INTRODUCTION
Présentation. Le Moyen-Orient désigne la région du monde située entre l’Egypte à l’Ouest, l’Iran à
l’Est, la Turquie au Nord et l’Arabie saoudite au Sud. 16 pays en font partie. Cet espace, parfois
surnommé l’« arc de crise », est un foyer de conflits, au sens où c’est lui qui en ce début de XXIe
siècle réunit le plus grand nombre de conflits.
Problématique. Pour quelles raisons le Moyen-Orient est-il un foyer de conflits depuis la fin de la
Première Guerre mondiale ? Quels sont ces conflits ? Quels en sont les causes et les enjeux ?
Plan. Le Moyen-Orient est un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale pour
trois séries de raison : d’une part, les influences étrangères ; d’autre part, la naissance de l’Etat
d’Israël ; enfin, ses divisions internes.
DEVELOPPEMENTS
[I] Le Moyen-Orient est fragilisé par les influences étrangères. S’y exercent : l’influence
ottomane jusqu’en 1918 ; l’influence britannique et française jusqu’en 1945 ; l’influence américaine
et soviétique, puis exclusivement américaine, depuis la Guerre froide jusqu’à nos jours.
[A] Jusqu’en 1918, le Moyen-Orient est dominé par l’Empire ottoman. A la fin de la Première Guerre
mondiale, toutefois, l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne, rangé du côté des vaincus, est
démantelé. Le Royaume-Uni et la France se partagent la région.
[B] Entre 1918 et 1945, le Moyen-Orient est dominé par le Royaume-Uni et la France. Ces deux
puissances coloniales européennes, soutenues par la SDN, redessinent certaines frontières et
refusent aux pays musulmans l’indépendance qu’ils réclamaient.
[C] A partir de 1945, le Moyen-Orient est dominé par les Etats-Unis et l’URSS. Au cours de la
Guerre froide, certains pays deviennent les alliés de Washington, d’autres ceux de Moscou. Après
1991, les Etats-Unis règnent presque en maître sur la région.
[Transition] Depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à nos jours, le Moyen-Orient a donc
toujours été placé sous influence étrangère. Au cours de la même période, cette région du monde
est encore un peu plus déstabilisée par la naissance de l’Etat d’Israël.
[II] Le Moyen-Orient est déstabilisé par la naissance de l’Etat d’Israël. L’implantation en terre
musulmane d’un foyer de peuplement juif provoque le déclenchement de guerres israélo-arabes
suivies de guerres israélo-palestiniennes.
[A] Le projet sioniste de créer un Etat juif au Moyen-Orient est soutenu par le Royaume-Uni
(déclaration Balfour, 1917), puis devient une réalité avec le soutien de l’ONU (1947). Le 14 mai
1948, la naissance officielle de l’Etat d’Israël provoque le début des guerres.
[B] Quatre guerres israélo-arabes surviennent entre 1948 et 1973 : la guerre d’indépendance (1948-
1949), la crise du canal de Suez (1956), la guerre des Six-Jours (1967) et la guerre du Kippour
(1973).
[C] Les guerres israélo-palestiniennes, à partir des années 1970, n’opposent plus Israël à ses
voisins arabes, mais l’Etat hébreu à des mouvements politiques palestiniens, tels l’OLP et le Hamas,
qui jusqu’à aujourd’hui recourent encore parfois au terrorisme.
[Transition] La naissance de l’Etat d’Israël ne saurait cependant expliquer seule la récurrence des
conflits qui se jouent dans cette région du monde. Le conflit entre juifs et musulmans, en effet, est
bien peu de chose au regard des conflits opposant les musulmans entre eux.
[III] Le Moyen-Orient est marqué par ses divisions internes. Le monde musulman, loin d’être un
espace homogène, est, au contraire, un espace hétérogène au sein duquel les divisions sont à la
fois d’ordre culturel, politique et économique.
[A] Le Moyen-Orient est divisé sur le plan culturel. Arabes, Perses et Turcs aspirent tous à dominer
la région. Ils aspirent aussi à faire prévaloir leur vision de l’islam, sunnite pour certains, chiite pour
d’autres, aux dépens des minorités juives et chrétiennes.
[B] Le Moyen-Orient est également divisé sur le plan politique. Certains pays sont des Etats laïques,
d’inspiration occidentale, d’autres sont des Etats d’inspiration islamiste. Tous, cependant, vivent plus
ou moins sous la menace du terrorisme islamiste (Daech).
[C] Le Moyen-Orient, enfin, est divisé sur le plan économique. Certains Etats sont riches en pétrole,
d’autres sont moins bien lotis. Certains ont un accès privilégié aux ressources en eau, d’autres sont
constamment exposés au stress hydrique. La question du contrôle des ressources peut donc être
une cause de tension supplémentaire entre voisins arabes.
