Cours Gestion Financière Et Comptable
Cours Gestion Financière Et Comptable
Remarque importante : ce document est une synthèse de notes de cours. Il ne constitue en rien un
syllabus et doit être complété par la lecture des chapitres du livre de Block et Hirt.
Je remercie Tanguy de Launois et Hervé Van Oppens pour tout le travail qu’ils ont accompli dans la
rédaction de ces notes.
Philippe Grégoire
1. Introduction
De manière très simple, la comptabilité peut se définir comme un système d’information destiné à
garder trace de toutes les informations de l’entreprise. Quant à la finance, il s’agit d’un corps
théorique visant à aider à la prise de décisions en situation d’incertitude.
La comptabilité s’organise suivant des règles comptables et vise à établir les états financiers de
l’entreprise ; le bilans, le compte de résultat et le cash flow statements. L’analyse des états financiers
est une discipline de la comptabilité dont l’objet est de mieux comprendre l’évolution de la firme et
son positionnement par rapport à ces concurrents.
• La partie double : ce principe affirme que tout mouvement affectant un élément quelconque du
bilan est nécessairement accompagné d’un mouvement inverse et de même importance sur un ou
plusieurs autres éléments, de telle sorte que l’équation : Actif – (Situation nette + Dettes) = 0 reste
toujours vérifiée.
• La continuité de l’entreprise : l’entité comptable est présumée avoir une durée de vie indéfinie.
• La divulgation intégrale des informations : c’est en vertu de ce principe que toute compensation
entre avoirs et dettes est strictement interdite.
L’actif fait état de l’utilisation des ressources de l’entreprise. L’ordre de présentation des éléments
d’actif repose, en Europe, sur le critère de liquidité (on entends par liquidité la facilité avec laquelle
un actif peut être transformé en cash. Par exemple, les sommes déposées sur un compte bancaire
sont très liquides alors qu’un bâtiment ou une usine l’est nettement moins).
Pour une présentation des principales rubriques de l’actif et du passif, voir Block et Hirt…
Le compte de résultats est constitué des charges et des produits. Les charges représentent
principalement les sommes dépensées ou à dépenser, tandis que les produits représentent les
sommes reçues ou à recevoir.
2.2.1 Les principes comptables
• La réalisation des produits : un produit ne doit être enregistré que s’il est réalisé, acquis. Mais la
réalisation d’un produit n’implique pas que son montant ait été encaissé.
• La correspondance des charges et des produits : il importe de veiller à ce que l’ensemble des
charges relatives à un produit d’un exercice comptable soit prise en compte lors de ce dernier.
En fait, tous ces principes ne sont que la traduction concrète et logique du principe central et
fondateur du droit comptable belge : celui de prudence, sincérité et bonne foi.
Un exemple simple (celui d’un site internet typique) va nous permettre d’illustrer le principe de
réalisation des produits et de montrer que le résultat comptable et la variation d’encaisse ne
coïncident pas toujours.
- L’entreprise compte percevoir chaque année des recettes publicitaires pour 2500 (noncash).
- Quant aux recettes des connexions du mois de janvier, elles se sont élevées à 10000 (cash).
Le compte de résultat est structuré de la manière suivante. Nous pouvons observer la distinction
faite entre les charges et produits provenant de l’exploitation et les produits et charges financières.
CHARGES PRODUITS
Produits
= Charges d'exploitation (1) = d'exploitation (1)
Produits financiers
= Charges financières (2) = (2)
Plusieurs opérations comptables de fin d’exercice sont nécessaires au maintien de l’image fidèle
qu’est censée donner la comptabilité de l’entreprise. En général, on distingue deux types
d’opérations de fin d’exercice, à savoir les opérationsd’inventaire et les opérations de régularisation.
1) Les actifs immobilisés ont été enregistrés à la valeur d’acquisition. Or, ces actifs immobilisés se
sont usés ou peuvent avoir diminué de valeur. Les biens ayant une durée de vie limitée doivent donc
être amortis.
2) Dans certaines situations, il faut enregistrer des réductions de valeur (dépréciation constatée ex-
post)sur certains éléments de l’actif, notamment les créances sur clients et les stocks : il se peut fort
bien qu’un client s’avère insolvable ou qu’une pièce en stock soit dépréciée.
3) Lorsqu’un actif a gagné de la valeur, il peut aussi parfois s’avérer nécessaire d’enregistrer des
contreparties de réductions de valeur, qui pourront prendre la forme de reprises d’amortissements,
de reprises de réductions de valeur ou encore de plusvalues.
4) Il faut enregistrer des provisions destinées à couvrir des risques et des charges que des
événements survenus ou en cours à la clôture de l’exercice rendent probables..
5) Enfin, il faut tenir compte des variations de stock éventuelles entre le début et la fin de l’exercice
considéré, une variation de stock positive étant comptabilisée comme un produit et une variation de
stock négative comme une charge.
Quant aux opérations de régularisations, elles surviennent dès que des charges ou produits sont
susceptibles de chevaucher plusieurs exercices comptables. Dans ce cas, il faut utiliser des comptes
de régularisations afin d’affecter à chaque exercice comptable le prorata des charges et produits qui
lui revient.
