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Délit D'initié

Le document traite du délit d'initié, une infraction pénale fréquente dans le milieu boursier. Il définit les éléments constitutifs du délit d'initié et les personnes susceptibles d'être en situation d'initié, permanent ou occasionnel. Le document décrit également les sanctions prévues par la loi marocaine pour cette infraction.

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Délit D'initié

Le document traite du délit d'initié, une infraction pénale fréquente dans le milieu boursier. Il définit les éléments constitutifs du délit d'initié et les personnes susceptibles d'être en situation d'initié, permanent ou occasionnel. Le document décrit également les sanctions prévues par la loi marocaine pour cette infraction.

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MASTER JURISTE D’AFFAIRES

Exposé sous le thème :

Délit d’initié

Encadré par: Professeur CHRAIBI Abla


Présenté par :

 BENOMAR Halima

 HAMOUCH Bouchra

 EL JABALI Afrae

 SAIDI Yasmina

ANNEE UNIVERSITAIRE: 2018/2019

1
Introduction :
La rencontre, en 1903, à Chamonix, entre Vladimir-Ilitch Oulianov (le futur Lénine) et
Jules Payot, un philosophe auteur de livres de montagne. À l'issue d'une conversation
passablement houleuse, Oulianov convainc Payot qu'une révolution communiste aura
bientôt lieu en Russie. Jules Payot décide sans attendre de vendre les emprunts russes
dont il avait hérité. Avec cet argent, il fait construire une maison à Chamonix,
commettant en somme « le premier délit d'initié de l'histoire »

Une autre affaire éclata suite au naufrage du Titanic le 14 Avril 1912…L'une des plus
anciennes affaires de délit d'initié lors de l'entrée en bourse de la société
britannique Marconi, qui s'effectua dans des conditions controversées. L'introduction
en bourse eut lieu à 3,5 sterling l'action, soit 3 fois le prix proposé dix jours plus tôt, le
naufrage du Titanic s'étant produit entre-temps et ayant démontré l'importance de la
télégraphie pour l'organisation des sauvetages. L'action grimpa immédiatement à 4
sterling dès les premiers échanges, avant de retomber brutalement quelques semaines
plus tard à seulement 2 sterling. Plusieurs courtiers furent soupçonnés de manipulation
de cours. On découvrit aussi que Rufus Isaacs, Ministre de la Justice du gouvernement
d'Herbert Asquith, avait revendu 7000 actions à un prix double de celui auquel il les
avait achetées deux jours plus tôt, tout comme deux autres ministres du gouvernement
aussi accusés d'avoir participé à cette affaire, dont le PM Lloyd George. Comme par
coïncidence, le ministre de la justice était le frère de Godfrey Isaacs, directeur général
puis Président de Marconi, nommé à la tête de cette entreprise sans aucune expérience
dans la télégraphie, qui venait de remporter un important contrat public pour fourniture
des équipements pour construire une chaîne de station de radio dans tout l'empire
britannique.

La bourse apparaît comme le lieu privilégié de la spéculation, mais un certain nombre


de règles doivent être respectées par les différents intervenants.
Les limites découlant de la loi de l’offre et de la demande sont insuffisantes pour
inspirer la confiance des investisseurs et des épargnants, donc l’existence d’une égalité
entre les différents opérateurs s’impose pour protéger le bon fonctionnement du

2
marché boursier.
Il existe une multitude d'infractions boursières qui sont susceptibles d'être
sanctionnées.

Le droit marocain compte trois infractions pénales boursières, toutes les trois
réprimées par la loi 43-12, il s’agit en premier lieu du délit de diffusion de fausses
informations qui est le fait de répandre sciemment dans le public par des voies et
moyens quelconque des informations fausses ou trompeuses sur les perspectives ou la
situation d’un émetteur et sur les perspectives d’évolution d’une valeur mobilière, de
nature à agir sur les cours ou, d’une manière générale, à induire autrui en erreur 1. En
deuxième lieu, la loi réprime aussi le délit de manipulation des cours qui est le fait
d’exercé sciemment ou tenter d’exercer, sur le marché d’une valeur mobilière une
manœuvre ayant pour objet d’agir sur les cours, de manière générale, d’entraver le
fonctionnement régulier du marché en induisant autrui en erreur2. Et en dernier lieu, le
délit d’initié qui nous concerne dans cette recherche.

Ce dernier résulte d'une opération qui se traduit par une rupture d'égalité des
investisseurs face à l'information et qui institue un privilège pour une certaine
catégorie d'investisseurs dits "initiés". Ainsi, toute personne disposant, dans l'exercice
de sa profession ou de ses fonctions, d'informations privilégiées et qui les aura
utilisées pour réaliser ou permettre sciemment de réaliser sur le marché, soit
directement, soit par personne interposée, une ou plusieurs opérations, est coupable de
délit d'initié.

Le délit d'initié est une infraction pénale fréquente dans le milieu boursier commise
par une personne nommée " l'initié ". Celui-ci exécute des transactions boursières sur
la base d'informations dont ne disposent pas les autres, c.à.d. qu'il a un avantage
concurrentiel sur les autres mais dont l'origine est illicite. En d'autres termes, le
spéculateur est sûr de gagner.

Au Maroc, le délit d'initié est régi par le Dahir portant loi n° 1-93-212 relatif au

1
L’article 44, Alinéa 1èr de la loi 43-12 relative à l’AMMC.
2
Idem, 2ème Alinéa.
3
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) et aux informations exigées
des personnes morales faisant appel public à l'épargne.

Aux termes de l'article 25 de ce même Dahir, le délit d'initié est le fait pour une "
personne disposant dans l'exercice de sa profession ou de ses fonctions, d'informations
privilégiées et qui les aura utilisées pour réaliser ou permettre sciemment de réaliser
sur le marché soit directement soit par personne interposée, une ou plusieurs opération
".

Est considérée comme " information privilégiée " selon le même article " toute
information relative à la marche technique, commerciale ou financière d'un émetteur
ou aux perspectives d'évolution d'une valeur mobilière, encore inconnue du public et
susceptible d'affecter la décision d'un investisseur ".

Les personnes susceptibles d'être en situation d'initié sont nombreuses. On peut


toutefois distinguer entre les " initiés permanents " et les " initiés occasionnels".
Les personnes en position " d'initiés permanents " sont des personnes qui, de par leur
position ou leur fonction, ont accès de façon régulière à des informations privilégiées.
Il peut s'agir des dirigeants d'une société cotée ou d'une de ses filiales, ainsi que de
toutes personnes participant habituellement au processus d'établissement des comptes
de la société cotée.

Les personnes en position " d'initiés occasionnels " sont celles qui bénéficient
d'informations privilégiées à l'occasion de l'exercice de leur profession ou de leur
fonction. Ces personnes peuvent appartenir à la société cotée ou entretenir avec elle
uniquement des relations professionnelles. Il peut s'agir en particulier, des partenaires
contractuels, des avocats ou conseillers intervenant dans une négociation ou une
décision importante sur la situation de la société cotée, ou dans des opérations
financières en préparation.

Les agissements de ces initiés sont réprimés sur le plan pénal par l'emprisonnement de
trois mois à deux ans et d'une amende pouvant atteindre le quintuple du profit
4
éventuellement réalisé, sans qu'elle puisse être inférieure à 200 000 dirhams, ou de
l'une de ces peines seulement.

Cette sanction est également valable pour toute personne possédant " en connaissance
de cause des informations privilégiées sur les perspectives ou la situation d'une société
dont les titres sont cotés à la Bourse des valeurs ou sur les perspectives d'évolution
d'une valeur mobilière, qui réalise ou permet de réaliser, directement ou indirectement,
une opération ou communique à un tiers des informations, avant que le public ait
connaissance de ces dernières ".
Les membres du conseil d'administration du CDVM ainsi que son personnel engagent
également leur responsabilité s'ils réalisent - directement ou par personne interposée -
des opérations sur les titres d'une personne morale ayant présenté un document
d'information au visa du CDVM.

d’ailleurs, Ce délit permet aux initiateurs de réaliser un profit qui s'entend selon
l'article 25 comme étant la différence entre le prix auquel l'opération initiale a été faite
et le cours moyen du titre constaté pendant les 15 jours de bourse suivant soit la
diffusion de l'information privilégiée soit la rectification des informations fausses ou
trompeuses.