CONCLUSION
Fermeture. Le Moyen-Orient est donc bel et bien un foyer de conflits, au sens où depuis la fin de la
Première Guerre mondiale il est la région la plus instable de la planète. L’origine des conflits qui s’y
joue est parfois très ancienne, souvent très complexe et toujours multifactorielle. Les influences
étrangères, la naissance de l’Etat d’Israël et les divisions intestines inhérentes au monde musulman
font de cet espace une véritable poudrière, toujours prête à s’embraser à la moindre étincelle.
Ouverture. L’ancrage au Moyen-Orient de la plupart des conflits du monde est-elle une fatalité ?
L’avènement de la démocratie et, dans son sillage, celui du développement, ne pourraient-ils au
XXIe siècle, comme en Europe, en Amérique puis en Asie au XXe siècle, contribuer à la naissance
d’un Moyen-Orient enfin pacifié et prospère ?
La Première Guerre mondiale provoque la chute de l'Empire ottoman. La République turque naît
sous l'impulsion de Mustapha Kemal et les territoires arabes de l'Empire passent sous le contrôle
des Britanniques et des Français dans le cadre de mandats de la SDN. Malgré les promesses qui
ont été faites, les territoires peuplés par les Arabes sont morcelés en plusieurs États par les deux
puissances européennes dont l'intérêt pour les ressources pétrolières est grandissant. La période
de l'entre-deux-guerres voit l'amplification du nationalisme arabe, la naissance de l'islamisme et
le développement du sionisme qui se manifeste par des vagues de migration de populations
juives en Palestine.
À la suite de la Seconde Guerre mondiale, les puissances européennes se retirent de la zone qui
rentre dans la logique de la guerre froide. Les pays arabes, dont les ressources en hydrocarbures
attisent les convoitises, se rapprochent soit de l'URSS, soit des États-Unis.
Dès la création d'Israël en 1948, les pays arabes entrent en guerre contre ce nouvel État et l'exil
des populations arabes marque le début de la question palestinienne. Plusieurs conflits sont
remportés par Israël et, dans les années 1970, la paix entre Israël et l'Égypte divise le monde
arabe. La question palestinienne prend de l'importance avec l'arrivée de Yasser Arafat à la tête de
l'OLP. Exclue de Jordanie, l'OLP se réfugie au Liban. Les attaques menées par l'organisation
palestinienne depuis le Liban provoquent l'intervention d'Israël dans ce pays, soutenu par les
milices chrétiennes. Il faut attendre les accords d'Oslo en 1993 pour que s'amorce le début du
processus de paix entre Palestiniens et Israéliens. Cependant, l'action des extrémistes des deux
bords empêche la réalisation de ce processus de paix qui reste bloqué.
La montée de l'islamisme radical constitue le principal facteur de déstabilisation de la région
après la guerre froide. Suite aux attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis, dans le cadre
d'une coalition de l'ONU, interviennent en Afghanistan puis interviennent de manière unilatérale
en Irak en 2003.
Fragilisés par les printemps arabes, par l'intervention américaine et par les groupes islamistes
radicaux, plusieurs pays sombrent dans le chaos (Irak, Syrie, Libye, Afghanistan). Les islamistes
modérés, installés après les révolutions, cèdent la place aux militaires en Égypte et à une
coalition de centre gauche en Tunisie.
I
Le Proche et le Moyen-Orient de 1914 à 1948
Proche-Orient
Le Proche-Orient désigne traditionnellement les régions de l'est du bassin méditerranéen, de la
Turquie à l'Égypte (l'ancien "Levant").
Moyen-Orient
Le Moyen-Orient se définit comme l'ensemble des pays de l'Asie de l'Ouest et du Sud-Ouest, de
la Turquie à l'Iran jusqu'à l'Afghanistan, et du sud du Caucase à la péninsule Arabique, ensemble
qui comprend en outre l'Égypte.
A
L'impact de la Première Guerre mondiale
1
Les ambitions européennes dans la région
L'Empire ottoman a atteint son apogée au cours des XVe et XVIe siècles. Il décline tout au long
du XIXe siècle.
L'Europe, en pleine phase d'expansion coloniale, s'intéresse de plus en plus aux territoires de la
"Sublime porte". Ce que l'on appelle la "question d'Orient" recoupe des intérêts différents :
La Russie espère contrôler la zone des détroits reliant l'Asie à l'Europe. Elle revendique aussi
la protection des lieux saints du christianisme et affiche sa solidarité avec les chrétiens slaves
des Balkans sous autorité ottomane.
Le Royaume-Uni cherche à obtenir la maîtrise de la route des Indes afin de favoriser la
continuité de son empire colonial. Elle est aussi la première puissance à s'intéresser
aux ressources pétrolifères de cette région.
La France s'intéresse plus tardivement à la question du pétrole mais défend surtout ses
ambitions dans la région au nom de la protection des chrétiens d'Orient.
