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LES COURS DE GWEN
VOLUME 2
(Premier Cycle)
© Pierre MANOURY
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LES LOGIQUES DE LA CONSCIENCE
Si le mécanisme de la pensée génére ou conditionne
la conscience, celle-ci se décline selon divers systémes
individueis ou dépendants, constituant un syndréme dont
Vapparence est la personnalité.
Ces divers aspects méritent qu’on s’y attarde, afin
de mieux contréler ies actions et réactions de logiques
particuliéres qui conditionnent intelligence et ses
différentes facettes, pour perfectionner son utilisation. Si cet
aspect psychologique ou philosophique rebute certains
étudiants, qu’ils soient persuadés que la méconnaissance de
ces problémes, leur interdira toute progression réelle dans
les domaines initiatiques ou spirituels. Certains objecteront
qu’un nombre important d’adeptes ou de mystiques ont
réalisé ou vécu leur parcousr initiatique et leur progression
dans Vignorance totale de ces concepts. Cette objection est
parfaitement exacte d’un stricte point de vue " sémantique",
mais il n’en demeure pas moins que le parcours et
Véducation de ces individus, tout en revétant des aspects
différents, procédaient des méme méthodes, En fait, comme
Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, ces
précurseurs manipulaient des notions identiques avec
d'autres appellations. Les différences, entre ces méthodes
anciennes et celles préconisées de nos jour sont assez
sensibles. L’ancien systéme offrait un enseignement
dogmatique, sous une forme symbolique, des exercices
dascése destinées a4 briser l'individu, des méditations
abscons dont le but était d’occuper la totalité de la
conscience, des subterfuges créant un univers
phantasmatique artificiel, des entrainements complexes
destinées 4 produire des réactions stéréotypées - mais non
comprises, pas plus que maitrisées par celui qui devait les
suivre aveuglément - La durée du parcours était
singuliérement allongée en raison de Vimprécision de
l'enseignement, dont les maitres, eux-m@mes ne comprenaient
pas réellement la justesse, mais se bornaient A conserver les
préceptes un peu comme des recettes, parce que "ga"
marchait tant bien que mal.
Pour les nostalgiques de ces méthodes (le masochisme
28LES COURS DE GWEN
est une réalité), ou pour ceux qui ne souhaitent pas faire
Peffort intellectuel indispensable, je tiens a préciser qu'un
tel entrainement est particuliérement contraignant, et que
jamais, il ne Jeur sera donné d’explication, les mots d’ordre
en la matigre sont : obéissance, soumission et macération.
La précision dans la définition des mécanismes ou
processus permet de gagner un temps précieux et surtout
d’éviter un grand nombre d’erreurs d’interprétation dans les
diverses phases de progression. - d’od un Tisque d’échec
Plus limité -
"Ce qui se pense clairement doit s’énnoncer
clairement, et les mots pour Je dire vous viennent
aisément.,
Conscient, inconscient, subconscient :
Il est hasardeux de vouloir cerner (et utiliser) une
connaissance, sans avoir étudier ses composants. En matiére
de psychisme, le probleme est épineux puisque les
“composants" ne sont pas identifiables en tant que tel, il n’y
a pas d'organe spécifique A la conscience, 4 la mémoire, au
subconscient , etc... A peine peut-on supputer l’action d’une
zone participant au type d’action envisagée. Le siége de ces
pPhénoménes est le cerveau, et encore celui-ci se trouve
assez démuni sans son réseau de communication, de
régulation, de stimulations, de codeurs, de répondeurs de
transpondeurs et autres capteurs répartis dans l'ensemble
de la machine vivante. C’est donc (en grande partie) du
corps globale que dépendent les attitudes mentales et les
performances résultantes. Aprés avoir abordé le sujet on
comprend mieux pourquoi certaines civilisations parlent
dintelligence du coeur et de centres émotionnels situés a
différents endroits du corps, ainsi que de la nécessité d’une
maitrise énergétique. On comprendra mieux, également,
lintérét que présente la faculté d’opérer dans quelques
occasions ce qu'il est convenu de nommer des déplacements
de conscience ou des déplacement d’énergies dans des points
spécifiques de la géographie vivante. Ces opérations ayant
pour but de créer des "circuits" favorables (excitateur ou
inhibiteurs) a tel ou tel état spécifique d’une phase
évolutive.
Les concepts de conscient, inconscient, subconscient
29LES COURS DE GWEN
sont des "combinaisons" de réseaux correspondant a des
€tats perceptibles différents. utilisants (et partageant) les
circuits existants. De la richesses et de la qualité de mixage
et d’intercommunication de ces concepts de base naitront la
Personnalité, les capacités d’apprentissage, d'écoute et
dintelligence ; a un niveau plus élevé, les potentialités
d@éveil, Jes facultés imitiatiques ainsi que les capacités
@évolution spirituelles.
