DIAGRAPHIES DES RAYONS GAMMA NATURELS
I- INTRODUCTION:
C’est une mesure de la radioactivité naturelle des formations traversées
par un sondage.
Cette diagraphie est utile pour la détection des minéraux radioactifs existants
dans les formations à savoir: U, Th, K. Ce sont des éléments associés surtout
aux argiles, et de ce fait, le gamma ray reflétera surtout l’argilosité.
Généralement, les formations propres (sans argile), se caractérisent par une
très faible radioactivité, sauf cas très rare de contaminations par des éléments
radioactifs liées à des minéraux ou aux eaux de formation contenant des sels
d’Uranium, de Thorium ou de potassium.
Le Gamma Ray sera donc utilisé pour la délimitation de couches non
argileuses, et pour la détermination du pourcentage d’argile des formations.
Le Gamma ray remplacera efficacement la PS lorsque celle ci ne peut pas
être enregistrée (boue à l’huile).
Le Gamma ray peut être enregistré dans les trous tubés ce qui est très
apprécié lors des opérations de complétion.
II- PRINCIPE:
Les rayons gamma sont des rayonnements électromagnétiques de photons
de haute énergie émis spontanément lors de la désintégration des éléments
radioactifs instables. ces ondes électromagnétiques sont caractérisées par leur
longueur d’onde l = 1°A = 10-10.
Dans la nature, il y a trois éléments radioactifs instables:
- L’uranium: 238U.
- Le thorium: 235Th.
- Le potassium: 40 K.
Chacun de ces éléments émet des rayons g en nombre et énergie distincts.
Le potassium 40 émet des rayons g d’énergie constante : e= 1.46 MEV, tandis
que les autres séries radioactives émettent plusieurs rayons g d’énergies
différentes.
En passant à travers la matière, le rayon va perdre de l’énergie par des
collisions successives avec les atomes de la formation (effet compton). Apres
avoir atteint un certain niveau énergétique, il sera absorbé par l’effet
photoélectrique dont le résultat sera l’émission d’un électron. De ce fait, on
définit une épaisseur d’absorption moitié qui est la distance au bout de laquelle
la moitié du rayonnement a été absorbée par les atomes de la formation.
L’ensemble des roches sédimentaires sont équivalentes aux calcaires.
Cette notion d’absorption moitié nous permet d’estimer le rayon d’investigation.
III- DETECTION DU RAYONNEMENT g:
La detection des rayons g est basée sur l’interraction de ceux ci avec les
atomes ou les molécules à l’interieur de compteurs tels les chambres à
ionisation, les compteurs Geiger ou les compteurs à scintilllations. Le plus
utilisé actuellement est le compteur à scintillations.
1- Le compteur Geiger:
Une électrode chargée de 800 à 1000 V est placée dans une enceinte
contenant un gaz ionisable à basse pression. Certains rayons traversent le
compteur sans réagir avec les molécules de gaz qui sont dispersées. Une partie
du rayonnement crée une réaction d’ionisation en chaine. Le gaz devient
conducteur, et on a alors une décharge éléctrique.
2- Le compteur à scintillations:
Ce compteur est composé d’un cristal transparent (Thalium), qui emet un
photon de lumiére quand il est touché par un rayon g. Ce photon est alors
détécté par un photomultiplicateur et produit une impulsion sur l’anode de celui-
ci.
Ce type de compteurs possède de grands avantages notamment du point de vue
rendement puisqui’il detecte 80% des rayons g. Ceci a permis de réduire la
dimension de ces compteurs (de 90 à 10 cm), ce qui leur confère une bonne
résolution verticale. Cependant, ils sont fragiles et sensibles à la température
(limite:400°F).
3- Les fluctuations statistiques:
Le nombre de rayons g qui atteignent le compteur même quand la sonde
est en arrêt dans le trou est variable car de part sa nature, le phénomène est
statistique. Le nombre de rayons comptés par seconde pour de tres longues
périodes sera pratiquement constant. Cette période de temps pour obtenir une
bonne moyenne peut aller jusqu’à quelques secondes.