Alors que les éléments du compte de résultats en cours d’exercice correspondant principalement à
des facturations (par opposition aux décaissements et encaissements effectifs de cash), les
opérations de fin d’exercice sont des écritures purement comptable qui ne donnent pas lieu à des
encaissement ou à des décaissement.
CHARGES PRODUITS
1000 (pub)
En fin d’exercice, il faut effectuer les opérations d’inventaire. Ces dernières comprennent
notamment les écritures d’amortissements dont les modalités sont définies par les règles
d’évaluation décidées par le conseil d’administration. Les amortissements donnent lieu à deux
écritures simultanées en vertu du principe de la partie double : une écriture de charges (débit) et une
écriture de diminution du patrimoine (crédit d’un compte d’actif). Enfin, les amortissements se font
sur une durée bien précise déterminée par les règles d’évaluation que la société s’est donnée (sous
contrainte des impératifs légaux en la matière).
Enfin, certaines écritures de régularisation peuvent aussi se révéler nécessaires. Ainsi, l’achat de
mazout (1200) couvre les besoins de 6 mois de chauffage. Or l’exercice porte sur un mois. Les
charges afférant à cet exercice sont donc de 1200/6 = 200. Les 1000 de « charges excédentaires »
doivent être inscrites dans un compte de régularisation « charges à reporter » qui fera la jonction
entre les exercices successifs. Ce compte de régularisation « charges à reporter » est bien un compte
d’actif, puisqu’une diminution de charges se traduit ici par une augmentation d’actif.
Il est important de compléter le compte de résultats et le bilan par un tableau qui va identifier les
variations d’encaisse au cours d’une période. Cela est d’autant plus nécessaire que la détérioration
de la situation de trésorerie peut conduire l’entreprise en faillite. Plus simplement, une entreprise
peut être déclarée en faillite lorsqu’elle n’est plus capable d’honorer ses dettes. Dans cette section,
nous allons montrer comment il est possible de déterminer l’évolution de la position de trésorerie
d’une entreprise à partir des éléments de bilan et de compte de résultats. Il s’agit de déduire le flux
de trésorerie observé durant l’exercice en partant du résultat net de l’entreprise. Pour cela, il faut
déduire les écritures comptables qui n’ont pas donné lieu à un mouvement de trésorerie et des
investissements (consommateurs de cash) et financements (sources de cash). Ainsi, on distingue le
cash-flow d’exploitation, le cash-flow d’investissements/désinvestissements et le cash-flow de
financement.
CASH-FLOW STATEMENT
?- Créances commerciales +0
Régularisation -1000
VARIATION DE TRESORERIE
Deux distinctions sont faites parmi les types de coûts encourus par l’entreprise, à savoir le caractère
direct ou indirect et le caractère de variable ou fixe. Le caractère direct ou indirect d’un coût est relié
au lien que l’on peut faire entre ce coût et le (les) produit(s) de l’entreprise. Un coût direct est
directement lié au produit tandis qu’un coût indirect ne peut pas être relié directement au produit.
Le fait qu’un coût soit variable ou fixe dépend par contre de son lien avec le volume de production. Si
le coût varie en fonction de la quantité produite, ce dernier est un coût variable, sinon il s’agit d’un
coût fixe.
DIRECTES INDIRECTES
La détermination du coût de revient nécessite des règles de répartitions des différents types de coûts
entre les produits. Alors que pour les coûts directs, l’affectation est immédiate, il n’en va pas de
même pour les coûts indirects.
Les charges indirectes doivent être affectées aux différents produits. On utilise pour cela des clés de
répartition. Ces dernières peuvent être soit forfaitaires (i.e. sur C.A., # personnes employés,…), soit
selon une unité d’œuvre (i.e. # factures émises, # jours sur chantiers,…)
3.2 Coût de revient
- toutes les charges indirectes (F.F., F.V.) liées aux opérations de production.
Cette marge doit couvrir les frais généraux de vente ainsi que les autres coûts (management, frais
généraux non couverts ; i.e. conseil d’administration )
Le direct costing consiste à n’attribuer aux produits que les frais variables directs. De cette manière,
nous obtenons une marge brute (ou variable) qui doit encore couvrir toutes les charges indirectes,
telles que les Frais Fixes indirects (la comptabilité, les bâtiments,…) et les Frais Variables indirects
(consommation d’énergie, la maintenance,…)
Une vue plus complète de la problématique des systèmes de coûts de revient peut être trouvée dans
le livre d’Yves De Rongé…
Dans le cadre de ce cours, nous allons nous focaliser sur l’analyse de trois caractéristiques
importantes de la firme ; la rentabilité, l’endettement et la gestion des actifs circulants. Pour cela,
nous utilisons comme indicateurs des ratios. Ces derniers ne sont pas utilisés de manière absolue
mais bien de manière relative afin d’observer les évolutions et de pouvoir réaliser des comparaisons.
En résumé, on utilise les ratios en analyse :
- Time-series : calcul du ratio pour différentes périodes dans le temps. Cela donne l’évolution dans
le temps du ratio d’une entreprise donnée.
Illustrons ce ratio par un exemple qui reprend d’abord le compte de résultat et ensuite le bilan.