Dès le début du XXe siècle, les guerres balkaniques affaiblissent l'Empire ottoman car elles
conduisent à l'indépendance de plusieurs pays dont l'Albanie et la Grèce. Istanbul se rapproche
alors de plus en plus de Berlin, notamment dans le cadre des relations commerciales unissant les
deux pays. L'exemple le plus symbolique est le projet d'une ligne de chemin de fer de Berlin à
Bassorah en passant par Istanbul et Bagdad.
2
Le démantèlement de l'Empire ottoman
Pendant la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman s'allie avec la Triple-Alliance
pour lutter contre la Triple-Entente.
Lors de la guerre, les différentes minorités subissent des violences :
Les Arméniens, à cause de leur religion et leur rapprochement avec les Russes, sont accusés
d'être des "ennemis de l'intérieur" et subissent en 1915 un génocide entraînant la mort de plus
d'un million de personnes.
Plusieurs autres régions sont extrêmement sollicitées pour permettre à l'empire de satisfaire
ses besoins en temps de guerre. Une famine touche la région majoritairement chrétienne de
l'actuel Liban et fait plus de 150 000 morts.
Face à ces souffrances, des mouvements indépendantistes émergent. Les plus virulents se
concentrent dans les zones de peuplement arabe de l'empire et sont soutenus par les Anglais et
les Français.
Le chérif de La Mecque, Hussein ben Ali (descendant du prophète et protecteur des lieux
saints), est proclamé "chef de la nation arabe". Il devient le "roi du Hedjaz" (le plateau de la
péninsule Arabique). Il place son fils Fayçal à la direction d'une alliance faite avec des
Britanniques, des Français et des Arabes afin de lutter contre les Ottomans. Thomas Lawrence
(plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie), est un célèbre Britannique qui participe à cette
alliance. Les villes de Bagdad et de Jérusalem sont prises par les Britanniques et Fayçal s'empare
de Damas.
La fin de la guerre et la défaite de l'Empire ottoman en 1918 conduisent à un
démantèlement de son territoire entériné par les accords de Sèvres en 1920 :
Un État du Kurdistan est prévu sous contrôle français.
L'Arménie se voit attribuer le Nord-Est de l'Anatolie.
Les Italiens et Grecs occupent l'Ouest de l'Anatolie.
Avec la création de mandats de la SDN, la France et le Royaume-Uni se partagent le Sud-
Est de l'Anatolie et les territoires arabes sans tenir leur promesse de constitution d'un grand
royaume arabe.
3
La modernisation de la Turquie et de l'Iran
Mustapha Kemal, issu de la bourgeoisie ottomane et inspiré par les idées révolutionnaires
françaises de 1789, va permettre la création de la République turque sur les ruines de l'Empire
ottoman. Il chasse les Européens d'Anatolie et renégocie un traité plus favorable à Lausanne en
1923 : il proclame la fin de l'Empire ottoman qu'il considère dépassé et trop conservateur car
fédéré par l'islam. Il annonce la naissance de la République turque à Ankara, qui en devient la
capitale.
Surnommé Atatürk ("le père des Turcs"), Mustapha Kemal veut moderniser la nation. Il met
en place une laïcisation de l'État, la scolarisation pour tous, et prône la démocratie. En réalité, le
pays devient une dictature. Il entreprend une réforme linguistique afin de retirer à la langue
turque ses emprunts à l'arabe et au perse. Il abandonne également l'écriture en arabe au profit
de l'alphabet latin.
De son côté, l'Iran est également traversé par un mouvement de modernisation. L'empire Qadjar
est renversé par Reza Chah Pahlavi en 1925. Ce dernier entreprend "l'occidentalisation du
pays". Il fonde des universités, industrialise le pays, interdit le port du voile et oblige les
hommes à s'habiller "à l'occidentale".
B
Une zone sous domination occidentale
1
Les mandats français et britanniques
Les anciens territoires arabes de l'Empire ottoman sont confiés aux Français et aux Britanniques
sous la forme de mandats, provoquant le mécontentement des populations arabes.
En 1920, Fayçal ben Hussein est proclamé roi du royaume arabe de Syrie, qui comprend dans
un grand État la Syrie, la Palestine et la Transjordanie. La France s'oppose à cette grande Syrie
qu'elle divise en deux en créant le Liban. Elle réprime les troupes arabes et pousse Fayçal à
l'exil.
La méthode de colonisation française, qui tend à l'assimilation, provoque de forts
mécontentements au sein de la population arabe. La France ne prend pas la juste mesure des
revendications nationales et apparaît comme un "ennemi du monde arabe". En 1925, la révolte
druze s'étend au Liban et en Syrie. La population revendique l'indépendance et l'unité syrienne.
Les Britanniques prennent davantage la mesure des enjeux nationalistes et appliquent
une politique de concession, octroyant l'indépendance à des États en échange de concessions
économiques :
L'Égypte devient indépendante en 1936 en échange du maintien du contrôle britannique sur le
canal de Suez.
