Procédure civile
1-La procédure civile : ensemble des démarches à suivre par toute
personne désireuse de soumettre à une décision judiciaire la résolution
d’un litige de nature civile dont l’objet est de réaliser des droits entre
particuliers.
2-L’action en justice : est le droit, pour l’auteur d’une prétention,
d’engager une procédure devant une juridiction et être entendu sur le
fond de cette prétention dans le but d’obtenir la reconnaissance ou la
protection de ce droit.
3-Distinction entre action et demande : selon Solus et Perrot « la
demande en justice est l’acte de procédure par lequel le titulaire d’une
action exerce effectivement le pouvoir qui lui est donné par la loi de
saisir un juge.
Ainsi définie, la demande en justice correspond techniquement à une
notion bien précise qu’il ne faut pas confondre avec l’action qui lui a
donné naissance. Tandis que l’action est une voie de droit, c’est-à-dire un
pouvoir légal, la demande en justice est l’acte par lequel une personne
use de ce pouvoir.
4-L’action et demande :
L’action est le pouvoir légal de saisir une juridiction et la demande est
l’acte de procédure par lequel une personne, le demandeur, exerce cette
faculté d’agir. La doctrine avait qualifié la demande en justice comme
étant « l’acte d’ouverture des hostilités ». La distinction entre ces deux
notions apparaît donc clairement. L’action est une voie de droit, si une
personne souhaite l’exercer il doit alors transformer cette faculté en acte.
Cet acte est précisément la demande en justice qui peut prendre soit la
forme d’une requête écrite ou d’une déclaration verbale dans les
conditions et les formes fixées par le code de la procédure civile.
5-Les conditions de recevabilité de l’action :
1- L’intérêt :
C’est l’avantage pécuniaire ou moral que l’on peut retirer d’une action en
justice :
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L’intérêt doit être légitime et juridiquement protégé :
- L’intérêt qui donne le droit à une action en justice doit être légitime,
cela signifie qu’il ne doit être contraire ni à la loi ni à l’ordre public
ou aux bonnes mœurs.
- L’intérêt doit être juridiquement protégé, cela signifie qu’il doit être
fondé sur un droit ou tendre à la défense d’un droit.
L’intérêt peut être soit pécuniaire (une créance) soit moral (atteinte à la
réputation).
L’intérêt doit être direct et personnel :
Celui qui souhaite former une action en justice doit avoir un intérêt
personnel à agir. Cela signifie qu’un plaideur n’est en droit d’exercer une
action que si la violation du droit porte atteinte à ses propres intérêts et
que l’action lui procure un avantage personnel.
En conséquence, il ne saurait agir dans le but d’assurer le respect et
l’intérêt général dont la défense incombe au ministère public.
Il n’est pas non plus en mesure d’agir pour défendre les intérêts d’autrui
sous réserve des hypothèses de représentation.
L’intérêt doit être né et actuel :
Le demandeur doit établir ou exciper d’un intérêt « né et actuel »
autrement dit, le droit d’agir en justice est subordonné à l’existence d’un
intérêt à agir qui existe le jour de l’exercice de l’action.
2- La capacité :
L’action en justice doit être intentée pour une personne capable d’agir en
justice.
En principe, toute personne physique ou morale, dotée de la personnalité
jouit de cette capacité. Mais ce principe admet quelques exceptions :
• Certaines personnes physiques ne peuvent agir en justice elles-
mêmes et doivent donc être représentées par des mandataires
légaux.
• Les personnes morales qu’elles soient publiques ou privées sont
également frappées d’une double incapacité : d’une part elles sont
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représentées par une personne physique et d’autre part, celle-ci doit
être autorisée.
3-La qualité :
• La qualité qualifie le rapport liant le demandeur à la chose objet du
litige. Cette condition doit se réaliser aussi bien chez celui qui
soulève une prétention que chez celui qui veut la combattre. De
même l’action civile en réparation ne peut être exercer que par la
victime qui a subi un dommage et contre l'auteur de l’acte
préjudiciable ou celui qui est considéré par la loi comme étant
civilement responsable.
