Polycopié Cours Tectonique - ENS
Polycopié Cours Tectonique - ENS
COURS
Module
GEOLOGIE STRUCTURALE
Chapitre I. Introduction
1. Définition et objectifs de la tectonique
2. Echelles d’observation des structures
3. Caractéristiques géométriques des éléments tectoniques
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Chapitre I
INTRODUCTION
1.1. Introduction
L'observation actuelle de la surface de la Terre montre l'existence de ces reliefs positifs, les
montagnes, et de ces reliefs négatifs, notamment dans les océans. La présence de ces reliefs
implique des mouvements permanents générant des contraintes responsables des déformations
qui semblent au moins affecter la partie supérieure de la Terre. Cette partie supérieure qui est
susceptible de se déformer, s'appelle la lithosphère. Cette enveloppe s'étend de la surface jusqu'à
une centaine de km et possède une triple définition :
- thermique : elle est limitée a sa base par l'isotherme 1300°C ou le comportement rhéologique du
manteau change ;
- rhéologique : elle présente un comportement rigide et cassant à longue période et élastique à
des périodes plus courtes
- pétrologique : elle est duale puisque composée d'une croûte (tantôt océanique [basalte-gabbro],
tantôt continentale [granitoïdes]) et de la partie supérieure du manteau supérieur [péridotite].
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Fig. 1.1 : Structures interne du globe terrestre.
Cette lithosphère est découpée latéralement en plaques qui sont délimitées par des zones de
forte activité sismique et volcanique, liées à des processus de la dynamique interne de la Terre.
Les déplacements de la lithosphère terrestre ont pour conséquence des accumulations de
contraintes, la plupart du temps en limite de plaque. En réponse à ces contraintes, les matériaux
rocheux lithosphériques vont subir des déformations.
L’origine des déformations c’est la Tectonique des plaques qui fournis un model expliquant
les grands phénomènes qui affectent notre planète..
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1.2. Définition et objectifs de la tectonique
La Tectonique, appelée aussi Géologie structurale, est l’étude des déformations de l’écorce
terrestre dues à des forces internes. Elle décrit les différentes structures géologiques (failles, plis,
schistosité, …) qui résultent de ces déformations afin de définir les différentes phases tectoniques
et d’établir une chronologie entre elles. Elle se focalise principalement sur la relation entre les
structures géologiques et les mouvements et les forces qui sont à l'origine de leur formation.
Cette discipline fait appel à de nombreuses notions de physique des matériaux et de
mécanique qui permettent d'étudier la nature des contraintes sur une roche et d'étudier leur
réponse à ces contraintes. Ces études permettent de localiser spatialement et temporellement les
contraintes et les déformations qu'elles induisent ; par extension, elles permettent de renseigner
sur les conditions de formation des roches, qui sont souvent conditionnées par le contexte
tectonique.
Le principal objectif de la Tectonique est donc d'établir des hypothèses permettant
d'expliquer l'agencement des roches et des structures les affectant et d'en reconstituer l'histoire,
à partir du modèle de la tectonique des plaques.
La tectonique s'applique aux déformations à toutes les échelles d'espace et de temps au sein
du globe terrestre.
Selon l'échelle de l'objet étudié (échelle spatiale), on parle de :
- microtectonique, pour les structures microscopiques ;
- minitectonique, qui traite de déformations petites, mais analysables à l'œil nu ;
- macrotectonique globale, pour les structures de plusieurs milliers de km,
- mégatectonique, à plus grande échelle encore, qui traite pratiquement des rapports de
continent à continent et de continent à océan et qu'on appelle souvent géotectonique.
A l’échelle géologique (échelle temporelle), si on suppose qu’une chaine de montagne se
soulève de 1 cm/an, et que ce phénomène soit continu pendant un million d’années, il en résulte
un soulèvement de 10 km, c-à-d une modification considérable. La distance entre L’Europe et
L’Amérique augmente de 1 cm/an; il en résulte en 100 Ma, un éloignement supplémentaire de
1000 km. Donc, à l’échelle géologique, les déformations de l’écorce peuvent être importantes.
L’observation directe des roches confirme totalement cette prévision. En effet les couches se
déposent dans un bassin sédimentaire sous forme horizontale. Après déformation, sous des
contraintes compressives ou distensives, ces couches se déforment se plissent et se fracturent.