L’étude du délit d’initié présente une importance capitale dans la mesure où une
simple information qui échappe d’une personne qui la détient peut avoir des
conséquences néfastes sur la vie d’une société et par ricochet sur le fonctionnement du
marché boursier qui présente à son tour une grande importance qui fait de lui un levier
économique de tout pays.

Ce qui justifie l’importance de mettre en place un dispositif de protection du marché


boursier contre ce type d’infraction qui peut avoir des répercussions néfastes.

Ce qui nous amène à se demander quelle est la condition d’existence et quelles


sont les diverses manifestations du délit d’initié ? Comment l’infraction est
constatée et réprimée dans le cadre de la procédure répressive du délit d’initié ?
5
Pour répondre à cet objectif, il est apparu primordiale de se pencher en premier lieu
vers les généralités du délit d’initié (Partie I), pour ensuite traiter, sa procédure
répressive (Parti II).

Partie I : Les généralités du délit d’initié

Le délit d’initié n’est commis que dans le cadre d’un marché boursier, il ne concerne
que les sociétés cotées en bourse. Sa notion n’est pas facile à cerner, comme toute
infraction, le délit d’initié afin qu’il mérite cette qualification, doit satisfaire certains
éléments constitutifs (B). Mais sa notion suppose l’existence au préalable, d’une
condition substantielle(A).

Chapitre 1 : La condition d’existence du délit d’initié

Pour que le délit d’initié soit réputé comme infraction, une nécessité s’impose, c’est
celle de l’existence d’une information privilégiée dont l’exploitation est à l’origine de
l’infraction, il importe donc de traiter la notion de l’information privilégiée(1), et
après, voir ses caractéristiques(2).

Section 1 : La notion de l’information privilégiée

Le délit d’initié suppose une information privilégiée dont profite l’initié. On dit d'une
personne qu'elle est initiée soit en vertu de ses fonctions de direction d'une entreprise
cotée en bourse, soit parce que, dans l'exercice de ses fonctions, elle est amenée à
détenir des informations privilégiées. Il est bien certain que la détention d’une
information privilégiée conduit l’initié à s’en servir car ça peut lui être pécuniairement
fructueux et profitable. Cependant, toute information ne donne pas lieu à infraction.
L’information privilégiée, constitue une condition nécessaire à la naissance et la
commission du délit d’initié et doit comporter des caractéristiques bien déterminées
afin qu’elle soit privilégiée3. La jurisprudence française a donné des éclaircissements à

3
Philippe BONFILS, P : 259.
6
cet égard, en précisant que constitue une information privilégiée « tout renseignement
revêtant un caractère précis, particulier et certain »4.

Selon l’article 42 alinéa 2 de la loi 43-12, on entend par information


privilégiée, « Toute information encore inconnue du public, relative, directement ou
indirectement, à un ou plusieurs émetteurs d’instruments financiers ou à un ou
plusieurs d’instruments financiers et qui est susceptible une fois connue du public
d’affecter le cours des instruments financiers concernés ou y afférents.

Ladite information peut également être relative à la marche technique, commerciale


ou financière d’un émetteur ou aux perspectives d’évolution d’instruments financiers,
encore inconnu du public et susceptible d’affecter la décision d’un investisseur ». Ici,
la loi met en cause, non seulement, les informations relatives à des situations sociales
nouvelles, mais également à tout acte comportant une incidence sur la vie boursière.

C’est l’existence d’une telle information, concernant, de près ou de loin, la vie de la


société, qui fait, en effet, la différence entre le délit d’initié, qui consiste à l’usage indu
de l’information privilégiée sur le marché boursier, et le délit de manipulation des
cours qui consiste en une altération du cours sur le marché boursier.

Section 2 : Les caractéristiques de l’information privilégiée

Pour que le délit soit constitué, l’information doit respecter quelques caractéristiques
afin qu’elle puisse être qualifiée d’information privilégiée, qui sont d’origine
jurisprudentielle. En effet, la Chambre criminelle de la Cour de cassation française a
résumé les caractéristiques de l’information privilégiée en notant que, « c’est à la
condition que lesdites informations soient précises, confidentielles, de nature à influer
sur le cours de la valeur et déterminantes des opérations réalisées »5. A savoir, être
précise, confidentielle et importante.

Information précise : il faut qu'elle présente une précision suffisante pour être
utilisable immédiatement et influer sur les marchés boursiers. Cependant l'information
précise n'est pas nécessairement une information certaine. Les tribunaux doivent, en
4
Cour d’appel de paris, 30 mars 1977, JCP 1979. II. 18789.
5
Cour de cassation française, 26 juin 1995, Bull. Crim., no 233, Revu sociétés 1995, P : 562.
7
fonction des cas, déterminer si " l'information " est une véritable information ou si ce
n'est qu'un bruit ou une rumeur qui, faute de précision suffisante, n'est pas utilisable
immédiatement sur le marché boursier et ne peut pas avoir d'influence sur son
organisation.

Sur le critère de précision, l'information sera précise lorsqu`elle fait mention d'un
ensemble de circonstances ou d'un événement qui s'est produit ou qui est sur le point
de se produire, et si il est possible d'en tirer une conclusion quant à l'effet probable de
ces circonstances ou de cet événement sur le cours des instruments financiers
concernés ou des instruments financiers qui leur sont liés. Quant aux termes « avoir
une influence sensible », ils signifient que l'investisseur raisonnable serait susceptible
d'utiliser cette information comme l'un des fondements de ses décisions
d'investissements.

A ce niveau, il convient de préciser que le délit d’initié est mal compris dans les
milieux d’affaires. Il est vrai que dans le domaine de la Bourse, les spéculations sont
admises et presque recommandées car elles servent à régler le marché des capitaux.
Mais la notion «d’opération d’initié» et celle de spéculation sont distinctes, voire
antinomiques dans la mesure où le spéculateur prend un risque, alors que l’initié pense
gagner à coup sûr.

Information confidentielle : Le délit d’initié ne peut toucher que ceux qui sont dans
le secret des affaires. Or, le secret de tout le monde n’est pas un secret. L’information
doit être confidentielle, en d'autres termes, secrète et non connue du public. Cette
confidentialité de l'information est justifiée par la théorie économique. Si certains
agents utilisent une information boursière inconnue du grand public pour en tirer
profit, alors d'autres opérateurs peuvent perdre confiance dans le marché et diriger leur
capacité de financement vers d'autres placements. Ainsi, l'information ne perd son
caractère confidentiel que lorsqu'elle est communiquée par un canal officiel : un
communiqué de presse, une publicité légale ou encore une lettre aux associés.

Selon les dispositions de la circulaire n°01/05 relative aux règles déontologiques


devant encadrer l’information au sein des sociétés cotées, une information reste

8
confidentielle, tant qu’elle n’est pas portée à la connaissance du public. La circulaire
interdit toutes transactions sur les titres par les personnes détenant l’information
privilégiée, à partir du moment où les personnes initiés ont pris connaissance de
l’information privilégiée jusqu’à la date où celle-ci sera publiée par voie de
communiqué de presse6.

Cependant, l’article 7 du circulaire n° 05/057 constate que l’information contenu dans


le communiqué de presse doit être exacte précise et sincère. L’article 9 de la même
circulaire mentionne que pour être publique, l’information doit faire l’objet d’un
communiqué de presse publié dans un journal d’annonce légale.