Income statement
Sales 4000
- Interest 50
D’une part, ce résultat (EAT) va permettre de rémunérer les actionnaires via des dividendes. D’autre
part, une partie de ce résultat net est reporté au bilan. Remarquons que la rémunération des
actionnaires se fait après impôts. Il y a en fait double taxation des dividendes ! (cfr. )
Marketable securities
Sub-Total 50
600 Notes payable 250
Accounts receivable
Inventory 350
370 Long termStock4
Common liabilities 300 400
Au niveau des passifs (liabilities), les actions (common stock) et les résultats reportés (retained
earnings) constituent les fonds propres de la firme.
Remarque
Les actifs génèrent du cash-flow (à savoir l’EBIT) dont une partie va servir à payer l’intérêt sur les
dettes. Le résultat net (Net Income) correspond au résultat qui revient uniquement aux actionnaires,
les intérêts qui représentent la rémunération des obligataires ayant été déduits au préalable. Pour
cette raison, il est courant de trouver une définition du ROA comportant au numérateur les cash
flows qui reviennent aux actionnaires et aux obligataires, c’est-à-dire le résultat net PLUS les charges
d’intérêt :
Net income+ Interest
ROI ou ROA = Total assets : on mesure la rentabilité après avoir « neutralisé » la structure financière.
Dans le cadre de ce cours, nous nous limiterons à la définition du ROA ayant uniquement le résultat
net au numérateur (Net income/Total assets)
ROI = Sales * Total assets = marge bénéficiaire * taux d’utilisation des actifs
= 5% + 2.5% = 12.5%
Cette décomposition va permettre d’isoler l’impact de la marge bénéficiaire sur le ROI et ainsi de
mieux comprendre si l’augmentation (diminution) du ROI provient d’une amélioration (détérioration)
de la marge ou d’une activité plus forte (faible).
Exemple
Marge plus faible prq ? Le prix de vente a-t-il diminué ? Les produits de base sont-ils trop chers ? Les
charges salariales sont-elles trop élevées ?
Actifs optimisés
Return on Equity (la rentabilité des actionnaires : ROE) = Equity =1.000.000 =20% avec equity =
fonds propres de l’entreprise = par exemple capital + résultat reporté. Commentaires sur le ROE
Décomposition de Du Pont
=ROI× A = ROI
A -D 1?D
A plus l’endettement relatif au total du passif est élevé et plus la rentabilité des actionnaires
12.5%
La firme B a le même EAT et le même total de bilan que la firme A. Elle a donc également un ROI de
12,5%. Cependant, son endettement est plus faible : les fonds propres de B sont de 1000 et sa dette
est de 200.
12.5%
ROE= 15% = 1?
Pour obtenir une décomposition plus fine et donc une meilleure compréhension de la formation du
return pour les actionnaires (ROE), on peut procéder comme suit :
Total
Assets
Profit
Margin
Assets
Turnover
Total Debt
Total
Assets
On observe que c’est le taux d’utilisation des actifs qui est en premier lieu responsable de l’écart
constaté dans le ROE et le ROI entre les deux firmes.
Le ratio le plus utilisé pour mesurer l’endettement d’une firme est le rapport des dettes aux
fonds propres, appelé le levier financier = E , qu’il ne faut pas confondre avec le degré de levier
financier (= DFL pour Degree of Financial Leverage), bien qu’ils varient généralement dans le même
sens (pour un complément d’information sur le levier financier et le degré de levier financier, voir les
exercices faits en séance).
Plus D/E augmente, plus l’entreprise est sensible au risque conjoncturel et plus le ROE augmente
(pour un ROI constant). En effet, on a :
ROE = ROI = ROI =ROI× A=ROI×??1+D??
1?D A?D E ? E? A A
Ce lien entre le rendement des actionnaires (ROE) et le rendement des actifs (ROA ou ROI) montre
que les actionnaires pourraient être tentés de s’endetter, car dans ce cas, pour un même ROI, le ROE
augmente.
EBIT
Un autre ratio couramment utilisé est le Ratio de charges d’intérêts = Interest (= 1–1/DFL) qui mesure
le poids des charges financières dans le résultats d’exploitation (EBIT).
EBIT D
Il est important de surveiller ce ratio dans le temps : si Interest diminue et E augmente, cela signifie
que les résultats d’exploitation ont de plus en plus de mal à couvrir les charges d’intérêt et que dans
le même temps, la firme augmente son endettement et accroît ainsi les charges financières futures.
Entre le moment où la firme achète des matières premières et le moment où celles-ci sont vendues
aux clients, il existe un délai lié au processus de production. Dans ce processus, la firme doit payer les
matières premières, la main d’œuvre, l’énergie consommée etc. Les premiers revenus surviendront
au moment où le client final paie ses factures. Ce moment survient très souvent 1 à 3 mois après la
vente (délai de paiement).
Il est clair que le processus de transformation demande d’immobilisé des capitaux (ces capitaux
immobilisés pour permettre la production sont appelés le working capital). Plus les stocks de
matières premières et de produits finis sont importants, plus des fonds sont immobilisés. De même,
une politique trop souple d’octroi de délai de paiement au client demande d’immobiliser plus de
capitaux. Une gestion optimale du working capital permet à la firme de diminuer le montant des
capitaux qui doit être immobilisé pour assurer le processus de production et ainsi, de diminuer les
charges financières. Pour mesurer l’évolution des différents éléments du working capital, on utilise
par exemple les ratios suivants :
Sales =4.000.000=10.8
Inventory 370.000
Une diminution du ratio peut être un signe d’une mauvaise gestion des stocks.
