318 É NERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE

P 16
Énergie électromagnétique
ellaSaL - hpesoJ tniaS tnemessilbatÉ - - IST EGPC - eimihC - euqisyhP

16.1 Compétences du chapitre

Notions et contenus Capacités exigibles

Densité volumique de force électro-
magnétique. Puissance volumique • Établir et utiliser l’expression de la puissance volumique
cédée par le champ électromagné- cédée par le champ électromagnétique aux porteurs de
tique aux porteurs de charge. charge.

Loi d’Ohm locale ; densité volu-

mique de puissance Joule. • Analyser les aspects énergétiques dans le cas particulier
d’un conducteur ohmique.

Densité volumique d’énergie élec-

tromagnétique et vecteur de Poyn- • Utiliser le flux du vecteur de Poynting à travers une surface
ting : bilan d’énergie. orientée pour évaluer la puissance rayonnée.
• Effectuer un bilan d’énergie sous forme globale.

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16.2 Puissance cédée par le champ électromagnétique 319

16.2 Puissance cédée par le champ électromagnétique

16.2.1 Cas d’une particule ponctuelle

Une particule ponctuelle M de masse m et de charge q, se déplaçant à la vitesse −

→
v dans un champ électro-
→ −
− →
magnétique [ E , B ] est soumise à la force de Lorentz :
Ä− →ä

Physique - Chimie - CPGE TSI - Établissement Saint Joseph - LaSalle

−→ → → −
FL = q E + − v ∧ B
Ä →ä →
−
Le produit mixte − →
v ∧ B ·− v contient 2 vecteurs colinéaires et est donc nul. On en déduit la puissance
de la force de Lorentz :
−→ → → →
−
P = F ·− Lv = q E ·−v
La puissance du terme magnétique est donc nul.

16.2.2 Distribution volumique de charge

Pour un élément de volume dτ , de densité volumique de charges mobiles ρm centré en M , la force élémen-
taire est donnée par :
−−→ Ä−→ → − →ä
dFL = dq E + − v ∧ B
Ä−
→ → − →ä
= ρm dτ E + − v ∧ B
La puissance de la force de Lorentz associée est :
−−→ → → →
−
dP = dFL · − v = ρm E · − v dτ

Or, la densité volumique de courant en M est égale à :

→
−
j = ρm −→v

On en déduit alors la densité volumique de puissance (ou puissance volumique) cédée par le champ élec-
tromagnétique aux porteurs de charges :

dP → −
− →
= j · E
dτ

Cette énergie est cédée par le champ électromagnétique à la matière.

16.3 Densité volumique d’énergie électromagnétique

16.3.1 Expression

→
−
Au champ électrique E , on associe une densité volumique d’énergie électrique we :
E2
we = ε0
2
→
−
Au champ magnétique B , on associe une densité volumique d’énergie magnétique wm :
B2
wm =
2 µ0
→ →
− −
Au champ électromagnétique [ E , B ] est associée la densité d’énergie électromagnétique wem = we +
wm :

E2 B2
wem = ε0 +
2 2 µ0

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 320 É NERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE

16.3.2 Calcul

En règle générale, pour calculer l’énergie électromagnétique contenue dans un volume τ , il faut intégrer la
densité volumique d’énergie électromagnétique sur tout le volume considéré :
ZZZ
Wem = wem d3 τ
(τ )

Si la densité d’énergie électromagnétique wem est uniforme, c’est-à-dire constante dans l’espace, alors on
peut la sortir de l’intégrale, ce qui donne :
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ZZZ
Wem = wem d3 τ = wem τ
(τ )

16.3.3 Exemples

16.3.3.1 Condensateur plan

C
iC

A B
uAB — Lois —
F IGURE 16.1 – Condensateur : conventions
dq
Comme déjà vu dans un chapitre précédent, la capacité C d’un iC =
dt
condensateur plan vaut : q
uAB = uC =
C
ε0 S duC
C= iC = C
ℓ dt
où S est la surface d’une des armatures et ℓ la distance entre
elles.

Les unité s :

L’intensité iC du courant s’exprime en ampères A, la tension uC en volts V , la charge q en coulombs

C, la capacité C en farads F , la durée dt en secondes s.

