Chap.05. Le Tangérois
Chap.05. Le Tangérois
I. 5
LE TANGEROIS
Par
Jean-Pierre THAUVIN
Cette unité, prise au sens très large, est limitée plus accentués et un peu plus hauts dans la moitié
à l'W par l'Océan Atlantique, au N par le Détroit sud-est.
de Gibraltar, au S par la ligne de partage des eaux
des bassins du Marhar et du Kharroub, et à l'E par Le seul centre urbain est Tanger (142 000 habi-
celle des bassins des oueds El-Liam d'une part, El- tants en 1960, environ 180 000 actuellement) qui
Ksar et Khemis d'autre part (fig. 59). Il faut voit de plus en plus s'estomper son ancien caractère
de ville internationale, notamment au point de vue
convenir que rien, ou peu de chose, justifie ce
économique. L'ensemble du Tangérois, y compris
découpage, sinon une certaine affinité dans le
la ville de Tanger, a une population de 250 000
climat et le relief ; cette entité n'en forme une que
habitants.
sur le plan de la mise en valeur agricole, pour
laquelle des projets assez homogènes (lacs collinai- Les activités humaines rurales sont uniquement
res) ont été élaborés. consacrées à l'élevage et à la culture traditionnelle,
des céréales notamment. La ville de Tanger est le
Ainsi définie, cette unité a une superficie d'en- siège de petites industries (textiles, agar-agar,
viron 900 km 2 , et forme grossièrement un rectangle boissons gazeuses, petite mécanique) et d'un port
de 35 X 25 km. Elle est bordée par 60 km de côtes, relativement important orienté vers le transport de
dont 35 sur le Détroit et 25 sur l'Atlantique ; son passagers (liaisons quotidiennes avec l'Espagne ;
point culminant se situe dans l'angle sud-oriental, fête de pont du tourisme européen au Maroc), et
où le jbel Hayya culmine à 690 m d'altitude. Les de certaines denrées (agrumes, liège...). La zone
plaines sont peu étendues puisque leur superficie urbaine de Tanger est de plus le siège de deux
réalisations en cours d'exécution : une zone franche
totale ne dépasse pas 60 km 2 ; sur ce total; 40 km 2 se
industrielle, installée au S de la ville et couvrant
situent dans la plaine du Marhar, dont le quart est 300 ha ; une zone touristique, qui occupera l'actuelle
régulièrement inondé en période humide. Le reste embouchure de l'oued Mellaleh, à l'E de la ville,
de la superficie du Tangérois est constitué de et dans laquelle a été prévu un plan d'eau arti -
collines dans la moitié nord-ouest, et de reliefs ficiel de près de 200 ha.
GEOLOGIE
Une grande partie du Tangérois est constituée La nappe de Melloussa, très étendue également,
de l'unité dite de Tanger, mésorifaine. Les faciès consiste surtout en une épaisse série de flysch
prédominants sont des argiles et marnes schisteuses verdâtre, de plus en plus argileux vers le haut, et
grises, jaunes en altération, datées du Sénonien, daté de l'Albo-Aptien. Au-dessus, on trouve des
mais on trouve également du Paléocène sous un calcaires siliceux turoniens puis des marnes séno-
faciès comparable, de l'Eocène marneux blanc, et niennes.
de l'Oligo-Miocène à faciès marneux et horizons La nappe de Beni-Idère apparaît essentiellement
de grès. sous forme de calcaires en petites dalles à interlits
228 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Fig. 59 — Tangérois : schéma de situation et emplacements des aménagements envisagés
de marnes versicolores (Crétacé moyen-supérieur) paux reliefs (jbel Sloukia, Montagne, jbel Dar-
et par le flysch typique de l'Oligocène. Zhirou, Akba-Hamra, jbel Zinate, Talaa-Lacra...).
La nappe de Tizirène est surtout constituée ici En dehors de ces différentes unités de la tecto-
de flysch gréso-schisieux, d'âge crétacé inférieur. nique rifaine, il faut citer le bassin gréseux miocène
supérieur du Charf-el-Akab, qu'on étudiera en
Enfin la nappe numidienne (Oligocène) est détail dans le chapitre traitant de l'alimentation en
abondamment représentée par des grès puissants, eau de Tanger. Le Quaternaire marin figure sur le
surmontant des argilites, et qui forment les princi- littoral, sous forme de grès et de lumachelles ; le
TANGEROIS
129
Quaternaire continental est surtout représenté par actuelles et, au Charf-el-Akab, par des sables
des alluvions, en général assez fines, rharbiennes et blancs à remaniement éolien.
