Lignes de Transmission en Regime Harmonique
Lignes de Transmission en Regime Harmonique
2. Tension et courant sur une ligne de transmission sans pertes dans le domaine
temporel ..............................................................................................................................12
2.1. Rappels, reformulation du problème....................................................................................... 12
2.1.1. Tensions initiales ............................................................................................................. 12
2.2. Charges résistives et non dissipatives.................................................................................... 13
2.2.1. Tensions aux extrémités dans le domaine temporel ....................................................... 13
2.2.2. Régime permanent pour une excitation indicielle............................................................ 13
2.2.3. Méthode du tableau ......................................................................................................... 14
2.2.4. Méthode des caractéristiques.......................................................................................... 15
2.3. Lignes sans pertes, charges réactives, source adaptée......................................................... 17
2.3.1. Charge RC parallèle, réponse à l’échelon parfait............................................................ 17
2.3.2. Charge RL série, réponse à l'échelon ............................................................................. 18
2.3.3. Application à la mesure de discontinuités par réflectométrie temporelle ........................ 18
2.3.4. Effet de faibles capacités réparties périodiquement sur une ligne .................................. 20
2.4. Charges non linéaires analyse par la méthode de Bergeron.................................................. 20
2.4.1. Principe ............................................................................................................................ 20
2.4.2. Exemple de calcul linéaire ............................................................................................... 22
2.4.3. Exemple de calcul non linéaire ........................................................................................ 22
1. La ligne de transmission, analyse par la théorie des circuits
On considère un système de transmission constitué d’un conducteur aller, séparé d’un conducteur retour par un
diélectrique (éventuellement le vide).
p. ex : coaxial, bifilaire, bifilaire blindé, …
Métal
Diélectrique
Si l’on veut donner un schéma équivalent électrique d’une telle structure il faut commencer par recenser les
différents effets physiques. La structure comprend des conducteurs, et des diélectriques, du point de vue
électromagnétique on a alors :
Conducteurs → courants → résistance (effet Joule)
→ énergie magnétique → self inductance L
Isolant → tension → conductance (relaxation, pertes)
→ énergie électrique → condensateur C
On pourrait modéliser simplement la ligne par un arrangement de ces quatre types de composants. On aurait
alors un modèle « localisé » ou « discret ». Quel que soit l’arrangement on n’aurait alors pas la possibilité de
faire apparaître des effets de propagation (la structure serait un simple filtre localisé).
Pour tenir compte de l’effet prépondérant qu’est la propagation il faut dresser un modèle d’une section
infinitésimale de ligne, puis intégrer ensuite les équations descriptives de ce modèle.
En règle générale les paramètres primaires sont fonctions de la fréquence (surtout R, L, G), mais si l’on néglige
cette variation dans un premier temps cela permet de passer facilement dans le domaine harmonique ou
fréquentiel. La résolution de ce système est alors plus facile et les équations précédentes s’écrivent :
∂V( x ,ω )
+ RI ( x ,ω ) + jLω I ( x ,ω ) = 0
∂x
∂I ( x ,ω )
+ GV( x ,ω ) + jCωV( x ,ω ) = 0
∂x
où V1, V2, I1, I2 dépendent des conditions aux terminaisons en x=0, x=l, donc des charges aux extrémités de la
ligne. Ils dépendent de la fréquence, mais pas de la position.
γ est l’exposant de propagation de la ligne, α est l’exposant d’atténuation ; β est l’exposant de phase.
V( x ) V1(ω ) e −γ x + V2(ω ) e + γ x
= = Z( x)
I( x) I1(ω ) e −γ x + I 2(ω ) e + γ x
Z(x) a la dimension d’une impédance. Si l’on coupe la ligne à l’abscisse x=x1 et que l’on remplace la partie
correspondant à x>x1 par une impédance de valeur Z(x1), rien n’est changé pour la section précédent la coupure.
Si seule une onde progressive existe (termes en e-γ x) en remplaçant V(x) dans la première équation du circuit par
son expression nous obtenons :
Zc ne dépend pas de x mais de ω. Ceci montre que courant et tension sont en tout point de la ligne dans un
rapport Zc. En particulier en x = 0 on aura V1/I1 = Zc.
Si seule une onde régressive existe (termes en e+γ x) en procédant de même nous obtenons :
Le rapport courant/tension a le même module que pour l’onde progressive, mais sa phase est opposée.
On note qu’en x = 0 on aura V2/I2 = -Zc.
On en conclut que l’impédance Zc correspond à la valeur de l’impédance qu’il faut connecter au bout
d’une ligne pour qu’elle se comporte comme une ligne semi-infinie, c’est à dire pour que seule une onde
(progressive ou régressive) se propage. Une ligne terminée par Zc est dite adaptée.