La qualité doit être précisée clairement dans la requête.
6-Les sanctions des conditions de recevabilité :
• Le juge relève d’office le défaut de qualité, de capacité ou d’intérêt.
Il met ainsi en demeure la partie de régulariser la situation dans un
délai qu’il fixe, et si la régularisation intervient l’action sera
déclarée comme valablement engagée et donc recevable.
Dans le cas contraire, l’action sera déclarée irrecevable. Les
personnes pouvant relevé l’absence d’une condition de recevabilité
sont le juge et les personnes intéressés.
7-les causes de suspension ou d’interruption d’audience
Seront d’abord étudiées les causes de suspension (A) puis
d’interruption (B)
A : La suspension : l’instance est suspendue lorsque surviennent des
évènements dont la disparition future permettra de poursuivre le
déroulement du procès.
1) Le sursis à statuer
Cet évènement consiste en l’attente d’une décision à intervenir
dans le cadre d’une instance pendant devant une autre juridiction1.
Il en est ainsi par exemple lorsque des poursuites pénales2 sont
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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engagées à l’encontre des auteurs ou complices d’inscription de
faux.
Ainsi, la décision de sursis suspend le cours de l’instance pour le
temps ou jusqu’à la survenance de l’évènement qu’elle détermine
(la décision du juge pénal par exemple).
2) La radiation du rôle de l’audience
« C’est une mesure de police processuelle destinée à sanctionner le
comportement peu diligent des plaideurs qui se sont abstenus
d’accomplir les actes de la procédure dans les délais requis ». Elle
peut également avoir pour finalité de sanctionner le comportement
rétif d’une partie refusant d’exécuter une décision exécutoire.
La décision de suspendre l’instance découle du tribunal, qui n’est pas
dessaisi pour autant.
La radiation suspend donc l’instance mais n’emporte pas son
extinction.
B : L’interruption :
Les causes d’interruption de l’instance tiennent à la modification ou le
changement dans la situation des parties par un décès ou une
modification dans la capacité.
L’interruption peut également découler de la cessation de ses
fonctions par l’avocat lorsque la représentation est obligatoire, ou
encore la cessation des fonctions du représentant légal d’un
incapable.
Pour autant, le décès ou la modification dans la capacité des parties
ne peut retarder le jugement d’une affaire si celle-ci est en état d’être
jugée (article 114 CPC), sinon, l’instance reprend après
l’accomplissement des formalités de reprise d’audience (cas de
reprise volontaire par la partie-art118- , ou cas de reprise forcée par
voie de citation émanant du juge ou de la partie adverseart115-).
Les reprises d’instance ont lieu dans les formes prévues pour
l’introduction des instances (art 117).
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8-Causes d’extinction de l’instance
L’issue logique d’un procès est un jugement, mais il arrive que les
parties y mettent fin avant. Il arrive également que la péremption
éteigne l’instance.
A : Le désistement :
Le désistement est un acte unilatéral, mais le défendeur peut avoir
intérêt a s’y opposer, s’il estime par exemple que les conditions sont
favorables pour que l’affaire soit tranchée en sa faveur, et qu’il veut
éviter qu’un autre procès lui soit fait ultérieurement1.
Les parties peuvent se désister par acte écrit ou déclaration consignée
au procès-verbal mentionnant que la partie renonce à l’action7.
B : L’acquiescement :
C’est le fait de la part du défendeur de se soumettre aux prétentions
de l’autre.
« Les raisons de ce renoncement peuvent tenir à une prise de
conscience du bien-fondé des prétentions du demandeur. Le
renoncement peut également être le fruit de négociations
préalablement intervenue entre les parties »
L’acquiescement peut être soit à la demande soit au jugement
C : La péremption d’instance :
Il s’agit de l’extinction de l’instance à cause de l’inaction des parties
pendant un certain délai. On parle de manque de diligence.