CLIMATOLOGIE
FIG. 60
Quatre pluviographes de la Division des Ressour- tionnelles. L'écart diurne moyen est de 7 à
ces en Eau sont en service depuis 1966 ; leurs 9°C selon les mois, et de 8°C en moyenne
données ont permis de construire la courbe suivante annuelle.
(fig. 61). La large ouverture marine du Tangérois La présence fréquente de vent (surtout d'Est et
adoucit les températures, dont les valeurs infé - d'Ouest) doit être signalée : si la tourmente est
rieures à 0°C et supérieures à 40°C sont excep- rare, les vents de 7 à 20 km/h existent un jour sur
deux.
HYDROLOGIE
Le plus grand cours d'eau de celte région est prise de Bougdour). Cet oued n'est pas jaugé de
l'oued Marhar qui a une longueur de 65 km et un façon rigoureuse et systématique. Néanmoins,
bassin versant de 480 km 2 (340 km 2 au barrage de depuis 1960, les hauteurs d'eau sont relevées
une
130 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
F IG . 61 — Tangérois : hauteurs de pluie en fonction de années entre 0,8 et 11,3 m 3/s. La période vraiment
la durée des averses observées sur les stations
suivantes : E = hauteurs exceptionnelles à Tan- humide ne dure que de novembre à mars, soit cinq
ger aérodrome ; l = hauteurs observées 10 fois mois. Les matières en suspension sont en quantité
en 10 ans à Tanger aérodrome ; B = Bombar très variable suivant la saison, mais sont en moyenne
(maximum 1966-67) ; RD = Rhdir-Defda (id. annuelle de l'ordre de 6 g/1.
B) ; F = Fachkara (id. B) ; R = Roumane (id. B).
Deux des affluents rive droite du Marhar, l'oued
fois par jour au barrage de Bougdour, et transfor- Defla à l'amont et l'oued Taïffine à l'aval, viennent
mées en débits journaliers au moyen d'une formule d'être équipés de stations de jaugeage ; les quatre
de déversoir. Pour la période 1960-61 à 1966-67, le pluviographes dont il a été fait mention plus haut
module moyen annuel est d'environ 6 m 3 /s fictifs et ces deux stations hydrologiques permettront de
continus (soit 18 1/s/km2); il a varié selon les très intéressantes corrélations entre les pluies et
les débits écoulés.
Les seuls autres cours d'eau de quelque enver -
gure sont les oueds Morhorha et Mellaleh, se jetant
dans le Détroit à proximité de Tanger, et l'oued El-
Liam, sur la bordure orientale du Tangérois. Il
n'exista pour le moment aucune donnée sur ce
dernier oued ; par contre les deux autres ont fait
l'objet d'une étude en 1956, et leurs débits ont été
extrapolés à partir d'une relation pluie-débit établie
au moyen de jaugeages journaliers au déversoir
pendant un hiver. La période étudiée s'étend de
1946 à 1953. Pour le Mellaleh (Bassin versant 12 km 2),
les débits annuels varieraient entre 2 et 22.10 6 m 3
(65 à 700 1/s) ; le débit annuel moyen serait de
8,5.10 6 m 3 , soit 270 1/s, et le débit spécifique de
22,5 1/s/km2. Pour le Morhorha (62 km 2), les débits
annuels varieraient de 3 à 31.10 6 m 3 (10 à 1000 l/s); le
débit annuel moyen serait de 12.10 8 m 3 (380 l/s) et le
débit spécifique de 6,2 1/s/km 2 .
On trouvera ci-dessous quelques données moyen-
nes estimées sur la salinité et le dépôt solide des
principaux oueds du Tangérois (en mg/1) :
Defla Taïffine Srhir Ardès Morhorha Ben-Amar Mellaleh El-Liam
Résidu sec 400 à 1 000 100 à 700 200 à 500 300 à 600 400 à 1000 400 à 600 400 à 800 400 à 600
30 à 300
Dépôt solide 40 à 200 100 à 500 200 à 500 200 à 2 000 100 à 600 10 à 100 50 à 300
HYDROGEOLOGIE
Comme le reste de la zone rifaine dont il fait petites nappes phréatiques très pauvres, dans les
partie, le Tangérois est dans l'ensemble sous faciès vallées alluviales, sur les plages, et dans la partie
argilo-schisteux et, localement, schisto-gréseux. On altérée des schistes, soit de petites nappes perchées
n'y trouvera donc aucun aquifère important, mis dans les bancs calcaires ou gréseux des flyschs.