O+ O-
I I
∞ -∞
I -I
Zc Zc
V V
Ces relations permettent aussi d’éliminer deux inconnues dans l’écriture du rapport tension/courant :
Lorsqu’il n’y a pas de pertes (R=G=0) alors les paramètres primaires sont au nombre de 2 et les paramètres
L
secondaires se résument à Rc = et β = jω LC = jωTc
C
où Tc est le temps caractéristique de la ligne (en secondes par mètres) correspondant à l’inverse de la vitesse
de propagation sur la ligne.
Le fonctionnement d’une ligne de transmission est régi par ses équations propres mais tout autant par les
composants qui sont connectés à ses extrémités (conditions aux limites).
On définit un coefficient de réflexion Γ par le rapport d’une grandeur se propageant dans un sens, sur la grandeur
se propageant dans le sens contraire. Cela peut concerner le courant ou la tension, mais en pratique on utilise
beaucoup plus fréquemment le coefficient de réflexion en tension.
O+ O-
I(l) I(l)
Zc Zc
V(l) Zl V(l) Zl
Remarque : On pourrait montrer que le coefficient de réflexion en courant est égal à l’opposé du coefficient de
réflexion en tension Γi = - Γv
Le coefficient de transmission est par définition le rapport entre la tension transmise à une charge (ou à une
liaison entre deux lignes par exemple) et la tension incidente (se propageant vers la charge).
V( x ) V1e −γ x + Ve + γ x 2
Pour une onde progressive de tension on a : T( x ) = = = 1 + Γ p ( x)
V1e −γ x V1e − γ x
V1e −γ x + Ve+ γ x 2 V( x )
Pour une onde régressive de tension on a : T( x ) = = 1 + Γr(x)
+γ x
=
V2 e V2 e+ γ x
On en déduit la définition unique du coefficient de transmission en tension :
(1-6) T = 1+ Γ
Remarque importante : On note que la tension transmise est égale à la tension incidente plus la tension
réfléchie, et non moins.
On peut vérifier que cela n’est pas contradictoire avec le bon sens qui indique que la puissance transmise doit
être égale à la puissance incidente moins la puissance réfléchie.
k
Puissance incidente : Pinc = kVl + I l+ = Vl +2
Zc
Puissance absorbée par la charge en x=l :
k k
Pl = kVl I l = k (Vl + + Vl − )( I l+ + I l− ) = kVl I l = (Vl + + Vl − )(Vl + − Vl − ) = (Vl +2 − Vl −2 )
Zc Zc
k +2
comme Vl − = ΓlVl + on a Pl = Vl (1 − Γ l2 )
Zc
k +2 2
Puissance réfléchie : Pref = Pinc − Pl = Vl Γl = Pinc Γl2
Zc
V( l ) + Z c I ( l ) = 2V1e −γ l ⇒ V1 =
(V (l ) + Z c I (l ) ) e+γ l
2
V( l ) − Z c I (l ) = 2V2 e + γ l ⇒ V2 =
(V(l ) − Zc I (l ) ) e−γ l
2
En remplaçant V1 et V2 ainsi obtenus dans les expressions de V(x) et I(x) on obtient :
V(l )
V( x ) = V( l ) chγ ( x − l ) − Z c I ( l ) shγ ( x − l ) ; I ( x ) = I (l ) chγ ( x − l ) − shγ ( x − l )
Zc
Cas particulier important, ligne sans pertes : γ = j β ; chγ l = cos β l ; shγ l = j sin β l , d’où :
V(l )
V( x ) = V( l ) cos β ( x − l ) − jZ c I ( l ) sin β ( x − l ) ; I ( x ) = I (l ) cos β ( x − l ) − j sin β ( x − l )
Zc
V(x) λ/4
V1 (1 + Γ )
V1 1 + Γ e jφ
V1 (1 − Γ )
x
-λΦ/4π+λ/4 0
-λΦ/4π
- 1ère étape on connecte un court-circuit (Γ=-1) et on place la sonde de mesure sur un minimum (nul).
4π d
x =π −
λ
- 2ème étape : on connecte la charge inconnue ((Γl) et on cherche à retrouver le minimum en déplaçant la
sonde de mesure d = λ − λΦ
4 4π ( )
= λ 1 − Φ . Déplacement d ⇒ Φ = π − 4π d
4 π ( λ )
- 3ème étape : on déplace la sonde pour chercher un maxi et un mini ρ = max
V ; Γ = ρ −1
l
Vmin ρ + 1
V(x) Court-circuit
Charge
Z=Zc
V1
0 x
λ/2
λΦ e λΦ e
4π 4π
Si l = kλ / 2 ⇒ jtg β l = jtg ( kπ ) = 0 ⇒ z0 = zl
on retrouve alors en entrée l’impédance que l’on a placée en sortie : la ligne peut être considérée comme
totalement « transparente ».
