INTRODUCTION AU COURS
DU DROIT DE LA FAMILLE
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INTRODUCTION AU COURS DU DROIT DE LA FAMILLE
PREMIÈRE PARTIE : LE MARIAGE ET LA FILIATION
TITRE 1 : LE MARIAGE
CHAPITRE 1 : LES PRÉLIMINAIRES DU MARIAGE : LE COURTAGE ET
LES FIANÇAILLES
SECTION 1 : LE COURTAGE MATRIMONIAL
PARAGRAPHE 1 : LA DÉFORMATION DU COURTAGE MATRIMONIAL
PARAGRAPHE 2 : LE SORT RÉSERVÉ AU COURTAGE MATRIMONIAL
SECTION 2 : LES FIANÇAILLES
Les Fiançailles peuvent être définies comme la promesse réciproque que se
font un homme et une femme de se prendre pour époux plus tard. Pour que
cela soit valable il faut qu’elle fasse l’objet d’une publicité.
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PARAGRAPHE 1 : LA NATURE JURIDIQUE DES FIANÇAILLES
En droit coutumier, les fiançailles étaient un contrat obligatoire et donc
celui qui le rompait unilatéralement était responsable de la rupture et devait
dédommager l’autre partie. En d’autres termes on condamnait la partie
fautive, c’est-à-dire celle qui n’exécutait pas ses obligations.
A - La loi de 1964 et les fiançailles
Elle est silencieuse quant aux fiançailles, probablement pour sauvegarder la
liberté des deux intéressés jusqu’au mariage. Ainsi on a préféré ne pas prévoir
les conséquences juridiques des fiançailles. Autrement dit les fiançailles
constituent un simple fait qui ne devient juridique que dans un cas particulier
: si ce fait cause un dommage à autrui. (Art 1382 Code Civil)
Par ailleurs l’article 26 alinéa 2 de la loi N°64-377 du 07 Octobre 1964 sur la
paternité et la filiation font des fiançailles un cas d’ouverture de l’action en
recherche de paternité naturelle.
Selon cette loi, si la jeune fille a eu une conduite irréprochable (bonne
conduite) et qu’elle est enceinte, le fiancé doit reconnaître l’enfant. (Voir Y.
Sarassoro : l’enfant naturel en Droit Ivoirien N.E.A, 1984, Abidjan, p 34 et)
B - Les solutions de la Jurisprudence
La position de la jurisprudence apparaît clairement dans un arrêt de 1838 () en
ces termes « Si le fait de l’inexécution du mariage ne peut pas lui-même
motiver une condamnation à des dommages et intérêts, puisqu’une telle
condamnation porterait une atteinte indirecte à la liberté du mariage, il en est
autrement lorsque son inexécution est accompagnée de circonstances
indépendantes de la rupture elle-même et constitue une faute dommageable. »
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De cet arrêt de la cour de cassation, les fiançailles ne sont pas un contrat, mais
ne peuvent que devenir un fait juridique avec l’application de l’article 1382 du
Code Civil en cas de dommage.
C - La controverse doctrinale
La doctrine est partagée quant au problème des fiançailles. Certains
auteurs ont considéré les fiançailles comme étant un contrat dont la rupture
doit obligatoirement entraîner le paiement de dommages et intérêts. D’autres
par contre se sont ralliés à la position jurisprudentielle en considérant les
fiançailles comme un simple fait qui n’a de conséquences juridiques qu’en cas
de dommage. Ainsi, la responsabilité encourue ne peut être que délictuelle.
Elle n’est pas contractuelle.
Face à ces deux grandes tendances, d’autres thèses se sont dégagées. Les
unes considéraient les fiançailles comme étant un contrat avec une faculté
de libre résiliation unilatérale. Les autres les considéraient comme étant un
avant-contrat avec des obligations réciproques de loyauté et de sincérité. Ce
temps permettait sans doute aux fiancés d’analyser leurs sentiments pour ne
pas avoir à rompre brusquement pendant le mariage. (Cf. R. Nerson : Les
promesses de mariage RTD. Civil 1981 p129)
En tout état de cause lorsqu’ils existent, ils produisent certains effets.
PARAGRAPHE 2 : LES EFFETS DES FIANÇAILLES
Étant donné que les fiançailles selon la jurisprudence ne constituent pas un
contrat, il en résulte que tous les effets qui en découlent n’ont qu’un caractère
extra-contractuel, qu’il s’agisse des effets entre les fiancés ou des conséquences
de la rupture à l’égard des tiers. (Les tiers responsables de la rupture ou les
enfants nés au cours des fiançailles.)
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A - Les conséquences de la rupture entre les fiancés
Ces conséquences ont trait à la mise en œuvre de la responsabilité de l’auteur
de la rupture mais encore faut-il prouver l’existence des fiançailles et surtout
leur caractère abusif.
1 - La preuve des fiançailles
Il s’agit de savoir si elles doivent être prouvées par écrit ou non.
Généralement, il n’y a pas de problème, les fiancés ayant échangé des
courriers (lettre à l’époque, messages : SMS de nos jours) les magistrats
estiment que la preuve peut découler du courrier (lettre) de rupture. Ce qui
signifie que dans l’esprit du fiancé qui a pris l’initiative de la rupture, il y avait
bien eu fiançailles.
Les fiançailles peuvent également être prouvées par témoignages en cas
d’impossibilité matérielle de se procurer un écrit.
Colmar, 12 Juin 1979, D.1971, Jurisprudence p406
Une fois les fiançailles prouvées, il n’y aura de responsabilité civile à la charge
de l’auteur de la rupture que si elle revêt un caractère abusif.
2 - Le caractère abusif de la rupture
Il est basé sur la notion de faute de l’article 1382 du Code Civil.
Apporter la preuve du caractère abusif de la rupture, c’est apporter la preuve
de la faute à la charge de celui qui rompt. Cette faute n’est pas le fait de
rompre qui est un droit, mais la manière de rompre. La rupture ne peut être
abusive si la partie délaissée n’apporte pas la preuve de la faute de
l’initiateur.
Abidjan, 16 Juin 1972, RID 1974, N°1_2 p18 note M. Defosse.
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Le caractère abusif de la rupture conduit à la réparation du préjudice au profit
de la victime.
3 - La réparation due à la partie délaissée en cas de rupture des fiançailles
Deux hypothèses sont à envisager :
- L’hypothèse d’une rupture non abusive
- L’hypothèse d’une rupture abusive
a - L’hypothèse d’une rupture non abusive
Dans cette hypothèse, il n’y a pas de réparation. Cependant, il y aura
restitution des cadeaux faits en vue du mariage. Pour cela la jurisprudence
ivoirienne se fonde sur l’article 45 de la loi n°64-380 du 07 Octobre 1964
relative aux donations entre vifs et aux testaments.
Le mariage étant la condition de ces cadeaux, ils doivent être restitués si le
mariage ne suit pas. Exemple : L’arrêt de la Cour d’Appel d’Abidjan précité,
qui a condamné une ex-fiancée au remboursement des frais engagés par l’ex-
fiancé pour parfaire ses études en France.
Pour la jurisprudence, la restitution de la donation n’est due que de la part de
celui a pris l’initiative de la rupture.
Si la rupture est due au décès de l’un des fiancés, aucune restitution n’est
dûe, car c’est un cas de force majeure qui empêche le mariage.