à part le petit bassin du Charf-El-Akab qui est une
exception dans cette région. Dans tout le reste du Le principal horizon du Tangérois contenant une
pays, les seules ressources en eau sont soit de nappe phréatique est constitué par les alluvions
TANGEROIS 131
quaternaires des oueds Morhorha, Souani, Mellaleh extrêmement pauvre et discontinue. Elle est
et Chatt, ainsi que celles des oueds Yhoud et exploitée par de nombreux puits dont le débit
Boubana. Ces sous-écoulements sont très sollicités d'exhaure ne dépasse qu'exceptionnellement le
car ils constituent la seule ressource en eau sus - mètre cube/heure,-ces puits jouent en effet
ceptible de permettre l'irrigation de quelques cen - plutôt le rôle de drain, voire de simple
taines ou quelques milliers de mètres carrés d'assez
réservoir. Les variations saisonnières du niveau
bonnes terres de culture. La granulométrie de
l'aquifère dépend de la lithologie du bassin versant piézométrique, ainsi que les rabatte ments
qui amène un plus ou moins grand pourcentage après pompage, sont très élevés et peuvent
d'éléments grossiers ; l'oued Souani est à ce titre dépasser 10 mètres. La qualité chimique de
assez défavorisé, ses alluvions étant surtout limo- l'eau est en général médiocre, voire mauvaise :
neuses ; en règle générale néanmoins, les alluvions le résidu sec peut atteindre 3 ou 4 g/1, avec une
grossières (sables, graviers, galets) sont assez abon- assez forte teneur en chlorures (1 g/1) et même
dantes et forment d'assez bons réservoirs de capa - en sulfates (présence de paillettes de gypse et
cité malheureusement limitée. Plusieurs dizaines de oxydation de sulfures).
puits sont creusés dans chacun de ces écoulements,
notamment celui de l'oued Chatt ; certains puits y Outre ces quelques nappes phréatiques, le
sont même équipés de moto-pompes. Les débits Tangérois recèle quelques minuscules nappes
exhaurés sont variables et d'ailleurs peu connus, perchées dans les flyschs calcaires ou gréseux.
sinon par le biais de la superficie irriguée. 11 L'horizon le plus favorable est constitué par les
semble que, en moyenne annuelle, ces débits soient épaisses séries gréseuses, intercalées de lits
de l'ordre de 50 1/s pour l'ensemble des sous-écou - schisteux, de la nappe numidienne. Parfois assez
lements des environs immédiats de Tanger. L'écou- poreux et souvent assez diaclasés, ces grès
lement se fait toujours, évidemment, vers la mer, peuvent contenir de l'eau dans les endroits où
avec une pente de 1 à 6%. La puissance aquifère, elle peut être drainée (fonds de synclinaux,
très variable, oscille généralement entre 3 et 15 m. zones fracturées...). Ailleurs, il semble probable
Le niveau piézométrique est toujours très proche du que ces grès sont pratiquement secs ; un essai
sol en hiver (certaines zones sont même inondées) ; d'exploitation profonde par sondage dans le
en été par contre il descend de plusieurs mètres, quartier de la Montagne s'est soldé par un échec
dépassant parfois 10 m. La qualité chimique de l'eau presque complet : bien que plusieurs arrivées
est médiocre, surtout en été ; le résidu sec est le d'eau aient été mises en évidence à divers
plus souvent compris, selon le lieu et la saison, niveaux, un essai de pompage à quelques, mètres
entre 500 et 1 500 mg/1, dont 200 à 700 de chlorures. cubes/heure provoqua un rabattement de
De plus, la présence fréquente de nitrates est un plusieurs dizaines de mètres. Pourtant de
indice de pollution, soit directe (habitations, jar - nombreuses sources jalonnent le contact entre
dins), soit par l'intermédiaire des eaux de crues les grès numidiens et les argilites ou les
qui s'infiltrent en partie. schistes sous-jacents. C'est le cas des reliefs
s'étendant entre Tanger et le Cap Spartel,
Un autre horizon recelant une nappe phréati - ainsi que du jbel Dar-Zhirou, du jbel Zinate,
que est le sable dunaire de Tanger. S'écoulant vers etc. Ces sources, qui ont guidé l'établissement
la mer avec une pente de 3 à 4 %, cette nappe n'a de villages, ont des débits allant de quelques
que quelques mètres de puissance mais a été très litres/minute à quelques litres/seconde, selon les
sollicitée au début du siècle pour l'alimentation en endroits, mais qui sont relativement soutenus
eau de Tanger ; outre un certain nombre de puits, pendant l'été. Aucun jaugeage systématique de
une galerie y recueillait 4 à 5 litres/seconde. Cette sources n'ayant été réalisé, il n'est pas
possible de chiffrer le débit total sortant de
nappe draine en effet les versants qui surplombent cette formation ; pour donner un ordre de
la plage et, dans une moindre mesure, le lit de grandeur très grossier, on peut estimer le débit
l'oued Souani. Quelques puits l'exploitent encore, total des sources du Numidien du Tangérois de
mais son eau est très sensible aux pollutions super- 50 à 100 1/s en moyenne annuelle. La qualité
ficielles, ainsi qu'à l'intrusion marine. A l'état chimique de l'eau est toujours bonne puisque
naturel, l'eau est de bonne qualité puisque le résidu le résidu sec varie le plus souvent entre 200 et
sec est de l'ordre de 700 mg/1 avec une teneur en 500 mg/1, avec une teneur en chlorures toujours
chlorures de quelque 200 mg/1. inférieure à 150 ou 200 mg/1.
