous les jours par un avion en provenance de la
capitale, et quatre trains par semaine mettent dix heures pour se rendre à Dire-Daouak, à
55 kilomètres au nord de Harar.
Dans la région de Borana, au sud, où la douce ondulation des crêtes fait place par endroit à de
larges vallées ou même à des plaines, le climat est assez chaud : des pluies tropicales s’y
déversent entre avril et mai. On peut donc y chasser de juillet à mars. Le seul moyen d’accès
est la « land-rover ». Six cents kilomètres séparent le village de Neghelli d’Addis-Abéba, dont
470 kilomètres d’assez bonne route. Dans cette région abondent la plupart des animaux déjà
cités, notamment le petit koudou, la gazelle, le guépard.
Signalons enfin pour ceux qui aiment la montagne qu’il est une région où la chasse promet
d’être particulièrement intéressante et spectaculaire. C’est le massif du Simien, qui comprend
les plus hautes terres d’Afrique. Pour atteindre les pentes couvertes de bruyère et les falaises
de basalte, où l’on peut chasser les ibex les plus rares, ainsi que les loups du Simien et les
babouins, il faut entreprendre là une véritable expédition qui doit être soigneusement
organisée par le guide que vous aurez engagé. On prend d’abord l’avion d’Addis-Abéba à
Gondar, ensuite le « land-rover » pour couvrir les 120 kilomètres qui séparent Gondar de
Debarek, et se rendre au cœur de la montagne à dos de mulet.
Un safari demande évidemment à être particulièrement bien préparé. L’Ethiopie vous offre à
cet égard les plus grandes facilités. Pour se rendre en Ethiopie, il faudra vous munir d’un
passeport, d’un certificat de vaccination contre la variole et la fièvre jaune ; les vaccins contre
la typhoïde, la paratyphoïde, le typhus et le tétanos sont également recommandés.
Pour un séjour de trente jours au maximum, vous versez la somme de 4 dollars, soit environ
20 francs, mais vous n’avez pas besoin de visa. Au-delà de cette limite, le visa est
indispensable.
Pour le permis de chasse, il faut s’adresser à l’Office du tourisme éthiopien, qui transmet la
demande au ministère de l’agriculture et vous donnera tous renseignements sur les conditions
dans lesquelles peut s’organiser la chasse et les frais qu’elle entraînera. Notons à titre indicatif
qu’en Ethiopie on ne paie que pour le gibier que l’on a réellement tué ou blessé. Il vous faudra
donc préciser à l’avance quelle sorte de gibier vous vous proposez de chasser.
Le coût du permis est de 40 dollars, soit 200 francs environ, à quoi s’ajoute le dépôt d’une
somme correspondant à la valeur des animaux que vous recherchez. Enfin vous devrez
accepter d’utiliser un guide agréé et de payer 4 dollars par jour un inspecteur du ministère de
l’agriculture qui vous accompagnera aussi. C’est le guide qui réglera les dernières formalités
et pourra vous donner d’utiles conseils en ce qui concerne votre équipement. Le choix de
votre fusil vous posera certains problèmes que vous pourrez lui soumettre ; il variera avec la
catégorie de gibier qui vous intéresse. Quant à votre appareil photo et votre caméra vous serez
seul juge ; vous trouverez facilement pellicules et films à Addis-Abéba. Quant aux autres
accessoires dont vous pourrez avoir besoin au cours de votre expédition, votre guide se
chargera de les préparer pour votre arrivée.
Vous pourrez alors entreprendre sous sa protection la chasse la plus passionnante de votre
carrière.
L'exploitation de la faune sauvage en
Afrique
THANE RINEY
L'auteur faisait partie du groupe qui, avec le financement du Programme élargi d'assistance
technique des Nations Unies, a effectué en 1962/63 une enquête sur la faune sauvage d'Afrique, à
titre de projet spécial FAO/UICN. Il est actuellement employé à la Division des forêts et des produits
forestiers de la FAO, à Rome.
Un des objectifs du Projet spécial FAO/UICN pour l'Afrique était d'établir un ordre de
priorités pour l'attribution de l'aide extérieure en vue de l'exploitation de la faune sauvage
considérée comme une richesse naturelle du continent. La nécessité croissante de mettre en
valeur cette richesse a été maintes fois illustrée aux réunions de l'Union internationale pour la
conservation de la nature (UICN) à Athènes en 1958, à Varsovie en 1960, à la Conférence
d'Arusha en 1961 ainsi qu'aux réunions techniques de Nairobi en 1963. Nous montrerons ici
que cette insistance était justifiée.
1. La chasse que pratiquent à des fins alimentaires certaines tribus de chasseurs et des membres de
tribus agricoles ou semi-agricoles; le gibier fournit de la viande et des peaux pour la population
locale;
3. La protection des animaux dans des parcs et des réserves, comme attraction pour les
touristes qui payent pour le plaisir de les voir et de les photographier;
a) de la viande,
b) des peaux et autres «souvenirs»
c) du musc ou, suivant diverses combinaisons, de a) et de b);
A part la chasse traditionnelle, ces autres modes d'utilisation n'en sont encore qu'à la phase
initiale et plus ou moins organisés, selon les régions. Nous nous occuperons plus
particulièrement ici des grands problèmes à résoudre pour développer ces divers modes
d'utilisation et nous proposerons des projets de recherche, de démonstration et de formation
professionnelle à l'examen des organismes qui, hors d'Afrique, désirent contribuer à accélérer
la mise en valeur du patrimoine zoologique africain.
La chasse traditionnelle à des fins alimentaires est le mode d'utilisation de la faune naturelle le
plus ancien et le plus simple chez les Africains; c'est encore aujourd'hui un des plus
importants, car il se retrouve dans la plus grande partie de l'Afrique au sud du Sahara.
Comme on connaît encore mal son effet sur les populations animales et notamment celles de
mammifères, il faudrait faire des recherches à ce propos dans quelques régions peu touchées
par la demande des marchés commerciaux. Le Ghana, l'Ouganda, le Dahomey, la Zambie, le
Betchouanaland et divers autres pays offrent un champ d'investigation approprié, mais c'est
surtout la République centrafricaine, le Ghana et l'Ouganda qui nous semblent convenir le
mieux à une telle enquête.
Une équipe de quelques hommes qui étudierait en Ouganda les incidences de la chasse
traditionnelle sur les grands mammifères pourrait déjà recueillir d'importants renseignements
préliminaires en un an, mais pour obtenir un tableau valable pour la totalité du pays, il
faudrait au moins trois ans.
Dans quelques pays où il n'existe pas encore d'organisme pour l'aménagement de la faune
naturelle, on ne s'intéresse guère aux animaux sauvages que pour la chasse traditionnelle et
cette richesse est de plus en plus menacée depuis quelques années en raison du progrès des
moyens de transport et des armes et du développement de la demande de peaux. Le besoin le
plus pressant dans ces pays est d'aider les administrateurs à créer des services spécialement
chargés de l'aménagement de la faune, qui appuieraient leur action sur une législation
appropriée et appliqueraient tout au moins pour commencer des méthodes simplifiées de
protection et de propagande. Le rapport d'un expert affecté à ce genre d'activité trouverait une
large application dans d'autres régions de l'Afrique. La Somalie et le Mali peuvent être cités
comme exemples de pays qui auraient besoin d'aide à ce niveau élémentaire.
FIGURE 1. - Les milliers de touristes qui se rendent chaque année en Afrique gardent
un souvenir inoubliable de leur «safari».