Si l = λ / 4 + kλ / 2 ⇒ jtgβl = jtg (π / 2 + kπ ) = ∞ ⇒ z0 = 1/ zl
on retrouve alors en entrée l’inverse de l’impédance que l’on a placée en sortie : on appelle cela un
« transformateur d’impédance en λ/4 ».
Circuit ouvert
Z0 selfique
βl
Court-circuit
Z0 capacitive
l Tl
Ceq = = c = Cl
l Ceq vZc Zc
c.o.
On a vu que le coefficient de réflexion et l’impédance de charge sont très liés. L’un comme l’autre sont
complexes. Ils peuvent donc être représentés dans un plan. Pour de nombreuses opérations il peut être utile de
passer facilement de la représentation en coefficients de réflexions à une représentation en impédances et vice-
versa. C’est l’abaque de Smith qui réalise cela en inscrivant dans le plan complexe des coefficients de réflexion
des graduations (abaque) en impédance.
Pour un circuit passif Γ ≤ 1 ; toutes les valeurs de Γ sont contenues dans un cercle de rayon unité, centré en 0.
Z − Zc z − 1
Le point M représentant Γ correspond à une impédance Z telle que Γ = = ; avec z = r + jx ;
Z + Zc z + 1
1 + Γ e jΦ
soit z = = r + jx ; en posant Γ e jΦ = Γ cos Φ + j Γ sin Φ = u + jv on a :
1 − Γ e jΦ
1 + u + jv (1 + u ) + jv
r + jx = = ; on cherche alors le lieu des points tels que r = constante, puis x = constante :
1 − u − jv (1 − u ) − jv
(1 + u ) + jv (1 − u ) + jv (1 − u − v ) + 2 jv
2 2
r + jx = =
(1 − u ) + v 2
2
1 − 2u + u 2 + v 2
.
• r = r0 (constante) donne (1 − u − v ) = r0 , soit :
2 2 l=0.125λ
r=1
x=1.5
1 − 2u + u 2 + v 2
2
r0 2 1 r=0.5
u − +v = qui est de la forme : x=0.5
(1 + r0 )
2
1 + r0
U2 + V2 = R2 , équation d’un cercle de rayon l=0.35λ
/8
1 r
R= , centré en v = 0 et u = 0 . Ce cercle
1 + r0 1 + r0
définit le lieu des impédances à résistance
constante dans le plan complexe (z = r0).
Cercle à |Γ| constant
2v
• x = x0 (constante) donne = x0 ,
1 − 2u + u 2 + v 2
2
1 1
soit : ( u − 1) + v − = 2 qui est de la
2
r=0.4
x0 x0 x=-0.8
L’abaque de Smith est utilisée pour de nombreuses opérations qui mettent en jeu des décalages de
longueur car, pour une ligne sans pertes, dans le plan des coefficients de réflexion un décalage x se traduit par
un simple déphasage ∆Φ =4πx/λ
V V V
Γ ( x ) = 2 e +2γ x = 2 e +2 jβ x = 2 e +4 jπ x / λ
V1 V1 V1
En particulier on observe qu’un tour complet est effectué sur l’abaque (∆Φ =2π) pour x=λ/2.
La figure ci-contre montre que la même charge dont l’impédance réduite vaut z=0.5+j0.5 présente une
impédance z=1+j1.5 si elle est connectée au bout d’une ligne de longueur l=0.125λ, et z=0.4-j0.8 si la longueur
de la ligne passe à l’=0.35λ.
• Admittance réduite
zl + jtg β l
Pour la ligne sans pertes on a z0 = soit, si l=λ/4 (βl=π/2) : z0 = 1/ zl = yl
1 + zl tg β l
R + jLω
On a vu que Z c = et γ = (G + jCω )( R + jLω )
G + jCω
R G
γ = (G + jCω )( R + jLω ) = jω LC 1 + 1 + ; en opérant un développement limité (R<<jLω et
jLω jCω
R G R GRc
G<<jCω), on obtient : γ = jω LC 1+ + , soit γ = jω LC + + et on a :
2 jCω 2 Rc 2
2 jLω
R GRc
(1-9) α= + et β = ω LC
2 Rc 2
Au premier ordre la ligne à pertes faibles n’est pas dispersive : son exposant de propagation β est
proportionnel à ω et l’exposant de pertes ne dépend pas de ω.
Cela peut être dit différemment : « toutes les composantes fréquentielles du signal sont véhiculées à la même
−αl
vitesse 1 / LC et sont atténuées dans le même rapport e ». La ligne retarde le signal de lTc et l’atténue
légèrement ; elle ne le déforme pas.