La notion de diligence : la diligence interruptive de péremption se
dit de l’acte ou du fait émanant d’une partie et effectué en vue faire
progresser l’affaire avant l’expiration du délai de péremption
9-Les moyens de défense :
Le défendeur dispose de 3 moyens pour répondre aux prétentions du
demandeur :
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1- La défense au fond :
Il s’agit d’un moyen qui tend à rejeter la prétention de l’adversaire. De ce
fait, le défendeur veut s’attaquer directement au droit du demandeur.
Les défenses au fond peuvent être présentées à tout moment de la
procédure et si elles sont accueillies par le juge, permettent de mettre un
terme définitif au litige.
La décision rendue aura l’autorité de la force jugée.
2- Les exceptions de procédure :
Ces moyens de défense peuvent prendre plusieurs formes :
• Le défendeur peut présenter une exception d’une compétence,
arguant que le tribunal saisi n’est pas compétent territorialement
ou rationae materiae.
• Exception de litispendance : suppose que le même litige entre les
mêmes portes se trouve soumis à deux juridictions également
compétentes.
• Exception de connexité : lorsque 2 litiges portés devant 2 tribunaux
différents présentent un lien étroit.
L’exception de nullité : par laquelle une partie invoque la nullité d’un acte
de procédure (non-respect de délais, mentions insuffisantes si la
requête…)
3- La fin de non-recevoir :
Le défendeur soutient qu’il manque une condition de recevabilité de
l’action.
Par exemple, il va invoquer le défaut d’intérêt ou de qualité ou se
prévaloir de la prescription.
En réalité, le défendeur ne conteste par la demande au fond mais
seulement le droit à l’exercice de l’action.
Si la fin de non-recevoir est accueillie par le juge elle aboutit à l’échec
définitif de la demande.
10-Les procédures en cas d’urgence ( La compétence particulière du
PTI) :
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Il en existe trois : la procédure d’ordonnance sur requête, la procédure de
référé et la procédure d’injonction de payer.
A : La procédure d’ordonnance sur requête
L’ordonnance sur requête est une décision de justice rendue sous la
forme d’ordonnance et apposée au bas de la requête par laquelle le juge
compétent est saisi.
Deux conditions sont exigées pour qu’une ordonnance sur requête soit
prononcée : il faut que la mesure sollicitée soit urgente et qu’elle ne
préjudicie pas au principal.
Cette procédure peut être utilisée dans diverses matières comme par
exemple : les ordonnances aux fins de saisie conservatoire, ordonnance
en matière de statut personnel…etc
La compétence en la matière est celle exclusive du président du TPI, qui
peut toutefois se faire remplacer, en cas d’empêchement, par le magistrat
le plus ancien.
B : La procédure de référé
Le référé est en principe, une procédure rapide et simple qui a pris une
très grande extension et son domaine tend de plus en plus à s’élargir. Les
plaideurs y ont même recours de manière excessive. On a dit du juge des
référés qu’il était : « la juridiction de droit commun du provisoire et de
l’urgence ».
-Conditions de mise en œuvre – L’ordonnance de référé est prononcée en
cas d’urgence. L’urgence doit s’apprécier en raison de la nature de
l’affaire et des conséquences graves et parfois irréparables qu’un retard
peut entraîner si une décision n’est pas prise immédiatement.
La notion d’urgence est appréciée par le juge au moment où il statue. Si
ce magistrat constate souverainement qu’il n’y a pas d’urgence, il décide
qu’il n’y a pas lieu à référé et se déclare incompétent. Il est tenu de porter
la mention « vu l’urgence » dans le dispositif de l’ordonnance de référé.
Quant à la seconde condition, le juge des référés ne doit jamais trancher
une question touchant au fond du litige, il ne préjudicie pas au principal.
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-Compétence- Une compétence générale d’attribution appartient au
président du T.P.I, mais aussi au premier président de la C.A.