On peut donc travailler sur toutes les échelles, aussi bien un pays que quelques cm, plusieurs
années ou quelques mois … Par exemple, pour une faille, les causes de sa formation serons les
mêmes qu’elle mesure 1 km ou 1 cm.
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Fig. 1.1 : Exemples de structures tectoniques
Direction : d’une structure non horizontale est l’angle que forme une droite virtuelle horizontale
du plan de cette structure avec la direction du Nord Géographique.
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Pendage : est l’angle que fait la surface (le plan) d’une structure avec un plan horizontal. C’est
également le plongement de la ligne de plus grande inclinaison du plan à mesurer.
Il se mesure avec un clinomètre et uniquement entre 0° et 90°. Pour noter le pendage, en plus
de l’angle d’inclinaison on doit préciser la direction du plongement (sens de l’inclinaison du plan).
Le pendage doit être énoncé sous la forme par exemple «40°SE» (SE est le sens du plongement).
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Chapitre II
NOTIONS DE MECANIQUE DES ROCHES (RHEOLOGIE)
La rhéologie traite la déformation des matériaux soumis à des contraintes. Cette discipline
fait appel à de nombreuses notions de physique et de mécanique des matériaux qui permettent
d'étudier la nature des contraintes sur une roche ou un ensemble de roches et d'étudier la réponse
de ces dernières aux contraintes qu'elles subissent.
La contrainte est une force appliquée à une certaine unité de volume. Les solides possèdent
une force pour résister à la contrainte. Lorsque la contrainte dépasse la résistance du matériau,
l'objet est déformé et il s'ensuit un changement dans la forme et/ou le volume.
a- Déformation (ε)
a1. Définition et composantes de la déformation
La déformation est le changement de forme, de position ou d’orientation d’un matériau solide
(roche) sous l’influence de contraintes. La déformation est donc la réponse des roches soumises à
des forces. En fonction de l’arrangement des points d’un matériau, une déformation peut être
décrite par 4 composantes :
Translation = chaque particule se déplace dans la roche dans la même direction et à la
même distance = changement de position.
Rotation de l’objet = une rotation rigide d'un volume de roche déformée par rapport à un
système de coordonnées externe (= changement d’orientation).
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Fig. Rotation en association avec une faille courbe (faille listrique) et un déplacement cisaillant.
Fig. Distorsion (Simple shear : cisaillement simple ; Subsimple shear : cisaillement générale ; Pure shear :
cisaillement pure).
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Fig. Les composantes de la déformation
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Une déformation est dite hétérogène lorsqu’elle transforme au moins une partie de ces droites
en courbes.
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Fig. Ellipsoïde de déformation
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a4. Régimes fondamentaux de déformations
Un marqueur sphérique peut être déformé de deux façons différentes : en « l’écrasant », et en
le « cisaillant ».
a4.1. Aplatissement (cisaillement) pur
Les axes principaux (X et Y) de déformation gardent la même direction mais ils changent de
longueur. Cette déformation est dite coaxiale (non rotationnelle).
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Fig. Régimes de déformation
a5. Forme de l’ellipsoïde de déformation
En 3 dimensions, l’ellipsoïde de déformation est défini par ses 3 axes, X ≥ Y ≥ Z. Selon la taille
relative des 3 axes, on peut distinguer deux cas extrêmes :
- X > Y = Z : l’ellipsoïde prend la forme d’un cigare. Cette situation correspond à un étirement
selon X (constriction) ;
- X = Y > Z : l’ellipsoïde a la forme d’une crêpe. C’est un écrasement selon Z (aplatissement).
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Fig. Diagramme de Flinn
b. Contrainte (Stress, σ)
La mobilité de l’écorce terrestre provoque des déformations intenses. Donc chaque petite
surface de l’écorce est constamment soumise à des forces.
On appelle contrainte (σ), le rapport entre la force (F) et la surface (S) :
𝐝𝐅
𝛔 = 𝐥𝐢𝐦
𝒅𝑺→𝟎 𝐝𝐒
- Un volume élémentaire de roches situé à une profondeur donné n’est soumis qu’à la
contrainte de surcharge des roches sus-jacentes, appelée contrainte lithostatique.
- Lorsque les roches sont sollicitées par des mouvements tectoniques, s’ajoute à la
contrainte lithostatique une contrainte tectonique dite triaxiale.