Information importante : On peut définir l’information importante comme tout fait


intervenant dans l’organisation, la situation technique ou commerciale d’un émetteur,
et pouvant avoir l’influence significative sur les cours en bourse de leurs titres ou une
incidence sur le patrimoine des porteurs des titres8.L’influence significative peut être
favorable ou défavorable. Elle peut donc se traduire par un impact positif ou négatif
sur les cours enbourse ou sur le patrimoine des détenteurs du titre. D’après la circulaire
n°05/05 relative à la publication d’information importante par les personnes morales
faisant appel public à l’épargne, l'AMMC met à la charge de l’émetteur l’appréciation
de la qualité d’information importante sous sa responsabilité. A titre indicatif,
l'AMMC fournit quelques exemples d’informations importantes, mais il est à noter que
la non inclusion éventuelle d’information de cette liste ne dispense pas les émetteurs
dans l’obligation de porter à la connaissance du public toute information répondant
aux critères qualifiants l’information d’importante9.

Pour l’appréciation de ces informations, les émetteurs sont soumis à un devoir général,
de vigilance. En particuliers ils sont tenus d’apprécier l’impact éventuel sur le cours en
bourse de leurs titres, ou sur le patrimoine des porteurs des titres, de tout fait

6
Article 11 de la circulaire 01/05 relative aux règles déontologiques devant encadrer l’information au sein des
sociétés cotées.
7
Le circulaire n° 05/05 relative à la publication d’information importante par les sociétés dont les titres sont cotés
à la Bourse des valeurs.
8
Philippe BONFILS, 2009, P : 260.
9
Article 3 de la circulaire n°05/05.
9
significatif, afin de déterminer l’information importante, en cas de doute, les émetteurs
sont invités à consulté l'AMMC.

Par ailleurs, en Europe, dans un arrêt du 11 mars 2015, la Cour de justice de l’Union
européenne (CJUE) a ainsi précisé les obligations d’information au marché pour
prévenir les délits d’initié en disposant que : « Toute information doit être divulguée
au public, même si son détenteur ne sait pas quelle influence précise elle aura sur le
cours de bourse »10.

Chapitre 2 : Les éléments constitutifs du délit d’initié

La qualification d’un fait comme étant un délit d’initié, stipule la réunion de deux
éléments : un élément d’ordre matériel et un élément d’ordre moral.

Section 1 : L’élément matériel

L’élément matériel du délit d’initié s’articule sur deux critères : l’accomplissent de


l’acte illicite (sous-section 1), prévu par la loi, et l’antériorité de l’opération par
rapport à la publicité de l’information (sous-section 2) qui est prévue par la circulaire
01/05 relative aux règles déontologiques devant encadrer l’information au sein des
sociétés cotées.

Sous-section 1 : L’acte illicite

L’utilisation de l’information privilégiée est une des formes des délits d’initiés.
L’article L.465-1 alinéa 1er du Code des marchés financiers sanctionne ainsi le fait
pour des initiés « de réaliser ou de permettre de réaliser soit directement, soit par
personne interposée, une ou plusieurs opérations avant que le public ait connaissance
de ces informations ». Ce qui se trouve réprimé est ainsi l’utilisation d’information
privilégiées, afin de réaliser des opérations boursières (dans le cadre d’une
spéculation) ; du moins tant que l’information n’est pas devenue publique. Aussi, le
texte impose finalement ; un devoir d’abstention jusqu'à ce moment11.

10
Cour de justice de l’Union européenne, Arrêt de la 2èmechambre, numéro C-628/13, 11 mars 2015.
11
Bernard BEIGNIER, Droit pénal des affaires, Master 1, édition 2009, LEXTENSO, page : 260.
10
Au Maroc, d’après l’article 42 de la loi n° 43-12 relative à l’Autorité Marocaine du
Marché des Capitaux12. : «Toute personne disposant, dans l’exercice de sa profession
ou de ses fonctions, d’informations privilégiées et qui les aura utilisées pour réaliser
ou permettre sciemment de réaliser sur le marché, soit directement, soit par personne
interposée, une ou plusieurs opérations, sera punie d’un emprisonnement de trois mois
à deux ans et d’une amende pouvant atteindre le quintuple du profit éventuellement
réalisé, sans qu’elle puisse être inférieure à deux cent mille (200.000) dirhams, ou de
l’une de ces deux peines seulement.

On entend par information privilégiée toute information encore inconnue du public,


relative, directement ou indirectement, à un ou plusieurs émetteurs d’instruments
financiers ou à un ou plusieurs instruments financiers et qui est susceptible une fois
connue du public, d’affecter le cours des instruments financiers concernés ou y
afférents.

Ladite information peut également être relative à la marche technique, commerciale


ou financière d'un émetteur ou aux perspectives d’évolution d’un instrument financier,
encore inconnue du public et susceptible d’affecter la décision d’un investisseur.

Est puni des mêmes peines que celles prévues à l’alinéa 1er du présent article toute
personne, autre que celle visée au même alinéa , possédant en connaissance de cause
des informations privilégiées sur les perspectives ou la situation d’une société dont les
titres sont cotés à la Bourse des valeurs ou sur les perspectives d’évolution d’un
instrument financier, qui réalise ou permet de réaliser, directement ou indirectement,
une opération ou communique à un tiers des informations avant que le public ait
connaissance de ces dernières.»

L’article 43 de la même loi énonce que «La communication par toute personne à un
tiers en dehors du cadre normal de sa profession ou de ses fonctions d’une
information privilégiée, telle que définie à l’alinéa 2 de l’article 42 ci-dessus, est
punie de trois mois à un an d’emprisonnement et d’une amende de vingt mille (20.000)
à cent mille (100.000) dirhams».
12
Dahir n° 1-13-21 du 1er JOUMADA I 1434 (13 mars 2013) portant promulgation de la loi n° 43-12 relative à
l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux.
11
D’après ces textes de loi, le législateur sanctionne l’usage indu de l’information
privilégiée sur le marché boursier. Cependant, cet acte illicite peut être sous deux
formes : soit par la réalisation d’une opération frauduleuse sur le marché ou bien par la
communication de l’information privilégiée.

L’initié peut réaliser l’opération frauduleuse pour son compte, comme il peut
permettre à un tiers de la réaliser. Dans tous les cas l’acte illicite consiste soit à opérer
frauduleusement sur le marché soit à communiquer l’information privilégiée à autrui
ce qui constitue l’élément matériel du délit d’initié incriminé.

La communication d’informations privilégiées est l’autre forme des délits d’initiés.


Encore appelé délit de dîner en ville, ce délit a fait son entrée en 1989 en France13 est
justifiée par le souci de compléter la répression du délit d'initié. Il s’agit ici pour un
initié non pas de réaliser une opération boursière, mais de donner des informations ou
de faire des confidences. L’article L.465-1 alinéa 2 réprime ainsi le fait pour un initié
de communiquer une information privilégiée à un tiers en dehors du cadre normal de
sa profession ou de ses fonctions. Il est à noter que cette infraction est formelle, de
sorte que l’usage que fera ou ne fera pas le tiers à qui l’information est donnée est sans
incidence. Mais si le tiers profite de l’information qui lui est donnée et réalise des
opérations boursières, il se rendra lui aussi coupable du délit d’initié, dans la forme
prévue à l’article L.465-1 Alenia 1er du Code des marchés financiers14.