Les mémes circuits neuroniques peuvent &tre utilisés
dans des combinaisons différentes selon l’état de conscience
correspondant a la situation. Chaque partie spécialisée du
cerveau peut done &tre sollicitée et mobilisée en fonction des
besoins, pour l'obtention d’un état de conscience particulier.
C'est la richesse des combinaisons, trés peu exploité (compte
tenu du nombre de combinaison possibles entre des millions
de circuits) qui détermine l’extraordinaire potentialité de cet
ordinateur vivant. Une connaissance approfondie de ces
syst@mes, permet un raccourci dans la compréhension des
problémes qui nous intéressent.
: mH 7
- Traité des sensations . Condillac (philo).
- Vocabulaire de la psychologie. Henri Piéron (PUF).
~ Matigre 4 pensée. J.P Changeux et Alain Connes
(€d. Odile Jacob) 1989,
- Le livre du ga. Georg Groddeck (6d.NRF,
Gallimard) 1973,
ss
Voici done les définitions de base :
A) Conscient : Si le terme de conscience n'est pas
réellement susceptible de définitions, Puisqu’il désigne
Vactivité psychique en général, celui de conscient par contre
correspond 4 un état spécifique identifiable Par opposition a
celui d’inconscient ou de subconscient.
La meilleure définition de la conscience (selon moi )
30LES COURS DE GWEN
est celle qu’en a donné le psychologue et écrivain Britanique
Baldwin.
<< What we are less and less as we sink gradually
down into dreamless sleep... and what we are more and more,
as the noise tardly arouses us, that is consciousness.>>
<< Cé que nous sommes de moins en moins quand
nous tombons graduellement dans un sommeil sans réves... Ce
que nous sommes de plus en plus, quand le bruit nous
éveille peu a peu. >>
Le terme de conscient, (entendez par-la : de
conscient), est déja susceptible d'une définition moins
poétique, du moins plus scientifique,
L'ensemble des phénoménes de compréhension,
d’analyse et de synthése, selon un schéma ou un processus
rationel, logique et reproductible, chez un individu . On est
conscient d’une chose par rapport A des faits extérieures
dont on a la connaissance ou la perception, indiquant par la
qu’on a pris conscience ...
B) Inconscient : C'est le domaine des processus
nerveux échappant a la connaissance personelle, comme la
plupart des régulations organiques, des réflexes, des
automatismes dont les effets seuls peuvent devenir
conscients. Ce domaine se différencie de celui des processus
qui sont également inconscient A un moment donné mais qui
a un autre moment peuvent étre objet de connaissance
personnelle, domaine qui prend le nom de subconscient.
Liinconscient est donc une sorte "d’enfer" ou des
pensées larvées se forment, se font et se défont, C’est le
“terminal” de certaines sensations, les messages des organes
internes y sont intégrés, les programmes de "survie", les
demandes de satisfaction et les priorités
d'approvisionnement des divers secteurs du corps s’y
retrouvent. C’est le dispatching, l'intégrateur central, liew
paradoxal de toutes les confusions of régne un ordre
extréme. C’est dans cet enfer des sensations que sont triées
les informations privilégiés ot s’alimente le "ga" et ol puise
le subconscient.
C) Le Subconscient : Domaine d'un grand nombre de
31Processus mentaux, l’activité subconsciente est souvent
confondue avec la notion d'inconscient. Dans cette sphére’
d'activité les processus élaborés ot "résidants" sont des
Processus dynamiques qui agissent efficacement sur la
conduite ou sur des secteurs spécifiques du corps ( en
particulier au niveau de l’énergétique, ou dans le cas de
somatisation etc...), sans atteindre la conscience. Le
subconscient est une sorte de pouvoir parailéle. Les
processus qui y résident ne peuvent atteindre la conscience
que par la levée de certaines résistances (réves, états
psychotiques, délires, analyses ou entrainements initiatiques).
Il convient dé remarquer que certaines trames logiques ou
pensées structurés ont pu antérieurement faire partie du
conscient et sont suceptibles d’y retourner, plus ou moins
enrichis ou censurés, le subconscient est en liaison avec les
possibilités mnésiques et forme une sorte de "buffer"
(mémoire tampen en informatique). Les processus séjournant
dans le subconscient sont constamment enrichis par les
sources de sensation du corps et les thémes de
préoccupation du conscient, c’est pourquoi le subconscient
exerce une influence assez marquée sur le cours de la vie
mentale.