0,6
0,3
5
5
0
2
1
3
0,2
0,5
-5
-0,3
-2
-0,6
-1
L’étude de la ligne de transmission en régime harmonique a permis de mettre en évidence ses propriétés de
propagation. Les notions de coefficients de réflexion, de transmission, d’impédance caractéristique et de vitesse
de propagation ont été aussi définies. Cette formulation est bien adaptée aux signaux sinusoïdaux, ou d’une
manière plus générale aux signaux « bande étroite ». C’est le cas fréquent des signaux haute fréquence
véhiculant des signaux utiles à fréquence beaucoup plus basse (ex : faisceau hertzien, liaison satellite, liaison
multiplexée sur câble ou fibre,…). Cette formulation repose aussi sur le fait que la ligne comme les composants
d’extrémité sont linéaires (la formulation de départ était temporelle, le passage au domaine harmonique s’est fait
par application d’une transformation de type « Fourier ».
Dans un grand nombre de cas les signaux utilisés sont naturellement « large bande ». C’est le cas par exemple
des signaux « logiques », générés par des circuits digitaux. Dans ces applications également les charges peuvent
être non-linéaires. Un formulation harmonique n’est alors plus adaptée, il convient de traiter le problème dans le
domaine temporel. Pour cela il faut le reformuler .
Les terminaisons conditionnent les grandeurs dans la ligne par l’intermédiaire des « constantes » V1, V2, I1, I2.
Comme I1 et I2 s’expriment en fonction de V1 et V2 on cherche d’abord deux relations indépendantes entre V1 et
V2 dans le circuit général décrit ci-après :
Z0
I(l)
Zc
E V(0) V(l) Zl
Z0
en x = 0 on a : E = V0 + Z 0 I 0 = (V1 + V2 ) + (V1 − V2 ) soit : EZ c = V1 (Z 0 + Z c ) + V2 (Z c − Z 0 ) ,
Zc
Zc
d'où : E = V1 − Γ0V2
Z0 + Zc
V2 e +γl
A partir de la définition du coefficient de réflexion, appliquée en sortie, on établit facilement : E = Γl
V1e −γl
On peut alors tirer des expressions générales de V et I :
Zc 1
V1 = E et
Z 0 + Z c 1 − Γ0 Γl e −2γl
Zc Γl e −2γl
V2 = E
Z 0 + Z c 1 − Γ0 Γl e −2γl
On a alors facilement les tensions et courants en tout point :
V ( x) = E
Zc 1
(
Z 0 + Z c 1 − Γ0 Γl e −2γl
)
e −γx + Γl e −γ (2l − x ) et
I ( x) =
E 1
Z 0 + Z c 1 − Γ0 Γl e − 2
(
γ l
)
e −γx − Γl e −γ (2l − x )
Le but étant une formulation temporelle il faudrait effectuer la transformation de Fourier de ces deux
∞
1
expressions. Pour cela il est plus simple de développer le terme
1 − Γ0 Γl e −2γl
en série : ∑Γ Γ e
n =0
n n − 2 nγl
0 l .
Pour des raisons pratiques il est préférable de modifier l'expression de V(0) pour le mettre sous la forme
définitive :
Z c Γ0 + 1 ∞ n n − 2 nγl
(2-3) V (0) = E 1 +
Z 0 + Z c Γ0 n =1
Γ0 Γl e ∑
Le passage au domaine temporel est simple si les coefficients de réflexions sont indépendants de la fréquence
(charges résisitives) et si γ est imaginaire pur (retard pur). Les conditions sont résumées ainsi :
Rc Γ + 1
∞
(2-4) v(0, t ) =
R0 + Rc
e(t ) + 0
Γ0 n=1 ∑
Γ0n Γln e(t − 2nlTc )
Rc ∞ n n
(2-5) v (l , t ) = (1 + Γl ) ∑ Γ0 Γl e(t − 2(n + 1)lTc )
R0 + Rc n =0
Pour illustrer ce qui se passe on peut développer les premiers termes de la série :
1er aller
− retour 2ème aller − retour
Rc 2 2 2
v(0, t ) = e(t ) + Γl e(t − 2τ ) + Γl Γ0 e(t − 2τ ) + Γl Γ0 e(t − 4τ ) + Γl Γ0 e(t − 4τ ) + ....
R0 + Rc
Rce(t − τ ) + Γ e(t − τ ) + Γ Γ e(t − 3τ ) + Γ 2 Γ e(t − 3τ ) + ....
v(l , t ) = l
R0 + Rc
l 0 l 0
e(t)
Ke(t)
Ke(t-τ)
On note bien le phénomène de réflexion aux extrémités. Si la tension e(t) a la
forme d'une impulsion les tensions v(e,t) et v(l,t) sont donc des suites KΓle(t-2τ)
KΓle(t-τ)
d'impulsions aux instants 0, 2lTc, 4lTc, ect.. et lTc, 3lTc, ect. respectivement.