C : La procédure d’injonction de payer
La procédure d’injonction de payer, introduite par un texte spécial en
1951, est aussi une procédure accélérée. Elle est régie actuellement par
les articles 155 à 165 du C.P.C. C’est une procédure simplifiée pour les
autres actions en recouvrement des créances résultant d’un titre ou d’une
promesse reconnue.
- Domaine d’application
-Recouvrement d’une créance supérieure à 1000 dhs
- Cette procédure est utilisée pour le recouvrement de créance en
l’occurrence pour toute demande en paiement d’une somme d’argent
supérieure à 1000 dhs.
-Créance exigible en vertu d’un titre ou d’une promesse reconnue. Tel est
le cas du règlement d’une traite (lettre de change, billet à ordre), relative à
une fourniture quelconque, du règlement d’une transaction, du paiement
ou d’une obligation
-Créance liquide (somme d’argent)- Cette procédure est utilisée seulement
lorsqu’il s’agit d’une somme d’argent, c’est-à-dire d’une créance liquide2
et non d’obligation de fournitures.
-Procédure non applicable à un débiteur résidant à l’étranger ou n’a
pas de domicile au Maroc
- c’est ce qui ressort de l’article 157 du C.P.C qui précise : « La requête
n’est pas recevable si la notification doit avoir lieu à l’étranger ou si le
débiteur n’a pas de domicile connu sur le territoire du Royaume ». -
Procédure et effets
Le président du tribunal de première instance est seul compétent
pour connaitre des requêtes aux fins d’injonction de payer.
11-Les voies de recours ordinaires :
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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1- L’appel :
Le principe du double degré de juridiction se caractérise par le droit de
faire appel. L’appel ouvre une nouvelle instance devant une juridiction
hiérarchiquement supérieure.
L’appel est la voie de recours ordinaire par laquelle une partie qui a
succombé devant une juridiction s’adresse à la juridiction supérieure
pour obtenir la réforme de la décision des premiers.
D’une part, l’appel est une voie de recours ordinaire, voire de droit
commun. Il suffit qu’il n’y ait pas de texte qui l’interdise pour pouvoir y
recourir.
D’autre part, l’appel est une voie de réformation, ç à d que le nouvel
examen de l’affaire sera fait par une juridiction autre que celle qui avait
statué et qui doit être de degré supérieur, composé parfois de magistrats
plus nombreux et plus expérimentés.
L’appel tend à faire reformer ou annuler par une juridiction de second
degré un jugement rendu par une juridiction du premier degré.
L’appelant demande à la cour d’infirmer le jugement, soit en le réformant
si le jugement est mal fondé, soit en l’annulant s’il existe une irrégularité
de la procédure de première instance.
L’appel est réglementé par les Art 134 à 146 et par les Art 328 à 352.
2- Opposition :
L’opposition est une voie de rétraction, puisque le tribunal même qui
avait déjà rendu le jugement par défaut que l’on demande de revenir sur
sa décision première pour statuer en fait et en fait et en droit.
L’opposition est réglementée par les dispositions des Art 130 à 133 du
CPC.
La voie d’opposition n’est ouverte que lorsque la décision rendue n’est
pas susceptible d’appel.
L’opposition ne peut être exercée que contre une décision par défaut. Les
jugements contradictoires ne peuvent pas être attaqués par la voie
d’opposition. En d’autres termes, seuls les jugements rendus par défaut
en dernier ressort peuvent faire l’objet de cette voie de recours ordinaire.
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Tel est le cas des jugements rendus par défaut par les tribunaux de
proximité.
Il y a jugement par défaut si 3 conditions sont réunies/ le défendeur
n’est pas comparant, il n’a pas été assigné à personne et le jugement n’est
pas susceptible d’appel.
Il y a arrêt par défaut si 2 conditions sont réunies : l’intimé n’est pas
comparant et il n’a pas été assigné à personne (intimé unique) en cas de
pluralité d’intimés, lorsque l’un au moins des intimés non comparants n’a
pas été cité à personne.