LA CHASSE SPORTIVE
L'organisation de battues pour les touristes qui veulent emporter des trophées peut être une
entreprise extrêmement lucrative; mais, en général, on ignore dans quelles limites on peut
chasser sans compromettre l'existence des populations de mammifères. Il est à peu près
certain que dans beaucoup de pays d'Afrique, on pourrait accorder des permis pour un bien
plus grand nombre de têtes de gibier, mais tant que des études n'auront pas apporté des
éléments précis, les services de la chasse ne doivent délivrer les autorisations qu'avec une
certaine prudence.
A notre avis, pour contribuer utilement au développement de ce mode d'utilisation de la faune
sauvage, l'étude devrait répondre aux conditions suivantes:
1. Dans une région où l'on organise couramment ce genre de chasse (le Kenya est un excellent
exemple), l'étude des populations animales devrait être assez détaillée pour permettre d'apprécier
les effets du taux actuel de prélèvements par les chasseurs.
2. Il faudrait indiquer ensuite, dans des recommandations, les taux de prélèvement pouvant
être appliqués sans danger pour la population animale de la zone étudiée.
3. On devrait faire le possible pour inclure dans les objectifs de l'étude la mise au point de
méthodes simples qui permettraient aux gardes de contrôler chaque année les fluctuations des
effectifs animaux, de manière à modifier selon les circonstances le «carnier» autorisé.
En Afrique, les parcs et les réserves aménagés pour la protection de la faune sauvage sont
aussi une attraction pour les touristes qui payent pour observer et photographier les animaux.
Ce mode d'utilisation est actuellement l'une des principales sources de revenu dans certains
pays, venant parfois immédiatement après l'agriculture. Bien qu'ils constituent une des formes
les plus élaborées d'utilisation de la faune sauvage, l'avenir de la plupart des parcs et des
réserves visités lors de notre enquête relative au Projet spécial pour l'Afrique pose un
important problème, celui de trouver des méthodes pour aménager ces vastes zones de
manière à assurer la protection permanente de leur principale attraction touristique, à savoir
les grands mammifères. En effet, tout au moins dans quelques-uns des parcs nationaux les
plus anciens, des difficultés se manifestent par suite du développement excessif de certaines
espèces et du déclin graduel de certaines autres, phénomène qui est dû aux méthodes
d'aménagement appliquées dans le passé.
On pourrait inclure dans cette série le parc national «W» qui s'étend sur une partie du
Dahomey, de la Haute-Volta et de la République du Niger; la réserve de Yankari, au Nigeria;
la réserve Oryx-Addax située au nord d'Abeche dans le Tchad; la réserve de Chobe dans le
Betchouanaland; le parc national de Nairobi au Kenya; enfin, le parc national de Kafue en
Zambie. Chaque plan d'aménagement élaboré pour ces divers parcs apporterait une part de
connaissances et, en les comparant entre eux et avec les quelques plans qui existent déjà, on
obtiendrait des éléments importants pour un aménagement rationnel des parcs et réserves
d'Afrique.
FIGURE 2. - Des recherches sont en cours dans un muséum de Rhodésie sur la
détermination de l'âge des animaux sauvages.
II s'agit d'établir des critères pour déterminer le nombre d'animaux qu'on pourrait prélever chaque
année sans provoquer une baisse de la population.
Si, dans la plupart des pays d'Afrique, ce type d'exploitation en est encore à ses débuts, sur le
plan du continent, par contre, on en a effectivement démontré la possibilité aussi bien dans les
régions encore caractérisées par des systèmes de vie tribale que dans des zones presque
complètement occidentalisées, comme certaines parties de l'Afrique du Sud et de la Rhodésie
du Sud.
Il est certain, toutefois, que pour obtenir régulièrement des rendements annuels maximums, il
faudrait mieux connaître les espèces et leur habitat. Déjà, les espèces adaptées au veld africain
ont, isolément ou en groupes, un rendement qui soutient avantageusement la comparaison
avec l'économie des élevages domestiques. Cela est vrai même avec les techniques erronées
actuellement employées, qui sont ultraconservatrices par ignorance et par crainte de
surexploitation. Dans une vaste région de l'Afrique méridionale, tout en sachant que diverses
espèces sauvages commercialement exploitées pourraient sans inconvénient supporter un
prélèvement annuel d'au moins 20 pour cent de l'effectif, on reste aux alentours de 10 pour
cent. Avec une telle marge de sécurité, les populations animales s'accroissent et l'on doit
continuer à appliquer des mesures de conservation du sol et de la végétation (Riney et Ketlitz,
1964).
a) commercialisation;
c) conflit avec d'autres formes d'utilisation des terres, et notamment le danger de contagion
des animaux domestiques.
Commercialisation
Par ailleurs, la petite entreprise, par exemple le Conseil de district africain, répond à une
nécessité primordiale, car c'est à ce niveau qu'il est le plus urgent d'instituer ou de maintenir
un mode rationnel d'utilisation des terres. Partout où cela est possible, l'aide étrangère se
concentrerait sur la réalisation d'installations adaptables et mobiles, qui sont également
simples et peu coûteuses, construites avec des matériaux existant sur place. En outre, elles
devraient pouvoir fonctionner de manière satisfaisante sans demander beaucoup de personnel
spécialisé et expérimenté.
Une autre question urgente est l'exploitation des grands mammifères qui ont proliféré outre
mesure dans beaucoup de régions, où ils posent un problème critique.
La préparation des peaux est aussi importante; en effet, la mise au rebut ou la dépréciation de
peaux mal préparées cause la perte de plusieurs milliers de dollars tous les ans. Il existe bien
des publications décrivant les meilleurs procédés de préparation, mais il faudrait simplifier la
présentation, surtout celle des différentes opérations intervenant entre le dépouillement de la
bête fraîchement tuée jusqu'à la livraison de la peau séchée au dépôt le plus proche. Par
exemple, on pourrait déjà améliorer la qualité des peaux dans une vaste zone simplement en
affichant des panneaux explicatifs illustrés dans les magasins où les chasseurs apportent les
peaux brutes.
La vente et l'exportation des oiseaux et des mammifères vivants posent d'ailleurs de nombreux
problèmes. Dans des régions d'Afrique très distantes l'une de l'autre, on se préoccupe de la
mortalité excessive de certains animaux capturés, ou de la transmission des maladies, ou de
l'exportation d'espèces rares. En dehors de ces problèmes immédiats se pose celui des
conséquences que la capture d'animaux vivants peut avoir à la longue pour le patrimoine
zoologique.
Cela dit, ce que l'on pourrait faire de mieux pour aider à organiser rationnellement ce mode
d'utilisation de la faune serait, pour commencer, de convoquer une réunion internationale, soit
une session technique de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) soit
une réunion spéciale sous d'autres auspices. Le but de cette rencontre serait de dégager les
problèmes internationaux que posent la capture et l'exportation d'oiseaux et de mammifères et
de mettre en lumière la nécessité de mieux coordonner entre elles les réglementations
nationales régissant les exportations et les importations d'animaux vivants.
L'exploitation des animaux sauvages ne va pas toujours sans inconvénients du point de vue
des autres formes d'utilisation des terres, les principaux étant les dégâts éventuels aux
cultures, la concurrence avec les animaux domestiques sur le plan de la nourriture et la
transmission de maladies. Actuellement, c'est ce dernier problème qui retient le plus
l'attention et suscite dans diverses régions de l'Afrique de vives controverses entre deux
camps, les uns prenant part pour les animaux domestiques, les autres pour les animaux
sauvages. Mais même les extrémistes reconnaissent que la controverse sur les maladies des
animaux sauvages et des animaux domestiques se caractérise par une grande ignorance de la
question et que c'est là un domaine où des recherches devraient être conduites d'urgence.