KΓlΓ0 e(t-2τ) KΓlΓ0 e(t-3τ)
Si e(t) a la forme d'un échelon on aura des "marches d'escalier" aux mêmes
instants. Le graphe ci-contre illustre cette situation. KΓl2Γ0 e(t-4τ)
KΓl2Γ0 e(t-3τ)
KΓl2Γ02 e(t-4τ)
KΓl2Γ02 e(t-5τ)
Plus que d'une méthode pratique d'analyse il s'agit d'une représentation de l'état de la ligne, qui permet de mieux
comprendre ce qui se passe. Le principe de la méthode consiste à représenter sous la forme d'un tableau les
différentes ondes progressives et régressives. Les hypothèses de base sont celles d'une ligne non dissipative,
connectée à des charges résistives. On part des expressions établies ci-dessus.
On établit ainsi un tableau dont chaque ligne correspond à un nombre entier de fois le temps de propagation sur
la ligne, et dont les colonnes correspondent aux points d'entrée et de sortie de la ligne.
La tension qui entre dans la ligne est normalisée à 1 pour alléger l'écriture, mais il ne faut pas oublier de
multiplier tous les résultats par le coefficient. Les contributions élémentaires sont notées dans chaque case et la
contribution totale (somme des tensions incidente et réfléchie) sont encerclées.
ATTENTION si le signal est une impulsion (de durée très courte devant le temps de traversée de la ligne), les
tensions entourées donnent directement l'amplitude des impulsions aux instants considérés. Par contre si le signal
est un échelon, il faut bien penser à ajouter les tensions entourées à l'état précédent. Elles représentent donc la
variation ou l'amplitude de la marche.
V V (x=l1) V (x=l2)
0 1 1
1 1 4/3
30 Ω 167 Ω 1/3
50 Ω 100 Ω 1/4 1/3
2 -1/12
4/3 13/9
2.5 4/9
Γ0=-1/4 -1/12 -1/9
3 -1/36
-1/48 -1/36 4/9
4 8/27 -4/27
Γ1=1/3 Γ’1=-1/3 1/144
-1/9 -4/27
4.5 -1/27
Γ2=1/3
2/9 8/27 1/144 2/9
5 -2/27 1/432
5.5 -4/27
-2/27 -1/27
-
6 -2/81 1/81
-2/81 10/81 -8/81
7 -4/81
-1/27 1/81
8.5
-7/81
La formulation précédente fait intervenir les charges aux extrémités, par l'intermédiaire des coefficients de
réflexion. Si l'on s'intéresse plus particulièrement aux tensions (et courants) aux extrémités, il est intéressant de
reformuler le problème. On se place dans un cas général ou des sources peuvent être connectées des deux côtés :
V(t)
1 1
0,833 0,850
0,667 I(0) I(l)
Z0 Zc Zl
0,5 V(l) El
E0 V(0)
K = 1,2*50 /60
0,1 t/τ
1 2 3 4 5 6 7 8 9
On dispose de relations sur la propagation :
V( x ,ω ) = V1(ω ) e −γx + V2(ω ) e +γx et I ( x,ω ) =
1
Zc
(
V1(ω ) e −γx − V2(ω ) e + γx ) ce qui donne en x = 0 :
Cette méthode permet aussi de remplacer les charges Z0 et Zl par une autre ligne. On peut alors traiter la mise en
cascade de plusieurs lignes de caractéristiques différentes, ce qui est un cas fréquent pour des interconnexions. A
la limite on peut aussi analyser en première approche une ligne non uniforme (dont les caractéristiques varient
avec la distance) en la divisant en sous sections courtes.
I(0) I(m)
I(l)
Z0 Zc1 Zc2 Zl
E0 V(0) El
V(l)
xm
On dispose alors de 4 relations de propagation, en plus des deux relations aux extrémités qui sont inchangées.
