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Les Ententes Anticoncurentielles

droit de concurrence

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Fatima zohra BOUTY
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UNIVERSITE MOHAMMED V DE RABAT

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Souissi

Master spécialisé juriste d’affaires (M2)


Semestre 3
Module: Droit de la Concurrence et de la Consommation

Travail de recherche sous le thème:

LES ENTENTES
ANTICONCURENTIELLES

REALISE EN BINOME PAR :


KHADIJA EL MANSOURI
ET
KENZA KHABIR
SOUS L’APPRECIATION DE
MADAME LA
PROFESSEURE :
BOUSAOUF MAISSAE
Année
Universitaire
2024 – 2025

1
Sommaire

Introduction

CHAPITRE I : Les éléments des ententes anticoncurrentielles

SECTION 1 : Analyse des ententes anticoncurrentielles

SECTION 2 : Les conditions de prohibition des ententes


anticoncurrentielles

CHAPITRE II : Les limites inhérentes au principe de l’interdiction des ententes


anticoncurrentielles

SECTION 1 : Limites d’ordre légal

SECTION 2 : Limites d’ordre économique et/ou technique

Conclusion

Bibliographie
« La liberté du commerce et de
l’industrie suppose la liberté de la
concurrence1 ».

Introduction

Cette citation souligne le lien étroit entre la concurrence2 et la liberté du commerce. La


compétition libre entre les acteurs économiques, qui proposent des produits ou services identiques
ou similaires visant à satisfaire une clientèle commune, est essentielle. La libre concurrence,
comprise comme un système où chaque acteur économique peut produire et vendre à sa guise, selon
ses propres conditions et méthodes, est un élément fondamental et incontournable du
fonctionnement économique, particulièrement dans les systèmes libéraux. Elle découle directement
du principe de liberté du commerce.

Cependant, cela fait longtemps que l’on reconnaît la nécessité d’imposer des limites à ce
principe de libre concurrence, car certaines pratiques exercées par les entreprises, peuvent fausser le
bon fonctionnement du marché. Cela inclut des comportements de concurrence déloyale, des
pratiques restrictives et des pratiques anticoncurrentielles, qui sont au cœur de notre étude.

Le droit de la concurrence a pour vocation de protéger le marché de toutes pratiques


nuisibles à la liberté de concurrence. Ces pratiques sont des agissements prohibés, lorsqu’ils ont
pour objet ou effet de limiter le niveau de la concurrence au sein d’un marché et par conséquent ce
droit assure un certain ordre public économique.

En d’autres termes, le principe de la liberté d’entreprendre commande le respect du


principe de la liberté de la concurrence et ce selon les dispositions de l’article 35 de la constitution
marocaine de 20113. Cependant cette liberté peut donner lieu à certains comportements illicites

1
Michel Pédamon, Droit commercial, commerçants et fonds de commerce, concurrence et contrats du commerce,
Dalloz, 1994, p.399
2
La concurrence se définit comme « la compétition ou la rivalité d'intérêts entre plusieurs personnes qui poursuivent le
même but.» Lorsqu'elle est appliquée à la réalité commerciale, il s'agit de la « situation mutuelle des commerçants ou
industriels dont chacun tente d'attirer à lui la clientèle par des prix plus avantageux, des conditions de vente ou une
meilleure qualité », cette concurrence s'opérant toujours au sein d'un marché réglementé.
3
Article 35 de la constitution marocaine dispose que : « Le droit de propriété est garanti. La loi peut en limiter l'étendue
et l'exercice si les exigences du développement économique et social de la Nation le nécessitent. Il ne peut être procédé à
l'expropriation que dans les cas et les formes prévus par la loi. L'Etat garantit la liberté d'entreprendre et la libre
concurrence. Il œuvre à la réalisation d'un développement humain et durable, à même de permettre la consolidation de la
justice sociale et la préservation des ressources naturelles nationales et des droits des générations futures. L'Etat veille à
3
tendant à restreindre ou à fausser le jeu de la concurrence sur le marché. C’est la raison pour
laquelle, le législateur marocain, à l’instar de son homologue français, a cherché à contrer de telles
pratiques, d’abord, par la loi 06-99 et, récemment, par la loi 104-124 relative à la liberté des prix et
de la concurrence et la loi 20-13 relative au conseil de la concurrence qui ont abrogé la première, en
interdisant certaines pratiques considérées comme étant anticoncurrentielles. Toutefois, ces mêmes
pratiques peuvent, pour des raisons légales ou économiques, être tolérées, et ce malgré leur caractère
illicite.

A la lumière de ce qu’il précède, surgisse la problématique du présent sujet qui tend à


mettre l’accent sur les dispositions régissant la prohibition des pratiques anticoncurrentielles plus
précisément des ententes qui sont susceptibles de faire face à ces comportement anticoncurrentiels
vu, d’une part, que le législateur énumère les aspects de ces pratiques d’une manière non exhaustive,
et d’autre part, que le principe de l’interdiction des ententes anticoncurrentielles n’est pas absolu et
peut, par conséquent, être aisément cahoté par les faits justificatives prévus par l’article 9 de la loi
104-12.

Ce qui nous mène a posé la problématique suivante :

Dans quelle mesure le législateur marocain a-t-il réussi à fournir un cadre légal
capable de limiter les ententes anticoncurrentielles ?