Une contrainte s'exerce toujours sur une surface et peut être :
- perpendiculaire à cette surface, la contrainte est alors dite normale, et notée σn
- oblique par rapport à cette surface, la contrainte se décompose alors en une contrainte
normale, notée σn, et une composante tangentielle, dite contrainte cisaillante, notée τ.
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Fig. Contrainte normale et contrainte oblique
Par convention, une compression est positive et une extension est négative.
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Fig. Ellipsoïde de contrainte
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Fig. Diagrammes contrainte-déformation
Différents paramètres influent sur le comportement des roches : des matériaux différents
vont, naturellement, avoir des comportements contrastes ; mais le même matériau, dans des
conditions différentes (P, T …) peut se comporter de façon variable.
a. Nature de la roche
Des roches différentes vont avoir des réponses rhéologiques différentes, selon qu’elles sont
plus ou moins ≪ molles ≫ (on parle de compétence). Une roche est plus compétente si elle a un
seuil plastique élevé, autrement dit, si elle a tendance à se fracturer plutôt qu'a plier lorsque
soumise à un état de contrainte.
Echelle de compétence relative (de la plus faible a la plus forte) de certaines roches :
- Roches Sédimentaires : Sel - argile - calcaire - grés - dolomite ;
- Roches magmatiques / métamorphiques : Schiste - marbre - quartzite - gneiss - granite -
basalte - gabbro.
b. Influence de la pression lithostatique (Pl)
L’augmentation de Pl tend à rendre les roches plus résistantes (augmentation de la contrainte
maximale supportée), et un peu plus ductiles.
La Pl augmente avec la profondeur, et par conséquent les roches situées à des profondeurs
importantes se comportent de manière plastique, alors que celles situées dans les parties
superficielles de la croûte auront un comportement élastique.
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Fig. Influence de Pl sur la rhéologie (ex. calcaire).
c. Influence de la température (T)
L’augmentation de T diminue la résistance des roches, et les rend plus ductiles.
La combinaison des deux effets précédents (P et T) rend compte que la croûte supérieure est
cassante et la croûte inferieure ductile.
d. Influence des fluides d’imprégnation
L’augmentation de la pression fluide (Pf) dans les pores d’une roche diminue sa résistance et
la rend plus cassante (l’ouverture de microfractures dans la roche est en effet facilitée par la Pf
sur les bords des pores, ce qui rend la rupture plus facile).
Fig. Effet de la Pf
A l’inverse, des fluides dans le système cristallin (groupes OH substituant O dans les cristaux
affaiblissant les liaisons Si-O-Si) diminue la résistance des roches et les rend ductiles.
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Chapitre III
TECTONIQUE CASSANTE
(DEFORMATION DISCONTINUE)
3.1. Introduction
Dans la croute terrestre, la déformation des roches peut se traduire par l’apparition de
discontinuités. C’est la Tectonique cassante (=fragile). Les discontinuités peuvent s'accompagner
ou non d'un déplacement des blocs rocheux qu'elles délimitent.
Les structures associées à ce type de tectonique sont les diaclases, les failles et des
microstructures (joints, stylolithes, fentes, schistosité).
3.2. Diaclases
Les diaclases sont des cassures sans déplacement, cassures perpendiculaires aux couches
sédimentaires. Elles apparaissent généralement sous faibles contraintes, et sont souvent
orientées perpendiculairement à la stratification. Leurs dimensions sont réduites.
Fig. Diaclases
3.3. Failles
a. Définition
La déformation cassante se traduit par des plans de cassures avec déplacement relatif d’un
compartiment (bloc) par rapport à l’autre: les failles.
Une faille est caractérisée par :
Plan de faille défini par sa direction et par son pendage
Rejet réel = distance séparant deux points initialement confondues. Il peut être
décomposé en 4 rejets :
- OC : rejet vertical (Rv) qui traduit le mouvement des deux blocs suivant le plan
vertical.
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- OA : rejet horizontal latéral (Rhl) qui correspond au déplacement des 2
compartiments parallèlement au mouvement de la faille.
- CO’ : rejet horizontal transversal (Rht) qui exprime le déplacement des 2
compartiments perpendiculairement au mouvement au miroir de la faille.