De même les menus cadeaux faits pour l’entretien de l’amitié ne sont pas à
rendre.
b - L’hypothèse d’une rupture abusive
Deux sous hypothèses :
*Rupture du fait d’un tiers : (Décès d’un des fiancés à la suite d’un accident)
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Des dommages et intérêts peuvent être payés par l’auteur de l’accident
pour réparer le préjudice moral (qui constitue en une perte de chance) et le
préjudice matériel (qui consiste en un remboursement des dépenses engagées
en vue du mariage)
*Rupture du fait d’un des fiancés
Dans ce cas, il y a une réparation proprement dite de la partie délaissée,
réparation par équivalence c’est-à-dire en dommages et intérêts (et non en
nature : obligation de se marier).
Ces dommages et intérêts viennent réparer le préjudice moral (et non
matériel) qui consiste en une atteinte à la considération, aux troubles
psychiques à la douleur morale subis.
Ces dommages et intérêts sont facilement accordés vu que la rupture est
abusive mais ne sont pas très élevées.
Cf. arrêt de la CA de Colmar qui a octroyé 200000 FCFA à la jeune fiancée qui
était enceinte.
Ces préliminaires que sont les fiançailles ne suffisent pas pour contracter
mariage.
En tant qu’institution sociale, la loi fixe de façon minutieuse les conditions de
formation que les futurs époux se doivent de respecter. Seul le respect de ces
conditions permet au mariage de produire des effets légaux.
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CHAPITRE 2 : LA FORMATION DU MARIAGE CIVIL
La loi a prévu les conditions de formation du lien conjugal, les sanctions en cas
d’inobservation de celles-ci et a enfin établi les modes de preuve du mariage.
SECTION 1 : LES CONDITIONS DE FORMATION DU MARIAGE
Pour que le mariage soit valable, il faut respecter minutieusement, un certain
nombre de conditions de fond et de forme.
SOUS-SECTION 1 : LES CONDITIONS DE FOND
Il est vrai que chaque individu a le droit de se marier, telle que l’affirme
solennellement la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
Toutefois il faut respecter des conditions parmi lesquelles figurent les
conditions de fond notamment les conditions physiologiques (biologiques), et
de moralité.
PARAGRAPHE 1 : LES CONDITIONS PHYSIOLOGIQUES
Étant donné que le mariage repose sur des conditions naturelles évidentes à
savoir les relations charnelles entre époux, les différences physiques ou
sexuelles s’imposent. En effet dans le droit laïc, le mariage est avant tout
l’union d’un homme et d’une femme. Aussi les deux conditions de fond
retenues sont le sexe et l’âge.
A - La différence de sexe
C’est une condition naturelle essentielle pour le respect des mœurs sociales et
pour la procréation.
Ce qui pose le problème des homosexuels et le regard que pose le droit sur
leurs relations :
- Elles sont immorales car constituant des relations contre-nature et en tant
que telles montrent la perversion de la personne humaine. Malheureusement
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de nos jours un certain nombre de systèmes juridiques dans le monde, l’ont
reconnu.
- En plus, la procréation qui est l’une des finalités du mariage en tant que
condition de survie de l’espèce humaine est impossible dans ce genre de
mariage ou de liaisons, et constitue de la sorte un frein à la poussée
démographique.
B - L’âge (Puberté légale)
Les époux doivent avoir atteint l’âge nubile fixée par ma loi. En Côte d’Ivoire,
il est de 18 ans révolus aussi bien pour l’homme que pour la femme.
PARAGRAPHE 2 : LES CONDITIONS PSYCHOLOGIQUES
Ces conditions portent sur le consentement. En effet conformément à l’article 4
alinéa 1 de la loi de 2019 relative au mariage, « Chacun des futurs époux doit
consentir personnellement au mariage. »
En l’affirmant la loi rend le consentement des époux nécessaire voire
obligatoire et exclut par la même occasion la volonté des familles.
A - La nécessité du consentement personnel des futurs époux
Le consentement étant un accord de volontés, il est non seulement nécessaire
qu’il existe mais il est surtout important que cette volonté de se marier soit
consciente, sérieuse et libre.
Ceci pose le problème de l’intégrité du consentement. En effet le consentement
doit être donné librement sans aucun vice tel que l’erreur ou la violence.
Voir article 4 / article 5 alinéa 2 loi de 2019 sur le mariage.
B - L’absence d’intervention des familles
L’homme et la femme consentent seuls à leur mariage (pourvu qu’ils soient
majeurs) article 5 loi de 2019 sur le mariage.
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PARAGRAPHE 3 : LES CONDITIONS DE MORALITÉ : LES
PROHIBITIONS OU EMPÊCHEMENTS
La loi édicte un certain nombre d’empêchements et de prohibitions fondés
sur des considérations de moralité ou d’utilité sociale.
Un empêchement est une impossibilité juridique pour la célébration d’un
mariage.
- Existence d’un mariage antérieur non dissous. Article 3 loi de 2019 sur le
mariage
- Prohibition des mariages coutumiers
- De la polygamie
- De la dot
- De l’inceste
- Empêchement relatif au délai de viduité
A - La prohibition des mariages coutumiers
1 - Le sort des mariages coutumiers antérieurs à la loi de 1964
Ces mariages, selon la loi avaient une certaine valeur dès lors que les
coutumes en vigueur au moment de leur célébration ont été respectées. La
jurisprudence abonde dans ce sens dès lors que les prescriptions de l’article 11
ont été respectées.
a - La validité des mariages coutumiers antérieurs à 1964 au regard de
l’article 7 alinéa 1 de la loi de 2019
b - La validité des mariages coutumiers antérieurs à 1964 au regard de
l’article 7 alinéa 2 de la loi de 2019
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2 - Le sort des mariages coutumiers postérieurs à 1964
Loi N° 64_382 du 07 Octobre 1964 portant disposition transitoire concernant le
mariage article 19 alinéa 1 « La déclaration d’une naissance survenue ou d’un
mariage contracté postérieurement à la date d’entrée en vigueur de la présente
loi, non effectuée dans les délais et enregistrée en application de ladite loi,
donnera lieu au paiement d’une amende civile, dont le taux et les modalités de
perception seront déterminés par décret. »
Selon le décret N° 71_355 du 13 Juillet 1971 deux périodes sont à distinguer
pour ces mariages avant et après 1971.
a - Seuls peuvent être régularisés les mariages coutumiers postérieurs à 1964
mais antérieurs à 1971
Selon l’article 19 alinéa 1 de la loi N°64_382. La régularisation se fait par une
déclaration à l’état civil suivie du paiement d’une amende civile de 2000fr
CFA. À partir de ce moment, ils produiront les mêmes effets qu’un mariage
civil. (Article 10 loi N°64_381)
b - Quant aux mariages coutumiers postérieurs à 1971,
Ils ne peuvent faire l’objet de régularisation. Ils sont considérés comme de
véritables concubinages. Il s’agit ici de concubinages simples ou classiques.
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B - La prohibition des mariages polygamiques
1 - Les mariages polygamiques antérieurs à 1964
Une particularité existe pour les mariages coutumiers régularisés. Ainsi quand
il y a rupture du lien matrimonial à l’égard d’une des coépouses, sa part sera
d’une fraction de la moitié des biens communs ayant l’unité pour numérateur
et pour le dénominateur le nombre des coépouses elle-même comprise.
Si la rupture intervient à l’égard de toutes les coépouses par le décès du mari
commun, la part de celui-ci sera de la moitié, celle de chacune des veuves
d’une fraction de la moitié restante ayant l’unité pour numérateur et pour le
dénominateur leur nombre.