Il semblerait que ce méme subconscient, non affecté
par des phénoménes de censure soit le haut lieu de
l'imaginaire et de l’imagination. Il est directement affecté par
Vémotionel, et réceptif au senti, au vécu, Il est en relation
avec la sphére de l'émotionel, l’élément bois des traditions
asiatiques, le syst®me neuro-végétatif et le systéme
hépatique. C'est le domaine du réve, de la pensée non
verbale, en relation avec I’hémisphére cérébrale droit. C'est
aussi le lieu "poubelle" of se retrouvent les échecs les
situations de conflits et les refoulements...
D) Le "ga" : L'@tre-enfant !
Avec le "ga", on quitte univers des résaux—
concepts, pour atteindre les prémisses de ce qui devient
Pébauche de la personnalité. Il ne s'agit plus lA de circuits
de base, d’élément de fonctionnement, mais d’un @tre qui
s’exprime, se souvient, invente, aime et déteste et se rebelle.
Car "ca" parle...! Et souvent de maniére assez cru. C'est le
"ga" des cacas-boudins, des moqueries crapules, des pulsions
sans freins, des gaveries de créme au chocolat, des
itemmerde na ! Des branlettes dans les we, et autres
32LES COURS DE GWEN
touche-pipi, des graffittis salaces, des regards sous les
jupes et des exhibitions dans les lieux publics... En plus, ¢a
rigole, ga hurle, ga tire la langue et c'est souvent
attendrissant.
Le "ga" c'est l’étre pulsion. C'est l'invention poatique
a l'état pure, pour les intellectuels, "l’obscénité-qu’'il-faut-a-
tout-pris-corriger", pour les bourgeois coincés (un
pléonasme, veuillez m’en excuser), c'est I’expression de
V'intégration des sensations hors censure, confronté avec le
monde extérieur. "ga", est souvent trés surréaliste dans ses
modes d’expressions la plupart du temps inféodé au
symbolisme d’une culture sans frontiére, issue de
l'inconscient collectif (ou chromosomique 7),
- ga est donc une bonne chose, une fois !
La définition savante est beaucoup plus austére. ¢a, :
groupe des pulsions qui tendent essentiellement A la
décharge, conformément au principe plaisir/déplaisir et sans
s'ajuster A la réalité. Ce terme doit étre préféré a l’ancienne
appellation : soi ( qui peut @tre confondu avec une notion
trés particuli@re de la tradition Indienne).
E) Le Surmoi : synonyme, Super-ego.
Le surmoi est un peu moins sympathique, avec lui
commence la tragédie, la confection de l’armure sociale, le
moi conforme & la législation en cours !
Car ce surmoi est un censeur redoutable, il a une
fonction que l’on peut qualifier de "castratrice", dans la
mesure ot il refoule impitoyablement ce qui n’est pas
conforme a l’éthique de l'éducation sociale, familiale et
religieuse. Il est programmé par lenvironnement et fait
barrage aux pulsions affectives ou sexuelles (issues du ga et
du subconscient), voire comportementales ou créatives non
conforme A I’éducation. On le défini comme : Un groupe de
motivations et d’actions formées par identification de l'enfant
aux parents Gu aux substituts des parents (éducateurs,
fréres ou soeurs plus agés, personnages idéalisés etc...), en
particulier aux parents du méme sexe et dont l'action
inconsciente incite le moi, pour éviter la culpabilité, a se
défendre contre les pulsions instinctuelles (sexuelles ou
agressives) émanant du "ca".
33LES COURS DE GWEN
= 000 -
Ces quelques éléments, forment le substrat psychique
commun & l’espéce humaine, il est indispensable de les
connaitre pour mieux saisir la maniére dont ils s’organisent
dans la réalité pour former ce qu'il est convenu de nommer
la personnalité. La compréhension de ces mécanismes est
fondamentale pour mener 4 bien une démarche initiatique ou
une progression spirituelle de quelques nature qu'elle soit.
Plusieurs autres facteurs interagissent pour former
la “réalité sociale" d'un individu, le mécanisme de pensé,
Vintelligence qui se trouve modifié par le contexte dans
lequel il vit et lexpérience acquise.
La pensée est un processus d’intégration (analyse et
synthése) de stimulis issues de l’univers des sensations dont
le corps est 4 la fois récepteur et producteur, compte tenu
des circonstances externes. Analysés et comparés A la
banque de données des situations antérieures vécues, il se
crée de nouveaux concepts symboliques alimentant
Vimaginaire. Ces concepts enregistrés au niveau de la
mémoire viennent enrichir le subconscient (et le conscient) ,
formant un acquis de référence et un réservoire a la
créativité, & Vimaginaire of vient s’alimenter Tunivers
phantasmatique.