- OB : rejet pente (RP)
Miroir de faille : plan de faille le long du quel se produit le déplacement des deux
compartiments. Ce plan peut être marqué par des structures (stries) et de phénomène de
recristallisation, nés du frottement entre les deux compartiments
b. Types de faille
En fonction des valeurs des rejets et du pendage de la faille, différents types se distinguent.
b1. Faille normale
Une faille normale se caractérise par un Rht >0 c.à.d. un écartement (distension) de blocs. Les
failles normales entrainent une diminution de l’épaisseur de la croûte c.à.d. un amincissement
crustal. Elles sont à l’origine des formations de bassin.
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b2. Faille inverse
Une faille inverse se caractérise par un Rht <0 c.à.d. un rapprochement (compression) de
blocs. Les failles normales sont responsables de la formation des chaines de montagne
(épaississement crustal).
Un crochon de faille est un repli des couches au contact d’une faille, il est dû au mouvement
des couches au niveau du plan de faille.
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b3. Faille décrochante (Décrochement)
Si Rht=0, Rv=0, Rhl≠ 0, le régime est compressif et la faille est dite décrochante. Quand le
mouvement est de sens "horaire", on parle de décrochement dextre ; et quand il est dans le sens
anti-horaire, le décrochement est dit sénestre.
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Les structures majeures de décrochements sont les failles transformantes, les zones de relais
de décrochements et les bassins en Pull- Apart.
Les failles transformantes sont des limites de plaque lithosphérique où il n'y a ni subduction
ni création de lithosphère (limite conservative). Elles sont situées en bordure de plaques
tectoniques et découpent les dorsales transversalement.
Les zones de relais correspondent à des niveaux de relais entre failles qui ne se rejoignent
pas, ou bien au niveau d’une faille non plane. Selon du sens du déplacement le long des failles au
niveau des relais, se développement soit une zone de bréchification et dissolution très poussées,
soit une zone de vide appelée pull-apart.
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Fig. Pull-apart : d’un losange de calcite à la mer morte.
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Fig. Relation type de faille et champ de contrainte
c. Failles conjuguées
Les failles conjuguées sont un groupement d’au moins deux failles à sens de pendage opposés.
Les failles normales conjuguées contrôlent la formation des bassins sédimentaires (graben).
Par contre les failles inverses conjuguées sont responsables de la formation des montagnes
(horst).
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Fig. Failles normales conjuguées
Les décrochements peuvent être conjugués quand les failles délimitent un bloc qui se déplace
en sens contraire de ses voisins.
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Fig. Chevauchement
b. Charriage
Le charriage en géologie désigne une nappe de charriage. Cette dernière est le déplacement,
sur de grandes distances (plusieurs km), de tranches de roches (nappes de charriage) (terrains
allochtones), qui viennent ainsi s'empiler sur les roches non déplacées qualifiées d'autochtones.
L’amplitude du déplacement s’appelle Flèche
Un morceau de nappe isolé du reste de la nappe par l’érosion s'appelle une klippe.
Une zone de la nappe érodée permettant de voir les terrains sous-jacents s'appelle une
fenêtre.
La zone par laquelle la nappe est restée attachée sur son socle s'appelle la racine
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Fig. Graben ou rift délimité par des failles normales conjuguées (F). Les microstructures associées : stylolithes
(sty), fentes de tension (ft), crochons de faille (cf), faille potentielle (fp), Stries (St).
a. Stries
Le plan de faille est parfois appelé miroir de faille, car il peut être poli par frottement entre
les 2 blocs de part et d'autre de la faille. Ce frottement génère souvent des stries qui marquent la
direction de déplacement.
Fig. Stries
b. Cannelures
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Une cannelure est une petite dépression de forme conique, creusée par un objet striateur dur
sur le miroir lors du mouvement de la faille. Il permet de déterminer le sens du déplacement le
long de la faille.
c. Fibres de recristallisation
Lors du mvt le long d’une faille, il peut y avoir des recristallisations minérales (calcite,
quartz). Ces minéraux recristallisés se présenteront sous de fibres permettant de déterminer le
sens du mouvement.
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Fig. Types de fentes de tension
Les minéraux cristallisent dans les fentes parfois en fibres orientées selon la direction
d'allongement X. Parfois, ces fibres sont obliques au plan de la fente ou bien sigmoïdes
e. Stylolites
Les stylolites sont des discontinuités irrégulières faites de pics et de creux, et correspondent
à la dissolution de la matière liée à un raccourcissement tectonique. Des plans stylolithiques se
forment perpendiculairement à la contrainte principale 1 et à la direction Z de l'ellipsoïde de la
déformation : ils marquent donc le plan d'aplatissement X-Y.