Une grande partie du Tangérois est couverte par D'autres faciès susceptibles d'offrir
les argiles et marnes schisteuses sénoniennes dont quelques petites sources sont formés par les
petits bancs calcaires ou gréseux, intercalés dans
la frange d'altération, qui peut atteindre quelques
des marnes schisteuses du Crétacé moyen-
mètres, est parfois le siège d'une nappe phréatique supérieur et de l'Oligocène de la nappe de
Beni-Idère. C'est le cas aux carrières situées
près du belvédère de la route de Malabata, ou
celles situées au NW d'El-Borj. Les débits ne
dépassent pas quelques litres/minute mais
l'écoulement se poursuit souvent, diminué,
132 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
pendant l'été. La qualité chimique est bonne (teneur qui peuvent, en cas de structure favorable
en chlorures de l'ordre de 150 mg/1). (environs de Kankouch et de Melloussa par
exemple), donner lieu à des sources dont le
Il faut enfin citer les grès de l'unité de Tizirène débit va du litre/minute au litre/seconde.
FIG. 63 — Types d'eaux souterraines du Tangérois. Le captage 142/1 exploite les dunes quaternaires, le 196/1
exploite les grès numidiens, le 276/1 exploite les alluvions fluviatiles
234 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE
2,00.106 m3/an
Le bénéfice annuel de la nappe a été ainsi
de 600 000 m 3 par an. Les essais de pompage et
l'étude
FIG. 64 — Schéma général de l'alimentation en eau de Tanger
TANGEROIS 135
de la vidange du réservoir ont montré que le coeffi - observer dans la réalité, lorsque l'on trace graphi-
cient d'emmagasinement était de l'ordre de 3 %, ce quement l'évolution moyenne de la nappe à
qui correspondrait à un volume utile de 500 000 m3 partir des piézomètres, et que l'on se réfère
environ par mètre de nappe. Le bénéfice annuel de aux dates de réapparition des sources de
la nappe s'est traduit par une remontée moyenne déversement (fig. 65).
