Geologie Du Socle Precambrien
Geologie Du Socle Precambrien
DU SOCLE
CHAPITRE I
TRAITS CARACTERISTIQUES DU PRECAMBRIEN
I. DEFINITION ET LIMITES
La limite inférieure du Précambrien n’est pas bien définie. Les terrains les plus anciens
actuellement datés ont des âges qui oscillent entre 3,8 et 4Ga (Australie).
Les informations recueillies sur l’histoire du Système Solaire, permettent d’estimer la formation
du Soleil il y a 4,7 Ga et celle de la Protoplanète (c’est à dire le 1er élément qui aurait évolué pour
donner la Terre) il y a 4,6 Ga. Cet écart entre 4,6 et 4 Ga correspond à la différenciation de la
Protoplanète jusqu’à aboutir à la formation des différentes structures de la terre.
Dans les formations précambriennes, on pense que les plus récentes seraient jusqu’à 600 Ma
ou (540 Ma). Ce qui veut dire que le Précambrien aurait duré de 4 à 4,6 Ga. Les 600 Ma jusqu’à
l’Actuel correspondraient au Phanérozoïque c’est-à-dire du Cambrien jusqu’à l’Actuel.
II. LES SUBDIVISIONS DU PRECAMBRIEN
A cet effet, les subdivisions notées à l’intérieur du Précambrien ont été faites sur la base des
orogénèses. Chaque orogenèse se manifeste par des événements thermotectoniques
(métamorphisme et / ou un style tectonique).
Parmi les orogénèses qui ont caractérisé le précambrien (à l’échelle du continent africain), on
distingue (voir tableau ci -dessous) :
Le libérien et le Léonien sont marqués par un style tectonique de type tangentiel collisionnel
accompagné par un métamorphisme méso à catazonal.
L’Eburnéen est caractérisé par un style tectonique non tangentiel de type aplatissement et à
un certain niveau à des décrochements ou des zones de cisaillement (Shear zone).
Dans la plupart des cas l’Éburnéen est marqué par un métamorphisme faible de type épizonal
(schiste vert). Cependant, Il existe par endroit un métamorphisme plus élevé de type
amphibolite à granulite.
Le Kibarien et le Panafricain sont marqués par une tectonique tangentielle à collisionnelle
associée à un métamorphisme très élevé créant des ceintures granulitiques pouvant aboutir à
une anatexie partielle ou totale. D’où la notion de chaînes panafricaines (on discute toujours
des chaînes du Birimien).
Les études faites sur les terrains précambriens ont signalées l’existence des traces de vie
depuis l’archéen. Par exemple dans certaines formations du Précambrien supérieur, des
Stromatolithes qui sont en réalité des dépôts laminaires concentriques de calcite dûs à des algues
de type Cyanophycées ont été mis en évidence
Il a été observé en Afrique des méduses dans les genres Incertal sedis et Arnoldia.
Les études actuelles ont révélé dans les BIF (Banded Iron Formation) c’est à dire des
formations rubanées contenant du fer et parfois de la matière organique, la présence de bactéries
qui seraient responsables du rubanement observé sur la roche.
- l’évolution polyphasée très complexe des séries précambriennes qui sont le plus souvent
reprises dans des orogénèses successives qui tendent à les rajeunir.
L’évolution des continents et en particulier leur croissance au cours des temps géologiques ont
été l’objet d’un intérêt particulier d’où la notion de croissance crustale. Dans cette notion, il
s’agit d’étudier les mécanismes d’adjonction des matériaux sur la croûte existante.
Durant le Précambrien, la Terre a beaucoup évolué tant par le volume de matériaux créés que
par les différents événements thermotectoniques qui ont structuré cette évolution.
Le diagramme (Figure 3) ci-dessous présente les différents modèles d’évolution de la croissance
crustale au cours du temps.
Actuellement, les discussions tournent autour du taux et de la vitesse de la croissance crustale,
des modalités de la croissance crustale, de la nature et du volume de matériel mis en jeu.
Le processus majeur serait lié aux interactions entre manteau et croûte. La croûte correspondrait
à un réservoir géochimique alimenté par une fusion partielle d’un réservoir mantellique
(volcanisme, plutonisme) et en partie réincorporée dans le manteau/croûte par la tectonique des
plaques.
Il a été constaté que le rapport manteau/croûte a beaucoup évolué. Par exemple depuis 2 Ga, ce
rapport est passé de 0,8 à 0,5. Ce qui signifie que depuis 2 Ga, il y a plus de croissance crustale
(augmentation du volume de la croûte) que de recyclage (croûte dans le manteau).