Autrement dit, dans le cadre de ce délit de communication d’une information


privilégiée, l’initié ( c'est à dire la personne qui détient une information privilégiée,
confidentielle, secrète, non encore connue du public boursier) n’utilise pas cette
information pour son propre compte, comme dans le cadre du délit d’initié, mais la
transmet à un tiers hors le cadre normal de l’exercice de ses fonctions, à des fins ou
pour des activités autres que celles en raison desquelles l'intéressé détient
l'information. La communication à ces tiers est sanctionnée. Ces tiers seront par
exemple des amis, des membres de la famille, des journalistes, des relations
professionnelles,...
13
COZIAN (M.), VIANDIER (A.), DEBOISSY (F.), Manuel de droit des sociétés, 20e édition, Litec, Paris,
2007, p.179- 180.
14
Bernard BEIGNIER, Droit pénal des affaires, Master 1, édition 2009, LEXTENSO, page : 261.
12
L’auteur de la communication de l’information n’est pas nécessairement une personne
physique : Ainsi, les personnes morales peuvent également être déclarées responsables
pénalement du délit de communication d’information privilégiée. Dans ce cas elles
encourent une peine d’amende qui peut atteindre le quintuple de celle applicable aux
personnes physique15. En venant sanctionner l’initié jusqu’au décuple du montant du
profit éventuellement réalisé, la loi Warsmann16 vise-t-elle uniquement l’initié
personne physique, ou cette sanction peut être cumulée, pour la personne morale, avec
la sanction du quintuple ? L’enjeu est de taille, puisque dans ce cas, la sanction
encourue par l’initié personne morale pourrait théoriquement, à la lecture des textes,
atteindre 50 fois le montant du profit éventuellement réalisé.

Ce délit de communication d’une information privilégiée se prescrit par trois ans à


compter de la commission de l'infraction. La question du point de départ de cette
prescription peut se poser : Normalement, l'initié est en faute dès qu'il a communiqué
l'information réservée et la prescription devrait courir dès ce moment. Cependant,
l'infraction ne s'extériorise et ne cause véritablement de troubles à l'ordre boursier
qu'au moment où le bénéficiaire opère sur le marché. Il est donc possible (bien qu'il n'y
ait pas de jurisprudence en la matière) de retarder à cette date le départ du délai de
prescription.

De toute façon, l'opération illicite n'est profitable, et sanctionné, que si elle est
effectuée avant que le public soit informé. Or, dès lors que l’information est connue,
l’information perd son qualificatif de privilégiée et la communication de cette
information n'est pas sanctionnée.

Dans une décision rendue le 9 octobre 2008, la Commission des sanctions de l'AMF a
apporté des précisions sur le délit d'initié et plus particulièrement sur le délit de "dîner
en ville". Ainsi, la Commission a souligné qu'un simple déjeuner avec une personne
mise en cause, quelques heures avant ses premières interventions sur le titre d'un

15
Article 131-38 du Code pénal français.
16
La loi Warsmann II du 22 mars 2012 a augmentée de façon ostensible la sanction pécuniaire de la
communication par l’initié, d’une information privilégiée
13
émetteur, dont la prise de contrôle avait de grandes chances d'aboutir, ne suffit pas à
lui seul à caractériser la transmission par l'associé gérant d'une société de conseil en
fusions acquisitions de l'information privilégiée en cause17.

Sous-section 2 : L’antériorité de l’opération par rapport à la


publicité de l’information

Il faut que cet acte incriminable soit commit dans un laps de temps bien précis. Le
délit est commit lorsque l’opération ou la communication se situe entre le moment de
la détention de l’information privilégiée et sa diffusion au public. Selon l’article 11 de
la circulaire 01-05 : «afin d’éviter des situations pouvant entraîner la commission d’un
délit d’initié, les personnes initiés doivent s’interdire de procéder, directement et/ou
indirectement à travers la gestion portefeuille sous mandat, à des transactions sur les
titres de la société cotée, à partir du moment où les dites personnes ont pris
connaissance d’une information privilégiée jusqu’à la date à laquelle cette
information est rendue publique… » .

Il convient donc de préciser les deux moments avant d’analyser l’acte incriminé. Cette
antériorité de l’opération par rapport à la publicité de l’information est un véritable
élément constitutif du délit d’initié.

Le délit d’initié se trouve ainsi caractérisé par le simple rapprochement chronologique


entre la détention de l’information privilégiée et son utilisation sur le marché avant que
celle-ci soit connue du public. A ce niveau, on peut dire que ce sont les initiés qui
doivent s’assurer eux même que les informations dont ils disposent ont perdues leur
caractère confidentiel par l’expression du texte « avant que le publique ait
connaissance » ; par exemple les tribunaux français ont considérés que l’ordre de
vente des titres données à une banque ou à un autre intermédiaire financier, constitué
la réalisation de l’opération. C’est la date de cet ordre et non pas son exécution qui va
être prise en compte. La fixation de cet acte est d’autant plus importante que le délit
d’initié, qui est une infraction instantanée et que la seule tentative n’est pas punissable,
encore faut-il que la date de l’ordre donné coïncide avec la possession d’une

17
Bulletin Joly Bourse, 2009, n° 1, janvier-février, § 1, p. 10
14
information précise non encore divulguée. Cependant il a été jugé qu’un ordre donné
avant d’avoir acquis une information privilégiée et non révoqué après information
pourrait être révoqué.

La jurisprudence, comme la doctrine, sont unanime et constante pour reconnaitre que


la détention de l’information privilégiée crée un devoir d’abstention, qui doit, au
besoin se manifester par une prompte révocation d’un ordre antérieur.

Cependant si le législateur a exigé le rapprochement chronologique entre la détention


de l’information privilégiée et la réalisation d’un acte illicite précité pour qu’il soit
incriminé, il n’est cependant pas nécessaire d’établir le lien de causalité entre ces
deux circonstances, pour que l’infraction soit commise, il suffit que l’initié ne respecte
pas son obligation d’abstention et de discrétion, on peut dire que le délit d’initié est un
délit quasi objectif.

Section 2 : L’élément moral

Généralement, lorsque les éléments matériels d’un délit ne sont plus contestables, le
prévenu plaide, avec plus ou moins de bonheur, sa bonne fois. Encore faut-il que le
législateur est spécifié que l’acte délictueux comporté un élément intentionnel. Or, en
matière de droit pénal des affaires, l’élément moral tend à s’atténuer en considération
de se responsabilité en fonction du délinquant. Même s’il subsiste, il tend vers zéro.

La loi, à propos d’une opération frauduleuse effectuée directement ou par personne


interposée d’un initié, n’utilise ni les termes de mauvaise foi, ni celui de sciemment.
Ce n’est que dans le cas d’un initié permettant à un tiers bénéficiaire de réaliser une
opération anticipée que la loi use du terme sciemment. Il est dès lors possible de
soutenir que ce n’est que dans ce dernier cas de figure et lui seul, que l’intention
délictueuse constitue un élément de l’infraction qui doit être établit.

Dans le premier cas le législateur suppose que l’élément intentionnel du délit est
suffisamment établit dès lors que l’auteur de l’acte « sait » qu’il bénéficie d’une
information privilégiée. Et comment ne pourrait-il pas savoir puisque justement ce
type d’infraction est aux mains de ceux qui détiennent la maitrise des affaires, sont au

15
cœur des rouages et des secrets d’affaires. Le législateur se limiterait à tolérer, tôt au
plus les propos imprudent d’un initié permettant involontairement à un tiers de
bénéficier d’un bon tuyau recueilli par hasard.

Lorsque le délit d’initié consiste à la communication illicite de l’information, ici, pour


être punissable, l’initié doit seulement savoir et vérifier que l’information qu’il détient
par privilège n’est pas publique et que dès lors il est tenu à une obligation de réserve.
Dans ce cas, l’élément intentionnel n’est pas un élément constitutif de l’infraction.

D’autre part en France, les délits prévus par l’article L.465-1 du Code monétaire et
financier sont intentionnels. L’intention est donc requise pour les deux formes des
délits d’initiés, et même pour la communication d’informations privilégiées. La
précision est importante car on aurait pu penser appliquer cette incrimination à celui
qui, par mégarde, donne des informations privilégiées à un tiers. Or, la Cour de
cassation a précisé que « le délit d’initié est caractérisé à l’égard de la personne qui,
disposant à l’occasion de l’exercice de sa profession ou de ses fonctions,
d’informations privilégiées sur les perspectives d’évolution d’une valeur mobilière,
permet sciemment à des tiers de réaliser des opérations sur le marché avant que le
public ait connaissance de ces informations sans qu’il soit nécessaire qu’elle
connaisse l’identité des opérateurs, ou les modalités des opérations réalisées »18.