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Fig. Stylolites tectoniques
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Chapitre IV
TECTONIQUE DUCTILE
(DEFORMATION CONTINUE)
4.1. Introduction
La déformation ductile, à conditions P-T globalement plus élevées, comprend les plis, des
structures pénétratives linéaires appelées linéations tectoniques (ex. linéation d’allongement), et
d'autres, planaires, nommées schistosités (ex. schiste).
À l'échelle microscopique, la tectonique ductile se reflète dans la déformation des minéraux
de la roche, dont l'analyse de la géométrie permet l'identification du sens de mouvement.
4.2. Plis
a. Définition et caractéristiques géométriques
Les plis sont des courbures plastiques permanentes des terrains. Pour observer un pli, il faut
des surfaces de référence (stratification, schistosité, …).
Il est défini par :
- Charnière : est la zone de courbure maximale
- Flanc : surface de couches de part et d’autre de la charnière.
- Plan axial : surface qui passe au niveau de toutes les charnières
- Axe : ligne qui joint les points de courbure maximale
- point de flexion : est l’endroit où la courbure change.
- Taille est mesurée par sa longueur d’onde et son amplitude A.
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Fig. Caractéristiques géométriques d’un pli
b. Types de plis
En fonction du sens de la courbure du pli, deux types se distinguent :
- Une antiforme est un pli qui se ferme vers le haut (en forme de n).
Si la série est normale (couches jeunes sur des couches anciennes), l’antiforme est un
anticlinal, et dans le cas contraire on parlera d'antiforme synclinale ou de synclinal
retourné.
- Une synforme est un pli qui se ferme vers le bas. (pli en forme de U).
Si la série est normale, la synforme est un synclinal, et dans le cas contraire on parlera
d'une synforme anticlinale ou d'un anticlinal retourné.
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Fig. Types de plis
En fonction du déversement du plan axial :
- Pli droit : PA vertical et les pendages des flans symétriques
- Pli déjecté : PA est incliné et flancs à pendages inégales et à sens opposés.
- Pli déversé : PA incliné et flancs à pendages de même sens
- Pli couché : PA horizontal et flancs à pendages de même sens.
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- Pli ouvert : un pli est ouvert si l'angle entre ses flancs est très important,
- Pli serré si l'angle entre ses flancs est faible.
- Pli isoclinal si ses flancs sont parallèles.
- Pli arrondi : pli à charnière arrondie.
- Pli en chevron : est de petite taille et sa courbure est concentrée sur une petite partie du
pli.
- Pli coffré : est un pli à deux plans axiaux formé par l'association de deux plis monoclinaux,
deux plis en genoux ou ou deux kink bands conjugués.
- Kink band : pli anguleux dissymétrique.
c. Mécanismes de plissement
Selon de l’orientation de axes de contrainte par rapport à la stratification et de des propriétés
mécaniques et rhéologiques des roches, c.à.d. en fonction des mécanismes de déformation,
différents types de plissement se développent.
c1. Plissement par flexion : plis isopaques
Le plissement par flexion se produit lorsqu'une couche est raccourcie parallèlement à sa
longueur c.à.d. en appuyant sur les extrémités d’une couche, elle se plie. Ces plis apparaissent dans
les niveaux structuraux supérieur et moyen de la chaîne de montagne. Les températures et la
pression sont peu intenses.
Selon leur nature lithologique, les roches auront des comportements mécaniques différents.
Les roches compétentes se déforment difficilement (grès, calcaires,…), les roches incompétentes
se déforment facilement (argiles, marnes,…). Dans des roches compétentes, les plis sont
isopaques.
Pli isopaque (ou isopache) : pli où l’épaisseur des couches reste constante dans tout le pli
dont la forme varie du cœur à l’enveloppe.
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La différence de longueur d’onde de ce type de pli est en rapport avec l’épaisseur des couches
compétentes et le contraste de viscosité entre les couches (=Phénomène de disharmonie).
Fig. Illustration de la façon sont se plissent des couches de différentes compétences et épaisseurs.
Plis parasites (c)
Les mécanismes qui interviennent sont la flexion et le glissement banc sur banc. Deux
modèles simples illustrent ces mécanismes :
-> Les plis à déformation de charnière :
La distorsion est localisée dans la charnière, elle est hétérogène avec une extension dans
l’extrados et une compression dans l’intrados (modèle de la torsion d’une barre rigide). Les
microstructures associées peuvent être : à l’extrados des fentes de tension ou des microfailles
normales, à l’intrados des joints stylolithiques, des microplis ou des microfailles inverses.