2 - Le sort des mariages polygamiques postérieurs à 1964
C - La prohibition de la dot
1 - Définition de la dot
Selon l’article 20 du code civil, la dot consiste dans le versement au profit de la
personne ayant autorité sur la future épouse, par le futur époux ou la
personne ayant autorité sur lui, d’avantages matériels conditionnant la
réalisation du mariage traditionnel.
2 - L’hostilité du législateur ivoirien face à la dot
Elle est abolie (art. 20).
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D - La prohibition de l’inceste
Le principe est d’éviter le mariage des personnes de même sang pour des
raisons morales et génétiques car ce genre de mariage ont des conséquences
héréditaires néfastes sur la qualité de la race ou de la filiation. Ainsi en ligne
directe le mariage est prohibé entre ascendants, descendants et alliés (art. 7).
E - Le délai de viduité non expiré
Cet empêchement concerne la femme veuve pu divorcée qui doit attendre un
délai de 300 jours après la dissolution du précédent mariage pour pouvoir
contracter un nouveau mariage. Ce délai est imposé pour éviter les confusions
de filiations.
Le délai prend fin par l’accouchement de la femme à l’intérieur de la période.
Le juge peut abréger le délai de viduité sur requête de la femme s’il est prouvé
qu’elle n’a plus cohabité avec le précédent mari depuis un certain temps avent
la dissolution.
F - L’EXISTENCE D’UN MARIAGE ANTÉRIEUR NON DISSOUS
La polygamie étant prohibée, on ne peut plus se marier si on l’est déjà. La
dissolution du précédent mariage peut résulter soit du décès de l’un des
époux, soit du divorce judiciairement prononcé.
Pour que l’empêchement au mariage agisse, il faut que le précédent mariage
soit une union légale valable c’est-à-dire conclue devant un maire.
Mais les dispositions transitoires ont reconnu valables les mariages coutumiers
polygamiques antérieurs à 1964 et déclarés à l’état civil. Si l’époux coutumier
polygame veut se remarier conformément à la nouvelle loi, il doit être
préalablement libérer par divorce ou décès de toutes les autres unions. (Article
13 alinéa 1 loi N° 64_381)
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SOUS-SECTION 2 : CONDITIONS DE FORME ET DE PREUVE
PARAGRAPHE 1 : LES RÈGLES DE FORME
Il en existe deux types :
- Certaines ont traits aux formalités préparatoires au mariage
- D’autres concernent la célébration du mariage
A - LES FORMALITÉS PRÉPARATOIRES AU MARIAGE
1 - La production des pièces
2 - La transmission de toutes autres pièces qui pourraient être demandées
aux futurs époux
3 - Le choix du régime matrimonial
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B - Les formalités de célébration
1 - La présence des époux
2 - La présence de l’officier de l’état civil
3 - La publicité de la célébration
PARAGRAPHE 2 : LES RÈGLES DE PREUVE
La question est de savoir comment prouver la qualité d’époux.
Ce problème apparaît dans deux hypothèses :
- Selon qu’il s’agit de preuve non contentieuse ou
- Selon qu’il s’agit de preuve contentieuse
On n’examinera ici que la preuve contentieuse
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A - Le principe
Article 45 Code Civil
« Les époux s’obligent à la communauté de vie. Ils se doivent mutuellement
respect, fidélité, secours et assistance. »
B - Les exceptions
Article 46 Code Civil
« Dans le cas où la cohabitation présente un danger d’ordre physique ou
moral pour l’un des époux, celui-ci peut demander à être autorisé à résider
séparément pour une durée déterminée, par ordonnance du président du
tribunal ou d’un juge qu’il délègue à cet effet, statuant en chambre du
conseil, dans la huitaine de sa saisine, suivant la procédure de référé. Cette
ordonnance est signifiée par un commissaire de Justice commis d’office par
le juge saisi. L’ordonnance du président du tribunal ou du juge qu’il
délègue peut faire l’objet d’appel dans un délai de huit (8) jours. Le délai
entre la date de signification de l’acte d’appel et celle fixée pour l’audience
est de huit (8) jours au moins sans pouvoir excéder quinze (15) jours. La cour
d’Appel statue dans un délai de quinze (15) jours à compter de sa saisine. »
SECTION 2 : LES SANCTIONS DES CONDITIONS DE FORMATION DU
MARIAGE
En droit commun, l’absence d’une condition de fond ou de forme d’un acte
juridique entraîne sa nullité.
Il faut pour cela que cette irrégularité ne soit pas légère.
Ces règles sont particulièrement écartées en matière de mariage, en raison de
l’importance sociale du mariage. Il faut en effet, éviter de détruire le mariage
toutes les fois que cela n’est pas indispensable.
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Ainsi, lorsqu’elles interviennent, les sanctions des conditions du mariage sont
de deux types :
- Les unes sont préventives, c’est le système des oppositions
- Les autres interviennent à posteriori, c’est le mécanisme des nullités.
PARAGRAPHE 1 : LES OPPOSITIONS AU MARIAGE
L’officier de l’état civil ne doit pas célébrer les mariages auxquels manquent
des conditions légales. C’est pourquoi il doit examiner les pièces qui lui ont été
fournies. Mais cet examen est parfois insuffisant pour connaître la parfaite
régularité du mariage. La loi invite donc les tiers qui ont eu connaissance d’un
empêchement, d’avertir l’officier de l’état civil, par le biais du procureur de la
République.
A - La nature et le fondement des oppositions
L’opposition est une sanction préventive. L’officier de l’Etat Civil ne doit pas
célébrer le mariage lorsqu’un fait susceptible de constituer un empêchement
est porté à sa connaissance.
L’officier de l’Etat Civil doit surseoir à célébrer le mariage et il doit, dans les 48
heures, aviser le Ministère public et c’est ce dernier qui tranchera. Soit il
permettra à l’officier de l’Etat Civil de célébrer le mariage, soit il formera
opposition.
B - Les effets de l’opposition
Elle produit des effets pendant un an. Le mariage ne pourra être célébré après
ce délai que s’il y a disparition à la mainlevée de l’opposition obtenue du
Tribunal saisi par les époux.
La mainlevée de l’opposition est demandée par les époux dans un délai de 10
jours devant le Tribunal et dans un délai d’un mois devant la Cour d’Appel. Si
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le juge prononcé la mainlevée de l’opposition, celle-ci permet le mariage et
empêche toute autre opposition.
PARAGRAPHE 2 : LES NULLITÉS DU MARIAGE
Ce sont des sanctions a posteriori qui détruisent juridiquement le mariage.
La nullité ne jour que si les mesures préventives prises par la loi n’ont pu
empêcher la célébration du mariage régulier. Il convient d’en étudier les
causes avant de voir les effets.
A - Les causes de nullité
Elles divergent selon que la nullité est absolue ou relative.
1 - Les nullités absolues
Il n’y a pas de nullité sans texte en matière de mariage. Ces nullités
sanctionnent :
a - Soit des conditions de fond
- Impuberté
- Polygamie ou Bigamie
- Inceste
- Absence de consentement personnel
- Identité de sexe
b - Soit des conditions de forme
- Incompétence de l’officier de l’Etat Civil
- Mariage à l’étranger sans le respect des formes
- Absence de célébration par un officier de l’Etat Civil
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En revanche, n’est pas en Droit Ivoirien une cause de nullité la clandestinité
de la célébration (contrairement au droit français).
c - La mise en œuvre des nullités absolues
La nullité absolue peut être demandée par les époux, tout intéressé ou le
ministère public. Toutefois, le Ministère Public ne peut demander la nullité
après la mort de l’un des époux. Les personnes qui ont consenti au mariage
(cas d’impuberté) ne peuvent invoquer la nullité. Et en tout état de cause, elle
ne peut être invoquée après la survenance de l’âge légal ou si la femme a
conçu. L’action en nullité absolue est imprescriptible et la nullité ne peut être
confirmée. La nullité peut être invoquée en défense au cours d’une procédure
de divorce devant la Cour d’Appel.