18
Cour de cassation française, chambre criminelle, 26 Octobre 1995, bull. Crim, N° 324, revue sociétés 1996,
page : 326.
16
Partie II : La procédure répressive du délit d’initié

En tant qu’infraction pénale relevant du droit pénal des affaires et concernant d’une
manière précise le droit boursier dans son aspect pénal, le délit d’initié se singularise
par un régime répressif spécial (B). Cependant, avant tout analyse de ce système, il est
d’une importance majeure de déterminer les personnes voire les sujets qui sont
concernée par la commission de cet acte (A).

Chapitre 1 : Les personnes visées

Les personnes susceptibles d’être en situation d’initié sont nombreuses.

Section 1 : Les initiés du délit

Les personnes susceptibles d’être en situation d’initié sont nombreuses. En effet, selon
le circulaire n° 01/O5 du 18 mars 2005, relatives ‘’aux règles déontologiques
minimales devant encadrer l’utilisation et la communication de l’information
privilégiée au sein des sociétés cotées’’, précise dans sa section 1ere relative aux
définitions que les personnes initiées peuvent être de deux ordres, celles en position
d’initiés permanents ou d’initiés occasionnels.

a) Les initiés permanents ou directs

Au terme de la dite circulaire ; les personnes en position d’initiés permanents sont :


« les personnes qui, de par leur position ou leur fonction, ont accès de façon régulière
à des informations privilégiées. Il s’agit notamment des dirigeants d’une société cotée
ou d’une de ses filiales ou d’une société du même groupe, ou de toute société ayant
des dirigeants et/ou actionnaires communs avec une société cotée, ainsi que de toutes
personnes participant habituellement au processus d’établissement des comptes de la
société cotée ».

La doctrine les qualifie d'initiés de droit, internes ou par nature. En d’autres termes ce
sont en fait les dirigeants sociaux, le président, les directeurs généraux, les membres
du directoire ou toute personne ayant la qualité d'administrateur ou membre du conseil
de surveillance ainsi que toute personne exerçant, à titre permanent, des fonctions
17
analogues à celles précitées. Ils sont frappés par la loi d'interdiction d'opérer sur le
marché boursier en raison des fonctions qu'ils exercent où il y a une présomption
d'initiation irréfragable concernant les titres des sociétés qu'ils dirigent et concernant
les titres d'autres entreprises appelées à traiter avec la société qu'ils dirigent.

Il faut préciser que dans le domaine de la Bourse, les spéculations sont admises et
presque recommandées car elles aident à régler le marché des capitaux. Mais la notion
« d’opération d’initié » et celle de spéculation sont distinctes, voire antinomiques (ou
contradictoires) dans la mesure où le spéculateur prend un risque, alors que l’initié
pense gagner à coup sûr.

La condition essentielle, dans la détermination de l’auteur ou des auteurs de


l’infraction, exigée par la loi est non pas le simple fait pour le détenteur d’informations
privilégiées d’avoir réalisé une opération de Bourse, mais le fait d’avoir agi « en
utilisant » lesdites informations, c’est-à-dire commis l’acte délictueux.

L’acte délictueux exige ainsi d’établir un lien entre l’information et l’opération. Ce


point est l’un des plus délicats car c’est là-dessus que se détermine l’élément
intentionnel de l’infraction. Et il ne peut y avoir de changement qu’à la condition que
celui-ci soit compris :

Prenons, par exemple, une société dont les actions sont cotées en Bourse. Ses
dirigeants sont, par leur situation même, les premiers à connaître des informations qui,
lorsqu’elles parviendront au public, entraîneront à coup sûr la hausse ou la baisse des
titres : par exemple, les résultats financiers de l’année écoulée sont bien supérieurs, ou
bien inférieurs, aux prévisions. Mieux, ou pire, les dirigeants prendront des décisions
qui entraîneront la hausse ou la baisse du titre : ils décident par exemple d’augmenter
ou de réduire le dividende.

On comprend qu’il soit tentant pour les dirigeants de profiter de cette «information
privilégiée» en achetant des titres de la société, et quittent à les revendre quand
l’information sera devenue publique, ou inversement en vendant, et quittent à en
racheter par la suite. C’est pourtant de leur part qu’une opération est indélicate. Alors
que les actionnaires les ont élus pour diriger la société dans l’intérêt de tous, ils

18
profitent de leurs fonctions pour acheter ou vendre aux actionnaires des titres à un
coup qu’ils savent injuste. Dans un sens large c’est un abus de confiance.

Le délit concerne non seulement les initiés de droit mais tous ceux qui disposent en
fait d’une information privilégiée sur la marche d’une société.

b) Les initiés occasionnels ou indirects

Les personnes en position « d’initiés occasionnels » selon la dite circulaire, sont celles
qui bénéficient d’informations privilégiées à l’occasion de l’exercice de leur
profession ou de leur fonction. Ces personnes peuvent appartenir à la société cotée ou
entretenir avec elle uniquement des relations professionnelles. Il peut s’agir en
particulier, des partenaires contractuels, des avocats ou conseillers intervenant dans
une négociation ou une décision importante sur la situation de la société cotée, ou dans
des opérations financières en préparation.

L'initié ne voit peser sur lui aucune présomption irréfragable ou simple : il faut
démontrer sa qualité d'initié indirect, le juge répressif devra constater que l'information
privilégiée a été acquise à titre professionnel.

En plus, ils peuvent appartenir à la société sans rentrer dans la liste limitative des
dirigeants, comme un directeur financier, ou un directeur administratif, ou encore être
étrangers à la société mais entretenir avec celle-ci des relations professionnelles. On
peut citer ou rajouter :

Le liquidateur ;

Certains employés de banque ou de société de bourse ;

Le cas du directeur d'un cabinet d'un ministre.

Est également considérée comme initiée toute personne détenant une information
privilégiée et qui sait, ou aurait dû savoir, qu’il s’agit d’une information privilégiée.

Toutes ces personnes subissent l'obligation de s'abstenir de toute opération sur le


marché dès qu'elles ont eu accès à une information privilégiée.

19
Section 2 : Les bénéficiaires du délit d’initié

Qu’ils soient initiés permanents ou occasionnels, le législateur a retenu deux catégories


bien distinctes d’auteurs du délit d’initié :

Ceux qui, détenant une information privilégiées ont réalisées, directement ou par
personnes interposées, une opération boursières frauduleuse.

Ceux qui sciemment ou volontairement, auront permis, à un tiers, de réaliser une telle
opération, sans l’avoir eu même réalisé. (En pleine connaissance de cause).

Cette deuxième catégorie se trouve ainsi élargie par la volonté du législateur en


sanctionnant l’initié bavard d’avoir communiquer l’information privilégiée. Autrement
dit, le délit peut être commit même lorsqu’il ne profite pas financièrement à son
auteur. Ce sera le cas généralement du dirigeant faisant une opération boursière
frauduleuse pour le compte de la société ou ceux qui conseille à une tierce personne
une opération boursière qui ne peuvent réaliser eux même.

Le délit d'initié a été élargi au recel de délit initié par la Chambre criminelle de la Cour
de cassation dans une affaire Pechiney. Lorsqu'un initié primaire ou un initié
secondaire fait profiter d'une information à laquelle il a accès dans le cadre de son
travail à un tiers, alors il pourra être poursuivi pour recel de délit d'initié. Certaines
exigences doivent néanmoins être respectées : il faut qu'un délit d'initié préalable
existe, et que la personne poursuivi pour recel ait été au courant de l'origine
frauduleuse de l'information privilégiée19.

Néanmoins à ce stade une question mérite l’éclaircissement : Est-ce qu'un bien


immatériel peut faire l’objet d’une infraction de recel ?

La réponse à cette question existe en France et plus particulièrement dans l’affaire


Pechiney-Triangle.