En Irak, Londres installe sur le trône Fayçal Ier en 1921 et reconnaît l'indépendance du pays
en 1932. En échange, l'Angleterre continue l'exploitation du pétrole de la région.
Les Britanniques appuient également Ibn Saoud qui prend le pouvoir au Hejaz en 1924 et
crée l'Arabie-Saoudite en 1932.
La Grande-Bretagne continue néanmoins de faire venir des Juifs en Palestine, ce qui nourrit les
tensions dans la zone.
2
L'intérêt grandissant pour les ressources naturelles
Toutes ces situations complexes et cumulées empêchent le développement de la stabilité du
Proche-Orient dont les ressources en énergie attisent les convoitises.
Depuis le début du XXe siècle, les Britanniques sont ceux qui profitent le plus du potentiel
pétrolier de la région. En 1901, ils signent un accord avec l'Iran qui leur octroie pendant
soixante ans une concession très avantageuse.
Les ressources pétrolières attirent aussi la France et les États-Unis :
La France est présente avec la Compagnie française des pétroles créée en 1924.
Les États-Unis sont à l'origine d'environ 70 % de la production de pétrole. Les compagnies
américaines de l'industrie pétrolière grandissent et s'intéressent de plus en plus aux ressources
du Moyen-Orient. Les États-Unis se rapprochent notamment de la famille Saoud à la tête de
l'Arabie qui possède des réserves pétrolières considérables.
À partir de 1928, les entreprises européennes et américaines forment un cartel nommé les Sept
Sœurs, qui domine la production pétrolière de la région.
C
La montée des tensions
1
Le panarabisme et l'islamisme
D'un côté, l'idée d'une union de tous les peuples arabes, le panarabisme, apparaît déjà au XVIIIe
siècle en réaction à l'occupation ottomane.
Le panarabisme, ou nationalisme arabe, se développe au cours du XIXe siècle. Ce projet d'un
grand État arabe se répand au-delà des différences religieuses et les chrétiens arabes le
soutiennent.
Negib Azoury, arabe chrétien, écrit en 1905 Le Réveil de la nation arabe dans l'Asie turque.
Le panarabisme s'affirme durant la Première Guerre mondiale. Engagé dans cette guerre,
l'Empire ottoman mène une répression sans faille contre les tenants de cette idéologie. En effet,
la naissance d'un État arabe serait une menace directe pour l'unité de l'Empire ottoman.
La lutte des nationalistes arabes devient une lutte armée avec la révolte menée par le chérif de La
Mecque. Britanniques et Français, en guerre contre l'Empire ottoman, soutiennent cette révolte
qui affaiblit leur ennemi. En 1918, alors que les Ottomans se retirent des territoires arabes au
profit des Britanniques et des Français, le nationalisme arabe se dirige contre ces deux
puissances européennes qui occupent désormais la zone.
En Égypte, le parti Wafd regroupe Coptes (chrétiens) et musulmans contre la présence
britannique.
L'islamisme est une autre doctrine politique qui naît en 1928 avec la création des Frères
musulmans. L'objectif des islamistes est d'instaurer un État fonctionnant sur les principes de
l'islam.
2
L'essor du sionisme et des tensions en Palestine
D'un autre côté, le sionisme est un courant politique qui a pour objectif la création d'un État juif.
Ce mouvement prend de l'ampleur avec les nombreuses persécutions et les pogroms, dont sont
victimes les Juifs d'Europe de l'Est. De nombreux Juifs immigrent alors vers la Palestine.
En 1917, les Britanniques publient la déclaration Balfour qui propose la création d'un "foyer
national juif" et encourage les vagues migratoires des Juifs. Rapidement, des tensions
apparaissent entre les deux communautés. En effet, les Arabes, attachés à l'idée d'un grand État
arabe indépendant, perçoivent comme une menace cet État peuplé d'Européens coupant
définitivement en deux leur territoire. Avec l'accroissement du nombre de Juifs en Palestine, les
tensions s'exacerbent.
3
La Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le contrôle du Proche-Orient est un enjeu
considérable.
En effet, il permet aux grandes puissances de s'approvisionner en pétrole et constitue un axe de
circulation privilégié avec le canal de Suez.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les mandats européens dans la région se terminent. Le
Liban devient indépendant en 1943 et la Syrie en 1946.
En 1945, les États-Unis, première puissance mondiale, concluent un pacte avec l'Arabie
saoudite qui leur donne accès au pétrole en échange d'une protection militaire.
L'ampleur des massacres contre les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale accentue les
revendications d'un État juif. La situation est très tendue. Les Britanniques ne sont plus en
mesure de garantir la paix dans la région car des milices juives s'opposent à leur autorité et
matent les révoltes arabes. Les Britanniques quittent la région en 1947. L'ONU propose
un plan de partage entre Palestiniens et Israéliens. Les Juifs acceptent le plan tandis que les
Arabes le refusent.