En notant We l’énergie électrique emmagasinée au cours de la charge d’un condensateur de q = 0 à q = Q

(de t = 0 à t = ∞), on a :
Z t=∞
We = uC i dt
t=0
Z t=∞
q dq
= dt
t=0 C dt
Z q=Q
q dq
=
q=0 C
2
Q
=
2C
Or, le champ électrique E vaut :
U
E=
ℓ
Q
=
Cℓ
Q
=
ε0 S

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16.3 Densité volumique d’énergie électromagnétique 321

On en déduit l’énergie électrique we contenue dans le volume τ = Sℓ :

We
we =
τ
Q2
=
2Cτ
ε2 S 2 E 2 ℓ
= 0
2 ε0 S 2 ℓ

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ε0 E 2
=
2

Cette énergie est appelée densité volumique d’énergie électrique :

ε0 E 2
we =
2

— Remarque —

Ici, comme we = C te , alors We = we τ mais en général, l’énergie électrique a pour expression :

ZZZ
We = we d3 τ
(τ )

16.3.3.2 Solénoïde illimité

iL L
— Loi —
uL diL
uL = L
F IGURE 16.2 – Bobine : conventions dt

Les unité s :

L’intensité iL du courant s’exprime en ampères A, la tension uL en volts V , l’inductance propre L

en henrys H, la durée dt en secondes s.

Comme déjà vu en première année, le flux du champ magnétique à travers une spire circulaire vaut
Φ′ = B S. Pour un solénoïde considéré comme infini et de longueur ℓ, il vaut Φ = N B S avec N le
nombre de spires total du solénoïde : c’est le flux propre Φp = L I.

Dans un chapitre précédent, l’expression du champ magnétique créé par un solénoïde a été démontré :
N
Bext = 0 à l’extérieur et Bint = µ0 n I = µ0 I à l’intérieur.
ℓ
L’expression du flux propre permet d’accéder à l’inductance propre :

NBS µ0 N 2 S
L= =
I ℓ

En notant Wm l’énergie électrique emmagasinée par le solénoïde très long lorsque i passe de i = 0 à i = I

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 322 É NERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE

(t varie de t = 0 à t = ∞), on a :
Z t=∞
Wm = uL iL dt
t=0
Z t=∞
L diL
= iL dt
t=0 dt
Z i=I
= L iL diL
i=0
2
LI
=
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2
µ0 N 2 S I 2
=
2ℓ
ℓ S µ20 N 2 I 2
=
2 µ0 ℓ2

µ20 N 2 I 2
Comme B 2 = , on en déduit l’énergie magnétique wm contenue dans le volume τ = S ℓ :
ℓ2
Wm
wm =
τ
B2
=
2 µ0

Cette énergie est la densité volumique d’énergie magnétique :

B2
wm =
2 µ0

— Remarque —

Ici, comme wm = C te , alors Wm = wm τ mais en général, l’énergie magnétique a pour expression :

ZZZ
Wm = wm d3 τ
(τ )

16.4 Vecteur de Poynting et puissance rayonnée

16.4.1 Vecteur de Poynting

→
− →
−
On définit un vecteur de Poynting Π (ou R ) par l’expression suivante :

→ −
− →
−
→ E∧ B
Π =
µ0

Son flux à travers une surface représente le débit en énergie du champ électromagnétique à travers cette
surface.

→ →
− −
Pour déterminer l’expression du vecteur de Poynting, il faut que les vecteurs E et B soient
en notation réelle.

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16.4 Vecteur de Poynting et puissance rayonnée 323

16.4.2 Bilan local de l’énergie électromagnétique

• Comme déjà vu en début de chapitre, l’énergie cédée par le champ électromagnétique pendant l’in-
tervalle de temps dt à la matière contenue dans le volume (τ ) est :
ZZZ
→ −
− →
δWc = dt j · E d3 τ
(τ )

• L’énergie qui sort de la surface fermée et orientée (Σ) délimitant le volume (τ ) précédent vaut :

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{− → −− →
δWs = dt Π · d2 S
(Σ)

δWs {→
− −− →
avec P = = Π · d2 S la puissance rayonnée. En effet :
dt
(Σ)

— Puissan e rayonné e —

La puissance rayonnée à travers une surface est égale au flux du vecteur de Poynting à travers cette
surface.