Le délit de recel existe en droit français depuis la loi du 22 mai 1915. Il consiste à
dissimuler, détenir ou transmettre une chose, ou faire office d'intermédiaire afin de la

19
http://www.avocats-picovschi.com/le-delit-d-initie_article_829.html
20
transmettre, en sachant que cette chose provient d'un crime ou d'un délit (article 321.1
du Code pénal). Cette infraction n'a pas été débattue en matière de délit d'initié jusqu'à
l'affaire Pechiney-Triangle. Deux obstacles pouvaient s'opposer à ce que l'infraction de
recel appliquée au délit d'initié puisse être retenue : l'information privilégiée ne peut
être, d'une part, qu'un bien immatériel, insusceptible d'appropriation, d'autre part.

Le tribunal et la cour avaient retenu l'infraction de recel de délit d'initié. La Cour de


cassation admet le recel en matière de délit d'initié mais le requalifie, de recel de délit
d'initié, en recel de produit de délit d'initié, au motif que « si le recel ne peut résulter
de la simple détention d'informations privilégiées, il est caractérisé à l'égard de celui
qui, réalisant, en connaissance de cause, des opérations sur le marché, avant que ces
informations soient connues du public, bénéficie du produit du délit d'initié ainsi
consommé ". Il faut rappeler que cette conclusion a non seulement pour effet de
permettre la condamnation des personnes à qui l'initié a transmis l'information _ et aux
autres maillons de la chaîne ayant bénéficié de l'information privilégiée _ qui ont
réalisé une opération sur le marché, mais aussi de rendre possible leur poursuite au-
delà de la prescription éventuellement acquise au titre du délit d'initié lui-même20.

Chapitre 2 : La recherche de l’infraction du délit d’initié et les


sanctions encourues

Le régime ou la procédure répressive du délit d’initié, se caractérise par l’intervention


des autorités du marché boursier à savoir l’Autorité marocaine du marché des capitaux
à côté du pouvoir judiciaire, en particulier dans le cadre de la constations de ladite
infraction (1) et l’application des sanctions (2).

Section 1 : La constatation de l’infraction

La loi 43-12 a doté l’autorité marocaine du marché de capitaux ou l’AMMC (ancien


Conseil déontologique des valeurs mobilières) de plusieurs prérogatives en matière du
contrôle du marché boursier. En fait en exerçant son contrôle de l’activité des
personnes soumis au contrôle de l’AMMC, celle-ci peut être amenée à constater
20
https://www.lesechos.fr/17/11/1995/LesEchos/17027-121-ECH_le-delit-d-initie-apres-l-affaire-pechiney-
triangle.htm#Om8FM4EtgE0MTgfI.99
21
l’existence de certain manquement aux obligations professionnelle ou même des
infractions pénales.

Ainsi, dans le cadre de la recherche et la constations de l’infraction du délit d’initié,


l’AMMC est habilitée à procéder à des enquêtes auprès des organismes et personnes
soumis à son contrôle. Cette constations est effectué par des agents spécialement
commissionnées à cet effet21.

Ces agents spéciaux, sont assermentés et disposent dans le cadre de leur mission du
pouvoir de demander toutes les information nécessaires auprès de toute personne
susceptible d’avoir des information ou des éléments de preuve pouvant contribuer à la
constations du délit d’incité22

En outre de ces pouvoirs, les agents spéciaux sont autorisés à accéder à tous les locaux
à usage professionnel des organismes et personnes soumis au contrôle de l’AMMC, se
faire communiquer tous pièces et documents, entendre toutes personnes susceptible de
leur fournir des informations en rapport avec leur mission et établir un procès-verbal à
cet effet, signé par ces agents et par les personnes ayant été entendues23.

En substance, lorsque ces agent constate dans le cadre de leur recherches et


investigations, qu’il y a lieu à une commission éventuelle de l’infraction du délit
d’initié tel que défini par l’article 42 de la loi 43-12, ils doivent sur ordre du président
de l’AMMC, effectuer en tous lieux, professionnels ou autres des visites domiciliaire,
des perquisitions, des saisies et la mise sous scellé pour la recherche de documents ou
de tous éléments matériels établissant l’infraction du délit d’initié24.

En effet cette disposition soulève l’intérêt pratique de la mission des agent spéciaux de
l’AMMC dans la mesure où, en plus du fait qu’ils sont des experts en marché boursier
, ils sont habilité à saisir tous élément de preuve nécessaire à l’établissement de la
vérité de l’existence de l’infraction du délit d’initié avant sa destruction ou
dénaturalisation par les personnes suspectes d’avoir consommer l’acte du délit d’initié.

21
Le premier et le deuxième alinéa de l’article 34 de la loi 43-12.
22
L’alinéa 6 de du même article.
23
L’alinéa 7 du même article.
24
L’alinéa premier de l’article 37 de la loi 43-12.
22
En effet, l’aspect sur lequel se fonde la singularité du régime répressif de l’infraction
du délit d’initié, est le fait que les agents spéciaux de l’AMMC exècrent leur mission
en coopération avec les officiers et agents de police judicaire. Plusieurs dispositions
dans la loi consacrent cette coopération.

A cet titre le deuxième alinéa de l’article 34 dispose que outre les officiers et agents de
police judiciaire, la recherche et la constations des infractions sont effectuées par des
agents spécialement commissionnés à cet effet.

Du surcroit, le deuxième et le cinquième alinéa de l’article 37 25 prévoient


respectivement que le procureur du Roi autorise par décision motivée, les agents
spéciaux, à effectuer des visites domiciliaires, des perquisitions, des saisies et la mise
sous scellé, et qu’il désigne un ou plusieurs officiers de police judiciaire chargé
d’assister les agents spéciaux de l’AMMC. La constations de l’infraction du délit
d’initié donne lieu à une procédure d’instruction, afin d’infliger, s’il y a lieu, des
sanctions.

Section 2 : Les sanctions encourues

Sous-section 1 : Les sanctions de l’AMMC

L’AMMC dispose d’un collège de la sanction dont la mission principale est


l’instruction des faits susceptibles de donner lieu à une sanction prononcée par le
président de l’AMMC.

Ainsi, si les enquêtes menée par les agents spéciaux constate une commission d’un
délit d’initié, le président de l’AMMC saisie le collège des sanctions afin d’instruire
sur l’affaire et de proposer aux président, les sanctions disciplinaires correspondantes
aux faits reprochés. Il convient de préciser que seul le président de l’AMMC a la
compétence de prononcé des sanctions.

A cet égard ces sanctions peuvent être :

25
De la loi 43-12.
23
Soit une sanction disciplinaire : telle que la suspension, pour un délai déterminé d’un
ou de plusieurs membres des organes d’administration, de direction et de gestion, la
suspension pour un délai déterminé ou le retrait de l’habilitation, l’interdiction ou la
restriction de l’exercice d’une activité26

Soit une sanction pécuniaire : dont le montant qui est en fonction de la gravité des
manquements commis et en relation avec les avantages ou les profits tirés de ces
manquements, ne pouvant excéder deux cent mille (200.000) dirhams. A préciser que
si des profits ont été réalisés, cette sanction peut atteindre le quintuple du montant
desdits profits.

Dans le sens de respecter le droit de se défendre et d’être entendue qui caractérise


toute procédure répressive, le président de l’AMMC ne peut prononcer les sanctions
sans avoir au préalable entendu ou dument convoqué la personne concernée, 10 jours
au moins auparavant, par lettre avec accusée de réception lui signifiant les faits
relevés. Ladite personne peut se faire assister d’un conseil de son choix27.

Sous-section 2 : Les sanctions pénales

L’AMMC est une autorité certes, néanmoins, elle ne peut prononcer des peines
privatives de liberté. Cette mission demeure exclusive au pouvoir judiciaire.

Les sanctions pénales relatives au délit d’initié soulevées des articles 42 et 43 de la loi
43-12 relative à l’AMMC varient selon qu’il s’agit d’une utilisation de l’information
privilégiée ou d’une divulgation de celle-ci.

A° Les sanctions pénales en cas d’utilisation de l’information privilégiée

Il convient ici de distinguer entre les sanctions à l’encontre des personnes initiées et les
tiers.