L’évolution des termes lithologiques au cours des temps géologiques est indiquée dans la figure
4 ci-dessous.
Les facies caractéristiques de l’archéen sont des roches acides représentées par les TTG
(Tonalites, Trondhjémites Granodiorites), les gneiss, les Komatites et les BIF ( Banded Iron
Formation)
Le Protérozoïque est caractérisé par une évolution des faciès cabonatés et des laves andésitiques
Figure 4 : Evolution temporelle de l’abondance de quelques lithologies
CHAPITRE II
LE PRECAMBRIEN DU CRATON DE L’AFRIQUE DE
L’OUEST
Le Craton ouest africain est limité au nord par la chaîne panafricaine de l’anti - Atlas marocain,
à l’est, par la zone mobile d’Afrique centrale comprenant les chaines panafricaines du Hoggar
et de l’Adrar au nord et des Dahoméides au sud et à l’ouest par les zones mobiles des
Mauritanides et des Rockéides.
Il est recouvert en grande partie par des formations sédimentaires d’âge protérozoïque
supérieure et paléozoïques des bassins de Tindiouf au nord et de Taoudéni au centre.
I - LES GRANDS ENSEMBLES LITHOSTRUCTURAUX DU CRATON OUEST
AFRICAIN
Le Craton Ouest Africain est recouvert en discordance (en grande partie) par des formations
sédimentaires représentées par des bassins récents : le bassin de Taoudéni au centre et le bassin de
Tindouf au nord.
Par exemple dans le domaine Baoulé Mossi (partie orientale de la Dorsale de Léo-Man), le
Tarkwaien (molasse éburnéenne plissée daté entre 1,7 et 1,6 Ga) repose en discordance sur
le Craton..
Au Sénégal, la couverture est constituée par la série de Ségou - Madina Kouta discordante sur
le socle birimien et surmontée par la série du Mali avec à la base, une tillite qui a valeur
d’Eocambrien (1,022 Ga).
Dans les deux dorsales, affleurent de formations archéennes (dans les parties occidentales) et
birimiennes (dans les parties orientales)
A- La dorsale Reguibat
1 Présentation
La dorsale Reguibat constitue la partie nord du Craton ouest africain. Elle s’étend de la
Mauritanie jusqu’en Algérie. Limitée au nord par le bassin de Tindouf et au sud et à l’est par
les formations d’âge Protérozoïque supérieur et Paléozoïque du bassin de Taoudéni, la dorsale
Reguibat comprend deux domaines :
- à l’ouest et au centre un domaine essentiellement archéen où dominent les formations
libériennes reprises par la tectonique éburnéenne de plus en plus marquée vers l’est. Ce domaine
comprend : la série de l’Amsaga, la série Tiris, la série Tasiast et la Chakaman. Les datations
géochronologiques de Vachette et Bronner 1975, donnent une fourchette d’âge entre 3 Ga et
2,5 Ga. ;
- à l’est, un domaine constitué de formations birimiennes qui reposent sur un socle archéen rajeuni
par l’orogénèse éburnéenne. Ce domaine comprend les séries suivantes: Chegga, Yetti, Eglab,
Guelb el Haddid.
2. Lithologie
2.1 Domaine occidental
Les formations géologiques du domaine occidental (archéen) sont caractérisées par un
métamorphisme méso à catazonal correspondant à des faciès amphibolite et granulite. On y
trouve les granulites suivants : migmatites, gneiss, pegmatites, quartzite à magnétite, des
quartzites rubanés et des granites. Ces formations, en particulier, les quartzites sont
caractéristiques par leur abondance en gisements de fer (Tiris et Amsaga).
Ce domaine est aussi caractérisé par la présence de greenstone belt (ceintures de roches vertes)
probablement liée à une tectonique de plafond avec développement de bassins archéens. Ces
greenstones belt sont souvent associés à un complexe à base de quartzites ferruginisés rubanés
appelés BIF (Banded Iron Formation).
Du point de vue lithologique, les travaux de Lasserne (1970) permettent de subdiviser ces
formations en deux cycles intrudés par des granites. :
- à la base, le cycle du Yetti (Birimien inférieur) qui serait formé par des sédiments de type
conglomérats, grauwackes et schistes.
- au sommet, le cycle de Eglab (Birimien supérieur) caractérisé par des formations
sédimentaires détritiques associées à du volcanisme acide et des pyroclastites.