L'ensemble des structures mentales et des
expériences participent a I'élaboration des formes externes
(Apparentes, et de la conscience individuelle) du
comportement prenant les noms de : "Moi" et de "Je".
-o00-
Définitions selon le vocabulaire de la psychologie.
Le "JE" : L’emploi du "Je" dans le langage (vers 2
ans, ou 2 ans 1/2) marque un stade important dans le
développement de l'enfant, celui de la formation
psychologique de la personnalité.
Le "MOI" : Dans la structure de l'appareil psychique,
groupe de motivations et d’actions qui a pour fonction
Tajustement de Vorganisation A la réalité, le contréle de
laccés des stimulations de la conscience & la motricité.
34LES COURS DE GWEN
Dans un contexte plus étendu comme celui de la
philosophie, on rencontre une définition plus étendue.
On interpréte souvent "Moi" et "Je" comme une
opposition. Pour certains philosophe, le "Je" représente le
Sujet connaissant, le "Moi" Vensemble des déterminations
individuelles dont il prend conscience. On introduit une
nuance supplémentaire en considérant, comme le font les
philosophes Anglo-saxons le notion "d’Ego” pour désigner le
"moi". Bien qu'il s’agisse d’ un pléonasme, le terme "Ego" est
trés commode pour désigner un "Moi" plus sociale, plus
domestiqué, plus programmé, en fait conforme a l'apparence
de l'étre social.
On peut considérer comme Pascal que :
<< La conscience individuelle en tant qu'elle est
attentive a ses intéréts est partial en sa faveur. Ce qui se
manifeste au dehors par l'emploi fréquent des mots Je ou
Moi, par suite 4 tendance 4 tout rapporter 4 Soi.
Le "Moi" a deux qualités :
Il est injuste en soi - en ce qu'il se fait centre de
tout ; il est incommode aux autres en ce qu'il les veut
asservir : car chaque moi est l’ennemi et voudrait étre le
tyran de tous les autres."
Nous considérerons donc le "Je" comme une
expression de la personnalité a l'état pure, et le moi comme
une modulation de cette méme personalité, modifiée par la
culture, l'acquis et filtré par le réle de censeur du surmoi.
Dans son aspect le plus critique, ce "moi" sera qualifié
d'égo.
La personnalité d’un individu est donc formé de
plusieurs strates : Le" Je" ou personnalité native,
simplement modulé par l’acquis génétique, le physique et les
habitudes culturelles de base (fagon de se vétir, climat,
faune et flore, nourriture, perception de l'environnement). A
cette personnalité déja riche, mais non polluée, vient
s‘ajouter l’acquis de l'éducation, l’identification aux modéles
(adultes, ou héros), la programmation sociale (culturelle et
religieuse) programmant une fonction complémentaire: le
censeur ou surmoi. L’expérience personnelle dans le cours de
35LES COURS DE GWEN
Vexistence forge peu A peu, compte tenu des contraintes, des
échecs et de la nécessité d’adaptation, ou d’intégration 4 un
contexte sociale agressif, un "moi" plus féroce plus "fauve”
Végo. Celui-ci est une des conséquences de la compétition,
mais surtout il est le signe d’un "Je" relativement faible
composé pour plaire (certains diront parfaitement
et d'un "moi" déformé par les refoulements de
l'éducation programmée (ceci créant des tensions avec
visques de somatisations).
L'étre complexe dont nous venons d'effectuer une
autopsie sommaire, n'est dans sa globalité absolument pas
susceptible de progression sur le plan énergétique, spirituel
ou initiatique, sans une “mise en condition" minimale. Cette
initiation liminaire, préparation indispensable, est un travail
important, une taéche presque surhumaine (pour certains) et
en tout cas un effort personnel (sauf pour quelques uns,
croyants, qui pourront obtenir beaucoup si leur foi est
pure), une lutte avec soi-méme de tous les instants, dont il
faut impérativement sortir vainqueur. Dans cette étape, nulle
concession, il s’agit du passage dans le désert, d’un duel
avec soi-méme. Que ceux qui croient pouvoir l'ignorer lisent
attentivement ce qui suit, s’il pensent pouvoir passer outre,
ils resteront prisonnier du monde des illusions, de leur égo,
de la matiére ; la spiritualité, la progression initiatique ou le
monde des pouvoirs deviendront pour eux, ce qu'il est pour
beaucoup, un simple passe-temps culturel dont ils ne
Progresseront d’un seul pouce sur cette voie, Ils seront la
dupe du plus formidable miroir aux alouettes, celui des
"gourous" des marchands de pouvoirs et des pseudo-
mystiques, Narcisses faléts, décors mis dans ce monde pour
éprouver les ames fortes.