26
L’article 9 de la loi 43-12.
27
Le dernier alinéa de l’article 9 de la loi 43-12.
24
a) l’encontre des personnes initiées :

Les personnes initié sont les premières personnes concernées par la commission du
délit d’initié vu leur profession ou leur fonction dans le marché boursier, ainsi, toute
personne disposant, dans l’exercice de sa profession ou de ses fonctions, d’information
privilégiée et qui les aura utilisées pour réaliser ou permettre sciemment de réaliser sur
le marché, soit directement soit par personnes interposée, une ou plusieurs opérations,
sera punie d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende pouvant
atteindre le quintuple du profit éventuellement réalisé sans dépasser 200 000 dirhams
ou l’une de ces deux peines seulement28.

b) l’encontre des tiers :

Il faut entendre dans ce cadre par l’expression « tiers » tout autre personnes autres les
personnes initiées susvisées. C’est dans ce sens que le 4eme alinéa de l’article 42 de la
loi 43-12 a utilisé l’expression « tout autre personnes » pour désigner les tiers, et
prévoie que tout autre personne autre que celle visée dans le premier alinéa de article
43 c'est-à-dire les personnes initiées, qui possèdent en connaissance de cause des
information privilégiées, sont puni des même sanction que le personne initiées , c'est-
à-dire d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende pouvant
attendre le quintuple du profit éventuellement réalisé sans dépasser 200 000 dirhams
ou l’une de ces deux peines seulement.

B° Les sanctions pénales en cas divulgation d’une information privilégiée

La communisation ou la divulgation d’une information privilégiée peut être commise


par une personne initiée et aussi par une toute autre personne. A cet égard la loi
sanctionne la divulgation d’une information privilégiée en disposant que la
communication par toute personne à un tiers en dehors du cadre normal de sa
profession ou de ses fonctions d’une information privilégié, est punie de trois mois à
un an d’emprisonnement et d’une amende de vingt mille à cent mille dirhams29.

28
Le premier alinéa de l’article 42 de la loi 43-12 relative à l’AMMC.
29
L’article 43 de la loi 43-12 relative à l’AMMC.
25
Le délit d’initié est un infraction pénale , autrement dit, elle est commise à l’encontre
de l’ordre public voire de l’intérêt général, néanmoins, cela ne fait pas obstacle à ce
que cette infraction porte atteinte à des intérêts privés , surtout aux opérateurs du
marché boursier, chose qui leur ouvre droit, en principe, de demander la réparation
civile.

Chapitre 3 : La recevabilité de l’action civile et la prescription de


l’infraction du délit d’initie

Section 1 : La recevabilité de l’action civile

La commission d’une infraction prote préjudice à l’ordre public certes. Cependant il


peut y avoir des intérêts privés qui sont préjudicié également et qui requière une
réparation. C’est dans le cadre de l’action civile ou l’action civile accessoire à l’action
publique que les personnes victimes d’une infraction pénale peuvent demander
réparation de leur dommage devant le juge.

L’infraction du délit d’initié ne doit pas en principe faire exception à cette règle,
surtout que l’article 6 du Code de la procédure pénale prévoie que « L'action civile en
réparation du dommage causé par un crime, un délit ou une contravention appartient à
tous ceux qui ont personnellement souffert du dommage directement causé par
l'infraction ».Cependant la recevabilité de l’action civile en matière du délit d’initié est
soumise à des conditions de création jurisprudentielle30 assez particulières que
l’infraction du délit d’initié elle-même.

A ce titre la Chambre criminelle de la Cour de cassation française a posé une règle


pour la recevabilité de l’action civile en matière du délit d’initié, il est venue dans les
termes de son arrêt du 11 décembre 2002 « attendu que, pour qu’une constitution de
partie civile soit recevable devant la juridiction d’instruction, il suffit que les
circonstances sur lesquelles elle s’appuie permettent au juge d’instruction d’admettre
comme possible l’existence du préjudice en relation directe avec une infraction à la loi
pénale ». Selon cette règle, on comprend que pour que l’action civil soit recevable, il
30
La jurisprudence marocaine en matière du délit d’initié est quasi inexistante, pour cette raison le recours à la
jurisprudence française est nécessaire.
26
faut que la commission du délit d’initié ait un préjudice directe sur les actionnaires des
société concernées, ce qui implique que le fait d’invoquer uniquement que la
commission du délit d’initié a porter atteinte au marché boursier d’une manière
générale, ne constitue pas un préjudice personnel.

En effet cette situation met en exergue la difficulté de la preuve du préjudice en


matière du délit d’initié qui constitue également une entrave à la recevabilité de
l’action civile.

Dans ce sens, dans une affaire en matière du délit d’initié, dite l’affaire de Sidel31 en
France, le juge saisie par les personnes présumées victimes qui demandaient une
réparation civile suite à la commission du délit d’initié, a refusé d’octroyer une
indemnisation à ces personnes en invoquant que, le nombre relativement faible
d’actions Sidel achetées et revendues n’était pas susceptible d’avoir eu d’impact sur le
cours et que les parties civiles ne pouvaient dès lors se prévaloir d’aucun préjudice lié
aux infractions d’initié. Cette décision de justice donne une première caractéristique
sur le préjudice en matière du délit d’initié à savoir, le fait d’avoir tout d’abord un
impact sur le cours des actions que les présumées victimes détiennent.

En outre, il existe une autre difficulté à laquelle peut se heurter la recevabilité de


l’action civile. Il s’agit de la difficulté de déterminer la victime du délit d’initié. En
fait, puisque le délit d’initié porte à atteinte à l’intégrité et la sécurité du marché d’une
manière générale, la détermination des victimes d’une manière individuelle n’est pas
toujours faisable.

Enfin si un investisseur dans un marché boursier se prétend être une victime d’un délit
d’initié et prouve qu’il a subi un préjudice directe de cette infraction, le juge n’a pas
autre option que de lui octroyer la réparation civile de son dommage.

31
http://mja-assas.fr/wp-content/uploads/Lindemnisation-des-victimes-dinfractions-boursi%C3%A8res_Laure-
VALANCE_2007.pdf
27
Section 2 : La prescription de l’infraction du délit d’initié

La règle générale posée par l’article 5 du Code de la procédure pénale relative au délai
de la prescription des délits, est le fait qu’en matière de délit, la prescription de l'action
publique est de quatre années révolues. Cependant la question du point du départ de ce
délai demeure plus ou moins délicate en matière de délit d’initié.

A cet égard le point de départ du délai de prescription pour le délit d'initié est le jour
de la passation de l'ordre de bourse ou de la communication d'informations
privilégiées32.

Dans ce cadre et pour mieux illustrer la commission la sanction du délit d’initié, on


invoquera l’affaire des deux sociétés Pechiney et Triangle.

L’AFFAIRE PECHINEY-TRIANGLE :

La société française Pechiney, qui est un groupe industriel français actif dans le
domaine de l’aluminium, de la métallurgie, de l’emballage, de la chimie et du
combustible nucléaire, a initié une offre publique d’achat dont la cible était la société
américaine d’emballage Triangle inscrite dans la bourse de New York.

Les jours qui précèdent la publication officielle de l’offre publique d’achat initié par
Pechiney, ont connu une augmentation anormale du cours des actions de la société
Triangle, ce cours est passé de 10 à 65 Dollars américains.