Afin de mieux répondre à cette problématique, nous traiterons dans un premier chapitre les
éléments des ententes anticoncurrentielles, il serait nécessaire d’aborder leur définition et la forme
qu’ils peuvent prendre, leurs effets et les conditions de prohibition des ententes anticoncurrentielles
(chapitre I). Pour ensuite mettre l’accent sur les exceptions prévues par l’article 9 et leur
justification (chapitre II).

garantir l'égalité des chances pour tous et une protection spécifique pour les catégories sociales défavorisées ». Dahir n°
1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant promulgation du texte de la constitution.
4
La loi n°104-12 a posé le principe de la liberté des prix et de l'accès libre à tous les secteurs et les marchés via le
renforcement des conditions d'une concurrence saine et loyale par l'interdiction des pratiques anticoncurrentielles à
fausser le jeu. Ces pratiques peuvent se manifester soit par des ententes (art. 6) sur les prix ou sur la répartition des
marchés, soit par des abus de position dominante (art. 7) qu'occupe un opérateur ou un groupe d'opérateurs sur un
marché.
4
deux conditions: l'atteinte à la
concurrence et la concertation (volonté)
Chapitre I : Les éléments des ententes anticoncurrentielles

En droit de la concurrence, pour la répression d’une entente illicite, il faut d’abord procéder
à l’appréciation de cette entente s’elle est illicite ou non. Pour cela il serait nécessaire de déterminer
une définition à cette notion, voir ses formes et ses effets (section 1). Pour ensuite analyser les
conditions de prohibition des ententes anticoncurrentielles (section 2).

Section 1 : Analyse des ententes anticoncurrentielles

Paragraphe 1 : Notion des ententes anticoncurrentielles

Littéralement, l’entente 5désigne tous les accords et concertations entre entreprises, quelle
que soit leur forme juridique, ayant pour but ou pour résultat de limiter la concurrence sur un
marché.

Au sens du droit de la concurrence, l’entente est un concours de volontés entre entreprises


suffisamment autonomes les unes par rapport autres pour pouvoir décider de leur comportement sur
le marché, ayant pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence sur un marché.

La formule désormais célèbre d’un membre du cartel international de la lysine (1992-95)


« Nos concurrents sont nos amis ; nos clients nos ennemis » met à nu à quel point les pratiques
collusives des entreprises sont contraires aux principes mêmes de l’économie de marché et de la
concurrence. Les ententes anticoncurrentielles ont été qualifiées de « Mal suprême de l’antitrust »
et ont à certains moments constitué la priorité de la politique de la concurrence6.

Les ententes anticoncurrentielles sont des accords ou des actions concertées qui sont
prohibées, par l’article 6 de la loi 104-12 lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent avoir pour effet
d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché, les actions
concertées, conventions, ententes ou coalitions expresses ou tacites, sous quelque forme et pour
quelque cause que ce soit7…).

5
Dans les pays anglo-saxons, on utilise la notion « cartel » à la place de celle de l’entente
6
Oubejja Kenza, « politique de la concurrence et développement : cas de la lutte contre les ententes anticoncurrentielles
au Maroc », association marocaine de gestion, octobre 2022.
7
Toujgani Noureddine, « guide pratique de la concurrence » 1ére édition, imprimerie Oumayma , Fès ,2006,p.2
5
Paragraphe 2 : les formes des ententes

L’article 6 interdit de manière très générale les ententes anticoncurrentielles, de sorte


qu'aucune entente n'échappe à cette réglementation, qu'il s'agisse d'actions concertées, de
conventions ou d'ententes expresses ou tacites. Selon le texte, une entente peut revêtir plusieurs
formes : un accord, une décision d'association entre entreprises ou une pratique concertée. Ces
formes entrent dans le champ d'application du droit de la concurrence dès lors qu'elles visent à
empêcher, restreindre ou fausser le bon fonctionnement de la concurrence. Ainsi, c'est l'entente
illicite qui est prohibée, et non l'entente en tant que telle8.

Le choix du législateur d’une panoplie de termes proches révèle sa volonté d’adopter une
conception large qui permet d’étendre l’interdiction à toute forme d’accords entre les entreprises.
L’on peut dès lors classer les ententes en trois grandes catégories :

 Les ententes contractuelles : Comme l’indique leur nom, les ententes


contractuelles résultent d’un contrat de droit civil, soit d’une convention créant des
obligations à la charge des parties, lesquelles sont juridiquement engagées les unes
envers les autres.

Abstraction faite de leur forme, leur régime juridique, de leur objet ou de leur validité aux
yeux du droit civil, toutes les conventions sont susceptibles d’entrer dans le champ d’application de
l’article 6.

 Les ententes organiques : L’entente est dite organique lorsque les entreprises,
parties à l’entente, forment un groupement pourvu de la personnalité morale.
Plusieurs formes de groupement sont plausibles : groupement d’intérêt économique,
société, organisation professionnelle, syndicat…

Il est à souligner que deux situations doivent être distinguées. Dans une première
hypothèse, le groupement aurait pour objet statutaire des décisions qui sont par nature
anticoncurrentielles.

Dans une deuxième situation, le groupement n’a pas pour objet la restriction de la
concurrence, laquelle résulte du dépassement dudit groupement de ses pouvoirs.