Dans ce domaine birimien, le volcanisme est très réduit mais très différencié ; ce qui le
différencie des autres domaines birimiens avec présence de beaucoup de granites que de
volcanisme (termes rhyolitiques).
B- La dorsale de Léo-Man
1. Présentation
La dorsale de Léo-Man constitue la parte sud du Craton Ouest Africain. Limitée au nord par le
bassin de Taoudéni, à l’est par les Dahoméides et à l’ouest par les Rockéides, la dorsale de Léo-
Man regroupe la Guinée, la Sierra Léone, le Libéria, la Côte d’Ivoire, une partie du Mali, le
Burkina Faso, le Niger et le Ghana. Elle est subdivisée en deux domaines séparés par une
importante zone faillée N-S appelée l’accident de Sassandra qui aurait joué en régime cisaillant
senestre (Tagini 1971).
A la base de ces formations birimiennes notamment en Côte d’Ivoire et au Burkina, les études
de Lemoine proposent un birimien précoce appelé Dabakalien témoin d’une orogénèse appelée:
le Burkinien.
2. Lithologie
2-1. Les formations archéennes : domaine Kanéma Man
Le socle archéen de Kénéma- Man est constitué de terrains très métamorphiques tels
que des gneiss gris, des quartzites à magnétites associés à des gneiss alumineux et des
diopsidites et des hypersténites. Cet ensemble repose sur des basites et des ultrabasites.
Les données géochronologiques obtenues sur les roches archéennes de Man par Camil et al.,
1983, par Camil et Tempier (1982) ont permis d’attribuer à ces formations un âge de 3,2 Ga.
Cependant, les âges isochrones Rb/Sr fournissent en réalité un âge de 2,874 Ga ± 41 avec Sri ≤
0,76. Cet âge de 2,874 Ga est interprété comme étant celui du métamorphisme granulitique lié
à l’orogénèse libérienne. Il a été obtenu sur des gneiss gris.
Des greenstone belt associés à des BIF sont aussi trouvés dans l’archéen de Kénéma-Man.
Parmi ces greenstone belt ; les plus connus sont représentés par le groupe Sula au niveau de la
Sierra Léone, le groupe Nimba au Libéria et le groupe de Simandou en Guinée. En Côte
d’Ivoire, il est connu le mont Gao avec beaucoup de quartzites ferruginisés (BIF).
Lemoine (1982 – 1988) a donné le modèle suivant à partir des données pétro structurales:
- à la base des formations fortement métamorphisées (Dabakalien)
Côte d’Ivoire
Le Birimien de la côte d’Ivoire est constitué comme suit de la base au sommet:
- de coulées de basalte en pillow associées à des formations volcanosédimentaires ;
- des roches pyroclastiques
- du volcanisme ignimbritique (acide explosif)
L’ensemble de ces formations est recoupé par de grandes masses de granitoïdes
Dans ce domaine Birimien on note une prédominance du magmatisme intermédiaire à acide.
Le volcanisme Birimien de la côte d’Ivoire est associé à des gondites qui sont des formations
manganifères constituées de grenats riches en Mn.
Tagini a défini deux types de granites dans cette portion du craton ouest africain :
des granitoïdes précoces syntectoniques (granitoïdes 1) foliés qui seraient de typeI c’est-à-
dire d’origine mantellique ;
des granitoïdes tardi à post tectoniques (granitoïdes 2) peu foliés, qui seraient de type S c’est
–à- dire issus de la fusion de la croûte et caractérisés par un très grand développement de faciès
pegmatitique et aplitique. Ce sont des granitoïdes à 2 micas (biotite et muscovite).
Au niveau de la Guinée, le birimien est constitué d’un ensemble de sédiments détritiques de
type pélites, grauwackes associé le long du chaînon du Niandan à un ensemble basaltique
composé ,des termes en pillow lavas et des basaltes komatiitiques (% Mg > 17 %) présentant
une structure en spinifex
Au Ghana, l’encaissant volcanosédimentaire est recoupé par deux types de granitoïdes :
- le type Cape Coast d’aspect folié avec des structures concordantes à celles de l’encaissant
c’est-à-dire à mise en place syntectonique. Il s’agit de granodiorites à amphiboles et biotite,
- le type Dixcove ; Il s’agit d’un granite moins étendu et tarditectonique en général. Ce sont
souvent des leucogranites (granites à 2 micas) avec présence de pegmatites.