L'État d'Israël est proclamé par David Ben Gourion le 14 mai 1948 et provoque la
première guerre entre Israël et ses voisins arabes.
II
Proche et Moyen-Orient de 1948 à 1991
A
Proche et Moyen-Orient, un enjeu de la guerre froide
1
Les facteurs de tensions du Proche et Moyen-Orient
En 1945, de nombreux enjeux économiques, politiques et culturels font du Proche et du Moyen-
Orient une région stratégique à l'échelle mondiale.
La zone est une importante réserve d'hydrocarbures, de pétrole et de gaz, dont l'exploitation
est nécessaire pour les économies industrialisées.
C'est un carrefour de circulation essentiel entre l'Asie et l'Europe.
C'est enfin le berceau des trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et
islam) abritant les lieux saints.
Le cas des lieux saints est emblématique des tensions de la région.
En effet, les Juifs considèrent la terre d'Israël comme la Terre promise par Dieu à Abraham au
"peuple élu" en échange du respect de la loi de Dieu. Les premiers royaumes hébreux sont nés
dans cette région et à Jérusalem se trouve le Mur des lamentations, le lieu le plus saint pour les
Juifs, qui est une partie du temple détruit par les Romains.
Pour les chrétiens, la Palestine est l'endroit où a vécu le Christ et où il a fait ses miracles. Son
tombeau se trouverait à Jérusalem, ville dans laquelle il a été crucifié, ressuscité et d'où il
serait monté au paradis.
Enfin les musulmans ont leurs deux principaux lieux saints en Arabie : La Mecque et Médine.
Ce sont les villes où est né l'islam avec Mohammed et à partir d'où la religion musulmane s'est
développée. Jérusalem est aussi importante, c'est le troisième lieu saint pour les musulmans. À
l'endroit qui abrite actuellement le dôme du Rocher, Mohammed aurait effectué un voyage
nocturne et, de cet endroit, il serait monté au paradis.
Socialement, la zone est très hétérogène. Au début des années 1950, les inégalités de
richesse sont importantes.
En 1953, le revenu annuel par habitant en Irak et en Égypte est respectivement de 85 et 115
dollars alors qu'il est de 389 et 539 dollars pour le Liban et Israël.
Enfin, certaines ressources naturelles, comme l'eau, font défaut dans plusieurs régions. La forte
croissance démographique à partir des années 1950 amplifie la pression sur les ressources
naturelles et peut devenir une source de tensions.
2
Le Proche et Moyen-Orient entrent dans la guerre froide
Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS et les États-Unis, engagés dans la
guerre froide, rivalisent au Proche et au Moyen-Orient :
Les troupes soviétiques, présentes en Iran pendant la guerre, stationnent dans le pays. Sous la
pression des États-Unis, Staline évacue l'Armée rouge en 1946. Le soutien des Soviétiques
aux milices communistes en Grèce et en Turquie conduit Truman à définir la politique de
l'endiguement, qui consiste à empêcher la propagation du communisme.
Les pays du Proche et du Moyen-Orient rentrent dans la logique de la guerre froide et intègrent
les blocs. Certains pays rejoignent le bloc occidental :
L'Arabie saoudite reste un allié des États-Unis.
La Turquie et l'Iran reçoivent des aides financières des États-Unis. La Turquie intègre
d'ailleurs l'OTANen 1952.
Le pacte de Bagdad, en 1955, permet une alliance entre les États-Unis, le Royaume-Uni, le
Pakistan, l'Iran et la Turquie.
L'URSS s'appuie sur le nationalisme arabe pour s'installer dans la région. Elle devient un
soutien de Nasser qui prend le pouvoir en Égypte en 1952 et incarne ce nationalisme. Elle
dénonce l'État d'Israël et défend la cause des Arabes palestiniens.
3
La crise de Suez en 1956
Les Britanniques ont concédé l'indépendance de l'Égypte contre le maintien de leurs intérêts sur
le canal de Suez. En 1956, Nasser, président de l'Égypte, proche de l'URSS et ardent défenseur
du nationalisme arabe, décide de nationaliser le canal de Suez. Une coalition entre les
Britanniques, les Français et les Israéliens attaque l'Égypte. L'armée égyptienne subit des
défaites et doit se replier. L'URSS menace alors la coalition d'une riposte nucléaire. Pour
calmer la situation, les États-Unis exigent le retrait des forces occidentales. Nasser remporte
une éclatante victoire qui marque le recul définitif des Européens dans la région. Suite à ce
conflit, Israël est définitivement considéré comme un État pro-occidental.
Dans les années 1970, la Syrie, l'Irak et le Yémen se rapprochent de l'URSS. Avec la révolution
islamique de 1979, l'Iran quitte le bloc occidental. Dans les années 1980, l'Irak et l'Égypte
rejoignent finalement le bloc de l'Ouest.