8
Bousaouf Maissae, « cinq leçons simplifiées en droit marocain de la concurrence »,1ére édition, impression Roa Print,
2022, p.64
6
Dans les deux cas, les groupements tombent sous le coup de l’interdiction lorsqu’ils mettent
en place un système corporatif visant à protéger ses membres de la concurrence, par des décisions
qui sont de nature à affecter le jeu normal de la concurrence et qui s’imposent à ses membres9.

 Les actions concertées : l’action concertée se caractérise par des comportements


coordonnés d’entreprises, en l’absence d’accord fixant de manière précise une ligne
d’actions sur le marché. Les entreprises, sans se lier juridiquement, acceptent, en
pleine connaissance de cause, d’observer un comportement identique.

L’action concertée comprend ainsi deux éléments : elle se traduit d’abord par une limitation
ou absence de concurrence (prix similaires, offres non compétitives…).

Ensuite, elle comporte la renonciation des parties à adopter un comportement indépendant.

Les ententes peuvent avoir une classification qui tient compte du positionnement des
opérateurs impliqués L’un par rapport à l’autre : il s’agit d’ententes horizontales et d’ententes
verticales.

Les ententes dites horizontales sont nouées entre des entreprises situées au même niveau
de la chaîne commerciale, c'est-à-dire entre des entreprises ayant à peu près les mêmes activités et
intervenant au même stade, telles entre producteurs, entre grossistes ou entre détaillants.

Elles peuvent revêtir des formes très diverses, telles que des ententes de prix ou de marges,
des fixations de barèmes par des organismes professionnels, des échanges d’informations avant le
dépôt d’offres dans le cadre d’appel à la concurrence, etc.

Par ailleurs, La situation d'entente horizontale restrictive, dénommée également cartel,


apparaît lorsque plusieurs firmes concurrentes décident selon des modalités diverses et plus ou
moins formelles de coordonner leur comportement dans le seul but de réduire l'intensité
concurrentielle sur un marché et ce au détriment des consommateurs.

Une jurisprudence française , émanant de la Cour de cassation française le 28 mai 2013, a


rejeté un pourvoi formé par des fabricants de panneaux de signalisation routière, qui avaient été
auparavant condamnés par l’autorité de la concurrence française à des amendes totalisant près de 53

9
Toujgani Noureddine, « guide pratique de la concurrence » 1ére édition, imprimerie Oumayma , Fès ,2006,p.9
7
millions d'euros, pour s'être entendus pendant une dizaine d'années afin de se répartir illicitement les
marchés publics de la signalisation verticale et de fixer les prix10.

Les éléments du dossier, ouvert par l'Autorité de la concurrence qui avait été alertée par des
articles de presse, avaient révélé l'existence d'une entente entre ces entreprises dont les responsables
se réunissaient très régulièrement et se répartissaient les marchés publics selon des règles
préétablies. Les prix et les remises tarifaires qui pouvaient être appliquées aux acheteurs y étaient
aussi précisées. Enfin, une "liste noire" destinée à exclure certains revendeurs qui auraient pu les
dénoncer.

Les ententes verticales se rencontrent généralement à l’intérieur de réseaux de distribution,


organisés par un fournisseur ou un franchiseur ou, plus généralement, dans le cadre des relations,
quelles qu’en soient les formes juridiques, nouées entre des entreprises situées à des niveaux
différents de la chaîne commerciale.

Dans le même contexte, la cour de cassation française a confirmé, le 07 octobre 2014, la


condamnation de la Société Kontiki, distributeur exclusif des figurines en France, à une amende de
1,34 millions d’euros pour avoir imposé à ses revendeurs, entre 2003 et 2007, de pratiquer certains
prix de vente au détail11.

A cette occasion, la jurisprudence admet qu’une pratique de «prix conseillés» par un


fournisseur à ses distributeurs est susceptible d’être sanctionnée sur le terrain des ententes
anticoncurrentielles si les trois conditions suivantes sont remplies :

Les prix de vente au détail doivent avoir été évoqués entre le fournisseur et le distributeur ;
Le fournisseur met en place une police des prix afin d’éviter que le distributeur ne s’écarte
du prix imposé ;
Le prix «conseillé» est appliqué de façon significative par les distributeurs.

La Cour de cassation confirme ici la réunion de ces trois conditions en relevant qu’en
l’espèce, une charte, signée par les distributeurs indépendants, conditionnait le référencement de ces
derniers au respect des prix conseillés fixés par le fournisseur, voire même d’un pré étiquetage du
prix sur les produits. Certains distributeurs ont fait état de la «surveillance» exercée par la Société

10
France, Cour de cassation, Arrêt n° 12-18195, 28 mai 2013
11
France, Cour de cassation, Chambre commerciale, 07 octobre 2014, Arrêt n°13-19476
8
Kontiki et par d’autres distributeurs, ainsi que de pressions subies lorsqu’ils s’écartaient à la baisse
des prix ainsi communiqués.

Paragraphe 3 : Les effets des ententes anticoncurrentielles

Selon les dispositions de l'article 6 de la loi 104-12, il est possible de classifier certains
types d'ententes illicites, mais il est impossible de recenser l'ensemble des types qui existent ou qui
pourraient exister à l'avenir. Le dernier article fournit des exemples d'ententes, mais cette liste n'est
pas exhaustive, comme l'indique l'utilisation de l'adverbe « notamment ».