2) Le calcul actuariel : un euro demain n’est pas égal à un euro aujourd’hui, d’où la nécessité d’un
calcul « convertissant » les euros de demain en euros d’aujourd’hui (ou vice-versa).
5.1 Probabilités
Imaginons que l’on crée une entreprise à l’instant t = 0 grâce à un processus que l’on invente.
Plusieurs questions vont d’emblée se poser : Va-t-on vendre le produit ? Si oui, combien d’unités ?
Par exemple, on peut décider de faire trois scénarii sur la variable aléatoire représentant les
quantités : un scénario pessimiste (Q0), un scénario réaliste (Q1) et un scénario optimiste (Q2), avec
Q0 < Q1 < Q2.
Bien souvent, plutôt que de créer beaucoup de scénarii, on établit une forme fonctionnelle pour
passer à un modèle continu. Ainsi, pour les returns attendus des actions, il y a bien souvent un grand
nombre de scénarii possibles, le résultat étant le produit d’un grand nombre de facteurs. C’est
pourquoi, au lieu de faire des scénarii, on pose comme hypothèse que la distribution des returns suit
une loi normale. La distribution normale n’est pas choisie au hasard : elle offre, entre autres
avantages, celui d’être exclusivement déterminée par ses deux premiers moments, à savoir
l’espérance (moyenne) et l’écart type (ou la variance). Une fois ces deux paramètres connus, la
distribution est totalement connue.
La moyenne offre une intéressante mesure de rentabilité, tandis que l’écart type est une mesure de
la dispersion et donc du degré d’incertitude. L’exposition à l’incertitude étant source de risque,
l’écart type donnera une bonne estimation du risque encouru.
5.2 Statistique
Supposons que l’on soit à l’instant 0 dans un cas uni-périodique. Nous sommes investisseur et
achetons une action.
L’important pour l’investisseur est d’avoir, aujourd’hui, une estimation de l’espérance de rendement
de l’action [E( R)] et du risque encouru. [ ? ]
Pour estimer ces deux paramètre, l’espérance et l’écart type, on peut soit faire des prévisions, soit
inférer un estimateur à partir d’observation passées. Ainsi, la série historique des returns
hebdomadaires sur 3 ans pourrait être utilisée pour calculer des estimateurs de l’espérance et de
l’écart type de la distribution. Il suffirait alors de supposer que le futur est le reflet du passé et utiliser
dans la prévision les estimateurs calculés sur des historiques.
Sous certaines hypothèses (voir un cours de statistique de base), la moyenne est un estimateur non
biaisé de l’espérance. Autrement dit, les returns moyens historiques des actions nous donnent une
bonne estimation du return que nous pouvons attendre pour la prochaine période.
?N
E(R)=moyenne =RNt =R
t=1
t=1
Donne un bon estimateur, sous certaines hypothèses, de l’écart type de la distribution. Ainsi, si l’on
pense que l’incertitude observée dans le passé n’a aucune raison de changer dans le futur, ou
pourrait alors utiliser cet estimateur dans la prévision.
t0 t t2 t3
Les deux projets génèrent donc des cash flows à différents moments.
Comment décider, sur cette base, le projet qui est le plus intéressant ? Pour y répondre, nous allons
introduire le calcul actuariel, c’est-à-dire la constatation que l’argent n’a pas la même valeur en
fonction du temps.
Si on dispose de 100 €, on peut les mettre sur un compte avec un taux d’intérêts i de 3 %. La valeur
de 100 € aujourd’hui n’est pas la même que 100 € demain. On préfère toujours avoir une somme
aujourd’hui que demain étant donné que cette somme peut être placé en banque.
On est donc indifférent (car on suppose que le taux d’intérêt assure cet équilibre) entre 100
aujourd’hui ou 103 demain.
VA = 1VF+ i
VF = VA(1+ i)
Quand il s’agit d’une série de valeurs dans le temps, on peut les exprimer en valeur actuelle (on fait
du calcul actuariel) :
VA(CFt ) = (1CF+it)t
VF(CF0 )= CF0 (1+ i)N
On compare ces deux valeurs actuelles des cash flow (CF) pour choisir.
Il se peut aussi que les différents cash flow soient constants dans le temps, on parle par conséquent
d’annuité. Par exemple, si i=8% et que l’on veut savoir quelle somme (constante) doit on doit
rembourser chaque année pendant 3 ans pour avoir rembourser une somme totale initiale de 10 000
:
A2
? ?
? ?
? A ? 4000
Autre exemple : quelle somme dois-je disposer à 65 ans pour m’assurer une rente annuelle de 10 000
pendant 20 ans ?
? ?
? ?
Précédemment, nous calculions la valeur actuelle d’une annuité. Dans le cas de la valeur future d’une
annuité, la formule est la suivante :
Exemple : quelle est la valeur de l’annuité si je veux disposer après 40 périodes de 98 200.
? A = = 379
Par conséquent, en versant chaque année 379 pendant 40 ans, on disposera de 98200 à la fin.