2 - Les nullités relatives
Il n’en existe que deux en matière de mariage :
- Les vices de consentements
- L’absence de consentement des représentants légaux
Article 31 Code Civil
« L’action en nullité appartient, en cas de violation des dispositions de
l’article 4 alinéa 2 et 3, à celui des époux dont le consentement a été vicié.
L’action en nullité se prescrit par trente (30) ans. »
Article 32 Code Civil
« L’action en nullité fondée sur le vice du consentement cesse d’être
recevable, s’il y a eu cohabitation continue pendant six (6) mois, depuis que
l’époux a acquis sa pleine liberté ou que l’erreur a été par lui découverte.
L’action en nullité fondée sur le défaut de consentement est couverte
lorsque l’époux a atteint dix-neuf (19) ans révolus, sans avoir fait de
réclamation. »
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B - Les effets de la nullité
En principe, il y a destruction rétroactive des conséquences du mariage.
A- LE JUGEMENT DE NULLITE
Il est déclaratif. Il doit être inscrit au registre d’état civil et en marge de l’acte
de mariage et de l’acte de naissance des époux.
Le mariage nul produira des effets comme s’il était valable jusqu’au jugement
définitif.
Avant ce jugement, un nouveau mariage ne peut être contracté. Le jugement
aura une autorité relative à l’égard des tiers sauf si les 2 époux ont été mis en
cause (art. 39). Le jugement doit obligatoirement statuer sur la bonne foi des
époux. Elle est présumée.
B- LA PUTATIVITE
La putativité va corriger les effets de la nullité et elle découle de 2 idées.
- Les conséquences très fâcheuses de la rétroactivité de la nullité.
- Il est possible que les époux se soient mariés de bonne foi.
1- Le principe de la putativité
Les époux d’un mariage nul sont présumés s’être mariés de bonne foi. On
suppose qu’ils ont ignoré la cause de nullité.
La notion de mariage putatif (mariage nul célébré de bonne foi) va donc
corriger les effets de la nullité en les empêchant de rétroagir. Mais qu’est ce
que la bonne foi de nos jours ?
Selon la jurisprudence, la bonne foi en matière de mariage est avant tout la
volonté réelle et sérieuse de fonder un foyer, cette volonté impliquant le plus
souvent une erreur. Cette définition a été tiré de plusieurs arrêtés.
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Une fois la putativité acquise, les actes passés entre le mariage et la décision
définitive vont rester valables.
De même les enfants nés de cette union conservent leur qualité d’enfants
légitimes quelque soit la bonne ou mauvaise foi des parents. …
La nullité opère donc comme une simple dissolution du mariage. En ce qui
concerne les biens, la nullité va prendre effet à partir de la demande. En ce qui
concerne les personnes, la nullité prend effet à partir de la décision définitive.
2- L’exception : la mauvaise foi.
Si le ministère public réussit à établir la mauvaise foi, il n’y aura pas de
putativité. Deux cas sont à distnguer.
a- Les 2 époux sont de mauvaise foi.
La nullité va rétroagir à l’égard des époux, dans leurs rapports avec les enfants
et les tiers. Toutefois, les enfants conservent leur qualité d’enfant légitime.
b- Un seuil des époux est de mauvaise foi
La nullité du mariage va rétroagir pour cet époux seulement et l’autre époux
va bénéficier du mariage putatif.
1 - À l’égard des époux
a - Les conditions du mariage putatif
b - Les effets du mariage putatif
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2 - À l’égard des enfants
3 - À l’égard des tiers
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DU MARIAGE
Le mariage produit une série d’effets juridiques. Selon l’article 44 de la loi de
2019 relative au mariage, le mariage crée la famille légitime. En conséquence,
le mariage est la principale source de la légitimité des enfants.
En outre, entre époux, le mariage établit des rapports complexes : ceux-ci
peuvent d’ailleurs être distingués selon qu’ils concernent principalement les
rapports personnels ou qu’ils sont relatifs aux rapports pécuniaires entre
époux. Il faut préciser que ces effets sont attachés non seulement aux mariages
contractés après 1964 devant l’officier d’état Civil, mais aussi aux mariages
coutumiers célébrés avant 1964 et déclarés.
SECTION 1 : LES RAPPORTS PERSONNELS ENTRE ÉPOUX
Le mariage ne fait plus naître des prérogatives maritales, des rapports de
hiérarchie, mais a laissé place au contraire à l’égalité des époux (Paragraphe
1). Le mariage a toujours fait naître entre époux des droits et des devoirs
réciproques, des rapports de réciprocité (Paragraphe 2)
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PARAGRAPHE 1 : LES RAPPORTS D’ÉGALITÉ ENTRE ÉPOUX
Malgré la réforme de 1983 qui a essayé de combler le fossé entre les
époux, il existait encore entre le mari et la femme une inégalité : le mari était le
chef de famille, la femme occupait la seconde position dans la famille jusqu’à
l’équilibre des rapports extra-patrimoniaux par la réforme du 25 janvier 2013.
Les mœurs ont profondément changé aujourd’hui pour aboutir à la loi
N°2013-33 du 25 Janvier 2013 portant abrogation de l’article 53 et modifiant les
articles 58, 59, 60 et 67 de la loi N° 64-375 du 07 Octobre 1964 relative au
mariage, telle que modifiée par la loi N° 83-800 du 02 Août 1983 qui a eu pour
effet de (NB : La Loi de 2013 sur le mariage a été abrogée par celle de 2019) :
- Reconnaître à la femme mariée une pleine capacité juridique
- Substituer la qualité de "Chef de famille" à l’égalité entre époux par la
gestion conjointe de la famille dans l’intérêt du ménage et des enfants,
l’article 58 établi par la loi N° 64-375 du 07 Octobre 1964 modifiée par la loi N°
83-800 du 02 Août 1983 disposant : « Le mari est le chef de famille. Il exerce
cette fonction dans l’intérêt commun du ménage et des enfants... La femme
remplace le mari dans sa fonction de chef s’il est hors d’état de manifester sa
volonté en raison de son incapacité, de son absence, de son éloignement ou
de tout autre cause. »
Cette mutation se prolonge par la substitution de sa possible opposition à
l’exercice d’une profession séparée par sa femme et du possible recours de
celle-ci contre un mauvais choix du lieu de résidence du ménage.
Ainsi, la loi, entrée en vigueur le 09 Mars 2013 plaçait les conjoints sur un pied
d’égalité dans la mesure où les époux avaient, dorénavant, les mêmes droits et les
mêmes obligations. Ils agissent au même titre.
Cette loi de 2013 a été abrogée par celle de 2019 qui vient renforcer et
équilibrer les rapports entre époux et épouses dans la gestion du ménage.
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Par conséquent, on ne pourrait plus étudier les effets personnels des époux
sous l’angle des droits du mari, d’une part et ceux de la femme, d’autre part.