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-> Les plis à déformation des flancs :
La distorsion est localisée dans les flancs. C’est un cisaillement interne du banc qui se fait par
glissement de surfaces les unes sur les autres (modèle de la courbure d’une pile de feuilles). Les
structures resultantes impliquent du glissement banc sur banc (Stries), ou des fentes de tension
obliques dans le flanc du pli..
Dans tous ces types de plis il y a coexistence d’une déformation ductile qui donne le pli et de
déformations cassantes (microfailles, fentes, etc…). C’est la conséquence de conditions physiques
(T° et P) correspondant aux niveaux structuraux supérieur de la chaîne. La déformation est
d’intensité modérée, hétérogène, et non pénétrative.
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c2. Plissement par cisaillement ou aplatissement : plis anisopaques (plis passifs)
Ces plis caractérisent le niveau structural inférieur de la chaîne de montagne. Ils apparaissent
alors quelque soit la lithologie des roches déformées.
Les niveaux structuraux inférieurs sont caractérisés par des valeurs T° et P de plus en plus
fortes. La déformation est de plus en plus ductile et de plus en plus intense. Elle s’imprime dans la
roche à toutes les échelles, on dit qu’elle est pénétrative. Le marqueur caractéristique est la
schistosité qui est l’expression de l’aplatissement des roches. La schistosité est associée aux plis,
les 2 structures apparaissent en même temps, on dit que les plis sont synschisteux.
Pli anisopaque (ou anisopache ou semblable) : pli où l’épaisseur des couches varie
(étirement sur les flancs) mais la courbure des strates reste identique le long de la médiane du pli.
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Ces plis apparaissent par glissement le long de surfaces planes qui sont des plans de transport
de la matière ou plans de cisaillement (plans C). Les niveaux repères se déforment par simple
translation, il n’y a pas de raccourcissement comme dans le cas des plis isopaques formés par
flexion ou des plis formés par aplatissement. Le modèle analogique simple est un paquet de cartes
glissant les unes sur les autres à vitesse différente. Ce sont les plis semblables.
a. Structures planaires
Une fabrique planaire (« foliation ») peut être :
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- Une structure mécanique, avec des plans de débit préférentiel de la roche : c’est une
schistosité en Français, cleavage en Anglais ;
- Une structure minéralogique, où les plans sont marqués par des niveaux de composition
minéralogique contrastée, ou par l’arrangement des minéraux individuels : c’est une
foliation en Français.
a1. Schistosité
La schistosité (cleavage) est une structure planaire d’origine tectonique. Elle exprime
l’aplatissement de la roche qui se débite en feuillets parallèles. Selon l’intensité de la déformation
on distingue plusieurs types de schistosités reconnaissables à l’oeil nu sur l’affleurement et
l’échantillon mais surtout au microscope .
En plus de l’intensité de la déformation, la mise en place de la schistosité est étroitement liée
à la profondeur de la croûte et la lithologie.
Avec la profondeur de la croûte, la T° (et la pression) augmente, et cette augmentation de la
T° favorise la mobilité des minéraux et même leur recristallisation à des T° élevées.Autour de 350-
375 ° C, le domaine de clivage change en celui de la schistosité et de la foliation.
La lithologie et la minéralogie sont importantes elles aussi parce que les différents minéraux
réagissent différemment à la contrainte et à la T°. Les phyllosilicates sont particulièrement
importantes dans le développement de clivage. En général, s’il n'y a pas de phyllosilicates dans la
roche il n'y aura pas de schistosité bien développée.
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Fig. Développement théorique des types de schistosité
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Les plans de schistosité peuvent être le siège de recristallisation métamorphique.
Ce type de schistosité témoigne d’une déformation faible (plis ouverts). Elle accompagne un
métamorphisme de faible degré. Le caractère sédimentaire subsiste et la déformation est non
pénétrative.
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Fig. Schistosité de flux effaçant presque totalement S0.
a1.3. Crénulation
La schistosité de crénulation est une schistosité espacée, à l’intérieur des microlitons, le litage
est déformé en microplis en chevron. Les flancs des plis sont fréquemment étirés et finissent par
évoluer en une nouvelle schistosité (S2).