Illustrons cela par un exemple simple. Soit un actif qui vaut aujourd’hui 100 (VA) et demain
110 (VF). Le return de cet actif R vaut donc R== 10%. Par conséquent,
VA= 1VF+R . Or souvent le prix de l’actif demain n’est pas connu avec certitude, le return non plus
par conséquent :
VA
Le return attendu joue donc le rôle de facteur d’actualisation. Il faut donc se demander quel est le
return que je vais attendre sur le marché. Le taux d’actualisation utilisé dans n’importe quel calcul
actuariel est donc le rendement attendu des cash flows générés par l’investissement.
6. Décision de financement
La question est de savoir quelles sont les sources de financement à la disposition de l’entreprise et
comment sélectionner ces différentes sources. Il est évident que cette question est très importante
en finance, par exemple on peut s’interroger sur l’interaction qu’i peut y avoir entre les actifs et leur
financement. Existe-t-il un financement optimal pour l’entreprise ? Pour l’investisseur, qu’il soit
actionnaire ou obligataire, quelle est la valeur des titres qu’il achète ? Autant de questions
importantes qui influencent les décisions de financement de l’entreprise. Dans ce chapitre, nous
étudierons en premier lieu la valorisation des obligations et des actions, ensuite, nous en déduirons
le coût pour l’entreprise et enfin, nous aborderons le problème du choix optimal de financement
pour l’entreprise.
a. Plan de remboursement
b. Plan d’intérêt (a priori) : dès le début, on sait qu’on devra payer des intérêts (= rémunération du
capital)
Il est important de faire la distinction entre prix et valeur économique d’un bien. Le prix reflète les
termes d’une transaction tandis que la valeur économique est un calcul d’expert. Il s’agit de la valeur
actuelle des cash flow futurs.
La valeur de tout bien est égale à la somme des valeurs actualisées des revenus monétaires que la
détention et/ou la mise en œuvre de ce bien de capital permettent de réaliser.
V ??tT=1 (1+CFE(tR))t
où E(R ), le rendement attendu est le taux sans risque plus une prime de risque.
Application
- Soit Rt le remboursement du capital en t = remboursement « in fine » (= un seul remboursement à
la fin).
- Soit Ct le coupon (=taux d’intérêt réellement payé chaque année) - Soit la valeur nominale = le
montant de l’emprunt.
n C+R
Exemple : soit une obligation de maturité 7 ans, de taux de coupon 7% et au remboursement in fine.
J’emprunte 100 = solde restant dû (puisque je rembourse tout à la fin), ce qui me donne la structure
de cash-flows et la valeur suivantes :
V = =1
Quand on achète des obligations, on détermine d’abord le return que l’on exige de son
investissement on attend au moins le taux sans risque plus une prime de risque (un surplus de
rendement par rapport au taux sans risque).
Dans cet esprit, si un investisseur achète une obligation IBM remboursable « in fine » dans 7 ans, il
attend un return au moins égal au return des obligations d’état (sans risque) de maturité égale à 7
ans. Supposons que ce taux sans risque est de 3,5%, l’investisseur attendra un return supérieur à
3,5%. La prime de risque qu’il demande servira à compenser le risque qu’IBM ne paie pas à temps les
intérêts ou qu’éventuellement, IBM soit en difficulté financière et qu’il soit incapable de rembourser
ses dettes.
Si on suppose que la prime de risque est de 2%, la valeur d’une obligation émise par IBM est :
1? ( 1 )7
Remarque :
Pourquoi est-on prêt à payer 107.2, soit un prix supérieur à la valeur nominale de la dette (=100) ?
Tout simplement parce que l’intérêt (= rémunération du capital = 7% dans cet exemple, soit 7
euros/an pour 100 euros de dette) est supérieur au rendement attendu (et viceversa si V est inférieur
à la valeur nominale de la dette).
Une question se pose : Comment une entreprise qui émet une obligation aujourd’hui va-t-elle fixer le
taux d’intérêt nominal (coupon) de l’obligation ?
Généralement, l’entreprise va consulter une banque d’affaire qui va l’aider à organiser l’émission.
Cette banque d’affaire va observer les conditions économiques et particulièrement le rendement des
obligations d’état. Ce rendement servira de base à la fixation du coupon qui sera en fin de compte
égal à ce même rendement augmenté d’une prime de risque spécifique à l’entreprise émettrice et à
la durée de l’obligation. Intuitivement, on peut penser que plus le remboursement est éloigné, plus
l’investisseur est exposé à une incertitude sur ce même remboursement.
Au moment de l’émission, si les conditions de marché n’ont pas changé (ce qui est rarement le cas),
le prix d’émission de l’obligation sera égal à 100% de la valeur nominale car à ce moment, le taux
d’intérêt nominal sera égal au rendement attendu par les obligataires. Si les conditions de marché
changent, par exemple les taux d’intérêt des obligations d’état varient ou bien la prime de risque
exigée par le marché augmente, alors le prix des obligations changent aussi. Dans notre exemple
d’IBM, si la prime de risque passe de 2% à 3%, la valeur de l’obligation IBM devient : V=101,8. Soit
une perte de 5,4% de la valeur nominale ! On voit que l’estimation de la prime de risque est un
problème fondamental de la finance (imaginez l’émission de Deutsche Telekom qui représentait
environ 5 milliards d’euro. 1% de cette somme représente 50 millions d’euros !).
Conclusion :
Pour valoriser une obligation, il faut estimer le rendement attendu = taux sans risque + prime. Le taux
sans risque est le taux d’intérêt des obligations d’état de maturité égale et il faudra utiliser des
modèles théoriques pour mieux comprendre et fixer la prime de risque).