D’où, il serait intéressant de traiter des différents aspects de l’exercice des
droits des époux dans la gestion conjointe de la famille à l’épreuve de la
réforme intervenue le 26 Juin 2019.
A - Les droits des époux dans la direction matérielle et morale de la famille
(Voir article 44 et S.)
B - Le choix du domicile conjugal (Voir article 56)
C - L’exemple d’une profession par chacun des époux (Voir article 57)
D - Le mandat domestique ou le droit de représentation (Voir article 69)
E - L’exercice de l’autorité parentale
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PARAGRAPHE 2 : LES RAPPORTS DE RÉCIPROCITÉ
Selon l’article 45, « Les époux s’obligent à la communauté de vie. Ils se
doivent mutuellement fidélité, secours et assistance ».
Si le devoir de secours fait partie de l’ordre des rapports pécuniaires, en
revanche, les devoirs de cohabitation, de fidélité et d’assistance relèvent bien
de l’ordre des rapports personnels. Aussi, nous verrons le devoir de
cohabitation, puis le devoir de fidélité et enfin le devoir d’assistance.
A - Le devoir de cohabitation
1 - Le principe
2 - L’exception
3 - L’exécution de l’obligation de cohabitation
a - Le recours à la force publique
b - Les moyens indirects de pression
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B - Le devoir de fidélité
1 - L’infidélité matérielle
2 - L’infidélité morale
C - Le devoir d’assistance
SECTION 2 : LES RAPPORTS PÉCUNIAIRES ENTRE ÉPOUX
Le fait primordial des rapports du mariage dans l’ordre pécuniaire est le
devoir de secours. À ce devoir, il faut ajouter les droits et obligations qui
découlent du régime matrimonial.
PARAGRAPHE 1 : LE DEVOIR DE SECOURS
Le devoir de secours prévu par l’article 45 pèse virtuellement sur chacun des
époux au profit de l’autre ; mais, il pèse effectivement sur celui qui a des
ressources suffisantes au profit de celui qui est dans le besoin.
Le devoir de secours, c’est l’obligation réciproque pour les conjoints de se
fournir les ressources nécessaires à la vie. Le devoir de secours n’est autre
chose que l’obligation alimentaire entre époux.
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La mesure de l’obligation dépend des besoins du créancier et des moyens du
débiteur. En principe, lorsque les époux vivent ensemble, leurs patrimoines
sont le plus souvent réunis sous l’administration de l’un d’eux, le mari.
Dans cette situation, le devoir de secours s’accomplit jour après jour par l’effet
de la cohabitation et du régime matrimonial.
Cependant, l’exécution du devoir de secours peut être distincte ; il en est ainsi
quand il n’y a plus en fait ou en droit, communauté de vie conjugale, quand le
mariage est relâché ou dissout.
- En cas de séparation de fait (ou de résidence séparée), une pension
alimentaire va devenir nécessaire, en principe, pour assurer l’entretien de la
femme.
- En cas de divorce ou de séparation de corps, le devoir de secours subsiste,
et il peut y avoir lieu à une pension alimentaire, dans des conditions
différentes selon qu’il s’agit de divorce ou de séparation de corps ; car, on
tient compte de la responsabilité que l’un des époux a pu encourir dans le
divorce ou la séparation de corps.
- En cas de décès de l’un des époux, le devoir de secours survit au mariage
qui a été dissout par la mort. Des droits et obligations des époux peuvent
également découler de leur régime matrimonial.
PARAGRAPHE 2 : LE RÉGIME MATRIMONIAL
(Voir Mme Oble : le régime matrimonial des ivoiriens : Premières réflexions
sur la loi N° 83-800 du 02 Août 1933 relative au mariage, RID 1984-85/1-2-3-
4/page 50).
Le régime matrimonial est constitué par l’ensemble des règles relatives aux
rapports pécuniaires existant entre époux, ou s’établissant entre les époux et
un tiers. Si du point de vue de leur rapport personnel, tous les époux sont
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soumis aux mêmes règles, il n’en est pas de même en ce qui concerne leurs
biens, car il existe deux régimes matrimoniaux.
Bien que ces deux régimes se distinguent par l’existence de règles
particulières, on note cependant des règles qui leur sont communes.
A - Les règles communes aux deux régimes
1 - Le choix du régime matrimonial
a - La possibilité de choisir le régime
b - La possibilité de changer de régime
2 - Le statut matrimonial de base
a - La contribution des époux aux charges du ménage
b - Le compte en banque des époux
B - Les règles particulières à chaque régime
1 - Le régime de la communauté réduite aux acquêts
a - La composition de la communauté
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b - L’administration des biens dans le régime de la communauté
c - La dissolution de la communauté
2 - Le régime de la séparation
a - La séparation des patrimoines
b - L’interférence des règles à caractère communautaire
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TITRE II : LA FILIATION
La filiation, c’est le lien de droit qui fonde l’état de père et de la mère dans leur
relation avec l’enfant.
De ce lieu de droit, découle un certain nombre de conséquences : parentés,
empêchements à mariage, obligation alimentaire, puissance paternelle et
administration légale, succession.
Il existe 3 sortes de filiations :
- La filiation légitime (Chap. I)
- La filiation naturelle ou hors-mariage (Chap. II)
- La filiation adoptive (Chap. III)
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PARTIE 2 :
LE DIVORCE ET LA SÉPARATION DE CORPS
Le mariage est-il indissoluble ?
Loi n° 64-376 du 07 Octobre 1964 Modifiée par la Loi n° 83-801 du 02 Août
1983
TITRE 1 : LE DIVORCE
À cette question nous observons une divergence d'opinions.
En effet les églises chrétiennes refusent le divorce alors que le droit laïc le
reconnaît. Pour les chrétiens, la dissolution du mariage engendre des
inconvénients au double plan familial et national.
▪︎ Au plan familial
Les pères et mères ont une mission sociale d'éducation à l'endroit de leurs
enfants. Cette éducation, une fois ratée pose d'énormes problèmes sociaux tels
que la délinquance juvénile. Par ailleurs, les enfants étant attachés par des
sentiments à leurs parents vont souffrir du divorce.
▪︎ Au plan national
Le divorce a des conséquences sur la natalité. Il porte un coup à la
démographie. En outre la famille constituant la cellule de base de la société,
toute atteinte contre elle peut saper le fondement de la société.
HISTORIQUE DU PROBLÈME : LE DIVORCE
Le divorce était rare voire interdit dans l'antiquité. À Rome, il a existé avec
l'une de ses modalités particulières : le divorce par consentement mutuel. Le
droit musulman l'a réglementé à côté de la répudiation unilatérale.
31
En France et dans la plupart des pays européens, de l'antiquité jusqu'au
Moyen Âge, le divorce fut interdit par le Droit Canon (Droit du clergé ou de
l'église) qui régissait les biens, les personnes et surtout la famille (13e siècle)
Ainsi l'on devait se garder de séparer ce que DIEU a uni. C'était le principe du
mariage indissoluble.
Et ce principe sera en vigueur jusqu'à la renaissance. Mais en 1520, certains
individualistes tels que Luther qui affirme : « Le mariage serait un acte de
consensualisme dont la durée ne dépend que des parties qui peuvent y mettre fin par le
divorce » et Calvin qui admettait le principe du divorce uniquement sur la base
de faute vont remettre en cause ce principe.
Contre ces "timides" remises en question, l'église va encore se réveiller en 1563
pour réaffirmer le principe du mariage indissoluble. Pour elle, le mariage est
un acte sacré, un sacrément auquel ne met fin que la mort.