(2-10) [ ]
V( 0,ω ) − Z c1(ω ) I ( 0,ω ) = V( m,ω ) − Z c1(ω ) I ( m,ω ) e −γ 1l1
(2-11) V( m,ω ) + Z c1(ω ) I ( m,ω ) = [V( 0,ω ) + Z c1(ω ) I ( 0,ω ) ]e −γ l 11
• Cas particulier de la ligne non dissipative et non dispersive, avec charges résistives, écriture directe dans
le domaine temporel
La formulation dans le domaine harmonique utilisée ci-dessus n'est pas adaptée aux signaux digitaux. Il faut
dans ce cas décomposer les excitations en série de Fourier, calculer chaque point de fréquence et revenir au
domaine temps par transformée inverse. Cette procédure fait perdre beaucoup de temps, aussi est-il intéressant
d'appliquer la méthode des caractéristiques directement dans le domaine temporel, ce qui est possible lorsque la
ligne n'est ni dissipative ni dispersive, et où les charges sont résistives. Par simple transposition des équations ci-
dessus on a alors :
On a vu précédemment que le passage au domaine temporel est très simplifié lorsque les charges et l'impédance
caractéristique sont résistives (les coefficients de réflexions sont réels purs). D'un point de vue pratique
l'hypothèse de pertes faible (conduisant à une impédance caractéristique réelle pure) est souvent justifiée, tout au
moins pour les interconnexions non sub-microniques. Par contre les charges des lignes sont souvent réactives,
aussi est-il intéressant d'étudier plus particulièrement ce cas. Pour simplifier le calcul on choisira une
configuration où la source est adaptée, et on choisira une excitation indicielle, représentant assez bien un signal
logique.
La configuration type est la suivante. On s'intéresse aux tensions et courants aux deux extrémités de la ligne. On
utilise pour cela les expressions établies précédemment : I(l)
V ( x) = E
Zc 1
Z 0 + Z c 1 − Γ0 Γl e −2γl
(
−γx
e + Γl e )
−γ (2l − x ) Rc Rc
Cl
1 V(l) Rl
I ( x) =
E 1
Z 0 + Z c 1 − Γ0 Γl e − 2γl
( )
e −γx − Γl e −γ (2l − x )
E E
Ces expressions se ramènent ici à : V ( x) = (1 + Γl )e −γl et I ( x) = (1 − Γl )e −γl
2 2 Rc
Rl Rc Rl 2 Rl 1
En posant τ c = Cl et Z l = , on obtient 1 + Γl =
Rl + Rc 1 + jωτ l Rl + R c 1 + jωτ c
Comme E = 1 / jω on obtient finalement :
Rl 1 τc − jωlTc
V (l , ω ) = e
(2-18)
Rl + Rc jω − 1 + jωτ . En procédant de même pour le courant on arrive à :
c
1 1 Rl τc − jωlTc
I (l , ω ) = e
(2-19)
Rl + Rc jω + R 1 + jωτ . Le passage au domaine temporel est alors facile :
c c
t −lTc
−
Rl
τ c ν (t − lT )
(2-20) v(l , t ) = 1 − e c et
Rl + Rc
t −lTc
1 Rl − τ c
(2-21) i (l , t ) = 1 + e ν (t − lTc )
Rl + Rc Rc
1
Rl /(Rl+Rc)
v(l,t)
τc
1/2 v(0,t)
lTc 2lTc
Il est possible d'obtenir ces résultats par un raisonnement physique simple. Le front de l'échelon correspond aux
très hautes fréquences (infinies dans le cas idéal), pour lesquelles la charge se comporte comme un court-circuit.
Par contre le pallier de l'échelon correspond au régime permanent (facilement calculable), atteint après un régime
1/Rc
i(l,t)
1/2Rc i(0,t) τc
1/(Rl+Rc)
lTc 2lTc
La configuration est donnée ci-contre. Le même type de calcul donne accès à la tension en sortie :
En posant τ l = L / (Rl + Rc ) et Z l = Rl + jLω , on obtient
2 Rl + jLω − 2 Rc I(l)
1 + Γl = et 1 − Γl = puis Rc Rc
Rl + Rc + jLω Rl + Rc + jLω L
1 V(l)
Rl
t −lTc
Rl Rc − τ L
(2-22) v (l , t ) = 1 + e ν (t − lTc )
Rl + Rc Rl
1/2 v(0,t) τl
Rl /(Rl+Rc)
lTc 2lTc
Les réponses calculées précédemment peuvent être utilisées pour mesurer des obstacles capacitifs ou inductifs
sur une ligne de transmission. Cette méthode s'appelle la réflectométrie temporelle. Elle est très utile par
exemple pour localiser et analyser un défaut auquel on n'a pas accès (dans un boîtier par exemple). Elle s'appuie
sur un générateur d'échelon rapide et une tête d'échantillonnage, qui mesure la tension en entrée de ligne. On a
ainsi accès à la tension incidente et la tension réfléchie, qui sont séparées temporellement.
La configuration est donnée ci-après, elle peut se réduire à celle étudiée précédemment, en remplaçant la 2ème
ligne supposée infinie (ou suffisamment longue pour que la réflexion sur son extrémité arrive après la fenêtre
d'observation) par une résistance Rc.