Le return attendu par les obligataires de l’entreprise représentent nécessairement un coût pour
l’entreprise. Le rendement attendu est égal au coût pour l’entreprise lorsqu’il n’y a pas de taxation.
Cette observation simple nous permet de déterminer le coût pour l’entreprise de s’endetter :
où YTM signifie le Yield to Maturity et il représente le rendement attendu par un obligataire qui
achète l’obligation dans la perspective de la détenir jusqu’à la maturité.
Rf représente le taux sans risque ou le taux des obligations d’état pour une maturité égale à celle de
l’obligation analysée. La prime de risque est composée d’une prime de risque financier liée à
l’endettement de l’entreprise et d’une prime de risque business liée au secteur d’activité. Le taux
sans risque est un taux nominal et il inclut une prime d’inflation.
6.2.1 Caractéristiques
- le remboursement du capital n’est pas dû a priori sauf si plan de rachat d’actions (mécanisme
par lequel l’entreprise « rembourse » le capital aux actionnaires). Ces plans de rachat surviennent
dans le cas où il n’y a plus de projets d’investissement qui donnent au moins le return attendu par les
investisseurs
Remarques :
- l’obligataire « sait s’en sortir » quand ça va mal (faillite) car ce dernier n’est pas propriétaire
- l’actionnaire ne sait rien faire : il prend tous les risques, il est propriétaire de l’entreprise
Afin de pouvoir valoriser les actions, il faut déterminer les cash flow futurs et pour cela, nous allons
poser quelques hypothèses.
Hypothèses :
Si l’investisseur est à long terme, les seuls cash flows qu’il percevra des actions sont les dividendes
D~t qui sont des variables aléatoires
Sous ces hypothèses, nous allons estimer les dividendes futurs et nous allons appliquer le principe de
base de la valorisation sur un horizon T tendant vers l’infini. Illustrons par un exemple l’impact de ces
hypothèses sur les dividendes futurs.
Exemple :
Soit au temps 0, l’émission d’une action au prix de 100. Le ROI = 10 % et b = 60 %. Tous deux sont
constants par hypothèse.
En t=0
ACTIF PASSIF
100 100 En t = 1,
CHARGES PRODUITS
100 100
Benef = 10 (10% de 100)
Bque
ACTIF PASSIF
=6 Résultat reporté = 6
En t = 2,
CHARGES PRODUITS
Benef = 10,6
(10% de 106)
ACTIF PASSIF
100 100
Le résultat reporté de 6,36 correspond à 60% du résultat de la période et un dividende de 4,24 a été
distribué,
Le dividende va en s’accroissant :
Dt = Dt?1 ×(1+ g)
Dt = D1 ×(1+ g)t?1
Ensuite, lorsque nous faisons tendre t vers l’infini (hypothèse de l’investisseur à très long terme),
nous obtenons V=E(RD)1?g
Remarque : LA formule de valorisation ci-dessous est appelée le modèle de Gordon et Shapiro. Il faut
être conscient du fait que tout exercice de valorisation, aussi bon soit-il, peut conduire à une
évaluation de l’entreprise qui diffère du cours de bourse. En effet, le cours de bourse reflète les
termes d’une transaction entre deux personnes, et les conditions du marché à un moment donné
peut faire que le prix s’écarte de la valeur théorique. Lorsque sur le marché, le prix est égal à la
valeur, on dira que le marché est efficient et rationnel.
Afin de valoriser une action, il faut donc regarder estimer les dividendes futurs mais aussi le return
attendu par les actionnaires.
D1 = (1-b)*EAT
2. E(R) = taux sans risque (taux d’une obligation d’état) + Prime de risque
Si l’incertitude est grande, l’exposition aux risques est grande aussi, donc la prime de risque
augmente (il faut donc un incitant (return) très élevé) et le cours de bourse diminue.
Le modèle de Gordon et Shapiro nous donne la valeur d’Le modèle de Gordon et Shapiro nous donne
la valeur d’une action sous des hypothèses très restrictives mais qui reflètent relativement bien la
situation des firmes arrivées à maturité. Si l’on isole le rendement attendu, le modèle devient :
E(R) = kE=DV1 + g
D1
A nouveau, si l’on fait l’hypothèse de l’absence de taxation, le rendement attendu par les
actionnaires est égal à un coût pour l’entreprise. Qui d’autre que l’entreprise va rémunérer les
actionnaires ?
Une analyse rapide de cette expression nous montre que les firmes de croissance élevée (pensons au
secteur des bio-technologie, des firmes liées à l’internet, etc.) entraîne une demande de return
attendu élevé de la part de leurs actionaires et donc un coût des fonds propres élevé pour ces
mêmes entreprises.
Ayant déterminé, dans des cas simples, le coût de l’émission d’obligation et d’actions (augmentation
de capital), nous allons nous intéresser au coût du capital (dans le sens de l’ensemble des fonds
mobilisés par l’entreprise).
La question de la détermination du coût du capital en fonction du choix des actions et des obligations
est très importante car elle va nous permettre de s’interroger sur l’existence d’une combinaison
(actions-obligations) optimale de financement des investissements ?