Il a fallu attendre le siècle des lumières (18e siècle) et des philosophes tels que
Montesquieu et Voltaire pour remettre une fois de plus en question le
principe Canonique. Sous leur impulsion en 1752 en France, fut prise par
Fréderic Le Grand la première loi instituant le divorce.
Cette loi n'a retenu que la conception du divorce-Sanction. (Basé sur la
faute.)
En 1792, une deuxième loi plus modérée fut prise : elle incluait le divorce par
consentement mutuel.
En 1804, sous l'égide de Napoléon, les rédacteurs du code civil le
maintiennent mais en restreignant les conditions afin de limiter ses abus. Seul
le divorce-Sanction fut retenu.
À la restauration en 1816, le divorce fut de nouveau interdit et ce, jusqu'en
1884. Il sera par la suite réinstitué jusqu'à nos jours.
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CHAPITRE 1 : DIFFÉRENTES CONCEPTIONS DU DIVORCE
Il existe trois grandes conceptions du divorce à savoir :
● Le divorce-sanction
Cette conception repose sur l'idée de faute commise par l'un des époux. Il
s'agit donc de sanctionner la faute de cet époux. C'est la conception retenue en
Côte D’Ivoire par la loi de 1964.
● Le divorce-convenance ou par consentement mutuel
Il correspond à l'aspect contractuel du mariage et requiert m'accordes deux
époux, de même, que tout contrat peut, avec l'accord des contractants prendre
fin avant le terme prévu.
● Le divorce-remède ou divorce faillite
Ici le divorce devient le remède à une situation devenue compliquée,
inextricable, une impossibilité de poursuivre la vie commune. Le divorce
devient donc la solution à la faillite du mariage. Cette faillite peut provenir
des fautes, mais également des cas fortuits le divorce n'est alors que la
liquidation d'une entreprise qui a échoué.
SECTION 1 : LES CONDITIONS DE FOND DU DIVORCE ET DE LA
SÉPARATION DE CORPS
Le divorce doit être basé sur des causes légales. Et il ne doit pas exister des fins
de non-recevoir.
PARAGRAPHE 1 : LES CAUSES LÉGALES DE DIVORCE ET DE
SÉPARATION DE CORPS
Elles résultent de l'idée de divorce-sanction. Ce sont des manquements aux
devoirs imposés par le mariage. L'un des époux pourra donc les invoquer
33
devant le juge. L'article 1er de la loi de 1964 en énumère plusieurs corroborer
par la loi n° 98-748 du 23 Décembre 1998.
A ▪︎ L'ÉNUMÉRATION DES CAUSES
L'énumération peut porter d'une part sur les causes déterminées (1) et d'autre
part sur les causes indéterminées (2)
1 - LES CAUSES DÉTERMINÉES
Ce sont des causes limitativement énumérées par Le législateur et en
conséquence insusceptibles d'interprétation de la part des juges du fait de leur
précision. On peut les classer en quatre groupes (catégories) :
▪︎ L'adultère
▪︎ La condamnation pénale
▪︎ Les excès et sévices
▪︎ L'abandon de famille ou de domicile conjugal
a - L'adultère
C'est le manquement au devoir de fidélité. C'est le fait d'avoir des relations
sexuelles avec une personne autre que son conjoint pendant le mariage.
En principe, un adultère occasionnel suffit, mais la preuve sera plus facile à
apporter si les relations suivent ou s'il y a concubinage adultérin. La preuve de
L'adultère peut résulter de courriers échangés. La preuve peut également
résulter d'un constat d'huissier et de commissaire de police. Depuis 1983,
l'aveu (le fait pour un des conjoints de reconnaître les faits qui lui sont
reprochés) peut aussi constituer une preuve.
Il y a adultère si le concubinage de l'un des époux a commencé avant le
divorce définitif. Cf Abidjan 10 Novembre 1970 RID 71 n° 4 p. 75.
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L'adultère du mari, une fois prouvé peut justifier légitimement le refus de la
femme de rejoindre le domicile conjugal. Cf Abidjan, arrêt N° 188 du 24 Avril
1970 RID 1971 N° 2 p. 47.
Pour qu'il y ait adultère, cause de divorce, il faut une consommation physique
charnelle des relations sexuelles.
Au plan pénal, L'adultère est un délit prévu et puni par le code pénal en son
article 456. En effet, sont punis d'un emprisonnement de deux mois à un an, le
mari ou la femme convaincu d'adultère ainsi que son complice. Toutefois les
poursuites ne peuvent être engagées que par plainte du conjoint offensé. Cf.
Abidjan, 5 Août 1968, RID 69 N° 3-4 p. 58.
La connivence ou le pardon du conjoint offensé empêche ou arrête toute
poursuite, et le conjoint offensé reste maître d'arrêter l'effet de la
condamnation prononcée contre l'autre conjoint en acceptant de reprendre la
vie commune.
Les seules preuves admises contre le complice sont outre le flagrant délit,
celles résultant de lettres ou autres pièces écrites de sa main.
b - Les excès et sévices
Les excès et sévices sont souvent confondus.
En réalité les excès sont généralement de nature sexuelle, mais peuvent aussi
concerner les comportements dangereux. Quant aux sévices, ce sont des coups
de violence physique, des mauvais traitements de l'un des époux contre
l'autre. Ils se manifestent par des coups ou voies de fait jusqu'à la tentative de
meurtre, pourvu que ces actes soient volontaires. Ces sévices peuvent affecter
les enfants du couple.
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c - La condamnation pénale
Si l'un des époux est condamné pour des faits qui portent atteinte à l'honneur
et à la considération, l'autre peut demander le divorce. En réalité, les
infractions commises par un des conjoints n'entraînent cause de divorce que
s'il y a condamnation à une peine afflictive et infamante : une peine criminelle
qui emporte privation de liberté, la peine de mort, la réclusion et la
détention à temps ou à perpétuité. Mais la condamnation doit être définitive,
c'est-à-dire n'être susceptible d'aucune voie de recours. Elle doit être en outre
postérieure au mariage même si les faits qui le motivent sont antérieurs. Enfin,
elle ne doit pas être effacée à la suite d'une amnistie ou d'une réhabilitation.
d - L'abandon de famille ou de domicile conjugal
Ces deux notions recouvrent des réalités différentes bien que voisines.
• L'abandon de famille
C'est le fait pour un des époux de délaisser la famille sans aide, assistance ou
secours. C'est également, le fait de ne plus fournir les aliments nécessaires à la
vie de la famille. La commission de ce fait n'exige pas le départ, l'absence au
foyer de son auteur. Mais en cas d'absence ou de départ, il se combine avec
l'abandon de domicile conjugal.
Compte tenu de la gravité de l'abandon de famille, le législateur l'a érigé en
délit pénal : trois mois à un an d'emprisonnement avec une amende allant de
300.000 à 1.000.000 de fcfa.
• L'abandon de domicile conjugal
Quant à l'abandon de domicile conjugal, c'est le fait pour un époux de ne plus
vivre sous le toit familial.
Exemple : Aller loger chez une maîtresse ou une copine
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Cet abandon n'est pas un délit pénal, contrairement au premier. Toutefois cet
abandon n'est pas établi s'il est la conséquence des sévices qu'a fait subir à
l'auteur de l'abandon, l'époux resté au foyer.
Cf. Cour Suprême, 23 Février 1973, RID 1972/73 N° 3/4 p74.