Etant donné les intérêts qui existent dans les deux camps, la meilleure solution pourrait être
qu'une organisation internationale patronne une équipe de recherche qui installerait sa base
d'opérations dans une université africaine appropriée. Pour commencer, un petit groupe de
deux ou trois vétérinaires qualifiés et bien au courant de la question de la transmission des
maladies des animaux sauvages aux animaux domestiques pourrait être chargé d'enquêter
dans des pays choisis et de faire rapport sur l'état actuel des connaissances en la matière.
L'équipe devrait aussi étudier la possibilité de créer en Afrique un institut de recherche qui
s'occuperait entre autres des maladies communes aux deux catégories d'animaux.
L'idéal serait d'organiser ces recherches autour d'une université, afin que cette question si
débattue soit examinée d'une manière absolument indépendante et objective.
A mesure que l'on connaîtra mieux le mode de transmission des maladies entre animaux
domestiques et animaux sauvages, on se rendra peut-être compte que les conséquences
pratiques sont assez sérieuses pour justifier des recherches orientées vers l'écologie, afin de
concrétiser en méthodes pratiques d'aménagement les connaissances acquises. Il faudrait donc
associer étroitement la recherche sur les maladies des animaux sauvages à des études sur
l'écologie des animaux aussi bien domestiques que sauvages, à mesure que ces études
progressent dans les universités ou les centres de recherche de l'Afrique.
FIGURE 3. - L'élan est sans doute l'espèce sauvage offrant le plus de possibilités pour la
domestication, les deux exemplaires ci-dessus appartiennent à un troupeau de 16 têtes
qui, pendant leurs deux premières années de vie, ont accusé des gains de poids de l'ordre
de 500 g par jour. Dans le même endroit et le même temps, de nombreux bovins
domestiques, soumis au même régime, ont péri d'inanition ou ont du être évacués
ailleurs pour se rétablir.
Bien qu'encore peu important pour le moment, ce type d'utilisation pourrait se développer et
la question vaut la peine qu'on s'en occupe ici.
Des nombreux animaux que l'on a pu domestiquer pendant un bref laps de temps dans
diverses régions d'Afrique, les principaux sont l'éléphant, le buffle du Cap, le zèbre et l'élan,
ce dernier s'étant montré le plus prometteur (Riney, 1961). Un fonctionnaire des services
agricoles sud-rhodésiens, qui a entretenu pendant quelques années un petit troupeau d'élans, a
pu recueillir sur la croissance et la multiplication de ces animaux des chiffres intéressants qui
ont déjà été publiés (Posselt, 1963).
Une telle expérimentation est intéressante, mais il faudrait lui donner plus de continuité et
orienter la recherche de manière à obtenir des résultats applicables très largement hors de la
Rhodésie du Sud. La meilleure solution serait d'employer pendant trois ans un biologiste et un
directeur de recherches sur le terrain qui pourraient élargir l'effet de démonstration en formant
plusieurs petits troupeaux expérimentaux et qui entreprendraient des recherches sur l'intérêt et
les limites de l'élevage des élans dans des régions à mouche tsé-tsé et dans d'autres milieux
actuellement marginaux pour l'élevage bovin. Au moins un de ces troupeaux devrait être
constitué en Zambie dans un territoire tribal de forêts à Brachystegia. Si cette dernière
expérience pouvait être conduite par des Africains, elle trouverait certainement une vaste et
utile application dans d'autres parties de l'Afrique.
FIGURE 4. - Un léopard ravageur de troupeaux a été capture et est relâché dans le parc
national de Serengeti.
Les conflits surgissant parfois entre la conservation de la faune sauvage et les autres formes
d'utilisation des terres sont un important sujet d'étude et de recherche en Afrique.
2. recherche sur les moeurs des grands mammifères et plus spécialement des espèces a) les
plus utilisées dans les plans d'exploitation et b) menacées d'extinction;
De ces quatre types de projets, les deux derniers ne nécessiteraient probablement pas
d'importants crédits internationaux. La liste des mammifères, par exemple, pourrait très bien
être établie par les soins de l'UICN qui en chargerait un muséum ou une association de
muséums. D'ailleurs, cette initiative a déjà été prise au cours du dernier trimestre de 1963. La
publication de recherches déjà accomplies est un autre domaine qui pourrait logiquement
intéresser les fondations privées où leur aide financière serait précieuse. Il serait également
très utile aussi de traduire d'anglais en français et vice versa des ouvrages d'application
générale.
Les deux autres projets, qui intéressent l'enseignement et la recherche, sont assez importants
pour être examinés spécialement en fonction des besoins du continent.
FORMATION PROFESSIONNELLE
Enseignement universitaire
Dans les pays qui s'étendent entre le Sahara au nord et la République sud-africaine, il existe
dix universités qui pourraient être des centres de formation spécialisée pour biologistes et
techniciens de la faune sauvage. Ce sont: l'université de Salisbury en Rhodésie du Sud; les
trois sections de l'université d'Afrique orientale situées respectivement à Dar-es-Salam,
Nairobi et Kampala; au Nigeria, les deux universités d'Ibadan et de Nsukka; l'université de
Dakar, au Sénégal; l'Ecole nationale d'agriculture de l'université de Yaoundé, au Cameroun;
l'université d'Addis-Abéba en Ethiopie, enfin celle de Khartoum au Soudan. Quatre de ces
établissements situés au Kenya, au Cameroun et au Nigeria, semblent particulièrement bien
indiqués pour recevoir une aide en vue de l'exécution de programmes.
De toutes les universités d'Afrique, celle de Nairobi est la mieux placée parce que la plus
proche de populations de grands ongulés et d'habitats très divers faciles à observer. Elle se
trouve aussi à proximité d'excellents instituts de recherche agricole, forestière et vétérinaire,
qui se sont déjà occupés activement de la faune sauvage et possèdent des bibliothèques
scientifiques spécialisées. Ses sections de zoologie et de médecine vétérinaire ont déjà uni
leurs efforts pour préparer un programme d'enseignement et constituer un groupe de recherche
qui étudiera les grands mammifères du parc de Nairobi.
En Afrique francophone, c'est l'université fédérale de Yaoundé qui paraît la mieux placée pour
l'étude des grands mammifères, la faune du Cameroun étant la plus variée d'Afrique. On a
déjà commencé à y donner sur une petite échelle une formation forestière et la conservation
de la faune et de la flore naturelles figure dès maintenant dans l'enseignement. Cette faculté
serait logiquement le meilleur centre pour le développement de la formation de spécialistes de
la faune sauvage, car elle est dans une position idéale, à proximité d'instituts de recherche et
de services gouvernementaux qui s'occupent de foresterie et de faune naturelle.
Au Nigeria, des deux universités d'Ibadan et de Nsukka s'intéressent déjà à la formation de
spécialistes de la faune naturelle; et un tel enseignement figure au programme de l'université
d'Ibadan. L'intérêt pour l'écologie des mammifères, la recherche et la formation
professionnelle en matière d'aménagement de la faune sauvage mérite certainement d'être
stimulé dans ces deux universités et il y aurait lieu d'envisager une formule qui permettrait à
un expert de séjourner alternativement dans l'une et dans l'autre.
L'aide qui pourrait être fournie à ces quatre universités consisterait à y envoyer pour trois ans
un boursier de recherche très expérimenté, dont le rôle principal serait d'aider à intégrer
l'étude des problèmes de faune sauvage à l'enseignement des autres disciplines biologiques et
de mettre en train des recherches sur la faune sauvage spécialement conçues en fonction des
besoins les plus urgents des principales régions desservies par l'université. Il devrait en outre
pouvoir contribuer à organiser un enseignement de niveau moyen répondant à la situation de
l'université et des pays intéressés et diriger éventuellement les travaux d'autres boursiers de
recherche. On estime que sur cette période de trois ans, les frais d'équipement et de voyage de
l'intéressé correspondraient au tiers environ de son traitement, proportion qui toutefois serait
probablement plus élevée au Cameroun.