annuelle de 1,2 m environ, soit environ 7 m en
L'alimentation de Tanger et ses
6 ans. C'est effectivement ce qu'on peut
composantes sont résumées dans le tableau ci-
après (en m 3) :
Débit prélevé dans le Marhar Débit Débit
Années pompé dans annuel reçu
(du 1er juillet au 30 juin) Total Injecté Envoyé à la nappe par Tanger
Tanger
1958-59 ................................ 2 267 000 936 200 (41 %) 1 331 600 (59 %) 1 546 100 2 877 700
1959-60 ................................ 2 908 700 988 200 (34 %) 1 920 500 (66 %) 1 817 400 3 737 900
1960-61 ................................ 2 840 700 1 171 800 (41 %) 1 668 900 (59 %) 1 884 000 3 552 900
1961-62 ................................ 2 506 800 1018 800 (41 %) 1 488 000 (59 %) 1 992 800 3 480 800
1962-63 ................................ 2 761 200 812 000 (30 %) 1 949 200 (70 %) 2 035 100 3 984 300
1963-64.................................... 2 539 100 658 800 (26 %) 1 880 300 (74 %) 2 043 100 3 923 400
1964-65 ................................ 1 982 000 656 700 (33 %) 1 325 300 (67 %) 3 177 200 4 502 600
1965-66 ................................ 3 026 400 899 400 (30 %) 2 127 000 (70 %) 2 484 100 4 611 100
1966-67 ................................ 2 463 900 466 500 (19 %) 1997 400 (81 %) 3 023 700 5 021 100
1967-68 ................................ 3 036 200 664 100 (22 %) 2 372 000 (78 %) 2 822 200 5 194 200
moyenne .......................... 2 633 300 827 300 (32 %) 1 806 000 (68 %) 2 282 600 4 088 600
Il ressort de ces chiffres que le débit prélevé moyenne annuelle) dont il aura besoin dans
dans le Marhar a été, en moyenne, destiné pour quelques années, et surtout les 35 000 m 3 /j prévus
2/3 à alimenter Tanger et pour 1/3 à recharger la pour 1980 (fig. 66). L'étude du bilan du Charf-el-
nappe. D'autre part, toujours en moyenne, la villa Àkab montre que, en année de pluviométrie
de Tanger est alimentée pour 44 % par les eaux de moyenne (700 mm), l'alimentation naturelle est de
l'ordre de l,4.10 6 m 3 /an. Or la station de
surface et pour 56 % par les eaux souterraines.
Bougdour ne peut traiter que 3.10 6 m 3 /an, ce qui
Le recensement de juin 1960 a donné à Tanger donne au total moins de 4,5.10 6 m 3 /an. Donc
une population de 142 000 habitants. La consom- depuis trois ans le supplément nécessaire à
mation correspondante est donc de 72 litres/jour/ha- l'alimentation de Tanger (500 000 m 3 en 1966-67)
bitant, soit en tout 10 240 m3/j (elle est actuellement est prélevé sur le capital de la nappe, ce qui
de 10 800 m3/j). Cette consommation est nettement entraîne une baisse du niveau piézométrique,
supérieure en été : le débit de pointe peut atteindre qu'on observe effectivement. Il est évidemment
certains jours 23 000 m 3 /j ; un débit supérieur possible de continuer pendant quel ques années
pourrait être donné par l'ensemble Marhar - Charf-el- à déprimer la nappe, mais dans la mesure où
Akab, à condition d'augmenter la capacité de on est assuré de pouvoir la régénérer un jour.
traitement de l'usine et, surtout, celle des conduites Ceci ne pourra être possible qu'en s'assu-rant de
de refoulement sur Tanger. Des études sont en ressources supplémentaires en eaux de surface
cours pour donner à Tanger les 20 000 m3/j (en à l'aide de barrages de retenue. C'est
l'orientation qui est donnée aux études
actuelles.
Mise en valeur agricole
La région tangéroise, dans l'état actuel des tionnels, à partir de puits dans les sous-
choses, ne possède que quelques centaines d'hec - écoulements des oueds Souani, Morhorha et
tares irrigués, généralement par des moyens tradi- Chatt. Ailleurs, on ne trouve que des cultures en
sec, céréales et sorgho
136 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
FIG. 65 — Evolution piézométrique de la nappe du Charf-el-Akab ; les traits pleins correspondent aux maxima et minima
annuels, les tiretés traduisent l'évolution moyenne des niveaux piézométriques. Les cotes du plan d'eau sont
exprimées en mètres au-dessus du niveau de la mer (cote zéro) dans six piézomètres de surveillance (P
I à P VI)
TANGEROIS 137
Peu riche en eau, la région de Tanger ne peut coût élevé de l'eau. C'est dans cette optique que
accepter que des industries peu consommatrices ou vient d'être achevée une « zone franche indus -
livrant des produits chers qui peuvent amortir le trielle » aux portes de la ville en direction de
Tétouan.
C O N C L U S I O N S
Peu favorisé sur le plan des ressources en eaux ment utilisés par la prise de Bougdour, le Tangérois
souterraines, mais bénéficiaire d'un potentiel en n'est susceptible d'accroître substantiellement son
eaux superficielles qui doit être de l'ordre de 200 activité économique (agricole, industrielle et tou-
à 300 millions de mètres cubes par an (soit de 6 à ristique) que par une mise à contribution
9 m3/s), dont seulement 3.106 m3/an sont actuelle- rationnelle des eaux de surface. C'est dans ce sens
que s'orientent les études actuelles.
R E F E R E N C E S
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TANGEROIS
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