12-Les voies de recours extraordinaire :
1- La tierce opposition :
La tierce opposition est la voie de recours extraordinaire ouverte aux
personnes qui éprouvant un préjudice par l’effet d’un jugement auquel
ils n’ont été ni partie, ni représenté.
Par cette voie de recours une tierce demande à une juridiction de
rétracter une décision qui lui fait grief. Ceci permet au juge de modifier
une décision à l’égard d’un tiers sans affecter les effets de cette décision
dans les rapports avec les autres parties. La tierce décision est
réglementée par l’art 303 à 305 du CPC, pour pouvoir former la tierce
opposition il faut former 3 conditions :
- Il faut avoir un intérêt, il suffit donc la personne invoque un
préjudice pour ses intérêts pour qu’il puisse justifier de cet intérêt.
- Il ne faut n’avoir été ni partie, ni représenté.
- Il faut qu’il s’agisse d’une décision susceptible d’une tierce
opposition.
2- La rétraction :
Le régime juridique de la rétraction est défini par l’art 402 à 410 du CPC.
C’est la voie de recours extraordinaire par laquelle une partie demande à
la juridiction elle-même qui statue de modifier sa décision de passer à la
force de la chose jugée parce qu’elle est rendue par erreur découverte
postérieurement en statuant a nouveau en fait et en droit, en d’autres
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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termes c’est une voie de rétraction par laquelle on prit un tribunal de
modifier une décision rendu par erreur.
Les cas d’ouverture de la rétraction sont limitativement déterminés par
l’art 402 du CPC.
3- Le pourvoi en cassation :
Le pourvoi en cassation est la voie de recours extraordinaire qui a pour
objet de faire annuler par la cour de cassation les jugement et arrêt par
dernier ressort rendu en violation de la loi, a l’exception des jugements
avant du droit.
Le pourvoi en cassation est un, recours extraordinaire dans la mesure ou
cette voie de recours ne peut être former que des causes strictement
déterminer par la loi.
Le pourvoi en cassation n’est ni une voie ni une voie de rétraction ni une
voie de reformation dans la mesure où la cours de cassation ne tranche
jamais le litige. Elle n’est pas chargée de jugé nouveau l’affaire en droit et
en fait. Elle ne constitue point un troisième dégrée de juridiction.
Le pourvoi en cassation vise également la défense de l’intérêt sociale,
puisque même si les justiciable ne font pas appel à cette voie de recours,
ils n’ont demeure pas moins que le ministère public peut, d’une certaine
circonstance, et pour le principe former le pouvoir en cassation.
Le recours en cassation est régi par les arts 353 à 401 du CPC.
La cours de cassation est compétente de statuer dans les domaines
suivants :
1- Les pourvois en cassation formé contre les décisions rendu en
dernier ressort par toutes les juridictions du royaume ont
l’exception des demandes dont la valeur est inférieure à 20 DH et
celle relative de recouvrement des loyers et les charges qui en
découle ou à leur révision.
2- Les recours en annulation pour excès de pourvoi formé contre les
décisions émanant des autorités administratives
3- Les recours former contre les actes et décisions part lesquelles les
juges excèdent leur pouvoir
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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4- Les règlements de juge entre juridiction n’ayant au-dessus d’elle
aucune juridiction commune autre que la cours de cassation
Les pourvois soumis à la cour de cassation doivent être fonde sur l’une
des causes ci-après :
1- Violation de la loi interne ;
2- Violation de règle de procédure ayant causé préjudice a une partie ;
3- Incompétence ;
4- Excès de pouvoirs ;
5- Défaut de base légale ou défaut de motifs.
13-La classification des actions :
Action réelle et action personnelle :
Cette classification est fondée sur la nature du droit litigieux :
- L’action personnelle est celle par laquelle s’exerce un droit
d’obligation personnel, l’action en réclamation d’une créance par
exemple.
- L’action réelle est celle par laquelle s’exerce un droit réel, le droit
de propriété par exemple.
- L’action mixite quant à elle, est celle par laquelle s’exerce à la fois
un droit réel et un droit personnel née du même acte juridique.