Dans ce paragraphe, nous supposons qu’il n’ay pas de taxation et donc que le coût des sources de
financement est égal au rendement attendu par les actionnaires. Pour illustrer le coût du capital
(fonds propres et dettes) d’une entreprise, nous allons prendre un exemple.
Exemple
Soit une firme qui se crée à l’instant t=0. Le besoin d’investissement est 200 000 en t0 et il sera
financé :
D : 100 000
Pour déterminer le coût de chaque source de financement, on suppose que le taux sans risque est de
4%
Dettes: kD = YTM = 4% + 2 % = 6 %
Equity: kE = 4 % + 8 % = 12 %
La prime de risque est plus élevée pour le financement par action car les actionnaires prennent plus
de risque que les obligataires.
Nous allons déterminer le rendement minimum qui doit être obtenu sur les investissement (ROI) de
manière à assurer la rémunération des apporteurs de capitaux :
Les actionnaires exigent un rendement de 12%. Si on suppose que l’entreprise ne distribue pas ses
bénéfices (b=1), les résultats reportés seront de 12 et les fonds propres en fin de période seront de
112.000.
Les obligataires exigent un rendement de 6%. Cela signifie que les charges financières seront de
6.000 euros.
Cela signifie que l’EBIT de la période a été de 18 et on a EAT = EBIT – I = 18 – 6 = 12, reportés à 100%
au passif.
Comme nous l’avons discuté, l’EBIT représente les résultats obtenus grâce aux actifs, ces résultats
servant ensuite à rémunérer les actionnaires et les obligataires. Si on regarde la rentabilité de l’actif
(ROI), on a :
E 100 ? 112 ( = 12 %)
D 100 ? 106 ( = 6 %)
On remarque que la rentabilité du portefeuille de l’investisseur est égal à la rentabilité des actifs :
Il faut montrer qu’en tant qu’entrepreneur, le rendement de l’investissement (ROI) doit être au
moins égal au coût du capital (rendement exigé par les apporteurs de fonds) sinon aucune création
de richesse (pas d’incitant pour investissement)
WACC
La question que l’on se pose est l’existence d’un choix de financement (actions-obligations) qui serait
plus optimal pour l’entreprise. On entend par optimal un choix de financement qui maximise la
valeur de l’entreprise.
Rappelons que
Et que la valeur de l’entreprise est égale à la valeur actuelle des cash flows futurs.
A=?(1+WACCCFt )t
- aux actionnaires sous formes de dividende et de croissance du résultat (D1 et g ) - aux obligataires
sous forme d’intérêts (YTM)
Remarque
Comme nous l’avons signalé, une structure financière optimale signifie que la valeur de l’entreprise
qui correspond à cette structure est maximale. Nous allons montrer par un exemple que, dans un
monde idéal, l’objectif des actionnaires qui est de maximiser la valeur de leurs actions est
strictement équivalent à la maximisation de la valeur de l’entreprise (A). Il faut insister sur le fait que
dans ce cours, seul le point de vue du financier est considéré et que dans ce contexte, seul la
maximisation de la valeur compte. La réalité est plus complexe et l’objectif des gestionnaires d’une
société doit aller bien au-delà de la seule maximisation du profit des actionnaires.
Le graphe ci-dessus illustre le fait que lorsque la valeur de l’entreprise est supérieure au montant de
la dette et des intérêts, alors, la maximisation de la richesse des actionnaires ou la maximisation de la
valeur de l’entreprise est identique (en effet, la richesse des obligataires est constante sur cette
zone)
Par ailleurs, le graphe montre que l’incertitude (ou dispersion) ne va pas influencer la richesse de
l’actionnaire lorsque la valeur de l’entreprise est inférieure au remboursement de la dette et au
paiement des intérêts. En effet :
Le risque-entreprise est bénéfique pour l’actionnaire et néfaste pour les obligataires (clause « type
d’investissement »).
N.B. : Dans un monde idéal, il n’y a pas de conflit d’intérêt entre obligataires et actionnaires Max A =
Max E ou Max D.
Dans le cours, on va supposer qu’on est dans un monde parfait sans conflits d’intérêt entre
actionnaires et obligataires. Nous allons aussi supposer que les choix de financement n’affectent pas
les cash flows de l’entreprise. En effet, ces derniers dépendent exclusivement des choix
d’investissement et sont indépendants des choix de financement.
La théorie des traditionnels (années ’50) repose sur l’hypothèse que lorsque l’entreprise est
faiblement endettée, la perception, du risque financier est tellement faible que les obligataires ne
requièrent pas de prime de risque. Au-delà d’un seuil critique d’endettement, la perception du risque
devient réelle et les obligataires demandent alors une prime de risque qui va augmenter
exponentiellement avec le ratio d’endettement.
La position des traditionnels est donc que kE et kD dépendent du niveau d’endettement (D/A) et qu’il
existe un seuil critique d’endettement qui est optimal en ce sens qu’il minimise le WACC et donc,
sous les hypothèses d’indépendance de cash flows et de convergence des intérêts, qu’il maximise la
valeur de la firme.
Illustration
Avant de présenter la théorie de Modigliani et Miller, nous allons illustrer à l’aide d’un exemple la
notion de risque lié à l’endettement.