B
Les guerres israélo-arabes et le conflit israélo-palestinien
1
Les guerres israélo-arabes
Le lendemain de la création d'Israël, le 14 mai 1948, les États arabes voisins attaquent le pays et
déclenchent la première guerre israélo-arabe.
En effet, le 15 mai 1948, l'Égypte, la Jordanie, l'Irak, la Syrie et le Liban attaquent Israël. À la
surprise générale, Israël remporte le conflit et accroît son territoire au détriment des zones
peuplées par les Arabes. 700 000 Arabes de Palestine s'enfuient ou sont expulsés ils se réfugient
dans les pays arabes voisins où ils sont parqués dans des camps. Cette fuite est appelée
la Naqba ("catastrophe" en arabe) et constitue le point de départ de ce qu'on appelle la
"question palestinienne".
L'affrontement israélo-arabe rentre dans la logique de la guerre froide. En effet, Israël s'allie
avec les États-Unis tandis que les pays arabes sont soutenus par l'URSS.
En 1967, commence la guerre des Six-Jours. Après des mois d'incidents frontaliers avec les
pays arabes, les Israéliens déclenchent une "guerre préventive" contre l'Égypte, la Syrie et la
Jordanie. En six jours, ils conquièrent le Sinaï, la Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza et le Golan.
C'est une victoire pour Israël.
L'alliance forte entre les États-Unis et Israël est scellée durant cette période. Toutefois, la
résolution 242de l'ONU exige la restitution des territoires occupés par l'État hébreu et la
reconnaissance, par les États arabes, d'Israël.
Anouar el-Sadate arrive au pouvoir en 1970 après la mort de Nasser. Pendant un temps, il
poursuit la politique contre Israël. Il est d'ailleurs à l'origine de la guerre du Kippour en 1973.
En attaquant le jour de la fête du Kippour, il mise sur l'effet de surprise, mais Israël réussit à
contrer cette attaque.
Cette guerre a des conséquences internationales. Soviétiques et Américains aident les
belligérants. En 1973, les pays arabes, réunis au sein de l'OPEP, décident de mettre en place des
restrictions dans l'approvisionnement du pétrole pour les pays qui soutiennent Israël et
provoquent le premier choc pétrolier.
Sadate change ensuite de politique. Il entreprend un rapprochement entre l'Égypte et
Israël. En 1979, la paix est signée entre Israéliens et Égyptiens dans le cadre des accords de
Camp David (1978).L'Égypte reconnaît Israël et récupère le Sinaï. Cette paix provoque des
divisions au sein du monde arabe. L'Égypte est exclue de la Ligue arabe et Sadate est assassiné
par les islamistes.
2
La question palestinienne
Depuis la guerre des Six-Jours en 1967, Israël domine la Cisjordanie (dont Jérusalem) et
Gaza, territoire qui abrite 1 million et demi d'Arabes palestiniens.
Suite à la guerre, le mouvement national palestinien se radicalise. Yasser Arafat, chef du Fatah,
prend la tête de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine). Il profite de l'échec des
pays arabes durant la guerre des Six-Jours pour affranchir l'OLP de la tutelle de ces États.
L'OLP lance des actions armées contre Israël. Toutefois, le mouvement étant basé en Jordanie,
qui souhaite normaliser ses liens avec l'État hébreux, l'OLP est expulsée en septembre 1970
(appelé le "septembre noir"). L'organisation se réfugie alors dans le sud du Liban et se
radicalise. Les Palestiniens organisent des détournements d'avion et des attentats, dont celui des
Jeux olympiques de Munich en 1972 contre les athlètes israéliens.
Le conflit israélo-palestinien s'exporte au Liban. L'OLP, soutenue par Moscou, s'allie aux partis
progressistes libanais. En 1982, Israël lance une opération militaire au Liban, nommée "Paix en
Galilée", pour mettre un terme aux opérations de l'OLP. Il occupe alors l'Ouest de Beyrouth. Les
milices chrétiennes libanaises organisent les massacres dans les camps de réfugiés palestiniens
de Sabra et Chatila avec le consentement de l'armée israélienne. L'OLP quitte le pays et se
réfugie à Tunis. Trois ans plus tard, Israël quitte le Liban.
Au début des années 1980, la création du Hezbollah, mouvement armé chiite soutenu par la
Syrie et l'Iran, reprend la lutte contre Israël. Il devient aussi un important facteur de tensions pour
le Liban.
La situation sociale est très précaire dans les territoires palestiniens occupés par Israël en
Cisjordanie et la première Intifada éclate en 1987 à Gaza. Il s'agit d'un soulèvement de la
population palestinienne contre l'occupation israélienne. Le Hamas, mouvement palestinien
islamiste radical, est créé en 1987.
C
La multiplication des conflits
Les conflits se multiplient au Proche et au Moyen-Orient.