Une distinction est opérée entre 2 types d’action mixte :
1- Les actions ayant pour but l’exécution d’un acte juridique qui tout
en transférant un droit réel immobilier, donne naissance à un droit
de créance.
2- Les actions relatives à l’anéantissement des actes juridiques
translatifs de droit réel immobilier (la résolution d’une vente pour
défaut de paiement).
- Cette distinction présente un intérêt quant à la compétence.
En matière réelle immobilière : la compétence appartient au tribunal du
lieu de la situation de l’immeuble et en matière personnelle : la
compétence appartient au tribunal du lieu de la résidence du défendeur.
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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En matière mixte : la compétence appartient à la fois au tribunal du lieu
de la situation de l’immeuble mais aussi le tribunal du lieu où se trouve le
domicile et la résidence du défendeur.
A la procédure : l’action personnelle s’exerce contre la personne même
qui s’est obligé alors que l’action réelle s’exerce contre toute personne
qui se trouve être le « détenteur » du bien litigieux.
Les actions mobilières et immobilières :
La distinction entre action mobilière et action immobilière repose sur
l’objet du droit que ces actions ont pour but de sanctionner. Ainsi, si
l’action porte un bien immobilier, elle est immobilière, si l’action porte
sur un bien immobilier, elle est immobilière, si l’action porte sur un bien
mobilier elle est mobilière.
Cette distinction est importante en ce qui concerne la compétence :
Ainsi en cas d’action immobilière, le tribunal compétant sera celui de la
situation de l’immeuble en question alors que pour l’action mobilière, le
tribunal compétant sera celui du lieu où demeure le défendeur.
Les actions pétitoires et les possessoires :
La distinction entre les actions pétitoires et possessoires représente une
sous distinction des action réelles immobilières.
- Les actions pétitoires : sont celles qui ont pour objet la sanction
d’un droit réel par exemple la protection d’un droit de propriété.
Ces actions permettent de juger le fond du litige.
- Les actions possessoires : sont celles qui tendent à protéger le fait
même de possession ou de détention d’un immeuble.
Il ne s’agit donc pas de protéger le fond du droit mais du simple fait
matériel qui est la possession.
Les 3 types d’action possessoires :
- La complainte :
Elle tend à faire cesser un trouble grave et actuel de la possession.
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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- La dénonciation de nouvel œuvre :
C’est une action préventive tendant à faire cesser des travaux dont
l’achèvement constituerait un trouble à la possession.
- La réintégrande :
Tend à permettre à la victime d’une voie de fait, d’agir en justice pour
récupérer la jouissance de la chose perdue.
14-Les mesures d’instructions :
Les mesures d’instructions sont les moyens auquel peut recourir les
juridictions de fond, d’office ou à la demande de l’une des parties.
Ces mesures permettant à la juridiction de fond de se constituer une
idée claire à propos d’une affaire.
1- L’expertise :
L’expertise est une mesure d’instruction dans laquelle il est fait appel à
un homme de l’art.
Sa réalisation permet à la juridiction saisie de disposer de l’avis d’un
spécialiste d’une question à caractère technique dont dépend la solution
du litige.
L’expert est désigné par le juge rapporteur ou par la juridiction du
jugement statuant en audience ou en chambre du conseil.
Cette désignation est effectué d’office ou à la demande de l’une des
parties.
Le délai de disposition du rapport de l’expert est fixé par le juge chargé
de l’affaire ou par le juge rapporteur. L’expert doit se limiter à donner
des réponses aux questions techniques qui lui ont été posés par le
magistrat chargé de l’instruction.
Le rapport de l’expertise peut être soit écrit soit oral. Le rapport écrit doit
être déposer dans un délai fixer par le juge au greffe de la juridiction
compétente. En fait, le rapport ne s’impose pas à la juridiction qui a
ordonné cette mesure.
2-La visite des lieux
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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Est une mesure qui permet au juge, pour les besoins de l’instruction de
se transporter sur des lieux ayant abrité le litige afin de constater, lui-
même, l’existence ou l’absence d’un fait.