Soit une entreprise 1 dont le passif est constitué à 100% de fonds propres représentés par 100
actions (ROI = 20%), et une entreprise 2 dont le passif est constitué pour moitié de fonds propres,
représentés par 50 actions, et pour moitié de fonds empruntés (au taux d’intérêt de 10%). La
question est alors de savoir si l’actionnaire est plus exposé au risque d’incertitude quand il y de la
dette. On va donc examiner si le risque sur le bénéfice d’une action est plus élevé lorsqu’il y a
endettement.
Il y a quatre états du monde, correspondant chacun à quatre niveaux de ROI différents, 0%, 10%, 20%
ou 30%. Il n’y a pas de taxation et que tout le bénéfice est distribué.
EBIT 0 10 20 30 - I 0 0 0 0 EAT 0 10 20 30
On peut mesurer la dispersion par l’écart type de l’Earnind Per Share (EPS.)
EBIT 0 10 20 30 - I 5 5 5 5
EAT -5 5 15 25
La rétribution de la dette est due a priori quel que soit l’état de l’entreprise.
Dans le cas de l’entreprise, il y a une plus grande dispersion de l’EPS, d’où un risque plus élevé. Il
s’ensuit que la coût des fonds propres va croissant avec D/A (plus il y a de dettes, plus le risque est
élevé).
C’est Modigliani et Miller qui tenteront les premiers de donner une réponse à cette question par un
modèle. Pour répondre à la question de savoir s’il existe une structure financière optimale, ils
introduisent la notion d’arbitrage.
Autre exemple : imaginons que le taux d’intérêt sur l’euro est de 4% et que celui sur le dollar est de
3%. Supposons en outre que le taux de change USD/Eur reste constant et égal à 1. On a donc intérêt
à emprunter 100 dollars aujourd’hui (taux d’intérêt = 3%), à les échanger contre 100 euros et à placer
ces derniers au taux de 4%. Après un an, j’échange mes 100+4 euros contre 104 dollars et je
rembourse les 100+3 dollars. Il en résulte un gain de 1 dollar sans incertitude. Si tout le monde
réalise cette opération, le dollar va monter et le taux de change euro/dollar va baisser. L’arbitrage
conditionne donc l’équilibre des marchés des changes mondiaux.
Il existe une opportunité d’arbitrage lorsque l’arbitragiste peut réaliser un profit sans mise de fonds
propres et sans risque.
Une autre formulation équivalente consiste à affirmer que deux investissements présentant le même
risque doivent avoir la même rentabilité. Si tel n’était pas le cas, alors il existe une opportunité
d’arbitrage.
L’argument de Modigliani et Miller est le suivant : deux entreprises possédant les mêmes actifs
doivent avoir la même rentabilité.
U (non-endettée)
L (endettée)
A EL CFA DL
Modigliani et Miller (MM) ont démontré, sur base d’un argument d’arbitrage que la valeur de la
firme endettée est égale à la valeur de la firme non endettée et qu’il n’existe donc pas de structure
financière optimale, soit :
Nous n’allons pas reprendre la démonstration formelle de MM, mais nous allons illustrer leur
raisonnement par un exemple basé sur les entreprise 1 et 2 données ci-dessus :
Pour rappel,
U (non-endettée)
A EU = 100 CFA
L (endettée)
A EL= 50 CFA DL = 50
On fait l’hypothèse que, sur le marché, tout le monde peut emprunter au même taux d’intérêt ; il
n’existe donc qu’un et un seul taux d’intérêt, unique et indépendant de D/A. Pour pouvoir comparer
deux actionnaires, il faut qu’ils soient soumis au même risque industriel et financier.
2° cas (qui doit être équivalent au premier) : investir dans U. J’ai des fonds propres égaux à 25. Il
s’agit de reproduire la structure financière de L. On doit regarder le même montage : l’actionnaire
doit être exposé au même risque ; à titre personnel, il emprunte 25, ce qui implique qu’il dispose
maintenant de 50 avec lesquels il achète 50 actions de U.
Dans les deux cas, la dispersion doit être la même, quels que soient les états du monde. Il n’y a donc
aucune raison à ce qu’il y ait une prime à l’endettement.
1° cas : Le résultat pour l’investisseur est égal à l’EPS multiplié par le nombre d’actions qu’il détient,
soit : 0.3*25 = 7.5.
2° cas : Le résultat pour l’investisseur est égal à l’EPS multiplié par le nombre d »ctions moins les
intérêts payés sur la dette, soit : 0.2*50-2.5=7.5 (résultat en tant qu’individu).
L’investisseur devrait par conséquent se montrer totalement indifférent aux deux cas. Il s’ensuit que
la structure financière n’a aucun impact sur la valeur : VU = VL avec VU =
Il en résulte que WACCU = WACCL et qu’il n’existe pas de structure financière optimale !
Dans la réalité, cependant, la précédente affirmation ne tient pas : on observe en effet différents D/A
selon les secteurs (information, transport,…).
Quid de l’impact des taxes ? Il faut faire attention à la double taxation des dividendes : il existe des
moyens légaux pour s’en prémunir.
Après calculs, on pourrait être amené à penser que s’endetter au maximum est bénéfique du point
de vue de la rentabilité de l’entreprise (du fait de la déductibilité des intérêts). Néanmoins, il serait
dangereux de perdre de vue le lourd impact de l’endettement sur la liquidité de l’entreprise, impact
qu’il s’agit de ne pas négliger, à moins de vouloir tomber tôt ou tard en faillite.