Pour compenser les variations statistiques, on introduit une constante de
temps ( un circuit composé d’une résistance et d’un condensateur nous permet
de régler cette constante de temps entre 1 et 6 secondes). Une longue constante
de temps diminue les fluctuations statistiques, mais on doit réduire la vitesse
d’enregistrement pour ne pas introduire de distorsions dans la courbe
enregistrée.
En général il faut un compromis entre la constante de temps et la vitesse
d’enregistrement.
En général: t= 2 secondes t étant la constante de temps.
t= 1 seconde ® V@ 1080 m/h.
t= 2 secondes ® V@ 540 m/h.
t= 4 secondes ® V@ 270 m/h.
t= 6 secondes ® V@ 140 m/h.
4- Les calibrations:
Plusieurs unités de radioactivité ont été employées dans le passé par les
sociétés de sevice. Il y avait le microgramme de Radium équivalent par tonne,
ou le microroentgen/h. Dans le but de standardiser les mesures, une unité a été
définie: API.
1 µg de Rad eq/t = 16.5 ou 11.7 API suivant le type de source.
1 µRoentgen/h = 15 API.
La radioactivité observée dans les formations sédimentaires varie de quelques
API pour l’anhydrite jusqu’à 300 API et plus pour les argiles.
La calibration se fait avant l’opération d’enregistrement à l’aide d’une
source étalon dont la radioactivité est connue en surface.
5- Les corrections de trou:
La deflexion du Gamma Ray n’est pas seulement fonction de la
radioactivité de la formation mais aussi des conditions de trou du fait que les
différents milieux interposés entre l’outil et la formation vont absorber les
rayons g. Les corrections peuvent être importantes pour les grands diamètres de
trou et en présence de tubage.
En général, la calibration standard est faite pour une sonde de 3’’5/8
excentrée dans un trou de 10’’ sans casing avec une boue de densité 1.2 et non
radioactive.
Pour toute autre condition , on doit faire des corrections:
- pour la densité de la boue,
- pour le diamètre de trou,
- pour la diminution d’absorption des rayons par le tubage,
- pour le ciment.
6- Présentation de l’enregistrement:
Le Gamma Ray est presque toujours enregitré sur la première plage d’un
log. Il peut être seul ou en combinaison avec d’autres outils tels que le Neutron,
le Sonic, le Densité, l’Induction ou les Latérologs. Il peut également être
enregistré avec le localisateur des joints de tubage (CCL) ou le test à bout de
câble (RFT) dans les trous tubés.
IV-LES APPLICATIUONS DU LOG GAMMA RAY:
Dans les formations sédimentaires, le Gamma Ray est utilisé pour la
délimitation des couches en fonction de leur argilosité. C’est un enregistrement
tres utile pour les travaux de corrélation. L’application quantitative sera dans les
cas favorables l’évaluation du pourcentage d’argile en considérant que la
radioactivité des roches sédimentaires est liée essentiellement au 40K qui se
trouve dans les argiles.
Pour utiliser cette relation, on considère que les variations sont liées
seulement à la porosité ou à la lithologie et non pas à la présence d’éléments
lourds qui peuvent changer les caractéristiques d’absorption. Ces conditions
remplies, on peut écrire la relation suivante:
Vsh% = GR lu - GR min / GR max - GR min.
Le Gamma Ray remplacera efficacemant la PS en ce qui concerne la
délimitation des couches. Il présente en outre une meilleure résolution verticale.
Du point de vue qualitatif, on pourra estimer la perméabilité. Ceci nous
permettra d’établir les paramètres d’argilosité critiques qui signifient que pour
un type de réservoir dans une région donnée, si on atteint le Vsh critique, la
pérméabilité sera médiocre.