− jωτ l Rc
Le coefficient de réflexion Γ présenté dans le plan de l'obstacle s'écrit alors : Γ = .
2 Rc + jωτ l Rc
On peut alors utiliser cette expression comme précédemment,
Plan P de
mais si on s'intéresse à des obstacles très "petits", leur constante
l'obstacle
de temps τl est aussi très petite, en particulier devant le temps de
Rc Rc Rc
Cl
e(t)
Elec 603 Licence TIC v(0) Page 18
montée du signal d'excitation, qui ne peut plus être considéré comme un échelon parfait. Sans calcul on conçoit
que la réponse réelle sera dans ce cas "lissée" par rapport à la réponse idéale ; il n'y aura plus de pic de tension.
Or l'information sur l'obstacle est contenue dans le terme τl qui n'est alors plus exploitable. On va alors exploiter
différemment le signal réfléchi, en se plaçant dans le cas où le terme jωτ l Rc est très petit devant 2Rc . L'obstacle
répond alors comme un dérivateur :
− jωτ l
Γ≈
2 Smax e(t)
E 1 jωτ l − jωlTc
V (0, ω ) =
2
(
1 + Γe −2 jω lTc
)= 1 −
2 2
e soit encore
∑e(t)/ ∑t
1 τ ∂e ( t − 2lTc )
v(0, t ) = e ( t )ν (tc ) − l ν (t − 2lTc )
2 2 ∂t t
- Exemple d'application :
2lTc
On considère le cas d'un système de réflectométrie présentant les 0,25v
500mv
caractéristiques suivantes : S ≈ = 20mv / ps . On mesure le
25 ps 10mv
signal présenté ci-contre, avec vreflmax = 10 mV. vrefl
vinc
t
Cela donne C = 0,04 pF. Cette valeur est de l'ordre de grandeur des
capacités parasites que l'on rencontre dans circuits intégrés ou dans
leurs boîtiers.
Ce type d'obstacle peut être consituté par une liaison de type bonding par exemple (voir chap. 1).
jLω jLω
Le coefficient de réflexion Γ présenté dans le plan de l'obstacle s'écrit alors : Γ = ≈ .
2 Rc + jLω 2 Rc
E jLω −2 jωlTc L ∂e(t − 2lTc )
V (0, ω ) = 1 + e d'où v r (0, t ) = 4 R ∂t 2lTc
2 2 Rc c
0,25v
4 Rc v r max
et L = − 10mv
S
vrefl
- Exemple d'application : vinc
t
Avec le même système que précédemment on mesure le signal ci-
contre vreflmax = 10 mV. Attention il est maintenant positif.
Cela donne L = 100 pH. Cette valeur est de l'ordre de grandeur des inductances parasites que l'on rencontre dans
circuits intégrés ou dans leurs boîtiers.
On a vu la réponse d'un obstacle capacitif. Si plusieurs obstacles sont présents la réponse globale est difficile à
déterminer à cause des nombreuses réflexions. Cependant si les capacités Cc sont suffisamment rapprochés les
uns des autres (dTc<<Tr) on peut facilement prendre en compte leur effet sur le signal propagé, en les intégrant
dans la capacité linéïque de la ligne (on pourrait procéder de même avec des obstacles selfiques, c'est ce qui est
fait en télécommunications avec la pupinisation) .
On définit ainsi une ligne équivalente, dont les paramètres secondaires sont
1 C /d C /d
Rceff = Rc ≈ Rc 1 − c et Tceff = Tc 1 + c .
C /d C C
1+ c
C
La condition "suffisamment rapprochés" s'exprime par la condition dTc<<Tr.
- Exemple d'application :
On considère des connecteurs de fond de panier, répartis tous les 5 cm sur une connexion filaire (C = 130pF/m),
de valeur unitaire Cc = 1pF. d'où Cc/d= 20pF/m. Cela conduit à Cc/dC = 15 %, d'où
Rceff/Rc = 0,93 et Tceff/Tc = 1,07.
Tous les calculs précédents ont été faits en supposant que tous les éléments sont linéaires. Ceci est souvent le cas
avec des charges passives mais avec des charges actives on peu rencontrer des non-linéarités fortes. En règle
générale la non-linéarité interdit le passage simple du domaine fréquentiel au domaine temporel puisqu'on ne
peut pas appliquer le théorème de superposition. Il faut donc analyser directement dans le domaine temporel.
La méthode de Bergeron est dérivée de la méthode des caractéristiques. Elle a été développée initialement pour
l'étude des "coups de bélier" en hydraulique. Son principe consiste à déterminer graphiquement la droite de
charge de la ligne, après chaque réflexion sur les extrémités. Il s'agit donc d'une méthode de suivi.
2.4.1. Principe
Le point de fonctionnement d'un circuit est défini par l'intersection des caractéristiques des dipôles connectés.