D’après l’article 6 on distingue entre :

1) Les ententes tendant à limiter accès du marché ou le libre exercice de la


concurrence par d’autres entreprises : Ces ententes sont essentiellement des
d’exclusion dont l’objectif est l’interdiction d’accès au marché par de nouvelles
entreprises. La forme de ces ententes peut être diverse : boycottage, conditions
discriminatoires, exclusion d’entreprises d’un groupement professionnel…
2) Les ententes de prix ( tarifaires) : Les ententes visées par cet article sont en premier
lieu les ententes horizontales de prix, c'est-à-dire toutes les formes d'accords et de
concertation intervenues entre entreprises concurrentes et portant sur leurs prix et leurs
conditions de vente tel que les rabais, escomptes et remises diverses, ou sur les éléments
de leur fixation tel que les marges et les coûts de revient. Les pratiques concertées qui,
sans porter directement sur les prix de vente, ont pour objet ou peuvent avoir pour
effet de favoriser artificiellement la hausse des prix, sont susceptibles de constituer des
ententes de prix prohibées.

Il en est de même des barèmes de prix élaborés par des organisations


professionnelles et des échanges d'information de prix entre entreprises concurrentes.
Les ententes visées par l'article 6 sont en second lieu les ententes verticales de prix, c'est à
dire les ententes convenues entre les fournisseurs et les distributeurs ayant pour objet ou pour effet
de limiter la liberté commerciale des distributeurs.
Ces ententes peuvent se traduire par l'imposition d'un prix de revente ou d'une marge
minimum, par les prix de vente conseillés émis par des organismes professionnels et par les
pratiques d'opacité tarifaire.
Dans ce cadre, en mars 2006 par exemple, plusieurs entreprises du secteur du luxe
(Chanel, Dior, Kenzo, Givenchy, etc.) et trois distributeurs (Marionnaud, Sephora et Nocibé)

9
ont été condamnés à plusieurs dizaines de millions d’euros d’amende. Ils ont été accusés d’une
entente sur les prix entre 1997 et 2003.
Au Maroc, le conseil de la concurrence a révélé l’existence d’une enquête, concernant
l’évolution des prix de vente des carburants depuis la libéralisation de leurs prix. L’autorité
soupçonne une possibilité d’entente entre les distributeurs pour maintenir les prix à un certain
niveau, ce qui est de nature à fausser le jeu de la concurrence.
Les ententes tendant à limiter ou contrôler la production, les débouchés, les
investissements ou le progrès technique : Les ententes de limitation ou de contrôle de
production sont généralement mises en œuvre dans des secteurs d'activité en récession.
Elles peuvent se traduire par des accords de quotas qui déterminent forfaitairement
les volumes de production que les parties à l'entente ne doivent pas dépasser. Ces accords sont
éventuellement assortis d'un système de pénalités pour dépassement et d'indemnités en cas
d'insuffisance de chiffre d'affaires. La limitation de production peut encore résulter d'accords de
spécialisation par lesquels les entreprises décident réciproquement d'abandonner certaines
productions au ou plusieurs d'entre elles et de profit de l'une s'approvisionner auprès de ces
dernières.
Les ententes de limitation ou de contrôle des débouchés sont des accords par lesquels
des entreprises concurrentes décident de renoncer à leur liberté commerciale et de se
concerter sur le montant de leurs ventes ou d'autres recettes comme les recettes publicitaires.
Ces ententes peuvent se traduire par exemple par l'instauration de quotas de vente,
d'un système de contrôle des importations et par la constitution de structures communes de
vente. Les ententes de limitation des investissements et de progrès technique sont en quelque
sorte des accords de crises qui visent à limiter les investissements excédentaires, à geler les
investissements existants ou à fermer certaines usines.

3) Les ententes tendant à répartir les marchés ou les sources


d'approvisionnement : Ces ententes concernent tout particulièrement les accords
de partage géographique du marché, les accords de répartition des clientèles.
L’interdiction tient au fait qu’il s’agit d’une répartition artificielle du marché et d’une
création des frontières, permettant ainsi aux entreprises de réaliser des marges bien
supérieures à celles constatées ordinairement.

L’interdiction concerne également la répartition des marchés publics , soit les contrats
conclus à titres onéreux entre les pouvoirs publics et des opérateurs économiques publics ou privés ,

10
pour répondre à leurs besoins en matière de travaux , de fournitures ou de services.

Le décret relatif au marché public précise que ces derniers doivent être conclus en
respectant l’égalité des concurrents et la garantie de leurs droits12. La prohibition de la répartition
des marchés publics va dans le même sens.

La conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) propose


une liste d'actes ou de comportements que les entreprises doivent éviter lorsqu'elles participent à des
activités concurrentielles sur le marché, ou qui pourraient le devenir. Si, par le biais d'accords ou
d'arrangements officiels, non officiels, écrits ou non écrits, elles limitent l'accès aux marchés ou
restreignent indûment la concurrence, cela peut nuire ou risquer de nuire au commerce international,
en particulier au commerce des pays en développement.

Parmi ces comportements, on cite les ententes de bid rigging, ententes sur les conditions
commerciales…etc.