Une guerre éclate entre l'Iran et l'Irak de 1980 à 1988. En effet, en 1979, Saddam Hussein
accède au pouvoir en Irak en s'appuyant sur les sunnites du pays. La même année, l'ayatollah
Khomeini prend le pouvoir en Iran et crée une république islamique chiite. Les
causes religieuses (chiites contre sunnites), ethniques (Arabes contre Perses)
et géopolitiques (ancien conflit frontalier entre l'Irak et l'Iran) conduisent Saddam Hussein à
lancer ses troupes contre l'Iran.
Malgré des victoires initiales, il s'avère que Saddam Hussein a sous-estimé son adversaire.
L'intense propagande du régime iranien amène à un enrôlement en masse des soldats. La guerre
dure huit ans, faitun million de morts et ne permet aucune victoire décisive.
Une autre guerre liée à la guerre froide éclate, celle d'Afghanistan, qui dure de 1979 à
1989. Elle commence avec l'intervention de l'URSS qui cherche à secourir le gouvernement
socialiste menacé par les milices tribales. Les troupes de l'Armée rouge enregistrent quelques
victoires mais le combat se prolonge contre les milices qui sont armées par les États-
Unis. L'URSS se retire en 1989, la guerre est terminée mais le pays est complètement divisé.
III
Proche et Moyen-Orient depuis 1991
A
Proche et Moyen-Orient au lendemain de la guerre froide
1
De nombreux facteurs de déstabilisation
Au lendemain de la guerre froide, malgré la fin de l'opposition entre les deux blocs, la région
reste très divisée.
Le Proche et le Moyen-Orient restent une zone comprenant de nombreux facteurs de tensions
dont les enjeux sont internationaux.
Certains de ces facteurs sont très anciens :
La région possède 50 % des réserves mondiales de pétrole connues, ce qui attire les
convoitises.
L'eau est assez rare dans le secteur. Depuis les années 1970, les tensions sont très vives entre
la Turquie, l'Irak et la Syrie suite à la construction de barrages sur les fleuves. Le problème du
partage des eaux est aussi déterminant dans le conflit israélo-palestinien car Israël contrôle de
nombreuses nappes phréatiques.
La présence de minorités, enfin, est instrumentalisée. Saddam Hussein s'appuie sur les
sunnites et les chrétiens et réprime les chiites et les Kurdes. Les Kurdes subissent une
oppression en Turquie et en Syrie. Le régime d'Assad s'appuie sur les alaouites et les chrétiens.
À ces anciens facteurs s'ajoutent de nouveaux éléments qui contribuent à la déstabilisation de la
région. Le plus important de ces facteurs est le développement de l'islamisme radical :
L'Iran impose à la société iranienne un islamisme chiite fondamentaliste.
Le Hamas a augmenté son influence en Palestine.
Le Hezbollah est bien implanté au Liban.
En Afghanistan, à la suite d'une guerre contre le gouvernement de 1992 à 1996, les
talibans sont à la tête de l'État. Le mouvement Al-Qaïda y est installé, dirigé par Oussama
ben Laden qui entreprend des opérations terroristes à partir de 1993.
2
La guerre du Golfe (1990 − 1991)
Après l'échec de Saddam Hussein contre l'Iran, l'Irak est très endetté, notamment auprès des
monarchies pétrolières de la péninsule Arabique. La guerre du Golfe débute dans ce contexte.
En effet, n'obtenant pas l'annulation des dettes, Saddam Hussein cherche des ressources
financières et envahit le Koweït en août 1990. Il veut s'accaparer les réserves pétrolières du
pays qui représentent 20 % des réserves mondiales.
Hussein instrumentalise la question palestinienne. Il refuse de quitter le Koweït si Israël ne
quitte pas les territoires qu'il occupe en Palestine. Une coalition, sous mandat de l'ONU,
intervient et libère le Koweït en février 1991.
Saddam Hussein entreprend alors une féroce répression contre les populations kurdes et
chiites en Irak. Il utilise des armes non conventionnelles comme des gaz chimiques.
La guerre du Golfe est marquée par la non-intervention de l'URSS qui est en proie à une grave
crise interne. George Bush parle de ce conflit comme symbolique du "nouvel ordre
international" qui s'installe au lendemain de la guerre froide, un ordre basé sur le
multilatéralisme.
B
La question israélo-palestinienne
À la fin de la guerre froide, au cœur du conflit israélo-palestinien, l'OLP ne peut plus compter
sur le soutien de l'URSS.
Yasser Arafat doit trouver une issue au conflit et les États-Unis veulent favoriser un retour à
la paixdans la région entre les Israéliens, les Palestiniens et les pays arabes.
Cela aboutit à la signature des accords d'Oslo en 1993 entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin.
Ces accords permettent la reconnaissance mutuelle d'Israël et de l'OLP, et la création
d'une autorité palestinienne en Cisjordanie et à Gaza. En 1994, un traité de paix est enfin signé
entre la Jordanie et Israël.