Que Von médite cette phrase d’un des Péres de
lEglise, applicable a tous les engagements, que l'on soit
croyant d'une quelconque religion, ou athée.
" L’Eglise vomis les tiédes ..."
36LES COURS DE GWEN
Dans un autre contexte cela pourrait se traduire par:
"Ce ne sont pas toujours les meilleurs qui s’en
vont,"
La Décréation.
La décréation, que signifie ce terme ? Quelles sont
les raisons de l’importance que cette procédure dans un
contexte de progression spirituelle ou initiatique ?
Le terme méme de décréation est un néologisme
construit pour désigner un processus d’analyse ou d’auto-
analyse destiné @ abolir certains aspects artificiels de la
personnalité, 4 "décréer" Ja personnalité sociale (le Moi
sociale) de maniére & laisser s'épanouir la personnalité réelle,
profonde, 4 diminuer les tensions internes, libérer les
refoulements, désamorcer les comportements ambigus ou
négatifs, reconnaitres les causes de certains échecs
programmés, 4 démonter les blocages en résultant de fagon a
atteindre une certaine “transparence d’ame", état
indispensable a une circulation énergétique normale et A une
évolution réelle. La décréation porte en elle-méme la notion
de retour 4 l’équilibre intérieur en procédant & un décapage
des comportements égotiques.
La notion méme de décréation est d'une grande
complexité, et peut revétir divers formes et recouvrir un
grand nombre de technique pour y parvenir. Cette
complexité est due A la grande variété de personnalité
rencontré chez l'homme. I] n’y a pas de ce fait de méthode
de “décréation", mais un certain nombre d'attitudes et de
démarches (variables) parmis lesquels chacun doit choisir
avec objectivité pour parvenir A un résultat probant. La
décréation étant un état instable, il convient également d’en
connaitre les faiblesses, les pitges de maniére A ne pas
perdre le bénéfice de ce qui est un des plus difficile état &
obtenir : Etre vainqueur de soi-méme.
-o00-
Lors de son fonctionnement social, l’individu
développe ses connaissances, acquiére certains réflexes,
perfectionne ses aptitudes 4 vivre en société en respectant
certaines régles, en méme temps que se constitue un
37LES COURS DE GWEN
potentiel de savoir faire qui prend le nom d’expérience. Tout
ceci fait appel aux potentialités de base communes a Pespéce
humaine, avec plus ou moins de bonheur selon Vintelligence
de Vintéressé, ses capacités physiques, ses choix, ceux qui
lui sont imposés et les options qui sont a sa Porté. Ce
conditionnement (mimétique) forme peu a peu un complexe de
Teprésentation désigné par le terme générique de
personnalité. Cette personnalité sociale est une carapace, une
apparence, destinée, telle une armure A protéger celui qui
ma d’autres choix que celui de survivre, et d’autre idéal,
que celui de réussir et d’imposer un "moi" (dominer le plus
possible son environnement, c'est A dire ce qui passe a sa
portée), Ce "moi" social est générateur de multiples
contraintes, il est I’émanation directe du surmoi, c'est une
personnalité programmée réagissant aux conditionnements de
l'éducation civile et religieuse, calquée sur les modéles
imposés. Il va sans dire que cette personnalité se crée peu a
peu, au fur et A mesure que progresse l’individu et que son
enracinement se perfectionne. La création de cette
personnalité, indispensable d'un certain point de vue, réalise
en fait une sclérose des capacités naturelles effectives, et
plus grave organise un certain nombre de tensions et de
réactions rendant impossible une €volution spirituelle (ou la
perturbant gravement). Le cortége de désirs et de
somatisations énergétiques, de refoulements et de tensions
non résolues constituent autant d’obstacles A une prise de
conscience objective de la voie & poursuivre. L’homme est
done prisonnier des créations mentales qu’il a élaboré pour
se donner I'illusion d'une armure le protégeant.
C’est la raison profonde de la décréation, passage
obligé de toutes démarches initiatiques ou spiritualistes. La
décréation est une entreprise consciente de désagrégation du
“moi" social qui passe par une objectivation des tensions,
des désirs, des refoulements, des bloquages et des
contraintes programmées par le fait social et I"Education.
Le "moi" oblige Vindividu & des actions ou réactions
conforment & son éducation, il l’obligera A refouler certaines
pulsions, a réfréner des concepts issus de la créativité,
impliquant certaines concessions, ruses ou mensonges. Il
contraindra a une attitude égoiste, A des actes de lacheté,
créant tout un réseau de passions qui naitront par
compensation du subconscient frustré et du "Je" censuré
en permanence par un surmoi tyranique. L’homme n’est pas
38LES COURS DE GWEN
conscient de cette situation, ou quand un éclair de lucidité
objective lui parvient, il le transforme pour le rendre
conforme & la logique de son éducation. Est-ce a dire que
pour atteindre un objectif de décréation, il faille suivre ses
phantasmes et obéir A toutes les pulsions qui se manifestent?