Si une structure plane existante (stratification, élément tectonique) s’est réorientée, suite à
la déformation et au plissement, dans la direction de la nouvelle déformation ; on parle de
transposition. Dans ce cas, on peut observer des reliques de la structure d’origine.
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Fig. Crénulation et transposition
a1.4. Foliation
Une foliation est une schistosité continue (schistosité minéralogique), les feuillets
correspondent à des alternances minérales dans des roches de degré métamorphique moyen ou
élevé. Les minéraux métamorphiques sont visibles à l’œil nu, et la roche est rubanée.
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b. Structures linéaires
Une fabrique linéaire est une structure pénétrative qui confère à la roche une structure
alignée d'origine tectonique. Il existe plusieurs types de fabrique linéaire, dont :
- Linéation d'intersection qui représente l'intersection entre deux surfaces planaires dont
au moins l'une est une structure tectonique.
Ce sont des linéations données par la forme d’objets déformés, par exemple des axes de
plis (crénulation), des boudins, etc.
- Linéation minérale qui se caractérise par une orientation parallèle des minéraux
syntectoniques. Ce type de linéation se développe soit par recristallisation dynamique ou
tout simplement par rotation rigide des grains.
Linéation minérale => foliation
=> σ3
- Linéation d'étirement ou d’allongement qui se caractérise par une extension des objets
préexistants, parallèlement à l'axe d'extension maximale de l'ellipsoïde de la déformation
(minéraux prétectoniques, fossiles, etc.).
Elle détermine donc la direction de σ3 :
σ 1 ┴ S1
S1 = (σ2, σ3)
Linéation d’étirement => S1 de flux
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Fig. Quelques types de linéations : (1), (2) et (5) Li & Lb : Lin. d’intersection ; (3) Lm : Lin.
minéralogique ; (4) La : Lin. d’étirement.
Les linéations d’étirement ou minérale, sont dans l’axe X (étirement). Mais pour tout autre
type de linéation, la relation n’est pas claire et il faut réfléchir à son origine pour replacer
l’ellipsoïde de déformation.
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c. Relation schistosité-plissement
En général, la schistosité se développe dans des séries fortement plissées et parallèlement
aux plans axiaux des plis, ou en éventail légèrement divergent vers l’extérieur de la courbure. On
parle de schistosité de plan axial et le pli est dit synschisteux.
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4.3. Boudinage
Les boudins sont des structures en extension, dues à la rupture d’un banc plus compétent
(cassant) au sein d’une matrice plus ductile.
Les boudins parallèles définissent la linéation de boudinage, l’étirement ductile puis la
rupture des boudins définit la direction d’allongement.
La géométrie des boudins est en grande partie contrôlée par les types de fractures (en
extension ou cisaillement), et la nature de la déformation (rapport ductile-fragile).
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Photo 1 : Boudins d’amphibolite dans des schistes verts, associées à une déformation ductile ; photo
2 : Boudins asymétriques de granite dans le gneiss, liés à un régime fragile (+ cisaillement senestre).
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Chapitre V
NOTION DE NIVEAU STRUCTURAL
5.1. Définition
L'ensemble des déformations, cassantes ou ductiles, sont étroitement liées à la nature de
matériaux affectés et aux conditions P-T du milieu.
Au cours d’une phase compressive et avec l’augmentation progressive des conditions P-T
croissantes, les roches ont d’abord un comportement cassant, puis passe à un comportement
ductile et enfin au point de fusion.
Les mécanismes de la déformation dépendent directement de ces différents comportements
des roches:
- le cisaillement pour un comportement cassant (failles),
- la flexion pour un comportement ductile (plis isopaques),
- l’aplatissement pour un comportement très ductile (plis anisopaques et schistosité),
- l’écoulement pour un comportement visqueux ( plis d’écoulement).
Les conditions P-T augmentent avec la profondeur, d’où l’individualisation de différentes
parties de l'écorce terrestre appelées niveaux structuraux, dont chacune est caractérisée par un
type de déformation c.à.d. les mécanismes dominants de la déformation restent les mêmes.
On peut néanmoins en distinguer trois : le niveau structural supérieur (NSS), le niveau
structural moyen (NSM) et le niveau structural inferieur (NSI).
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Références
Ce polycopié est le fruit en partie d’une fructueuse recherche bibliographique. Nous nous excusons
pour tout oubli de citer des références.
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