L'enseignement de niveau moyen doit former des techniciens capables de prendre des
décisions pratiques en matière d'aménagement de la faune sauvage. Etant donné les
différences que présentent d'un pays à l'autre le niveau d'instruction des élèves, le type
d'administration chargée de la faune naturelle et le degré actuel d'aménagement de cette
ressource, la formation de niveau moyen ne sera pas la même pour tous les pays. En dernière
analyse, on pourra soit incorporer la formation en matière de faune sauvage au système
d'enseignement technique national, soit créer des centres spéciaux dispensant cette formation,
soit organiser des cours de perfectionnement à l'intention du personnel en service, soit enfin
combiner ces diverses solutions.
Une école de niveau moyen pour la formation de techniciens d'expression anglaise fonctionne
déjà près de Moshi, au Tanganyika et elle sera bientôt agrandie et renforcée grâce à un projet
du Fonds spécial des Nations Unies. Il faudrait ouvrir une école semblable pour les pays
d'expression française et un projet à cet effet est en cours de négociation avec le
Gouvernement camerounais.
Mais, en dehors de ces actions à long terme, la nécessité pratique immédiate est de former
rapidement du personnel ayant quelques connaissances, cet effort devant se répartir aussi
largement que possible sur l'ensemble du continent. Nous nous proposons ici d'instituer des
stages régionaux accélérés, où les cadres viendraient apprendre à organiser dans leurs propres
pays des cours de perfectionnement destinés au personnel en service. Plus précisément, ces
stages offriraient, à notre avis, la meilleure formule pour:
a) assurer une certaine application des techniques d'aménagement avec le personnel existant, dans
des régions aussi étendues que possible en Afrique;
Ces séminaires ou stages d'étude (semblables à ceux qui ont été organisés sur la nutrition dans
le cadre de la Campagne mondiale contre la faim) devraient être axés sur l'intégration de la
faune naturelle dans l'effort de valorisation de toutes les ressources naturelles renouvelables
existant dans les zones pastorales et marginales d'Afrique et insister sur les techniques et les
problèmes spéciaux d'aménagement intéressant les parcs nationaux et les réserves, les
programmes de chasse et les plans d'utilisation de la faune. Il faudrait inclure dans les
programmes d'étude un examen de l'utilité et des limites que présentent les systèmes de
formation en cours de service déjà appliqués dans diverses parties de l'Afrique.
On pourrait envisager pour commencer deux stages d'une durée de deux ou trois semaines, en
Afrique d'expression française et en Afrique d'expression anglaise, respectivement. Les
stagiaires devraient être des représentants de leur pays et soit y diriger déjà des cours de
formation de niveau moyen, soit être les mieux placés pour organiser de tels cours.
Préalablement, il faudrait préparer un manuel qui servirait d'abord durant la première série de
stages à instruire les cadres et aiderait ensuite ceux-ci à prendre les premières mesures pour
l'organisation de programmes nationaux de formation du personnel en service.
Les stages devraient être suivis de plusieurs cours de démonstration portant sur la formation
des agents en service dans différentes parties d'Afrique, les pays participants étant choisis de
manière à offrir la plus grande variété d'organisations gouvernementales responsables et de
conditions écologiques et sociales. Au terme de cette période, qui ne devrait pas durer plus de
deux ans, il serait utile de faire un nouveau bilan des besoins en matière de formation de
niveau moyen dans le domaine de la conservation de la faune sauvage en Afrique.
De telles solutions ad hoc «avec les moyens du bord» ont permis un bon démarrage des programmes
d'utilisation dans plusieurs pays africains, mais un gros effort de recherches pratiques reste à faire
pour améliorer la rentabilité des opérations.
En cette matière, nous préconisons que les universités des diverses régions africaines se
consacrent à deux types de travaux:
1. Etude des mœurs des divers mammifères d'Afrique, afin de recueillir des renseignements détaillés
sur leurs exigences en matière d'habitat;
Les objectifs immédiats de la recherche pratique dont nous vous avons déjà parlé sont liés aux
grands problèmes que pose chaque mode d'utilisation de la faune sauvage; il s'agit toujours
des moyens pratiques d'intensifier la valorisation du patrimoine zoologique naturel. Il faudra
cependant déterminer les besoins minimums et optimums en matière d'habitat pour réaliser
l'aménagement le plus efficace de ces ressources, de même que la connaissance des exigences
de station des différentes essences forestières est indispensable non seulement pour choisir les
espèces les plus appropriées, mais aussi pour exploiter au maximum les ressources forestières
d'une région donnée.
Les biologistes ne sont pas encore à même de préconiser les techniques qui permettraient
d'avoir en permanence des populations de mammifères africains aussi nombreuses et aussi
variées que possible, simplement parce que les exigences minimums et optimums ne sont
connues que pour un petit nombre de grands mammifères. L'ignorance des conditions
minimums d'habitat de presque toutes les espèces rares ou menacées constitue une menace de
plus pour leur existence. On pourrait recommander pour certaines régions marginales ou
sauvages, des associations de grands mammifères qui permettraient d'obtenir plus de viande à
l'hectare que n'en fournirait le meilleur type connu d'animaux domestiques élevés
rationnellement dans la même région. Mais cela repose sur des connaissances des plus
approximatives. Par exemple, on préconise souvent de limiter les prélèvements à 10 pour cent
des effectifs, alors que beaucoup d'espèces peuvent supporter un prélèvement annuel de 20
pour cent et même plus. Il reste à déterminer les éléments critiques de l'habitat et l'équilibre
qu'il convient de maintenir entre ces éléments pour assurer en permanence des conditions
optima à un programme donné d'exploitation.
Il faut également une meilleure connaissance des conditions d'habitat pour pouvoir mieux
apprécier les limites des méthodes actuellement utilisées dans l'étude des populations. Par
exemple, la mesure dans laquelle une population animale correspond numériquement à la
capacité de charge du milieu, la dépasse ou lui est inférieure, a une grande importance pour
l'interprétation de la composition par groupes d'âge et de l'état des animaux (Riney, 1963) et
parfois aussi de l'incidence de certaines maladies. Mais on ne peut déterminer la capacité de
charge d'un milieu pour une espèce donnée sans avoir une certaine connaissance au moins des
principaux éléments de l'habitat utilisé par cette espèce. Or, c'est chose inconnue pour la plus
grande partie des grands mammifères d'Afrique.
C'est pourquoi il faut exécuter certaines recherches très importantes qui dépassent les
possibilités d'une enquête rapide. Les universités dont nous avons parlé sont probablement les
mieux placées pour accomplir ce genre de longues recherches.
En attendant, des bourses spéciales de recherche pourraient déjà commencer à répondre à ces
besoins à long terme. On pourrait envisager à ce propos de confier à chacun des boursiers très
expérimentés dont il a déjà été question la surveillance de deux ou trois étudiants diplômés,
aidés eux aussi grâce à une bourse de recherche. Si, pour éviter toute répétition inutile
d'efforts, les boursiers expérimentés restaient en contact par correspondance, il y a tout lieu
d'espérer que dans l'espace de cinq ans, on disposerait de la plus grande partie des
informations de base nécessaires pour l'aménagement des quelques espèces les plus
importantes et de leurs habitats.