En remarquant ce mouvement suspect, la Securities and Exchange Commission,


autorité de contrôle du marché boursier dans les Etats Unies de l’Amérique, a averti la
Commission des opérations de bourse33.Suite à cela une procédure judiciaire a été
mise en place, dont l’aboutissement a donné lieu à l’existence d’implication de certain
homme de l’Etat en France qui par leur position et leur relation ont pris connaissance
de l’OPA avant sa publication officielle et ont procédé à des acquisitions des actions

32
https://www.doc-du-juriste.com/droit-prive-et-contrat/droit-des-affaires/dissertation/regles-prescription-
degagees-jurisprudence-infractions-droit-penal-affaires-451675.html
33
La Commission des opérations de bourse (COB) était un organisme français, créé en 1967 pour formuler des
avis ou prendre des décisions concernant certaines questions de Bourse (notamment admission des valeurs à la
cote officielle). La COB a été fusionné en 2003 avec le Conseil des marchés financiers pour former l'Autorité des
marchés financiers.
28
de la société triangle. Ce comportement constitue un fait d’avoir bénéficier d’une
information privilégié qui n’est pas encore connu du public, et par conséquent a été
qualifié de délit d’initié.

Enfin les personnes impliqué ont encourue des sanctions pénales dont on peut citer,
Alain BOUBLIL ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère des
Finances, qui a été condamné à deux ans d’emprisonnement, dont un avec sursis34.

 La bourse de Casablanca :

La Bourse de Casablanca a été victime, en septembre 2008, d'une fuite d'informations


"privilégiées". Boursomaroc, une société spécialisée dirigée par El Ghali Senhaji, est
pointée du doigt. Une faille a été décelée dans le système informatique de la Bourse de
Casablanca.
Il y a eu un grave délit d'initié à la bourse de Casablanca. Et qui dit délit d'initié dit
diffusion d'informations stratégiques très confidentielles concernant des sociétés cotées
dont auraient profité quelques investisseurs de la place. Le scandale à éclater en
novembre 2008 alors que les fuites d'informations ont eu lieu en septembre , ce qui a
provoqué, une chute vertigineuse des cours boursiers, lundi 15 et mardi 16 septembre
2008, faisant croire que la crise financière internationale s'est étendu au marché
financier marocain.
Ce qui s'est révélé totalement faux. Certains ont pris pour cible une banque d'affaires
de la place, en l'occurrence CFG Group, accusée d'avoir commandité une manipulation
des cours dont les conséquences étaient la baisse très grave des prix des actions. Enfin,
après plusieurs semaines de spéculations et autres rumeurs colportées ici et là, on se
rend compte que cette baisse est l'œoeuvre d'une société qui développe unsite
d'informations financières et boursières, Boursomaroc, qui est l'origine de la diffusion
d'une série d'informations jugées confidentielles. Il s'agit d'informations sur les bilans
des sociétés cotées, d'autres sur les partenariats stratégiques que s'apprêtent à signer
certaines sociétés marocaines avec des investisseurs étrangers.
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https://www.lesechos.fr/02/06/1993/LesEchos/16402-076-ECH_l-affaire-pechiney-triangle-devant-la-
justice.htm (Consulté le 16/09/2017 à 20h34).
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Même les sociétés de bourse, qui travaillent directement avec les agents en leur
facilitant les transactions boursières moyennant des commissions, n'ont pas le droit de
leur communiquer des informations dites privilégiées. Car celles-ci empruntent un
chemin différent autre que celui qu'empruntent les informations normales.
Or, ce qui s'est passé à la bourse de Casablanca durant plusieurs semaines est tout le
contraire. Boursomaroc, était lié par un contrat de diffusion à la société gestionnaire de
la bourse de Casablanca. Celle-ci alimente le site en question d'informations de tout
genre: privilégiées et autres. Mais, Boursomaroc ne faisait pas la différence et se
permettait de communiquer toutes informations à ses clients.

D'après le patron de ce site, El Ghali Senhaji, «La bourse de Casablanca ne nous a pas
informé du caractère stratégique et confidentiel de certaines informations. Ce n'est
écrit nulle part dans les contrats. C'est pour cela que nous transmettons toutes les
informations aux clients croyant qu'on était dans les règles».
Pour sa part, le président du conseil de surveillance de la bourse de Casablanca, Omar
Ydar, s'étonne des propos de El Ghali Senhaji, qui n'aurait pas respecté le contrat signé
entre son site d'informations et la bourse de Casablanca. Selon OmarYdar,
«Boursomaroc était parfaitement au courant de la confidentialité de certaines
informations, mais elle passe outre cette restriction de diffusion pour gagner des
clients».
M. Benkirane impute toute la responsabilité de ce scandale au site Boursomaroc.
«Nous avons beaucoup aidé El Ghali Senhaji à monter son site et nous étions fiers de
son expérience. Car les sites d'informations spécialisés dans la finance sont vraiment
en manque chez nous. C'est pour cela que nous avons soutenu à fond Boursomaroc.
Seulement, quelque temps après, on se sent trahis. On aide un Monsieur au démarrage
de son activité et il vient par la suite dire qu'il n'est pas responsable de ce qui est
arrivé».
Mais comment Boursomaroc a-t-elle eu accès à ces informations privilégiées? C'est la
question qui se pose actuellement. Certains avancent qu'une fuite d'informations a été
décelée dans le système informatique de la bourse de Casablanca. Faille qui aurait
coûté son poste au responsable de ce système. D'autres affirment que Boursomaroc

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avait conclu avec la bourse de Casablanca un contrat qui lui permet d'accéder à
certaines informations privilégiées. Le président du conseil de surveillance de la
bourse de Casablanca confirme l'existence d'une faille du système informatique de
celles-ci, décelée lors du basculement de la bourse vers le nouveau système de cotation
des valeurs. A vrai dire, ce sont les sociétés de bourse qui ont découvert cette fuite et
en ont immédiatement informé le président du directoire, Fathallah Berrada, et le
président du conseil de surveillance de la bourse de Casablanca, Omar Ydar. Le
CDVM a également été saisi.

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Conclusion
L’étude de l’infraction du délit d’initié et son régime répressif permet de constater que
le monde des affaires, n’est pas à l’abri du penchant délictuel, et l’image classique que
le commun des mortels a sur l’aspect du criminel, n’est pas forcement l’aspect unique ;
un criminel, peut exister en bonne posture bien habillé avec « une chemise au col
blanc ». Et d’autre part, la répression de cette infraction se justifie par l’effet néfaste
que la commission de celle-ci peut avoir sur le marché boursier, et par conséquent sur
l’économie et la stabilité financière du pays.

Néanmoins, la question demeure, sur l’efficience de ce dispositif, surtout que la


constatation de l’existence de l’infraction du délit d’initié n’est certainement pas une
tache aisée à réaliser, étant donné que les personnes malhonnêtes tentant à commenter
une telle infraction, sont, par la force des choses des experts en matière des finances et
l’ingénierie financière, chose qui nécessite de recruter des personnes aussi expert que
les délinquants afin de lutter efficacement contre tout agissement pouvant
compromettre la stabilité du marché boursier et de porter atteinte aux intérêt des
investisseurs.

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Bibliographie

Instruments juridiques :

La Constitution marocaine.
Loi n° 43-12 relative à l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux, Dahir n°
1-13-21 du 1er JOUMADA I 1434 (13 mars 2013).
La circulaire 01/05 relative aux règles déontologiques devant encadrer
l’information au sein des sociétés cotées.
La circulaire n° 05/05 relative à la publication d’information importante par les
sociétés dont les titres sont cotés à la Bourse des valeurs.

Ouvrages :

Philippe BONFILS, Cours droit pénal des affaires, édition lextenso, 2009.
Bernard BEIGNIER, Droit pénal des affaires, Master 1, édition 2009,
LEXTENSO.

Jurisprudence :
Cour d’appel de paris, 30 mars 1977, JCP 1979. II. 18789.
Cour de cassation française, 26 juin 1995, Bull. Crim., no 233, Rev sociétés 1995, P :
562.
Cour de cassation française, chambre criminelle, 26 Octobre 1995, bull. Crim, N° 324,
revue sociétés 1996, page : 326.
Webographie :

Www.lemondedudroit.fr
http://www.avocats-picovschi.com/le-delit-d-initie_article_829.html
https://www.lesechos.fr/17/11/1995/LesEchos/17027-121-ECH_le-delit-d-initie-apres-
l-affaire-pechiney-triangle.htm#Om8FM4EtgE0MTgfI.99

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