2 - LES CAUSES INDÉTERMINÉES : LES INJURES GRAVES
Elles comprennent non seulement les outrages adressés par un conjoint à
l'autre au moyen de la parole ou de la plume, mais aussi tous les actes et faits
contraires aux obligations du mariage et à la dignité de la vie conjugale. Cette
cause est d'autant plus importante que son domaine d'application est très
vaste. Mais quelque soit son élasticité, les faits invoqués doivent avoir un
caractère outrageant, blessant, injurieux pour l'époux victime. C'est le juge du
fond qui apprécie le caractère injurieux des faits.
● Néanmoins nous avons quelques illustrations en droit français
susceptibles d'entraîner le divorce :
¤ Le refus de consentir à la célébration religieuse du mariage après le
mariage civil
¤ L'ivresse habituelle
¤ Le refus de consommer le mariage ou l'abstention volontaire et persistante
du devoir conjugal
¤ Une attitude outrageante d'un époux envers ses beaux-parents, ...
● Illustrations jurisprudentielles en droit ivoirien :
2.1 Constituent des injures graves :
¤ Le fait qu'une femme ait déclaré à l'état civil sous un nom autre que celui
de son mari alors que le mariage n'était pas dissous.
Cf. Cour d'appel d'Abidjan, 08-12-67 (arrêt n° 231)
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¤ Le fait par une femme d'avoir devant un tiers injurié son mari, occupant
un haut emploi administratif, d'avoir jeté des chaussures sur lui, et d'avoir
voulu le frapper.
Cf. Abidjan, 21 Juillet 1967 arrêt n° 170
¤ Le fait qu'un mari ait chassé sa femme du foyer conjugal et déposer dans
la cour tous ses effets et objets personnels.
Cf Abidjan 07 Juillet 1967 arrêt n° 154
¤ Le refus persistant de l'épouse de réintégrer le domicile conjugal qu'elle a
abandonné sans motifs valables.
Cf Abidjan, 19 Novembre 1965 arrêt n° 290
2.2 - Ne constituent pas des injures graves :
Par contre, ne constituent pas des injures graves :
¤ La stérilité de l'épouse, lorsqu'elle résulte de faits indépendants de sa
volonté, surtout si elle s'est soumises en vain à des traitements.
Cf Abidjan arrêt du 19 Janvier 1968.
¤ Le fait pour une femme d'avoir abandonné le domicile conjugal à la suite
de violences dont elle a été l'objet.
Cf Cour Suprême, 23 Février 1973 _ RID 1972/73 N° 3/4 p 74
PARAGRAPHE 2 : LES CARACTÈRES SPÉCIFIQUES DE CES CAUSES
Ils sont au nombre de deux :
A ▪︎ LE COMPORTEMENT ALLÉGUÉ DOIT ÊTRE FAUTIF
Ce qui signifie qu'il doit constituer une violation grave ou renouvelée des
devoirs et obligations résultant du mariage. Ainsi la loi insiste sur la gravité
des faits. Elle place sur un pied d'égalité la gravité de répétition qu'une faute
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isolée mais éclatante qui peut saper l'harmonie conjugal. La preuve du
caractère fautif incombe au demandeur du divorce et elle est libre, c'est-à-dire
peut être fournie par tous moyens.
B ▪︎ LE COMPORTEMENT ALLÉGUÉ DOIT RENDRE INTOLÉRABLE LE
MAINTIEN DU LIEN CONJUGAL
C'est-à-dire qu'il doit rendre intolérable la continuation de la vie commune. Il
faut que la vie commune soit devenue compromise irrémédiablement. C'est
le juge du fond qui apprécie le caractère intolérable des faits allégués sur le
maintien du lien conjugal.
PARAGRAPHE 3 : L'ABSENCE DE FINS DE NON-RECEVOIR
Les fins de non-recevoir sont des circonstances qui obligent le juge à rejeter la
demande de divorce avant tout examen de fond. Ces fins de non-recevoir sont
générales, elles s'appliquent quelque soit la cause invoquée et sont d'ordre
public.
Le juge doit les relever d'office même si les époux ne les invoquent pas et les
parties ne peuvent y renoncer.
L'article 9 de la loi N° 64-376 présente trois fins de non-recevoir.
A ▪︎ LA RÉCONCILIATION DES ÉPOUX
1 - LE PRINCIPE (Article 9 alinéa 1)
La réconciliation est le pardon accordé par un époux à l'autre postérieurement
aux faits. Elle efface tous reproches antérieurs et elle doit intervenir après les
faits ou après la demande en divorce. Elle doit être bilatéral. Dans la pratique,
la réconciliation joue un rôle important surtout quand un époux refuse de
divorcer. Il tentera de prouver qu'il y a eu réconciliation.
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2 - LA PREUVE DE LA RÉCONCILIATION
Pour prouver la réconciliation, il faut établir qu'il y a eu pardon et surtout un
accord de volontés des deux époux, accord réfléchi et durable de reprendre la
vie commune. La preuve d'un vrai accord peut provenir d'un écrit ou d'une
attitude des conjoints que le juge va apprécier souverainement.
Le simple pardon ne suffit pas. Une trêve, une tentative de réconciliation, une
cohabitation temporaire imposée par les circonstances matérielles ne suffisent
pas non plus à établir la réconciliation.
Cf Abidjan, 04 Novembre 1966 Penant, 1966 p 365.
3 - CONSÉQUENCES DE LA RÉCONCILIATION
La conséquence principale de la réconciliation est d'interdire au juge
d'examiner la demande. Les faits pardonnés sont effacés et de nouveaux faits
sont nécessaires pour une nouvelle demande.
B ▪︎ DÉCÈS ET CHOSE JUGÉE (Article 9 alinéa 3)
1 - LE DÉCÈS
L'action en divorce est personnelle et elle s'éteint par le décès de l'un des
époux avant la décision définitive de divorce. Les héritiers, même ceux de
l'époux innocent ne peuvent poursuivre la procédure, ni demander des
dommages et intérêts.
2 - LA CHOSE JUGÉE
Elle signifie qu'on ne peut accueillir de demande étayée sur les faits ayant
fondé une précédente demande rejetée.
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CHAPITRE 1 : LES EFFETS DU DIVORCE
L'effet essentiel du divorce est de mettre fin au mariage pour l'avenir. Le
passage d'époux à divorcé(e) soulève des difficultés aussi bien dans les
relations entre époux que dans les relations avec les enfants.
SECTION 1 : LES EFFETS RELATIFS AUX ÉPOUX
La rupture du lien conjugal a des conséquences personnelles, pécuniaires et
patrimoniales.
PARAGRAPHE 1 : LES EFFETS PERSONNELS
Les rapports personnels qui proviennent du mariage vont disparaître, de
même que les liens d'alliance que le mariage avait fait naître. Tout ceci ne sera
effectif qu'à partir du jour où la décision du divorce est devenue définitive.
A ▪︎ LE NOM DE LA FEMME MARIÉE
Deux périodes essentielles sont à distinguer :
1 - AVANT 1983
Avant 1983, la femme ne perd pas son nom de famille ou de jeune fille en se
mariant. Elle pouvait le mentionner dans les actes publics suivi de la mention
"Femme d'un tel" ou "Épouse d'un tel" après le mariage. (Article 57 loi de
1964)
Le mariage lui fait acquérir l'usage du nom de son mari. Et en principe en cas
de dissolution du mariage par divorce, elle perd le droit d'utiliser le nom
patronymique de son mari (Article 24 de la loi 64-376)
Et même pendant le mariage, le mari (a la faculté) pouvait s'opposer au port
de son nom par sa femme si elle l'utilise abusivement, toutefois l'opposition
doit être temporaire.