Une autre contribution importante que pourraient apporter les universités, consisterait à
profiter des occasions de recherche de base offertes par les programmes de lutte contre la
mouche tsé-tsé et autres fléaux, ainsi que par les programmes d'exploitation des animaux
sauvages et de chasse. Ce type de recherche semble convenir tout à fait aux universités, car il
suffit d'une courte période de travail sur le terrain pour accumuler une utile documentation.
En outre, de nombreux étudiants peuvent y participer, soit en qualité d'assistants, soit
simplement dans le cadre de leur formation. Troisièmement, il s'agit là d'une contribution peu
coûteuse, les dépenses se limitant au coût des bourses, des véhicules et des frais courants.
Enfin, les universités dont nous avons parlé possèdent déjà les laboratoires voulus.
Si l'on accepte le principe que l'organisation internationale chargée d'administrer l'aide doit,
entre autres fonctions, assurer la réalisation de projets de valorisation de la faune sauvage
dans le cadre des programmes de développement des pays africains, le problème se ramène
logiquement à:
On pourra ainsi porter au maximum l'utilité pratique de ces projets sur le plan local et
encourager un effort suivi de la part des gouvernements intéressés. Nous avons essayé
d'indiquer ici quels sont les besoins les plus urgents, mais ce n'est encore que la première
étape.
Pour assurer des résultats, il faudrait un petit groupe de spécialistes de la faune naturelle, qui
travaillerait à plein temps dans le cadre des Nations Unies. Comme on ne pourra trouver de
personnel que pour s'occuper d'une toute petite partie des problèmes même les plus urgents, le
programme pratique sera forcément le résultat d'un compromis. Il faudra probablement se
contenter d'établir jour après jour les projets, avec le concours des meilleurs experts
disponibles; dresser un ordre de priorité selon les besoins et les objectifs reconnus, qui
peuvent être ceux que nous avons indiqués ici ou ceux que déterminerait l'organisme
administrateur des Nations Unies; coopérer (dès le stade de la planification, si possible) avec
les gouvernements locaux et les autres organisations extérieures afin de faire comprendre à
l'administration locale et aux services de vulgarisation et de formation professionnelle quelles
sont les principales conséquences pratiques du travail accompli grâce à l'aide reçue.
Ce cours, auquel ont pris part 28 stagiaires de 15 pays, a eu lieu en juillet et août aune Etats-Unis
(Etats du Sud, Californie, Oregon et Montana) et au Canada (Ontario et Québec). Il était organisé
conjointement par la FAO, le Service forestier des Etats-Unis, le Département des forets du Canada et
l'Agency of International Development (USAID). Assis autour de la table (de gauche à droite), on
reconnaît MM. V. L. Harper, Directeur adjoint du Service forestier des Etats-Unis, R. W. Kitchen,
Directeur du Service international de formation professionnelle de l'AID, E P. Cliff, Chef du Service
forestier des Etats-Unis; N.A. Osara, Directeur de la Division des forets et des produits forestiers de la
FAO, enfin A. A. Brown, Directeur technique du voyage d'étude aux Etats-Unis.
BIBLIOGRAPHIE
POSSELT, J. 1963. The domestication of the eland, Rhodesian J. of Agric. Research 1 (2):
81-88.
RINEY, T. 1964. The impact of introductions of large herbivores on the tropical environment,
Bulletin, IUCN. New Series (4): 261-273.
Photographie d'une danse de donso mimant "l'approche" de l'éléphant, datant de l'époque coloniale (G. ROURE,
Faune et chasse en Afrique occidentale. Guide du tourisme de la nature vivante, éd. G.I.A. Dakar, 1956, p.317)
Jeune donso
Fête de chasseurs
Ses racines plongent au plus profond de la mémoire des peuples africains et de leurs
migrations. Le moindre passage de son histoire suffit à révéler qu'il s'agit d'une gigantesque
"institution" des civilisations d'Afrique de l'Ouest. Youssouf Tata Cissé, ethnologue et
chercheur au CNRS, est spécialiste des civilisations mandingues.
En tant qu'ethnologue malien, quel est votre rapport à l'univers des chasseurs
traditionnels ?
Je suis moi-même membre de la confrérie des chasseurs depuis mai 1959. C'était à Kiniégué,
au sud du Mali, à 130 km de Bamako. Les chasseurs, sachant que j'étais un ancien de la
coloniale, m'y ont fait adhérer à mon corps défendant, car un peu partout en Afrique de
l'Ouest, tous les anciens combattants, même ceux qui comme moi n'ont pas combattu, sont
introduits dans la confrérie des chasseurs. On gratifie d'ailleurs ceux qui ont combattu du titre
de mafa donso, chasseurs tueurs d'hommes. C'est le titre que l'on donne à Bitton Coulibaly.
Vous savez, dans la guerre, c'est l'ennemi qui devient le gibier. Vous le tuez ou il vous tue. On
m'a donc amené au dankun, ce triangle des chasseurs, à l'occasion de la levée de deuil d'un
très grand chasseur de Kiniégué. C'était le chef de la confrérie de ce village, un Traoré,
descendant de Tiramakan, le général en chef des armées de Soundjata. Comme j'habitais chez
eux, je ne pouvais pas m'y soustraire. Par la suite, ils ont su que dans ma famille, mes oncles,
mon père, mes grands-frères avaient chassé, et que moi-même, je chassais comme ça au petit
bonheur la chance. Et depuis, je n'ai pas arrêté de suivre les chasseurs. Je me suis intéressé à
leur musique, à leurs croyances et à leurs rituels qui sont vraiment emprunts de sagesse et de
savoir. Je ne peux pas depuis lors échapper aux lois des confréries de chasseurs. Partout où je
vais en mission, je fais en sorte d'aller rendre visite aux maîtres de la chasse, chose que
beaucoup de chasseurs ne font plus, et cela, même si je ne chasse plus depuis longtemps.
Est-ce cela qui vous a motivé dans la publication de votre ouvrage sur les confréries de
chasseurs traditionnels ?
J'ai écrit cet ouvrage pour m'acquitter d'une dette envers un vieux chantre des chasseurs,
Bougoba Djiré, de Tjébala, qui m'a transmis le récit initiatique de Boli Nyanan. Je l'ai fait
aussi pour honorer la mémoire d'une femme de chasseur, Ba-Bintou Doumbia qui, la
première, m'a raconté le mythe de Sânènè et Kòntròn, les divinités tutélaires de la chasse.
Mon projet initial était d'y mettre tous les aspects des confréries Malinké, Bambara et Dogon.
Je me suis aussi intéressé à la chasse chez les Peul, les Bozo, les chasseurs du Bélédougou, du
Wassoulou et chez les Némadid. Mais pour étudier ces derniers, il fallait aller jusqu'à Tishit,
ce qui m'était impossible à l'époque. Oui, je n'ai pas pu tout faire et j'ai dû alors pousser
d'autres jeunes à la roue. En ce qui me concerne, j'ai recherché les origines de la chasse les
plus reculées qui soient : ce qui est enseigné aux jeunes chasseurs par les maîtres. Car on ne
peut pas parler des confréries sans parler de ce qui se passait avant. Puis j'ai abordé la
fondation de la confrérie des chasseurs, le donso tòn, telle qu'elle est évoquée de nos jours. Ce
n'est pas un culte, que l'on appelle djo et qui est lié au mystère, mais un tòn, c'est-à-dire une
association de personnes tendant vers un même but. J'ai étudié ensuite son fonctionnement,
son enseignement et ses différentes manifestations, telles que les musiques et cérémonies, le
contenu philosophique, politique, spirituel, bref, tout ce qui se fait et se dit au niveau de la
confrérie des chasseurs. Dans cet ouvrage, j'ai commencé par les Diaruw, les chasseurs
itinérants qui, il y a six mille ans et même avant, allaient de la vallée du Nil vers celles du
Niger et du Sénégal. Ils suivaient toujours cette fameuse étoile qu'est Sirius, au coucher et au
lever. A l'époque, l'activité principale n'était pas l'agriculture mais la chasse. Hommes,
femmes, enfants chassaient à certaines époques de l'année sous formes de battues. Cette forme
de chasse a perduré jusque dans les années 50 où elle fut interdite, notamment dans la région
du centre du Mali qui la pratiquait encore. Ces Diaruw se déplaçaient par clans. Ils se
connaissaient et fréquentaient les mêmes grands centres de célébrations, sur l'étendue d'une
très grande région. Vous n'avez pas idée de la distance qu'un chasseur pouvait parcourir.