Conclusion
Le Paléoprotérozoïques du domaine Baoulé Mossi est caractérisé par l’association
roches volcaniques (laves et roches pyroclastiques) - sédiments.
Le volcanisme est moins différencié que dans le cas de la dorsale de Réguibat. En effet, les
formations basiques (basaltes et basaltes andésitiques d’affinité tholéiitique) sont moins
développées par rapport au secteur de Kédougou - Kéniéba. Tandis que les formations
felsiques (volcanisme ignimbritique pyroclastique d’affinité calco-alcaline) sont plus
développées. Cependant, les rhyolites demeurent très rares contrairement à la dorsale de
Reguibat.
Le métamorphisme est faible (faciès schiste vert) à moyen (amphibolite à épidote) à proximité
de grandes masses granitiques.
A l’instar des modèles lithologiques dans les secteurs du Birimien, des controverses existaient
au niveau de la position des sédiments par rapport au volcanisme.
Actuellement de nouvelles données lithostructurales, géochimiques et géochronologiques
montrent que le magmatisme constitue la base du Birimien (Feybesse et al., 2006)
1 Ga
Mézoprotérozoïque Zones mobiles
2,5 Ga
Archéen Libérien
Archéen
Léonien
3,8 Ga
Hadéen
Le Léonien est un cycle qui s’est déroulé entre 3,1 et 3,0 Ga. Il est connu avec certitude en
Sierra Léonne, en Côte d’Ivoire et sous forme de reliques à l’intérieur des formations
archéennes d’âge plus récent. Les roches concernées par cette orogénèse sont formées dans des
conditions catazonales (domaine de la Fusion = anatexie) ; il s’agit des gneiss gris, des
granulites, des norites et des itabirites.
Le Libérien est un cycle qui s’est déroulé entre 2,7 et 2,5 Ga. Il est connu dans le domaine de
Kanéma - Man en particulier en Côte d’Ivoire, Sierra Léonne et dans le domaine d’Amsaga
(Ouest de la Dorsale Reguibat). Ce cycle correspondrait aussi à des événements
thermotectoniques réalisés dans le domaine catazonal de type granulite : les roches formées
sont des charnockites et métabasites à ultrabasites associées à une tectonique tangentielle
collisionnelle.
L’Eburnéen a affecté les roches d’âge Paléoprotérozoïque. C’est une orogénèse bien marquée
entre 2,2 et 1,6. Il est caractérisé par des événements thermotectoniques de niveau épizonal
associés à une tectonique non tangentielle s’exprimant sous forme d’aplatissement et le plus
souvent avec des couloirs de cisaillement ou shear zone hectométriques de direction N – S à
N160 avec rarement une reprise de la N40.
Jusqu’en 1970, l’Eburnéen constituait un seul cycle. Cependant, la présence de certaines
formations fortement métamorphisées souvent affectées d’une tectonique de type tangentiel
pose problème. Ce qui a poussé certains (Tempier, ensuite Lemoine) à proposer une subdivision
de l’Eburnéen en deux cycles qui sont de la base au sommet :
- le Burkinien : de 2,3 à 2,2 Ga, caractérisé par des formations fortement métamorphisées
- l’Eburnéen sens strict ; 2,1 – 1,6 Ga caractérisé par un métamorphisme de niveau épizonal
Toutes ces trois orogénèses constitueraient le Craton Ouest Africain (CAO) mais
postérieurement ; tout autour de ce craton, se sont individualisées des zones de rajeunissement
encore appelées zones de remobilisation ou zones mobiles par suite d’événements
thermotectoniques de haut degrés conduisant à des évènements de fusion partielle.
Ces zones étroites appelées zones mobiles ont été créées par les orogénèses suivantes:
- le Kibarien 1,600 – 1, 000 Ga
Le Kibarien est bien défini en Afrique centrale, au niveau du CAO, il n’a pas été bien
individualisé. On pourrait supposer que cette absence serait liée à un rajeunissement par le Pan
Africain à 0,9 Ga.