Ce serait une grave erreur, car ces désirs normalement
tefoulés, ces pulsions et ces phantasmes ne sont eux-mémes
que des réactions &a la programmation, cela ne ferait
qu’embrouiller un peu plus la situation en créant d'autres
réactions purement instinctives dans un schéme provoquant
un systéme de régréssion infantile. C’est souvent le type de
comportement que l’on rencontre chez des gens se disant
“libérés", qui confondent Ja décréation avec une attitude
permissive primaire qui se solde par un compromis de forme
égotique intégrant a la foi le “moi" social et la soumission
aux désirs, Méme si le fait d’assumer certaines pulsions
aboutit a la dissolution de celles~ci.
ii ne s’agit pas 1a d’une décréation ou d’une Libération mais
d'un processus offrant certaines analogies avec celui de la
drogue. Le discernement dans le choix des pvisions doit étre
un acte d'analyse objective.
Certains veulent rérondre au probléme des tension
internes et du "moi social” en évoquant une sorte de
fatalité, cu avec plus de subtilité en faisant appel A la loi du
“Karma”. Voici & ce propos ce qu’en dit Mircéa Eliade dans
son livre magistral sur le Yoga.
Mircéa Eliade, Le yoga éditions Payot Paris 1972.
page 53.
“Les actes de i’homme (Karma), suscités par les états
psychomentaux, suscitent 4 leur tour, d'autres états
psychomentaux. Ces états de consciences sont eux-méme des
résultats de l’actualisation de "latences" programmées, de tel
sorte que le circuit programmation-conscience-acte-
Programmation ne présente pas de solution de continuité.
On considére comme Karmique les implantations de
"désirs" au niveau subconscient. Ces désirs programmés, ont
pour le Bouddhisme, le Jainisme et certaines formes
d'Hindouisme une origine antérieure a I'incarnation de la
personnalité actuelle (probléme de Ja réincarnation). Cette
39LES COURS DE GWEN
idée est A rapprocher de |’affirmation dogmatique chrétienne
du péché originel. Ces concepts programmés s'expriment par
des pulsions, qui une fois assumées (passage a& l’acte) se
dissolvent et meurent. S‘ils sont refoulés, ils créent des
tensions qui s’opposent A une progression harmonieuse.
L’origine des programmations, dont certains affirment
qu'il s’agit du poids karmique d’actions antérieurs, semblent,
&@ Vanalyse beaucoup plus prosaiques, il peut s’agir plus
simplement de programmation inconscientes dues A ]'éducation
( et au back-ground génétique)."
Ces concepts aménent tout naturellement (méme, et
surtout, si l'on acerédite la thése réincarnationiste) a une
nécessité de décréation,
De la nécessité d’une "décréation",
On est en droit de se poser la question de la
nécessité impérative d’une telle démarche, en quoi un
individu non "décréer" ne peut évoluer normalement dans un
contexte initiatique, religieux ou simplement magique ?
Les réponses sont d’un extréme complexité, nous
tenterons de définir dans les grandes lignes les obstacles
qui se dressent devant ceux qui seraient tentés de passer
outre.
- Le premier type d’obstacles est constitué par une
analyse partiale de la situation ou des perceptions. La
Programmation sociale déforme la réalité, il y a manque
@objectivité. Moi et Surmoi vont pervertir “I'écoute du
monde extérieur", interpréter les signifiants selon leurs
propres critéres.
= Les passions et désirs vont modifier le
comportement, la volonté, créer des situations de conflit qui
s’expliqueront par des blocages internes ou des situations
d’échecs, faisant souvent croire & un "fatum" ou a des
procédures d’envofitement. Dans le meilleurs des cas il y
aura des blocages psychologiques ou énergétiques pouvant
aller jusqu’a des risques de somatisation ou des
modifications de la motricité. [l s’agit bien entendu de cas
extrémes, voire pathologiques ; la plupart du temps la
40LES COURS DE GWEN
vitalité animale suplantant ces tensions, celles-ci ne
s'exprimeront en apparence que par des “traits de
caractéres" participants a la personnalité. Dans tous les cas
le rendement énergétique subtile sera modifié rendant
impossible un "rendement optima" et une gestion harmonieuse
de cet aspect naturel de I’évolution.
- Une quasi impossibilité & contréler le subconscient,
les refoulements désirs et passions créant un malstriém de
sentiments et de pulsions anarchiques contradictoires,
empéchant une réelle possibilité de concentration et de
mobilisation des énergies.