• L’énergie contenue dans le volume τ varie entre les instants t et t + dt de dWem :

Å ã ZZZ ZZZ
∂Wem ∂wem 3
dWem = Wem (t+dt)−Wem (t) = dt = dt d τ car Wem = wem d3 τ
∂t (τ ) ∂t (τ )

• D’après le principe de conservation de l’énergie, la diminution −dWem de l’énergie contenue dans

le volume τ est égale à δWs + δWc (somme de l’énergie rayonnée et de celle cédée à la matière).
On en déduit :
−dWem = δWs + δWc
{→ ZZZ
− −−→
2 →
−
Le théorème de Green-Ostrogradski donne Π ·d S = div Π d3 τ et :
(τ )
(Σ)
ZZZ {− ZZZ
∂wem 3 → −− → → →
− −
− dt d τ = dt Π · d2 S + dt j · E d3 τ
(τ ) ∂t (τ )
| {z } | (Σ) {z } | {z }
δWem δWc
δWs
ZZZ ZZZ Ä
∂wem 3 → −
− → → −ä
− d τ= div Π + j · E d3 τ
(τ ) ∂t (τ )

Soit :
ZZZ Å ã
→ −
− → → − ∂wem
div Π + j · E + d3 τ = 0
(τ ) ∂t

Cette relation étant vraie quelque soit le volume τ , on en déduit :

→ −
− → → − ∂wem
div Π + j · E + =0
∂t

C’est le bilan local de l’énergie électromagnétique.

— Remarque —

On voit qu’il y a analogie avec la conservation de la charge :

→ ∂ρ
−
div j + =0
∂t
Cependant, il y a un terme supplémentaire lié au fait que de l’énergie peut être transférée aux porteurs de
charge ; ce n’est pas le cas de la charge électrique.

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 324 É NERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE

⇒ Activité 16. 1

1. Rappeler les équations de Maxwell-Ampère et de Maxwell-Faraday.

Ä →ä −
− → −→ → − −→ −
→
2. En utilisant la formule div −→
a ∧ b = b · rot −a −→a · rot b , démontrer la formule traduisant le
bilan local de l’énergie.
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16.5 Cas particulier d’un conducteur ohmique

Soit un tronçon rectiligne de conducteur ohmique de longueur ℓ, de rayon a et de conductivité γ :

−
→
er
−
→
eθ
b
−−→
a d2 S
−
→
ez z

F IGURE 16.3 – Conducteur ohmique

→
−
Soumis à une tension U et sous l’action du champ électrique correspondant E = E −
→
ez , il est parcouru par
→
− →
−
un courant de densité volumique j = γ E : c’est la loi d’ohm locale.

L’intensité du courant correspondante est donnée par :

ZZ
− −−
→ →
I= j · d2 S = j S = π a2 γ E

→
−
Or, ce courant est la source d’un champ magnétique de la forme B = B (r) →
−
eθ .

À la surface du tronçon, le théorème d’Ampère donne son expression :

−
→ µ0 I →
−
B = eθ = B −
→
eθ
2πa

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16.5 Cas particulier d’un conducteur ohmique 325

Le vecteur de Poynting associé au champ électromagnétique vaut ainsi :

→ −
− →
−
→ E∧ B
Π=
µ0
E ez ∧ B −
→
− →
eθ
=
µ0
EB − →
=− er
µ0

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I2 →
−
=− er
2 γ π 2 a3
= −Π −→
er

La puissance électromagnétique qui entre dans le conducteur est égale à l’opposée du flux à travers la
surface latérale (Σ) du vecteur de Poynting :
→
−
P = −Φ(Σ) ( Π )
ZZ
=− −Π →−
er · →
−
er d2 S
(Σ)

= ΠΣ
I2
= 2πaℓ
2 γ π 2 a3
I2 ℓ
=
γ π a2
La résistance du conducteur ohmique étant donnée par :

ρ′ ℓ ℓ ℓ
R= = =
S γS γ π a2

On obtient :

P = R I2

Le conducteur s’échauffe car la puissance électromagnétique est fournie au conducteur (en fait aux conduc-
teurs de charge) puis est transformée intégralement en chaleur : c’est l’effet Joule.

Les unité s :

1
La résistivité ρ′ s’exprime en Ω.m, la conductivité γ = en Ω−1 .m−1 ou S.m−1 , la longueur ℓ en
ρ′
m, la section S = π a2 en m2 et la résistance R en Ω.

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