CHAPITRE III
LE PRECAMBRIEN DU SENEGAL
Introduction
Au Sénégal, les terrains précambriens affleurent dans la partie sud-est du pays Précisément dans
les régions de Kédougou et de Bakel (région naturelle du Sénégal oriental). Ces terrains sont répartis
en deux grands ensembles lithostructuraux (Figure):
Figure1. Répartition des séries du Birimien et des Mauritanides Bassot, 1966, modifiée)
I.- BOUTONNIERE DE KEDOUGOU - KENIEBA
Avec une superficie d’environ 15Km,2 la boutonnière de Kédougou-Kéniéba est située à cheval
sur le Sénégal et le Mali. Elle fait partie (avec celle de Kayes) du Craton Ouest Africain et
constitue le socle sur lequel reposent en discordance les formations sédimentaires d’âge
Néoprotérozoïque et Paléozoïque du bassin de Taoudéni (à l’est et au nord), des séries de
Ségou-Madina Kouta et du Mali (au sud) et de la Falémé (à l’ouest)
D’une façon générale, elle est constituée des terrains d’âges paléoprotérozoïques représentés
par des formations volcaniques, volcanosédimentaires et sédimentaires, métamorphisées dans
les conditions épizonales (faciès schistes verts) et affectées par différentes granitisations d’âges
variés.
De nos jours, l’existence des formations achéennes connues dans les deux dorsales n’est pas
encore signalée dans le socle précambrien des deux boutonnières.
1. Présentation et Subdivision
La boutonnière de Kédougou-Kéniéba a fait l’objet de nombreuses études géologiques et minières
menées par Bassot (1963 -1966), Witschard (1965), de nombreuses missions de prospections, le
BRGM, l’Equipe du Sénégal oriental de l’UCAD (1980) et plus récemment par le PASMI (2010).
I.2. Lithologie
I.2-1. Le Supergroupe (Groupe) de Mako
Les formations géologiques du Supergroupe (cf. Figure2) forment une bande de roches
orientées NNE – SSW sur quelques centaines de Km. Les structures sont redressées à la
verticale et souvent déversées vers l’Est. Dans ce Supergroupe, la tectonique tangentielle est
faiblement représentée, par contre, les cisaillements et les mylonitisations (N-S et E-W) sont
caractéristiques.
Les formations géologiques qui le composent sont essentiellement représentées par un
ensemble volcanoplutonique. Ce ensemble est constitué de coulées de basaltes associées à des
sills de gabbro, de dolérites et d’ultrabasites différenciées (péridotites, pyroxénites et gabbros).
Il est interstratifié dans les formations volcanosédimentaires essentiellement pyroclastiques
(représentées par des cinérites, brèches et agglomérats volcaniques) et sédimentaires
(constituées des grés, grauwackes, quartzites, schistes et quelques rares bancs de calcaires).
Ce complexe plissé isoclinalement et faiblement métamorphisé, est intrudé par des granitoïdes
formant le batholite de Badon – Kakadian.
Dans sa partie occidentale, le Supergroupe de Mako est essentiellement composé des roches
magmatiques. Il est constitué d’un ensemble des roches volcanoplutoniques basiques formé
de coulées de laves basaltiques (de puissance kilométrique et d’extension régionale),
présentant une structure en coussins (de taille décimétrique à métrique) ou une structure
massive.
Les basaltes débités en pillow lavas présentent généralement des faciès homogènes où
apparaissent des basaltes variolitiques mais aussi des structures amygdalaires renfermant des
vésicules remplies de quartz ou de minéraux de la paragenèse chlorite-épidote-calcite-quartz.
Ces laves basiques sont associées à d’abondantes volcanoclastites (en niveaux tuffacés)
finement lités et à des cherts vers le sommet de la pile.
Dans les parties méridionales, les coulées de basaltes sont associées à des termes
ultrabasiques à basiques organisés sous de forme de sills d’extension kilométrique et
comprenant des péridotites (wherlites et lherzolites), des pyroxénites et des gabbros. Cet
épisode volcanique basique se termine par un volcanisme acide s’exprimant sous forme de
laves d’andésites et de rhyodacites et sous forme d’épiclastites acides.
Dans les parties septentrionales, ces formations qui constituent le Supergroupe de Mako sont
recoupées par un plutonisme différencié (ultrabasique-basique, intermédiaire et acide)
débutant par un ensemble lité et se terminant par un ensemble granitique.
D’une façon générale, les résultats des travaux antérieurs (Bassot, les Russes et l’Equipe
Sénégal oriental) et récents (PASMI) considèrent le Supergroupe de Mako comme à forte
dominante volcanique tholéiitique à l’ouest et plus andésitique (calco-alcaline) à l’est. Ce qui
démontre le caractère bimodal de ce volcanisme.