V- INFLUENCE DE LA DENSITE DES FORMATIONS:
La capacité de ralentissement et d’absorption des rayons g est liée à la
densité de la formation.
Deux formations ayant un pourcentage similaire de minéraux radioactifs
mais ayant des densités différentes (grès et calcaires), vont avoir différentes
lectures de radioactivité. La formation la moins dense paraitra plus radioactive
sur l’enregistrement car l’absorption des rayons g sera plus importante en face
des formations de densité plus élevée. On pourra écrire:
GR = (j1 * V1 / jb )* A1
j1 = Densité du minéral radioactif.
jb = Densité de la formation.
V1 = Fraction volumique du minéral dans la formation.
A1 = Coefficient de proportionnalité de la radioactivité du minéral.
(j1 * V1 / jb ) =Concentration en densité du minéral radioactif.
VI- CONTRIBUTION A LA RADIOACTIVITE g DES ELEMENTS K, Th et
U.
40 232 238
K Th U
Abondance 235 10-4 à 10-5 10-5 à 10-6
relative sur la terre
Activité g relative 1 1300 3600
par unité de poids
VII- RAPPELS DE NOTIONS DE GEOCHIMIE:
1- Minéraux et roches à potassium:
A l’origine, le potassium se trouve dans les feldspaths potassiques et les
micas. Après altération et dissolution, il est transporté par les eaux. Une partie
de potassium dissous sera absorbée par les argiles et une partie cristalline en sels
minéraux (évaporites). Il sera présent essentiellement dans:
* les évaporites:
- Sylvite (KCl): 54% en poids de potassium.
- Angebénite: 20%.
- Karnalite: 14%.
- Polyhalite: 12%.
* les argiles:
- Muscovite: 9.8%.
- Biotite: 8.7%.
- Illite: 5.2%.
- Glauconite: 4.5%.
- Kaolinite: 0.63%.
- Monmorillonite: 0.22%.
* les grès qui contiennent des feldspaths où la radioactivité moyenne peut aller
jusqu’à 1% en poid de feldspaths.
* les calcaires qui peuvent renfermer des feldspaths ( 0.3% en moyenne).
2- Minéraux et roches à uranium:
En général, la source est représentée par les roches ignées acides (granite,
syénite, pégmatite...). Après altération et lessivage, L’uranium est transporté en
solution. Il aura tendance à se précipiter et à se concentrer dans les milieux
favorables à la concentration et à la conservation de la matière organique
(milieux réducteurs). Il sera donc principalement asscié aux argiles d’origine
marine, aux phosphates et certains dépôts fluvatils et lacustres renfermant les
minéraux tels que le zircon, les micas et la matière organique d’origine végétale.
3- Minéraux et roches à thorium:
La source est la même que celle de l’uranium, roches ignées acido-
basiques, où après altération et lessivage le thorium insoluble sera transporté en
suspension. Il sera présent dans la partie détritique des argiles et dans les sables
renfermant les zircons et les monazites.
4- Conclusion:
Les principales roches radioactives sont les argiles. La radioactivité d’une
roche contenant les trois éléments sera exprimée par la relation:
jb * GR = 1.92*VK2O(%) + 1.45*VTh(ppm) + 6.73*VU(ppm).
Le gamma ray n’enregistre pas toute la radioactivité des formations et ne
peut pas différencier les minéraux radioactifs. Pour celà, une autre diagraphie a
été mise au point: c’est la spéctromètrie des rayons gamma naturel (NGT).
VIII- LES APPLICATIONS GEOLOGIQUES:
L’analyse de la forme de la courbe du gamma ray nous permet une
approche de l’argilosité du dépôt et de la granulomètrie. Il constitue donc un
outil supplémentaire dans l’analyse séquentielle. Trois formes de courbes
peuvent se présenter:
- Forme en cloche: Transgression marine, dépôt fluviatil, turbidite...
- Forme en entonnoir: Régression marine, front de delta, barrière...
- Forme cylindrique: Granulomètrie homogène.