Dans le cas où les deux dipôles D1 et D2 sont directement connectés la solution est facile à obtenir même dans le
cas de non-linéarité forte, en cherchant graphiquement ou numériquement l'intersection des équations de D1 et
D2. Dans le cas où les deux dipôles sont connectés par l'intermédiaire d'une ligne de transmission la situation est
plus compliquée puisque l'intersection doit être cherchée entre chaque dipôle et la ligne, dont l'état, donc la
droite de charge, change à chaque réflexion du signal aux extrémités. Il faut donc déterminer la droite de
charge de la ligne après chaque traversée de la ligne.
D1 D1
i1 i2
i2
t=0+
i0 i1
Rc, Tc
D1
D2
D1 v2 D2 D1 v2 D2
v1
v1 t=0-
v0
Pour comprendre ce qui se passe on peut effectuer ce calcul dans un cas simplifié (charges linéaires) en
appliquant le théorème de Thévenin aux instants t=0, τ, 2τ, 3τ, ect….
Détermination du point de fonctionnement statique du circuit avant excitation (t = 0-, D1initial). La ligne est
alors "transparente"
Application à t = 0+ de la variation de tension ou au dipôle d'excitation. D1 qui passe de D1initial à D1O+.
Si la tension ETH change à chaque traversée de la ligne, la résistance interne de change pas, il faut seulement
veiller au signe du terme Rci. avec les conventions habituelles dans les lignes de transmissions (différentes de
celles utilisées pour les quadripôles).
Rc Rc
i i
v ETH ETH
v
Pour la ligne vue depuis l'entrée on a E = VTH + Rci Pour la ligne vue depuis la sortie on a E = VTH -
Rci
La droite de charge représentant la ligne a donc une pente +Rc lorsqu'on cherche l'intersection avec le dipôle D1,
et une pente -Rc lorsqu'on cherche l'intersection avec le dipôle D2.
Le point P2 est alors obtenu simplement par l'intersection de cette droite et de D2. v
Là aussi la tension ETH1 est accessible mais inutile. i D10+ Pente -Rc
A partir de là il est facile de continuer pour obtenir les tensions successives en entrée
et en sortie. P2
D2
Remarque : on peut justifier plus rigoureusement le positionnement de la droite de
ETH1 v
pente –Rc en cherchant quelles variations de tension ∆v et de courant ∆i "voit" le
signal se propageant de l'entrée vers la sortie (du point P1 vers le point P2).
On a en x=0 et t=0 : v( x =0,t = 0) = v1(0) + v2(0) et i( x =0,t = 0) = 1/ Rc ( v1(0) − v2(0) ) . Et en x=l et t=lTc :
( ) (
v( x =l ,t =lTc ) = v1( t −lTc ) + v2(t + lTc ) = v1(0) + v2(2lTc ) ; i(l ,t =lTc ) = 1/ Rc v1( t −lTc ) − v2(t + lTc ) = 1/ Rc v1(0) − v2(2lTc ) )
On pourrait montrer de même que pour une signal se propageant de la sortie vers l'entrée ("vu de l'entrée") on
∆v
trouve = + Rc .
∆i
Dans le cas d'un circuit linéaire on peut faire le calcul direct par le théorème de Thévenin
10 Ω 50 Ω 100 Ω 10 Ω 50 Ω
10 Ω 100 Ω 50 Ω
2v 1,2v
1,2v 0,66v
x = 0 ; t = 0- x = 0 ; t = 0+ x=l;t=τ x = 0 ; t = 2τ
v(0-) = 0 v v(0+) = 1 v v(τ) = 1,33 v v(2τ) = 1,11 v
Les différents schémas équivalents sont calculés aux instants t = 0-, 0+, τ, 2τ,… en considérant un front d'onde
initial qui part de l'entrée à t = 0+. La source de tension est déterminée classiquement par le calcul de la tension à
vide (il faut veiller à tenir compte du coefficient de réflexion +1 que cette condition entraîne).
V(volt
v
-10 Ω -50 Ω
1,2
1
Ventrée
10Ω 50Ω
100 Ω
50 Ω Vsortie
E=1,2v 100Ω
t
10 20
0 i(mA) τ 2τ 3τ 4τ 5τ 6τ
-10 Ω
L'exemple suivant fait intervenir un élément non linéaire en sortie. On note un régime transitoire de type amorti,
mais selon les non-linéarités on peut avoir des régimes oscillatoires plus ou moins amortis, des instabilités et
même des divergences.
Ventrée
50 Ω 100Ω 50Ω
100 Ω
Vsortie
E=12v
t
120
0 i(mA) τ 2τ 3τ 4τ 5τ 6τ