- Liorgueil et Pattitude egotique résultante, sont un
frein puissant a une tentative d’évolution spirituelle. La
peur de perdre un acquis social engendre la lacheté, de
méme qu'elle empéche l’épanouissement des sentiments
altruistes, déformant la réalité pour satisfaire la "vérité
sociale" de V'individu. Les tensions d’angoisse résultantes
(pas toujours perceptibles) bloquent les circuits
énergétiques nobles, qui sont plus difficile & mobiliser, et
engendre des 6tats de conscience paradoxaux, évoqués
souvent dans le langage populaire par les termes de
“mauvaise conscience", ou de culpabilisation. Ces réactions
sont souvent transitcires et récupérées la plupart du temps
par des actions de compensation ou de justification a
postériori (quand on veut tuer sont chien, on dit qu'il a la
Tage).
- L'ensemble des pulsions et désirs interprétés par
la “volonté de puissance" de l'égo, vont permettre le
développement de tendances tyraniques, d’ou la recherche
d'un pouvoir, ou des "pouvoirs"; lesquels sont considérés
comme des outils de domination du milieu et des autres... Le
mythe de la réussite, de la reconnaissance par le plus grand
nombre, celui de la capacité 4 choisir, a juger.., A se venger
en se justifiant La quéte du pouvoir dans ce contexte est
Sans aucun doute une douce illusion, le résultat ne peut
(dans le meilleurs des cas) qu’aboutir a une accélération du
processus d’erreur et A la perte compléte de l'objectivité en
s’égarant dans le monde de I’illusion (la Maya).
- Cette démarche débouche sur une recherche a tout
prix. La tentation se mie en "diabolisme” en perversion des
désirs, méme si l’attitude reste conforme & une éthique
41LES COURS DE GWEN
sociale sans faille, ou & une religiosité apparente. La quéte
justifie tous les compromis, justifie toutes les alliances pour
satisfaire ses besoins de domination ou de réussite, C'est 1A
que l’on rentrouve le mythe de Lucifer.
- L'ensemble de ces contraintes produit une
impossibilité a l’obtention de la "transparence de l’ame", les
actions sensibles du monde extérieur sont amplifiées,
déformées, distordues et interagissent avec les passions qui
offrent autant d’aspérités perturbant gravement légo,
durcissant le surmoi, polluant le subconscient. L’étre
résultant, est tiraillé, blessé, mortifié, meurtri , par des
événements pour lesquels il ne devrait étre qu'un spectateur
neutre. Le but ultime, |’éveil et la constitution d’un corps de
Gloire, deviennent dés lors une illusion de plus, un réve de
paradis perdu une fois de plus !
- Ce systéme passionnel entropique voile la réalité,
empéchant la concentration, rendant difficile le calme mental,
installant le doute, éloignant de la communion avec la
création, la nature, Dieu. Le systéme énergétique est
perturbé, des somatisations peuvent s’installer ou s’exprimer
sous forme de névroses, pour finalement aboutir A un
constat d’échec, pire, d'impuissance. C’est le véritable péché
originel, la révolte contre I’Esprit, la malédiction Adamique
renouvellée, fermant la porte du chemin d’immortalité et de
Péveil.
La quéte du Graal n'aura pas lieu !
- 000 =
"Toujours pour ces gens 1a, cela n'est point hideux.
Ce canard n’a qu’un bec et n’eu jamais envie,
ou de n’en plus avoir, ou bien d’en avoir deux."
Jean Richepin - Les oiseaux de passage -
- 000 =
Décréer, mais comment ?
De cet @tre complexe, complexé, indiscipliné,
anarchique, €gotique, couard, téméraire, veule ov sublime,
Stupide ou génial, sordide et chevaleresque, lache ou
courageux, il va falloir déméler le tissus de phantasmes,
42LES COURS DE GWEN
@illusions et de perversités pour retrouver la trame noble.
La procédure est un combat qu'il convient d’analyser avant
de Ventreprendre. Il n’y a pas & proprement parler de
méthode universelle, chaque individu est trop différent, mais
il existe des voies possibles parmi lesquelles chacun devra
choisir pour se vaincre et se conquérir,
A titre d’entrée en matiére, voici une historiette qui
donnera le ton et permettra A ceux que tente I’aventure de
méditer un peu. Le chemin de la décréation est semé
dépines et de tentations, de retour en arrigre et de
conscessions qu'il faut dépasser, ignorer, comme le Christ au
désert repousse les tentations, pour ensuite étre servi par
Jes Anges ! Il faut réussir une catharsis de aspect noir que
chacun de nous recéle en lui.