De même, l’article 101 du TFUE 13, indique que : « Sont incompatibles avec le marché
intérieur et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d'associations d'entreprises et
toutes pratiques concertées, qui sont susceptibles d'affecter le commerce entre États membres et qui
ont pour objet ou pour effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à
l'intérieur du marché intérieur, et notamment ceux qui consistent à:

a) fixer de façon directe ou indirecte les prix d'achat ou de vente ou d'autres conditions de
transaction,

b) limiter ou contrôler la production, les débouchés, le développement technique ou les


investissements,

c) répartir les marchés ou les sources d'approvisionnement,

d) appliquer, à l'égard de partenaires commerciaux, des conditions inégales à des prestations


équivalentes en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence,

e) subordonner la conclusion de contrats à l'acceptation, par les partenaires, de prestations

12
Article 1er du décret 2-22-431 du 8 mars 2023 relatif aux marchés publics du 15 chaabane 1444. B.O n° 7148 du 6
avril 2023
13
L’article 101 du traité sur le fonctionnement de l’union européenne , interdit les ententes et autres accords qui
pourraient perturber la libre concurrence dans le marché intérieur de l'Espace Economique Européen
11
supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n'ont pas de lien avec
l'objet de ces contrats ».

La similitude entre les textes, n’ayant nul besoin d’être démontrée, il en ressort que pour
qu'il y ait entente anticoncurrentielle, le cumul de deux éléments est exigé : Il faut tout d'abord, une
collusion ou une concertation des entreprises, c'est à dire une entente entre deux opérateurs
économiques, et ensuite, que cette collusion engendre une incidence sur la concurrence, ayant pour
objet ou effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence (section 2).

Section 2 : Les conditions de prohibition des ententes anticoncurrentielles

Pour la qualification d’entente anticoncurrentielle au sens de l’article 6, il est nécessaire


comme première condition, d’avoir un accord ou une pratique concertée. La notion d’accord est
très large et comprend toutes les formes d’expression d’une volonté indépendante d’adopter un
comportement ou une attitude commune sur le marché.

Ainsi, la concertation peut prendre la forme : d’une convention écrite ou orale, bilatérale ou
multilatérale, horizontale ou verticale, constitutive d’une nouvelle structure (contrat de société) ou
non (entente de prix), engendrant des obligations juridiques ou simplement morales. Elle peut
également résulter d’un acte émanant de l’organe compétent d’un groupement : directive, circulaire,
barème…etc.

Autrement dit, les ententes supposent un concours de volonté quelle que soit la forme de
cet accord, même s’il ne se formalise pas réellement. Ainsi, la forme juridique que peut revêtir un
accord de volontés est sans importance au regard du droit de la concurrence du moment que cet
accord est établi et qu’il lie des entreprises autonomes les unes vis-à-vis des autres. Ceci revient à
déduire qu’il suffit d’une adhésion consciente à un comportement ou à une stratégie prédéfinie.

La concertation consiste en contact directs mais aussi indirects entre les entreprises, par une
coordination ou un parallélisme de comportement. A titre d’exemple, lorsque des entreprises
concurrentes augmentent en même temps leurs prix ou offrent les mêmes conditions et rabais à leurs
clients. Il est à noter qu’un comportement parallèle à lui seul n’est pas une preuve insuffisante de
l’entente anticoncurrentielle, il devient un indice précieux de l’entente lorsqu’il est corroboré par
d’autres éléments permettant de conclure à son origine collusive.
12
La première affaire reconnue en matière un comportement parallèle est le cas d’American
Tobacco en 1946, dans laquelle trois entreprises d’un oligopole ont été condamnés sur le fondement
du Sherman Act. Plusieurs entreprises sont apparues comme ayant des comportements parallèles
sans qu’aucun document écrit ne soit venu conforter une preuve formelle d’entente ; mais le constat
d’une liste de prix identiques, d’une augmentation simultanée, montrait une évolution, dont la
logique ne correspondait pas à celle du marché caractérisé par une dépression, suivi par un
abaissement des couts14.

La concertation peut également se fonder sur un échange d’informations. Ces échanges ne


sont pas intrinsèquement illégaux, mais ils peuvent entraîner des effets anticoncurrentiels. Cela
dépend principalement de la nature des informations échangées et des spécificités du marché en
cause. Les échanges d’informations sont considérés comme anticoncurrentiels par leur objet s’ils :

 permettent aux entreprises de connaitre leurs stratégies commerciales respectives;

 concernent des données sensibles portant sur leurs stratégies futurs;

 permettent un contrôle mutuel de comportement de chacun.

Par exemple, l'échange de données antérieures ou à venir relatives aux prix et aux capacités
peut nuire à la concurrence. Dans les marchés publics ou privés, toute transmission d’informations
concernant les appels d'offres est formellement interdite, car elle constitue une entente
anticoncurrentielle.

Les entreprises ne savent souvent pas si leurs échanges altèrent le bon fonctionnement de la
concurrence. Pour aider les entreprises et leurs conseillers à évaluer la conformité de leurs échanges
d’informations avec des concurrents aux règles de concurrence, les autorités de la concurrence ont
élaboré des grilles d’analyse :

 lignes directives de la Commission su l’accord de coopération horizontale du 14


décembre 2010

 Etude thématique de l’ADLC sur les échanges d’information

14
Bousaouf Maissae , « cinq leçons simplifiées en droit marocain de la concurrence »,1ére édition, impression Roa
Print, 2022, p.67

13
Le programme de conformité du Conseil de la concurrence publié en 2022 a également
traité cette problématique. Il a notamment précisé que : « De simple échanges d’information entre
concurrents peuvent également être sanctionnés comme une pratiques anticoncurrentielle.