Aujourd'hui, les chasseurs du centre du Mali se rendent encore jusqu'au bord de la mer en
Gambie. D'autres allaient jusqu'au cœur du Burkina actuel. D'autres remontaient jusque dans
le grand nord chasser l'élan derby, les biches robert et les girafes. Il n'y a pas longtemps,
c'était encore comme ça. Le chasseur était nomade, d'où son titre dioula. "Dioula" ne veut pas
dire commerçant, comme d'aucuns chercheurs le croient, mais chasseur itinérant. On
appliquait l'appellation aux chasseurs Soninké itinérants qui partaient de l'actuelle Mauritanie,
où se trouvait l'Empire du Ghana, pour aller chercher la noix de cola au nord de la Côte
d'Ivoire. Certains d'entre eux ont d'ailleurs fini par s'y sédentariser il y a 1500 ans. Le
Worodougou et le Diouladougou en Côte d'Ivoire sont de leur fondation, alors que les Baoulé
ainsi que les ancêtres du général Guei n'y étaient pas encore. Ces gens ont défriché des pays
comme Samatiguila, Kòro ou Kon. Mais revenons aux Diaruw. On retrouve des cercles de
pierres levées, depuis l'Egypte et l'Ethiopie jusqu'à l'océan atlantique, qui marquent leurs
itinéraires. Ils réalisaient de même dans des auvents des peintures pariétales. Celles du sud
algérien ont incontestablement pour auteurs les Diaruw. Leurs descendants directs sont les
Kakòlò au Mali, certains Senoufo, Dogon et Gabibi. Ces peuples de chasseurs sont, au fur et à
mesure des sécheresses, descendus vers le sud. C'est pourquoi on constate une unité culturelle
indéniable dans tous les rituels de chasse d'Afrique de l'Ouest, à travers les tenues, les
coiffures, la musique et la mythologie.
Qu'est ce qui a amené ces peuples de chasseurs à la sédentarisation ?
Ce sont ces grandes sécheresses dont on parle tant. Nous, Soninké, nous nous situions dans la
vallée du Nil, d'où nous sommes originaires. C'était il y a six mille et quelques années, avec
Mâmy, un roi chasseur devenu guerrier, au lieu dit Saï, une métropole de l'époque. D'autres
grands centres s'échelonnaient de là jusqu'en Afrique de l'Ouest. C'est pourquoi les chasseurs
de l'ouest africain sont les seuls à pouvoir interpréter toutes les peintures pariétales datant de
cette époque, dont celles du sud algérien. Hampaté Bâ les a étudié en se focalisant sur
l'exemple des vaches. Les ethnologues s'interrogeaient sur l'absence des pattes dans la
représentation des vaches. Pour nous qui sommes nés dans le delta central nigérien, il est
facile de savoir que c'est parce qu'elles sont dans l'eau qu'on ne voit pas leurs pattes. Ainsi la
connaissance des récits de chasse permet d'expliquer certaines données archéologiques. Sans
elle, l'ethnologue ne parvient pas à tout s'expliquer. Avec la sécheresse, les gens vont se
sédentariser autour des grandes mares et des grands fleuves. Il y a des cassures qui se voient
nettement pour qui connaît l'Afrique de l'Ouest. Par exemple, le Kala, situé entre la vallée du
Sénégal et la vallée du Niger, était un lieu de passage des animaux. On voit qu'il y a eu une
rupture dans cette région due à une très grande sécheresse. Du coté de la vallée du Nil, les
gens sont descendus jusqu'au Cameroun et au Zaïre, on le retrouve dans les coutumes. Fily
Dabo Sissoko, cet homme politique malien qui était aussi un très grand homme de culture, a
beaucoup voyagé. Il se questionnait sur cette rupture. Il constatait une parenté entre la culture
mandingue et celles rencontrées au Cameroun, au Bénin, avec les Tamba et la géomancie. Ma
tante paternel, mon initiatrice dans l'histoire et la culture soninké, m'expliquait que les
sécheresses ont rompu une chaîne qui liait culturellement les peuples. Ils se sont sédentarisés
et isolés autour des points d'eau. Les squelettes retrouvés sur les sites des paléo-lacs le
prouvent.
Des rituels actuels conservent-ils la trace de ces temps anciens ?
Bien sûr. Autrefois, quand un grand chasseur avait abattu une belle pièce, il se devait au cours
des grandes cérémonies annuelles de mimer les faits et gestes qu'il avait accompli pour venir à
bout de la bête. Il revêtait les cornes et la peau de bête, il se masquait un peu et jouait à la fois
le rôle de la bête et celui du chasseur. Ce sont ces mimiques-là qui sont devenues les
mascarades. Le sigui dloki, le vêtement du buffle, en est un exemple. Car l'animal le plus
terrifiant de la savane, pour les chasseurs, n'est ni l'éléphant, ni le lion, mais le buffle. On
rencontre la représentation du taurus, ce grand buffle, sur les fresques du Tassili. C'est le dieu
de la brousse, on l'appelle Damba et il est très chanté encore aujourd'hui. Vous voyez que
toutes ces croyances sont encore vivaces. On retrouve aussi dans les fresques tous les types
humains d'il y a 5000 ans. Vous y voyez les grands nègres plantureux, les Diaruw, beaux et
altiers comme les Kilbi du Cameroun, les Gabibi, certains Wolof, Soninké, Haoussa et
Songhoï. A coté, vous avez le type gracile du Peul avec son cimier. Et puis, vous avez les
petits hommes que d'aucuns appellent "les négrilles". Ce sont les "paléonégritiques" dont
parlait Marico, le spécialiste maliano-nigérien qui leur a donné ce nom. On les retrouve un
peu partout, parmi les Bambara, les Dogon, les Sénoufo, et jusqu'au Gabon. Dans toutes ces
régions, on parle des nains, ces êtres mythiques, mais il s'agit incontestablement de ces
premiers habitants qui n'étaient pas grands de taille, comparés aux grands nègres des savanes.
Dans les fresques du Tassili, l'artiste a tout représenté : les hommes, les animaux, et les
masques aussi. Très certainement, des attitudes culturelles se sont maintenues jusqu'à
aujourd'hui, par la musique et les instruments. Lesquelles ? On ne saurait le dire avec
certitude, mais une culture ne disparaît jamais. Comme le disent les Dogon :"la tradition peut
maigrir mais ne mourra jamais"; surtout quand on la confie aux enfants qui la chantent et la
dansent. Elle ne peut pas disparaître complètement, ce n'est pas possible.
Quels bouleversements amena la sédentarisation pour tous ces peuples ?