41
Quels sont les inconvénients d'une telle situation ?
Perdre l'usage du nom de son ancien mari peut être source de préjudice pour
la femme divorcée sur le plan professionnel dès lors qu'elle s'est faite connaître
sous ce nom dans une profession donnée.
Sous le régime de 1964, elle pouvait demander et obtenir l'autorisation de son
ex-mari pour continuer à porter son nom. Cette autorisation est toujours
précaire (généralement limitée à l'activité professionnelle) et susceptible de
révocation par le mari sans aucune justification.
2 - DEPUIS 1983
Le législateur ivoirien a voulu protéger d'avantage la femme divorcée contre
l'arbitraire de son ex-mari quant au port de son nom dans l'exercice de sa
profession en insérant un deuxième alinéa à l'article 24 de la loi N° 64-376 en
1983. Ainsi le juge peut autoriser la femme à conserver l'usage du nom de
son ex-mari dès lors qu'il y va de son intérêt ou de celui des enfants.
Cette règle est valable pour la femme séparée de corps. (Article 29)
B ▪︎ LES DEVOIRS DE COHABITATION ET DE FIDÉLITÉ
1 - LE DEVOIR DE COHABITATION
Le devoir de cohabitation cesse dès que la décision est devenue définitive. Le
plus souvent, le juge accorde bien avant la résidence séparée à l'époux
demandeur et cela au titre des mesures provisoires. Cette autorisation de
résidence séparée n'est qu'une dispense d'exécution du devoir de cohabitation.
Le maintien du domicile conjugal est en général accordé à l'époux qui en a le
plus besoin c'est-à-dire celui qui aura la garde des enfants.
2 - L'OBLIGATION DE FIDÉLITÉ
L'obligation de fidélité demeure pendant toute la procédure de divorce et
jusqu'à la décision définitive. L'époux qui se mettrait en concubinage pendant
42
la procédure pourrait supporter les torts du divorce exclusivement ou
partiellement selon les cas.
Cf. Abidjan, 10 Novembre 1970, RID, 1971 N° 4 P75
En plus, la femme doit après le divorce, respecter un certain délai avant de se
remarier : c'est Le délai de viduité. Il dure 300 jours après la décision
définitive. Ce délai est imposé à la femme comme une sorte de prolongation
du devoir de fidélité afin d'éviter les confusions de filiation. Mais si la
femme accouche dans ce délai, elle peut immédiatement se remarier. (Article 2
et 3 de la loi N° 64-376). On peut également dispenser la femme du respect de
ce délai par autorisation judiciaire spéciale.
NB : Dans tous les cas, rien n'empêche des époux divorcés de se remarier à
condition qu'il y ait une nouvelle célébration.
C ▪︎ LES DEVOIRS DE SECOURS ET D'ASSISTANCE
Ces devoirs disparaissent à la décision définitive de divorce. Toutefois le
devoir de secours peut se prolonger sous la forme de la pension alimentaire.
Mais quelles sont les conditions d'octroi de la pension alimentaire et les
difficultés de mise en œuvre ?
1 - LES CONDITIONS D'OCTROI DE LA PENSION ALIMENTAIRE
La pension alimentaire a un doublé fondement :
a - Un fondement indemnitaire
En principe, la pension sera versée par l'époux, aux torts exclusifs duquel le
divorce a été prononcé à l'époux innocent. Contrairement à la solution adaptée
par un arrêt isolé et critiquable, (CA Abidjan arrêt N° 647 1er Décembre 1978),
la pension doit être écartée en cas de réciprocité des torts.
43
Il faut reconnaître qu'en pratique, la pension alimentaire est
exceptionnellement accordée au mari.
b - Un fondement alimentaire
La pension ne peut être accordée que si elle est nécessaire c'est-à-dire l'époux
innocent qui la demande est dans le besoin. Elle ne sera donc pas justifiée s'il
n'est pas établi que l'époux demandeur se trouve dans le besoin. Cf. Abidjan ;
19 Juillet 1968, RID, 1969 N° 4 p. 46
Ce sera le cas au contraire lorsque l'époux demandeur n'a pas de travail ou de
revenus suffisants.
1 - LES DIFFICULTÉS DE MISE EN ŒUVRE DE LA PENSION
ALIMENTAIRE
Elles se situent à deux niveaux :
a - Fixation et révision du montant
● Difficultés relatives au montant
Lorsque la pension est accordée, son montant sera subordonné aux deux
facteurs variables suivants :
¤ D'une part les besoins de l'époux-créancier
¤ D'autre part les ressources de l'époux-débiteur
L'article 27 prévoit que la pension ne peut excéder le quart (1/4) des revenus
de l'époux débiteur
Le montant de la pension alimentaire peut être révisé car les besoins et
ressources varient dans le temps.
● Difficultés relatives à la révision du montant
Dans un tel cas, deux hypothèses peuvent se présenter :
44
• Le juge pourra réviser la pension alimentaire en hausse ou en baisse.
(Article 27 alinéa 2) Cf Abidjan, 19-01-1968, RID 1969/1 p 42
• Le juge pourra la supprimer si le besoin a disparu.
Exemple : L'époux-créancier s'est remarié ou il a trouvé du travail.
Dans le cas du remariage, il perd automatiquement le droit à la pension car
apparaît un autre devoir de secours.
b - Le paiement de la pension
Il ne pose pas de problème en-cas d'acceptation de la part du débiteur. Ce qui
n'est pas souvent le cas, d'où le problème du recouvrement de la pension par
l'époux-créancier. Si l'époux-créancier ne s'acquitte pas de sa dette, le juge civil
va organiser la saisie-arrêt sur son salaire. Ce qui permettra au créancier d'être
payé à la source.
Le non-paiement de la pension est considéré comme un abandon de famille
qui est un délit pénal.
Mais que se passera-t-il en cas d'impossibilité de paiement de la pension
alimentaire ?
Exemple 1 : La quantité saisissable du salaire est dépassée compte tenu des
charges préexistantes.
Exemple 2 : L'époux-débiteur a perdu son emploi.
Le juge va-t-il la supprimer ou la reporter sur l'allocation de chômage (si elle
existe) ?
SECTION 2 : LES EFFETS PÉCUNIAIRES DU DIVORCE
Le divorce peut avoir des conséquences pécuniaires favorables ou
défavorables. Elles se situent à deux niveaux.
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LES DOMAINES ET INTÉRÊTS
Ils ne doivent pas être confondus avec la pension alimentaire. Ils seront payés
par l'époux fautif à l'époux innocent.
Mais ils sont exclus en cas de réciprocité des torts.
Ils sont prévus pour compenser le préjudice moral ou matériel résultant du
divorce.
AUTRES EFFETS PÉCUNIAIRES DU DIVORCE
Parmi ces effets, nous avons les dépenses (Frais de justice) qui sont en
principe à la charge de l'époux demandeur. Ils sont en fin de compte payés par
l'époux qui perd le divorce.
En outre le conjoint divorcé a un droit sur les pensions, retraités et avantages
sociaux de l'autre époux.
TITRE 2 : LA SÉPARATION DE CORPS
PARAGRAPHE 1 : LES EFFETS
PARAGRAPHE 2 : ACHÈVEMENT
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