C’est la raison pour laquelle les entreprises doivent s’abstenir d’échanger des informations
sensibles stratégiques relevant du secret des affaires avec les concurrents, telles que les informations
liées à la politique commerciale, industrielle ou d’approvisionnement de la société (prix, conditions
de vente, coûts de production, volumes, remises, capacités de production, clients, fournisseurs, etc ».

Pour qu'un accord soit soumis à l'article 6, son auteur doit disposer d'un certain degré
d'indépendance. L'auteur de l'entente peut être toute entité juridique, qu'il s'agisse d'une personne
physique ou morale (telle qu'une entreprise, un syndicat professionnel ou une association) exerçant
une activité économique, tout en étant juridiquement et économiquement indépendant.

La deuxième condition concerne l’atteinte à la concurrence, les ententes doivent avoir un


objet ou un effet anticoncurrentiel. L’objet anticoncurrentiel permet d’appréhender les ententes au
moment même de leur conclusion, avant qu’elles produisent des effets anticoncurrentiels, on peut
citer à titre d’illustration les ententes comportant des clauses ou des modalités de fixation des prix.

C’est l’exemple de la décision n°80/D/2022, par laquelle, le conseil de la concurrence a


infligé une sanction pécuniaire de trois millions de dirhams (3.000.000 DHS) à l’encontre de
l’Ordre des Expert Comptables.

La sanction a été prononcée , en raison de la violation par ledit Ordre , des dispositions de
l’article 6 de la loi 104-12 , relative à la liberté des prix et de la concurrence , qui interdit les
ententes , sous quelque forme et pour quelque cause que ce soit , qui ont pour objet ou peuvent avoir
un effet d’empêcher , de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché ,
notamment lorsqu’elles tendent à :

 Faire obstacle à la formation des prix par le libre jeu de la marché en favorisant
artificiellement leur hausse ou leur baisse ;

 Limiter l’accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d’autres


entreprises.
Le conseil de la concurrence a conclu que l’Ordre des Expert Comptables a eu recours à des
14
pratiques anticoncurrentielles qui consistent en :

 La mise en œuvre par les membres de l’Ordre d’une entente, relative à la fixation et la
diffusion d’un prix minimum moyen ne devant pas être inférieur à 500 dhs l’heure hors taxe,
qui a été rendu obligatoire pour l’ensemble des experts comptables exerçant sur le marché
national de l’audit financier et comptable légal ou contractuel. L’Ordre des Experts
Comptables est intervenu également auprès de certains établissements publics pour faire
respecter ce prix minimum dans les appels d’offres qu’ils ont conclus.

Ces pratiques faussent le jeu de la concurrence sur le marché concerné et limitent l’accès
des entreprises, notamment les PME, au marché des services de l’audit comptable et financier à des
prix concurrentiel ;

 L’insertion par l’Ordre des Experts Comptables dans un certain nombre de ses documents,
des dispositions anticoncurrentielles, en fixant un prix minimum dans un marché libre à la
concurrence, alors que la fixation des prix ne relève pas des missions confiées par le
législateur à l’Ordre, telles que définies par la loi n°15-89 régissant la profession d’expert-
comptable et instituant un ordre des experts comptables 15.

En plus de la sanction pécuniaire, le conseil de la concurrence a enjoint dans décision, à


l’Ordre des Experts Comptables d’introduire les amendements nécessaires, en vue de purger tous ses
documents des dispositions anticoncurrentielles et ce, dans un délai de 60 jours à compter de la date
de réception de la décision. Passé ce délai, une astreinte journalière fixée à quatre milles dirhams
(4000DHS) sera infligé à l’Ordre des experts comptables.

Il est à noter que La Cour d’Appel de Rabat a rejeté, le 26 octobre2023, la requête de


l’Ordre des Experts Comptables (OCE) qui espérait annuler la sanction pécuniaire de trois millions
de dirhams prononcée par le Conseil de la Concurrence.

Par conséquent, après Les échanges entre ses membres, et à l’issue de sa session du 07
novembre 2023, le Conseil National de l’OEC a décidé ce qui suit :

15
Décision du Conseil de la Concurrence n°80/D/2022 du 28 juillet 2022 relative aux pratiques mises en œuvre par
l’Ordre des Experts comptables dans les marchés de l’audit comptable et financier légal et contractuel.
15
 Accepter le jugement de la Cour d’Appel et renoncer au pourvoi en Cassation ;

 Appliquer la Décision du Conseil de la Concurrence ;

 Supprimer sa directive « budget-temps & honoraires », la disposition relative à la


fixation d’un taux horaire minimal.

Quant à l’effet anticoncurrentiel, il permet d’analyser, au cas par cas, les effets réels ou
potentiels d’une entente sur le marché. Il en résulte qu’une entente peut être condamnée du fait de
ses effets, même si le caractère anticoncurrentiel de l’objet n’est pas caractérisé16.

Les deux notions d’objet et d’effet anticoncurrentiel peuvent être utilisées alternativement
ou cumulativement. Si l’objet anticoncurrentiel est établi, l’effet de l’entente n’est pas recherché.
En revanche, si l’objet anticoncurrentiel. Dans certains cas, des ententes sont par nature contraires à
la concurrence, et produisent naturellement des effets anticoncurrentiels.