Cette mesure peut ordonner soit d’office soit à la demande de l’une des
parties.
Quand le juge ordonne une visite des lieux, il fixe le jour et heure
auxquels il y sera procédé en présence des parties.
Il peut ordonner qu’un expert assiste à la visite des lieux si l’objet de
cette visite nécessite des connaissances qui lui sont étrangères.
Un procès-verbal de la visite des lieux doit être dressé et signé par le
président de la formation qui a effectué cette visite et le greffier ou
par le juge rapporteur ou encore le juge chargé de l’affaire et le
greffier, selon le cas de figure.
3- L’enquête
L’enquête est une mesure d’instruction qui permet au juge
d’entendre les témoins et les parties du litige. Cette mesure, peut
être ordonnée soit d’office soit à la demande de l’une des parties.
La jurisprudence de la cour suprême a tendance à attribuer à cette
mesure un caractère obligatoire en certaines matières.
Toute personne, quelle que soit sa qualité, peut être entendue en tant
que témoin, à l’exception des personnes déterminées par l’article
75 du CPC. Ces dernières, sont exclues en raison, de leur lien de
parenté ou de leur alliance avec l’une des parties.
La décision ordonnant une enquête, doit déterminer les faits. Il
doit aussi déterminer le jour
et l’heure de l’audience qui lui sera consacrée. La décision rendue,
doit être notifiée aux parties. Ces dernières doivent présenter la
liste de leurs témoins ou les faire connaitre au greffier dans un
délai de cinq jours à compter de la notification. Les témoins
doivent être entendus séparément, après avoir prêté serment et
après avoir précisé leur identité. Cette règle permet, d’éviter que
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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l’un d’entre eux soit influencé par le témoignage d’un autre. Le
juge peut, s’il estime nécessaire, entendre les témoins de nouveau.
4: le serment des parties
Ce moyen est un des aspects du CPC inspirés de la tradition arabo-
musulmane.
Il s’agit pour une partie, afin de mettre un terme définitif au litige, de
déférer le serment à son adversaire pour lui permettre de faire la
preuve de ses prétentions.
Le serment doit être prêté à l’audience par la partie en personne, et en
présence de l’autre partie. Il doit être formulé de la manière suivante :
« je jure devant Dieu », et un acte de ce serment est donné par le
tribunal à celui qui l’a prononcé.
En cas d’empêchement légitime, le serment peut exceptionnellement
être prêté devant un juge commis ou une formation commise qui se
rend chez la partie, assisté du greffier qui dresse procès-verbal de
l’accomplissement de cette formalité.
Le serment peut également être prêté devant le tribunal de première
instance du domicile de la partie si celle-ci demeure dans un lieu très
éloigné. Un acte de ce serment lui sera donné par le juge.
Notons que dans des cas précis (article 87), le serment peut être
déféré d’office par le juge à l’une des parties.
5 : les vérifications d’écritures et le faux incident
Cette mesure est régie par les dispositions des articles 89 à 91 du
CPC ; elle permet d’examiner la sincérité d’un acte sous seing privé
qui a été contesté par la partie adverse. La vérification peut porter
soit, sur le contenu de l’acte soit, sur la signature apposée sur lui.
Cette mesure ne peut être ordonnée que si elle est nécessaire à la
solution du litige. La juridiction de fond n’est pas obligée de procéder
à la vérification d’un acte dont l’écriture ou la signature est déniée ou
contestée ; que si elle compte se référer à cet acte pour donner une
solution à la question litigieuse.
PROCEDURE CIVILE PAR MOSTAFA EL FARAH – BON COURAGE
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Contrairement à la vérification d’écriture, le faux incident,
concerne aussi bien, les actes authentiques que les actes sous
seing privé. Ce moyen peut être évoqué à tout moment, devant les
juridictions de fond ; il n’est soumis à aucun délai de prescription.