La sédentarisation s'est opérée avec les trois grandes sécheresses légendaires, dont celle d'il y
a 2200 et quelques années qui a été la plus catastrophique. D'ailleurs, on fait mourir le
serpent, génie tutélaire du Wagadou, le Bida, dispensateur d'or, de pluie, de diamants et de
fertilité. Ce n'est pas pour rien. Tout le monde est parti. Les populations du Nord, de la
Mauritanie au Niger, sont descendues massivement vers le sud, jusqu'en Côte d'Ivoire et au
Bénin. Au Wagadou, la légende nous dit qu'il n'a pas plu pendant sept ans, sept mois et sept
jours. C'est cette même sécheresse qui a frappé l'Egypte pharaonique sous les Ptolémée, au
IIIème siècle avant notre ère. Non seulement il n'a pas plu, mais les crues des fleuves ne sont
pas venues. Les gens se sont installés dans les marécages. Vous y trouvez toute cette
humanité, comportant des représentants de tous les peuples du Wagadou qui s'y mélangent. Et
vous ne les retrouvez que dans ces régions lacustres : le Pondori, le lac Débo, la région de
San. A partir de cette époque, ça va être une nouvelle colonisation de l'Afrique de l'Ouest par
les descendants des Soninké émigrés de la vallée du Nil et qui avaient le cheval. Les
égyptologues ou les archéologues peuvent raconter tout ce qu'ils veulent, ce n'est pas vrai.
Nous, Soninké, n'avons pas reçu le cheval d'un quelconque peuple sémitique, qui n'a d'ailleurs
jamais eu le cheval. Nous l'avions depuis des millénaires. On a trouvé des dents de chevaux
dans les grottes de Kouroukòròkalé, un site préhistorique du mont Mandingue. Au centre de la
Mauritanie, on a trouvé des squelettes de chevaux datant de 4360 ans. Le cheval appartenait
donc aux Soninké, envahisseurs de ces pays. La preuve en est que les plus vieux clans
Soninké portent des noms de chevaux : Cissé veut dire "le chevalier"; Kalé veut dire "le
cheval immaculé", Dafé, "le cheval argenté", Djimbé, "l'Alezan". Comme le disait feue
Germaine Dieterlen, toute notre histoire évoque constamment le cheval, le Soninké est
consubstantiel à lui. Et c'est grâce à lui qu'a eu lieu la renaissance du Wagadou. Elle s'est
manifestée par une tyrannie contre laquelle les Aborigènes, les Kakolo, ces premiers Diaruw
sédentarisés, vont s'insurger. Cette période est très intéressante. Il y a environ 1900 ans, celui
qu'on appelle N'fa Djigui ou Makan Tâ Djigui, un très grand prêtre, va essayer de
conscientiser ce peuple Kakòlò qui s'est laissé subjuguer par les nouveaux venus. Il va créer
les sociétés d'initiation, au nombre de sept. Ce sont les sept sociétés d'initiation obligatoires
qui existent chez les Malinké, les Kakolo et les Bambara : le tyèblenke, le ndomo, le tòn, le
kòmò, le kònò, le nama, et le korè. Le kòmò regroupe à lui seul toutes les formes de savoir. On
confond souvent l'époque de la création de la confrérie avec celle postérieure de N'fa Djigui
mais ce sont deux époques différentes.
Des enjeux interethniques seraient donc à l'origine de la fondation de la confrérie des
chasseurs ?
Il s'agissait de revenir à un consensus. Les Soninké s'étaient installés dans la patrie et dans
plusieurs localités Kakòlò il y a cinq mille et quelques années. On a compté qu'en 1986, c'était
la 67ème fois que nous observions la comète de Halley dans le ciel du Mali. Cela fait donc
environ 5030 années que les Soninké sont arrivés en Afrique de l'Ouest et s'y sont installés.
Ces dates-là sont sûres, ce ne sont pas des vues de l'esprit. Les comptes sont tenus, tout
comme les Dogon et les Malinké ont un calcul du temps basé sur le cycle de Sirius qui est de
soixante ans et qui détermine la cérémonie du Sigui. Les Kakòlò sont les alliés cathartiques
des Soninké. Parmi eux, les Konaté furent leurs premiers alliés et, par conséquent, ceux à qui
ils ne sauraient faire de mal. Cette loi qui avait présidé à cette cohabitation avait été oubliée
par les Soninké. Au IIIème siècle avant notre ère, la confrérie des chasseurs constitua donc un
pouvoir parallèle, le refuge de tous ceux qui étaient pour un ordre moral et politique juste. Il
prônait la protection des femmes, des orphelins, des faibles et de l'étranger. Ces principes
étaient déjà connus mais on doit leur affirmation à cette confrérie-là. Cela concernait aussi
l'abolition de tout privilège par le sang et par la race. Ce n'est pas parce que l'on est Wagué ou
Massalen, descendant de Soundjata, que l'on domine l'autre. Il faut devenir humble dans cette
confrérie. Ce qu'on demande aux gens qui adhèrent, c'est d'abord l'humilité et de prêter
serment en reconnaissant la valeur absolue et la primauté de la fraternité universelle. Si vous
n'y croyez pas, ce n'est pas le peine de vouloir y adhérer. A la suite de l'expansion de l'Islam,
et de l'esclavage qui y était lié, d'autres chasseurs allaient, au début du XIIIème siècle,
affirmer avec plus de force encore ce principe. C'est la grande Charte du Manden, appelée
Manden Kalikan ou le serment du Manden, qui s'étend au-delà de la sphère des chasseurs,
tout en s'inspirant de l'esprit de ses pères fondateurs. Elle décrète l'abolition de l'esclavage et
la protection des faibles et des étrangers. C'est devenu la loi de tous, et chacun pouvait s'y
référer au cours des palabres pour réclamer justice. Car on dit que la terre sans l'homme serait
elle-même nostalgique, et que c'est par le travail de l'homme et sa présence qu'un pays
prospère.
Y a-t-il beaucoup de héros historiques dans cette confrérie des chasseurs, tels que
Soundjata ou Biton Coulibaly, pour ne citer que les plus connus ?
Il y en a tant ! Makan, Mambi et tant d'autres. Mambi est très chanté dans le monde
mandingue. C'est l'homme qui aurait fédéré tous les chasseurs du monde mandingue bien
avant la fondation de l'Empire du Mali, à ce que disent les récits. Il avait élu domicile dans
une grotte où il y a des peintures pariétales, à Kangaba. Ce lieu doit sa sacralité et sa primauté
à cette grotte, c'est pourquoi on l'appelle Sirya-Mambi. Tous les chasseurs venaient célébrer
leurs rituels dans cette grotte dont l'accès reste interdit. L'épopée de Mambi est
incommensurable. Et puis, il y a eu Brama Coulibaly. Ils sont nombreux, on en retrouve dans
toutes les ethnies. Dans le pays Songhoï, c'est Fara Makan Bombotè, son histoire va du pays
Haoussa jusque dans les monts mandingues. Il y a Brama Touloba, un très grand maître de
chasse qui a de grandes oreilles, il y a Sinbo. Les gens croient que ce sont des chasseurs
mythiques mais on connaît les lieux qu'ils ont habités. Il n'y a qu'à y faire des fouilles. Avant
Soundjata, il y a eu aussi le père de Soundjata, qui n'a pas été roi. Il n'est dit dans aucun texte
que Faramakan Konaté fut mansa. Mais c'était un très grand devin et un très grand maître-
chasseur initiateur. A 28 km de Bamako, j'ai fait dater par l'ORSTOM la maison qu'il habitait.
Elle date de 980, mais elle repose sur un site bien plus ancien. Quand on chante le Djandjòn
des chasseurs, cela peut durer plus de deux heures. On cite tous les grands chasseurs depuis
les temps les plus reculés, car, comme on dit, "il y a chasseur et chasseur" et il faut
reconnaître qu'untel fut méritant. Les grands chantres des chasseurs comme Bâla Guimba
Diakité ou Bougoba Djiré sont capables de citer plus de mille chasseurs et leurs qualificatifs
d'affilée. On fait alors parler la poudre pour honorer leur mémoire.