Le caractère alternatif ou cumulatif de l’atteinte à la concurrence permet aux autorités de la


concurrence de disposer d’une alternative de preuve des ententes.

Chapitre II : Les limites inhérentes au principe de l’interdiction des ententes


anticoncurrentielles

Les ententes anticoncurrentielles peuvent être exemptées au regard de la loi sur la


concurrence si certains conditions légales sont réunies. Il est à souligner que l’exemption telle
qu’elle est prévue par la loi sur la concurrence est applicable selon les mêmes exigences aux
ententes anticoncurrentielles, abus de domination et de dépendance économique à l’exception de
l’abus des prix17.

A l’instar de son homologue français, le législateur marocain prévoit deux limites au


principe de l’interdiction des ententes anticoncurrentielles. Alors que la première tient à
l’intervention d’un texte législatif ou règlementaire (Section 1), la seconde prend en considération la
contribution de ces pratiques, mêmes illicites, au progrès économique et/ou technique (Section 2).

16
Vullierme Laurence-Nicolas « droit de la concurrence », éditeur Vuibert , Mars 2011
17
Bousaouf Maissae , « cinq leçons simplifiées en droit marocain de la concurrence »,1ére édition, impression Roa
Print, 2022, p.75

16
Section 1 : Limites d’ordre légal

L’article 9 prévoit des exceptions aux interdictions des pratiques anticoncurrentielles


établies par les articles 6 et 7, lorsqu’elles résultent de l’application d’un texte législatif ou
réglementaire. C’est à dire, une pratique peut être justifiée si elle est imposée par un texte officiel, à
condition de remplir deux critères : la nature du texte justificatif et le lien de causalité avec la
pratique concernée.

D’abord, le texte justificatif doit être un acte législatif ou réglementaire. En France,


l’Autorité de la concurrence a précisé que des interventions administratives de pur fait, comme des
lettres de ministre, des encouragements ou des tolérances, ne peuvent pas justifier une pratique
anticoncurrentielle. Par exemple, des entreprises ont tenté de s’appuyer sur une circulaire de 1970 du
ministre de l’Économie concernant les prix d’appel, mais la Commission technique des ententes a
refusé cette justification, car la circulaire et la pratique n’avaient pas le même objectif18.

Toutefois, la Commission a admis qu’une circulaire pourrait justifier une pratique


anticoncurrentielle si elle interprète formellement la réglementation en vigueur, en vertu de l’alinéa
11 de l’article 9. En effet, une circulaire peut être prise en compte si elle est émise pour clarifier un
texte réglementaire adopté en application d’une loi.

Néanmoins, le Conseil de la concurrence a exclu les accords entre syndicats, associations


ou fédérations sportives, ainsi que les contrats privés, comme motifs de justification, car ils n’ont
pas de caractère réglementaire. De même, la formulation « texte réglementaire pris pour
l’application d’une loi » concerne uniquement les dispositions spécifiquement adoptées pour
exécuter une loi. Ainsi, un arrêté ministériel pris en application d’un décret ne permet pas de justifier
une pratique anticoncurrentielle, à moins qu’il organise directement un marché en lien avec la loi.

Enfin, le lien de causalité entre le texte justificatif et la pratique est essentiel : seul un
comportement directement imposé par le texte peut être exempté. Cela signifie que la pratique doit
être non seulement dictée par les exigences du texte, mais également être la seule réponse possible
aux exigences de celui-ci19.

18
Jihade Laabid, « les pratiques anticoncurrentielles : analyse juridique », Revue Économie, Gestion et Société vol. 1,
n°36 août 2022
19
ibid
17
Section 2 : Limites d’ordre économique et/ou technique

L'article 9 de la loi 104-12 permet aux entreprises de demander la justification des pratiques
anticoncurrentielles par la contribution au progrès économique et/ou technique. L'exemption est
accordée à l'issue d'un bilan économique de la pratique ayant relevé les effets négatifs et les effets
positifs qui s'y attachent.

Pour bénéficier de l'exemption, la pratique devrait répondre àquatre conditions cumulatives


et exhaustives.

 Assurer un progrès économique et / ou technique: Le concept de progrès économique est à la


fois vague et imprécis. Il permet d'englober différents aspects : Innovation technologique, création
ou maintien d'emplois, baisse des prix, amélioration de la qualité... 20
 Réserver une partie équitable du profit aux utilisateurs : Leprogrès escompté ne doit pas
profiter uniquement aux entreprises parties à la pratique anticoncurrentielle, mais à la collectivité.
La pratique pourrait se traduire par une baisse des prix, un meilleur accès des consommateurs aux
services, l'amélioration des conditions de livraison....21
 Préserver un minimum de concurrence : Pour être justifiée, la pratique ne doit pas donner aux
entreprises impliquées la possibilité d'éliminer la concurrence. Le progrès économique et/ou
technique ne peut justifier qu'une atteinte limitée à la concurrence, sans qu'il ne conduise à une
élimination totale de celle-ci
 Respecter le principe de proportionnalité: La restriction de la concurrence ne peut aller au-delà
de ce que nécessite l'objectif de progrès économique. Autrement dit, le progrès économique et/ou
technique doit être la conséquence directe et nécessaire de la restriction de la concurrence. il ne doit
pas pouvoir être atteint par d'autres moyens 22.
En tout état de cause, l’admission de la justification dépend de l’appréciation sui
generis, de chaque cas d’espèce