Dans les parties centrales du Supergroupe (Ngom, 1985, 1994), ces formations sédimentaires
sont caractérisées par la présence de bancs silicocarbonatés contenant de rares niveaux
totalement carbonatés. Par exemple à Kounemba et à Kérékounda, on observe d’importants
bancs de calcaire massif caverneux parcourus par de nombreux filonets de calcite et de quartz.
La sédimentation évolue entre un pôle carbonaté et un pôle schisto-gréseux. Cette
paléogéographie serait conforme à l’existence d’une plateforme épicontinentale à l’est du
Supergroupe de Mako.
Dans le segment Daléma, la séquence lithologique très analogue à celle du Dialé, est résumée
sur le log ci-dessous.
- une formation carbonatée associée à des siltites, des conglomérats et des épiclastites, et à des
volcanites et pyroclastites. Cette formation est recoupée par des dykes calco-alcalins et contient
également le gisement de fer de la Falémé. Les minéralisations ferrifères forment un chapelet
d’amas situés au contact entre les niveaux carbonatés et les roches du complexe
volcanoplutonique et hypovolcanique.
- des pyroclastites andésito-basaltiques à rares blocs de basalte tholéiitiques précèdent
localement les pyroclastites rhyodacitiques et dacitiques. Les zircons rencontrés dans ces
derniers ont été datés à 2,117 Ga.
- les dykes basiques et intermédiaires intrusifs dans ces formations sont datés à 2,072 Ga
(Clavez, 1989).
Dans le Supergroupe de Dialé-Daléma, ces épisodes sont représentés par les suites
magmatiques de Saraya (batholite de Saraya) et de Boboti.
Allongé sur environ 250 km suivant la direction NNE – SSW, le batholite de Badon- Kakadian
recoupe le Supergroupe de Mako. Il est à cheval sur le Sénégal et le Mali. C’est un batholite
composite qui comprend les massifs de Badon, Kaourou, Alinguel, Fouldé et Kéniéba. Ces
différents massifs comprennent plusieurs faciès associant des termes basiques, intermédiaires
et acides contenant des enclaves de l’encaissant.
Dans le secteur de Laminia – Kaourou – Sandikounda, deux ensembles plutoniques sont
distingués (Dioh, 1985 ; Dia, 1988) : la série litée de Sandikounda et la série granodioritique
(Figure 4).
La série litée ou complexe plutonique lité semble être la première manifestation du plutonisme
du batholite de Badon – Kakadian. Cette série comprend du bas vers le haut une série
cumulative différenciée allant des termes ultrabasiques aux diorites. Ce qui suggère un
mécanisme de cristallisation fractionnée dans la chambre magmatique (Cf. TD).
Ce complexe plutonique lité est recoupé par la série granodioritique ou complexe plutonique
de Laminia - Kaourou. Les différents faciès de cet ensemble sont :
- des granodiorites à amphibole et biotite (massif de Laminia),
- et des adamélites qui se présentent souvent sous forme de joints de fin de cristallisation.
Sur le plan structural, ces formations sont généralement foliées et orthogneissifiées. Il s’agit de
formations de mise en place syntectonique (le magma se met en place au moment du paroxysme
de l’orogénie).
Le Supergroupe de Mako est aussi recoupé par d’autres plutons à structures plus ou moins
circulaires qui sont tardi à post tectoniques donc très peu déformés ou non foliés. Exemples
Le granite de Saraya est un pluton allongé sur une centaine de kilomètres suivant la direction NNE
– SSW. C’est un leucogranite présentant une composition de granodiorite à biotite et muscovite
Sa richesse en muscovite serait due à la transformation des biotites en muscovite (muscovitisation
des biotites).
Un complexe filonien composé de pegmatites et d’aplites est associé à ce granite. Ce qui suppose
une évolution à partir d’un magma riche en fluide.
Du point de vue géochimique, ce granite est de type calco-alcalin à tendance peralumineuse (forte
teneur en Al2O3) contrairement aux granites de Badon Kakadian qui sont métalumineux (faible
teneur en Al2O3). Malgré ces caractères pétrographiques et chimiques très comparables au granite
de type S (sédimentaire), les travaux actuels tendent à le considérer comme un granite d’origine
mantellique (granite de type I) et non crustal. Cette idée est renforcée par les données isotopiques
de Boher (1990) qui donnent des ƐNd = +3 à +4.
Les plutons de Moussala et de Dar Salam sont constitués de granodiorite à hornblende verte et
à biotite
Le pluton de Gamaye est un syénogranite à feldspath alcalin recoupé par des filons d’aplite et
de pegmatite.