Le faux incident, constitue un moyen de défense au fond. Il peut
être évoqué en tout état de cause et même pour la première fois,
devant la cour d’appel. La juridiction compétente ne peut passer
outre ce moyen, que dans le cas prévu par la loi. Le faux incident
doit être expressément requis par la partie concernée. La
juridiction de fond, ne peut pas l’évoquer d’office. Si ce moyen est
déclaré recevable, la juridiction de fond adresse une sommation à
la partie qui a produit la pièce concernée. Cette dernière doit
déclarer dans un délai de huit jours, si elle entend s’en servir ou
s’il y renonce. Le défaut de déclaration dans le délai précité vaut
renonciation à se prévaloir de la pièce arguée de faux.
15-- Les demandes additionnelles
Ce sont des demandes par lesquelles une partie modifie ses prétentions
antérieures. Cette demande peut émaner de toute partie du procès, elle peut
être présentée par le demandeur. Dans ce cas, elle vise à modifier la demande
initiale. En revanche, elle peut aussi être présentée par le défendeur qui a
présenté une demande reconventionnelle. Ou même par celui qui a présenté une
demande en intervention.
La demande additionnelle peut viser soit à augmenter l´objet de la demande,
soit le réduire en invoquant d´autres prétentions qui ne figuraient pas dans la
1ère demande.
16-- Les demandes reconventionnelles
Ce sont des demandes qui émanent du défendeur originaire et par le biais
desquelles, ce dernier tente d´obtenir un avantage et ne se contente pas de
rejeter les demandes de son adversaire. En d´autres termes, le défendeur
dans ce cas, contre-attaque, il formule à son tour une prétention contre le
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demandeur qui a présenté la demande principale, et qui devient
défendeur.
En effet, la présentation d´une demande reconventionnelle, transforme
partiellement, le défendeur en un demandeur, il est dit dans ce cas ‘’demandeur
à la reconvention’’. Exemple : à une demande principale en exécution d´un
contrat, le défendeur oppose une demande reconventionnelle en nullité du
contrat pour vice de consentement, il réclame de ce fait, des dommages et
intérêts.
Enfin, la demande reconventionnelle permet de faire jouer la compensation judiciaire,
ce qui évite au défendeur de subir l´insolvabilité du demandeur. En effet, l´avantage
de la demande reconventionnelle se situe au niveau du gain du temps et d´argent
pour les plaideurs et surtout une meilleure justice, puisque le tribunal a une vue
d´ensemble du litige.
17-- Les demandes incidentes émanant d´un tiers (en intervention)
Les demandes incidentes émanant d´un tiers (en intervention), sont celles, qui
sont présentées par un tiers afin de s´associer à une instance en cours. La
demande en intervention peut être volontaire comme elle peut être forcée :
- la demande en intervention volontaire est dirigée contre une partie du litige.
Elle peut être soit principale soit accessoire.
L´intervention principale est celle qui tend à soumettre au juge une
prétention propre à celui qui l’a formulé. En revanche, l´intervention
accessoire est celle, par le biais de laquelle l´intervenant vise seulement à
appuyer les prétentions d´une partie du litige.
- En ce qui concerne la demande en intervention forcée, dite aussi, la mise
en cause d´un tiers, est une demande qui est dirigée contre un tiers en
vue de l´obliger à intervenir dans un litige. La doctrine distingue entre
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deux types de demandes en intervention forcée en fonction de leur
objectif qu´elles visent à atteindre. La première est la demande en
intervention forcée aux fins de condamnation telles que l´appel en
garantie. Cette demande peut être dirigée contre un tiers à l´encontre
duquel le demandeur aurait pu diriger sa demande initiale. Le second type
regroupe les appels en déclaration du jugement commun. Cette
demande a pour objectif d´étendre à un tiers l´autorité de la chose jugée
du jugement qui sera prononcé à l´encontre du défendeur. La recevabilité
de la demande en intervention forcée est subordonnée à la réunion des
mêmes conditions exigées pour la recevabilité des autres demandes
incidentes. L´existence d´un lien suffisant est aussi nécessaire.
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