 L'exemption par secteur


En raison des contraintes sociales et conjoncturelles qui pèsent sur certains secteurs, la loi
admet la possibilité pour l'administration de les exempter de l'interdiction des pratiques
anticoncurrentielles.
Ainsi, les pratiques tendant à améliorer la gestion des PME et la commercialisation des

20
Bousaouf Maissae, « cinq leçons simplifiées en droit marocain de la concurrence »,1ére édition, impression Roa Print,
2022, p.67
21
Ibid
22
Jihade Laabid, « les pratiques anticoncurrentielles : analyse juridique », Revue Économie, Gestion et Société vol. 1,
n°36 août 2022
18
agriculteurs de leurs produits font l'objet d'une décision du Chef du gouvernement ou de l'autorité
gouvernementale déléguée par lui, après avis conforme du Conseil de la concurrence qui les
soustrait à l'interdiction formulée à l'article 6 et 7.

 La justification par la faible dimension économique


Seules les restrictions de la concurrence dont l'effet est sensible sur le marché sont
interdites. Les concertations dont l'impact est insignifiant ne nécessitent pas que les autorités s'Y
attardent. La détermination du seuil de sensibilité en deçà duquel les pratiques échappent à
l'interdiction, est laissée aux soins des textes réglementaires, à savoir un arrêté du Chef du
Gouvernement ou de l'autorité déléguée par lui à cet effet

19
L'augmentation artificielle des prix et de repartir les marchés entre les clients
Conclusion

En résumé, Adam Smith, le fondateur de l'école libérale, soutient que la concurrence


favorise une allocation optimale des ressources et constitue un levier économique vers une économie
plus efficace. Il a également souligné l'importance de la concurrence en raison de son objectif social,
visant à améliorer le bien-être des consommateurs en identifiant leurs besoins réels.

Dans cette optique, le droit de la concurrence s'est toujours efforcé de garantir un


environnement de concurrence libre et loyale, tout en protégeant le principe de la liberté du
commerce et de l'industrie en interdisant les comportements qui nuisent à la concurrence. Toutefois,
pour encadrer et promouvoir la concurrence, le droit de la concurrence admet certains
comportements qui peuvent contribuer au progrès économique ou technique, à condition qu'ils
respectent un certain nombre de critères.

20
Bibliographie

Ouvrages

 Bousaouf Maissae, « cinq leçons simplifiées en droit marocain de la concurrence »,1ére


édition, impression Roa Print, 2022.

 Michel Pédamon, Droit commercial, commerçants et fonds de commerce, concurrence et


contrats du commerce, Dalloz, 1994.

 Toujgani Noureddine, « guide pratique de la concurrence » 1ére édition, imprimerie


Oumayma, Fès ,2006.

 Vuliierme Laurence-Nicolas « droit de la concurrence », éditeur Vuibert, Mars 2011

Articles
 Oubejja Kenza, « politique de la concurrence et développement : cas de la lutte contre les
ententes anticoncurrentielles au Maroc », association marocaine de gestion, ISSN : 2820-
6940, octobre 2022

 Jihade Laabid, « les pratiques anticoncurrentielles : analyse juridique », Revue Économie,


Gestion et Société vol. 1, n°36 août 2022

Arrêts et Décisions
 Décision du Conseil de la Concurrence n°80/D/2022 du 28 juillet 2022 relative aux
pratiques mises en œuvre par l’Ordre des Experts comptables dans les marchés de
l’audit comptable et financier légal et contractuel.
 France, Cour de cassation, Arrêt n° 12-18195, 28 mai 2013
 France, Cour de cassation, Chambre commerciale, Arrêt n°13-19476, 07 octobre
2014
Les lois
 Dahir n°1-14-116 du 2 ramadan 1435 (30 juin 2014) portant promulgation de la loi 104-12
relative à la liberté des prix et de la concurrence

 Dahir n° 1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant promulgation du texte de la
constitution.

 Décret 2-22-431 du 8 mars 2023 relatif aux marchés publics du 15 chaabane 1444. B.O n°
7148 du 6 avril 2023

 Traité sur le fonctionnement de l’union européenne, n°C 326/47, en date du 26/10/2012,


journal officiel de l’Union Européenne
21
Table des matières

Sommaire ..................................................................................................................................................... 2
Introduction .................................................................................................................................................. 3
Chapitre I : Les éléments des ententes anticoncurrentielles ........................................................................ 5
Section 1 : Analyse des ententes anticoncurrentielles ............................................................................. 5
Paragraphe 1 : Notion des ententes anticoncurrentielles ..................................................................... 5
Paragraphe 2 : les formes des ententes ............................................................................................... 6
Paragraphe 3 : Les effets des ententes anticoncurrentielles ................................................................. 9
Section 2 : Les conditions de prohibition des ententes anticoncurrentielles .......................................... 12
Chapitre II : Les limites inhérentes au principe de l’interdiction des ententes anticoncurrentielles ............ 16
Section 1 : Limites d’ordre légal .......................................................................................................... 17
Conclusion ................................................................................................................................................. 20
Bibliographie .............................................................................................................................................. 21
Table des matières ...................................................................................................................................... 22

22

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