Mais les extrémistes des deux bords empêchent la poursuite du processus de paix :
Les colons juifs refusent d'évacuer les colonies.
Les attentats-suicides menés par le Hamas et le djihad islamique se poursuivent.
Yitzhak Rabin est assassiné en 1995 par un extrémiste israélien.
La situation s'aggrave en 2000. Ariel Sharon, Premier ministre israélien opposé aux accords
d'Oslo, se rend sur l'esplanade des Mosquées (le troisième lieu saint de l'islam) ce qui provoque
le début de la deuxième Intifada.
En 2005, la bande de Gaza est évacuée par les Israéliens. Le Hamas et le Hezbollah multiplient
les attaques contre Israël et le Hamas prend le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007. Le
Fatah, dirigé par Mahmoud Abbas, doit alors affronter cette nouvelle autorité palestinienne
concurrente à Gaza.
Israël entreprend des actions militaires au Liban en 2006 et à Gaza : l'opération "Plomb durci"
de 2009 et l'opération de 2014. Un mur de séparation entre l'État hébreu et la Cisjordanie est
construit.
Le processus de paix piétine. Israël conditionne la reprise des discussions à la fin des attaques
sur son territoire. Le Hamas veut, préalablement aux négociations, une levée du blocus qui
asphyxie Gaza. Certains problèmes sont difficiles à régler, comme le statut de Jérusalem,
l'occupation des colonies et la question des réfugiés.
C
Le Proche et Moyen-Orient depuis 2001
1
Les attentats du 11 septembre 2001 et leurs conséquences
L'islamisme radical constitue l'un des premiers facteurs de désordre.
Le réseau international Al-Qaïda, qui pratique une série d'attentats depuis 1993, organise les
attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Les villes de New York et de Washington sont
touchées. George W. Bush, président des États-Unis à l'époque, décide de mener une guerre
contre ce qu'il appelle l"axe du mal".
En 2001, une coalition internationale, sous mandat de l'ONU, attaque le régime des
talibans en Afghanistan qui héberge Al-Qaïda.
En 2003, les États-Unis entrent en guerre contre l'Irak de Saddam Hussein, suspectée de
détenir et de fabriquer des armes de destruction massive. Les États-Unis n'obtiennent pas le
soutien de l'ONU face à l'opposition de plusieurs pays, dont la France.
L'intervention en Irak permet la chute de Saddam Hussein mais voit l'émergence d'un
mouvement de protestation international contre la politique unilatérale des États-Unis.
2
Le printemps arabe
En 2010, un mouvement de colère monte en Tunisie et aboutit à la "révolution du Jasmin" qui
renverse le dictateur Ben Ali.
En effet, la précarité sociale qui touche de larges couches de la population et le mécontentement
envers le pouvoir despotique permettent ce "printemps arabe" qui va toucher plusieurs pays :
En Égypte, Hosni Moubarak est chassé du pouvoir.
Au Yémen, Ali Abdallah Saleh s'enfuit en Arabie saoudite.
Une coalition franco-britannique soutient les rebelles libyens et détruit le régime de Kadhafi.
Des troubles ont lieu au Maroc et au Bahreïn.
La Syrie entre dans une guerre civile.
3
Une région déstabilisée par la montée de l'islamisme
Les islamistes modérés remportent plusieurs victoires suite à la déstabilisation de la région.
Ainsi, en Turquie, l'AKP d'Erdogan dirige le pays depuis 2002 et remet en cause de nombreuses
libertés fondamentales, violant les Droits de l'Homme. En Tunisie et en Égypte, les islamistes
sont élus au pouvoir au lendemain des révolutions.
Ailleurs, ce sont les islamistes radicaux qui gagnent du terrain. En Afghanistan, où les troupes
américaines sont toujours présentes, les talibans contrôlent encore de nombreuses régions. À
cheval sur la Syrie et l'Irak, un État se revendiquant de l'islam fondamentaliste s'est créé. Il s'agit
de Daech, qui mène une intense propagande pour le recrutement de djihadistes. Enfin,
la Libye est en proie à une guerre civile dans laquelle les groupes islamistes sont des acteurs
fondamentaux.
En 2014, les gouvernements islamistes élus en Égypte et en Tunisie sont remplacés par des
gouvernements laïques :
En Égypte, l'armée, derrière le général Fattah el-Sissi, reprend le pouvoir et mène une intense
répression contre les islamistes.
En Tunisie, la coalition laïque de centre-gauche dirigée par Beji Caïd Essebsi, est élue en
décembre. Le président sortant qui a gouverné avec les islamistes perd les élections.
À l'inverse, en Turquie, malgré un important mouvement protestataire en 2013, le gouvernement
d'Erdogan enregistre des succès électoraux et restreint de plus en plus les libertés.