Il est clair que ceux qui sont les plus chantés sont les fondateurs d'empires ou de royaumes,
les meneurs d'hommes, qui agissent au nom d'une cause noble. Soundjata ne s'est pas élevé
contre l'extension de l'Islam, mais contre l'esclavage par le fait des musulmans. Le grand
serment des chasseurs s'insurge contre la vente et l'exploitation honteuse de l'homme par
l'homme. Le XVème siècle a vu l'arrivée des esclavagistes sur nos côtes, la traite négrière. Ce
sont les chasseurs du Tòròn, région située entre la Côte d'Ivoire et la Guinée, avec les
Coulibaly, qui vont prendre les armes d'abord contre les musulmans locaux puis contre les
esclavagistes. Car il y avait les couloirs de la route des esclaves, en Guinée et en Sierra Léone.
Les chasseurs remonteront jusqu'au nord. Un siècle et demi plus tard, à l'époque du roi du
Maroc, Mohammed el Mansour, et de la conquête de l'Empire Songhoï, ils réagiront en rasant
de nombreuses villes musulmanes intolérantes de Djenné jusqu'à Ségou. Biton Coulibaly,
descendant direct de ces chasseurs, fera de même. Mais chaque fois, dans ces pays,
l'esclavage renaîtra de ses cendres. C'est ce que les gens chantent encore, c'est que les
chasseurs ont vraiment formé des brigades et frappé à la tête les esclavagistes. Ce sont les
protecteurs de la patrie contre "les prédateurs". Toute la saga de Soundjata "roule" sur ça : la
liberté d'aller et de venir, la prospérité retrouvée, la proclamation d'une patrie multiraciale.
Soundjata a eu le bonheur de trouver les plus grandes mines d'or de l'Ouest africain. On l'a
encore chanté pour cela. Et la saga tait les crimes pour mettre exclusivement l'accent sur les
actions d'éclat qui font le bonheur des peuples. Selon les généalogistes Malinké, 90% des
peuples d'Afrique de l'Ouest ont leur cordon ombilical et leur placenta au Mali. Leur berceau
est là-bas. C'est dans les manifestations publiques des chasseurs que les gens sentent l'âme
véritable de leur peuple. C'est là qu'éclate l'unité culturelle de tous ces peuples et c'est là-
dedans que puisent tant de griots et d'artistes aujourd'hui encore.
Afrique du Sud
Actualité
La chasse traditionnelle des Zoulous en
péril
Depuis près de 3 000 ans, les tribus sud-africaines chassent à l’aide de leurs chiens. À cause
du braconnage massif des rhinocéros, cette pratique traditionnelle a été récemment interdite.
Mais la chasse continue…
Près de l’ancienne maison de Nelson Mandela, à Soweto, en Afrique du Sud, des propriétaires
de lévriers chassent le lapin, les petites antilopes et autres gibiers de manière très
traditionnelle, transmise depuis des générations : la chasse en course-poursuite.
Depuis 2 800 ans, les chiens sont une aide précieuse à la chasse, en Afrique du Sud. Pour des
tribus comme les Zoulous, cette activité est devenue un droit traditionnel, malgré la récente
interdiction de la chasse avec chiens. Les lévriers sont très prisés et leur élevage est un
véritable marché : à la vente, un animal vaut en moyenne 35 000 rands (la monnaie sud-
africaine), soit près de 2 700 €. Une valeur qui s’explique par les capacités de course du chien,
qui est capable de rattraper antilopes et lapins.
Le dimanche, les hommes partent de Soweto, vers l’ouest de Johannesburg, pour chasser dès le lever
du soleil. (Photo : Kim Ludbrook/EPA)
Chaque dimanche, plus de vingt chiens et dix chasseurs partent en taxi depuis Soweto vers
l’ouest de Johannesburg, la capitale. Du lever du soleil, jusqu’à midi, quand la chaleur devient
trop écrasante pour continuer, chasseurs et chiens forment une ligne d’un kilomètre dans les
champs, tentant de débusquer les cachettes du gibier. Chaque proie est tuée puis ramenée au
village où les chasseurs partagent la viande.
Les chasseurs et leurs chiens prennent un taxi local pour faire le trajet. (Photo : Kim Ludbrook/EPA)
L'Afrique du Sud est un endroit de rêve pour ceux qui souhaitent vivre les meilleures chasses
aux oiseaux qui existent. Vous ne serez pas déçus par l'incroyable abondance d'espèces
d'oiseaux. La province de Cap-Nord en Afrique du Sud offre une nature exceptionnelle et
certaines des meilleures chasses aux oiseaux au monde.
Vous pouvez y retrouver quasiment toutes les espèces de canards, oies, pigeons, pintades,
francolins, perdrix des sables, en bref tout ce que vous pouvez imaginer. Autrement dit, la
qualité de la chasse aux oiseaux en Afrique du Sud dépasse toutes les espérances. La chasse
débute en début d'après-midi après avoir rejoint notre cache. Des caches tissées sont
construites dans toute la zone et la couvre parfaitement. La chaleur du soleil sud africain en
milieu de journée aurait pu compliquer la chasse. Heureusement, nous étions préparés en
portant une veste Deerhunter, un incontournable pour toutes les activités de plein air. La
membrane Deer-Tex® garantit une totale résistance à l'eau et au vent, ainsi qu'une bonne
respirabilité. Nous portions également une casquette Deerhunter en Realtree Xtra Green, le
couvre-chef idéal pour vous fondre dans l'environnement. En nous rapprochant d'un étang, un
nombre ahurissant (entre 200 et 300) de canards se sont envolés devant nous ! Ils n'ont pas
mis longtemps à revenir. Au début, nous avons eu plein de temps pour nous préparer à tirer,
mais étant donné que les canards survolaient l'étang un par un et en couple et rasaient la
surface de l'eau après leur vol d'approche, nous avons dû faire en sorte que le timing soit
parfait. Le timing était absolument essentiel et nous devions rester assis dans la cache jusqu'à
la dernière minute avant de nous relever pour tirer. Si nous nous relevions trop tôt, les oiseaux
prenaient leur envol sur l'eau, mais nous voulions qu'ils le prennent juste devant nous. Le
timing et le travail d'équipe sont alors essentiels. Au fur et à mesure que la journée avançait,
des groupes plus importants de canards se sont mis à survoler l'étang pour nous offrir une
expérience de chasse encore plus rapide. Nous avons dû affiner nos capacités à tirer pour
relever ce défi. Si seulement deux oiseaux se présentent à vous, vous avez le temps de choisir
celui que vous voulez tirer. Mais lorsqu'un grand groupe de canards vient vers vous, vous
devez choisir l'un ou l'autre. Lorsque vous vous relevez, les canards commencent alors à
prendre leur envol et à voler dans toutes les directions. L'indécision peut vous faire perdre un
temps précieux ; si vous hésitez un instant, vous risquez de gaspiller vos chances. Même si
vous avez l'embarras du choix, il peut en fait être plus difficile de choisir le bon oiseau. À la
fin de la journée, nous avons été récompensés par un coucher de soleil spectaculaire.
DEERHUNTER
Ce fut un véritable privilège non seulement de pouvoir chasser ici, c'est de toute évidence un
lieu merveilleux, mais également de pouvoir profiter de ces splendeurs que nous n'avons pas
la possibilité de voir en Europe. L'Afrique offre des couchers de soleil impressionnants et
singuliers que je n'ai vus nulle part ailleurs dans le monde.
© Serge BAHUCHET/MNHN/CNRS Images
Référence
20090001_0662