= 000 =
Cette histoire ( trés interprété par votre serviteur)
est dérivée de la vie d’un Gentilhomme Breton du XVII éme
siécle, Pierre de Kériolet, dont la vie a également inspiré
Vécrivain (Breton lui aussi) Le Quintree dans son "Christ
aux Orties", excellent roman parut en 1982 aux éditions Albin
Michel.
= 000 =
En un peu moins de dix années, Pierre de Kériolet
avait parcouru un tiers de l'Europe. De la Basse Saxe a la
Hollande, de Empire Germanique aux confins de IItalie, des
Carpates 4 l'Espagne il avait poursuivi sa quéte. I] avait
rencontré les Docteurs les plus savants, les alchimistes et
jes astrologues les plus éminents, il avait méme 6té enseigné
Par quelques cabbalistes de haute volée, et était revenu A
son point de départ.
Il avait appris ce que peu d’hommes de son temps
connaissaient. I] savait les rouages secrets des livres de
Corneille Agrippa, il était capable de discourir sur la
Polygraphie de Jehan Trithéme, et méme il possédait a fond
les oeuvres du Docteur Dee, magicien officiel de la cours
d’angleterre. L'étendu de son savoir en magie était
étonnant.., Mais il n'avait jamais trouvé le secret du Pouvoir.
ll était savant outre mesure, mais plus démuni qu’un sot
pour produire le plus petit résultat. Rien !
43LES COURS DE GWEN
Il pouvait presque tout expliquer, tout comprendre,
mais aucun de ses rituels n’ébranlait les sphares tant
supérieures qu'inférieures, aucun de ses diagrammes, de ses
pantacles de ses fumigations ne déplagait le moindre esprit,
pas le plus petit démons, pas l’ombre d’un diablotin. Ses
incantations ne dérangeaient méme pas les chiens et les
chats du voisinage. Seul, peut-étre "axel", son beauceron,
daignait il éternuer parfois lors qu'il sommeillait trop prés
du réchaud des fumigations que son Maitre allumait durant
les opérations. Rien !
En dépit de ses veilles, de ses jeunes prolongées, de
ses méditations, de ses macérations, aucune invocation,
aucune €vocation ne produisait l’amorce d'un effet. Rien !
Rien ! Rien ! Rien!
Sa fortune avait fondu comme la neige au printemps,
Il ne lui restait que le manoir de ses péres et quelques
terres qui jouxtaient la batisse. Dans un ultime sursaut de
volonté, devant tant de "rien" accumulés, il en avait conclu
que la seule solution était de "LE" trouver, d’obtenir de
"LUI" ce que [étude n'avait pu lui procurer. Il fallait le
rencontrer et accepter le grand sacrifice, conclure le "pacte"
et obtenir ce qu’il désirait en échange de son ame.
Il reprit son baton de pélerin, liquidant le reste de
ses biens et se langa une fois encore sur les routes. Durant
trois ans il chevaucha, sillonnant l'Europe, du nord au sud
et d’ouest en est. Il vivait chichement pour que dure sa
quéte... Nulle part il n’obtint d’indication suffisamment
précise pour savoir ou se tenait celui qu'il cherchait. A
Pragues, un jour , on lui donna une piste, mais quand il
était arrivée sur les lieux od "IL" s’était manifesté, on lui
dit que l’affaire était vieille de six ans, et que depuis, "IL"
ne s’était plus montré. Une autre fois au Portugal, il avait
rencontré une fille qu'on disait avoir des “relations” avec
“LUI". Aprés une poignée de monnaie et la promesse d'une
bourse rondelette, la donzelle avait accepté de le mener prés
de son coquin.
La garce l’avait guidé a travers bois et landes dans
une clairiére isolée. La, elle avait tracé un cercle avec des
cendres de charbon de bois, posé trois chandelles de couleur
44LES COURS DE GWEN
verte en triangle, puis s'était dévétue, frotté le ventre, la
vulve et les seins d'un mélange de graisse, de jus de
plantes et de piment ! Ce qui ne tarda pas Aa la mettre dans
un état d’excitation peu banal ! Elle lui dit de se dissimuler
non loin de 1a et de rester discret. Elle s’allongea sur la
mousse, et feula comme une chatte en chaleur. Un
bruissement dans les fourrés se précisa, puis un immense
bouc noir aux cornes luisantes, au sexe turgescent, d’un bon
rejoignit la fille et Venfila d'un coup de son braquemard
tendu, 4 la satisfaction des deux protagonistes. Pierre de
Kériolet était stupéfait, me sachant que penser. Le bouc
ayant fini son affaire, un autre fracas retenti dans les
broussailles. Pierre se tint coi. Deux Hommes massifs, des
bergers sans doute, les chausses sur les genoux, le membre
viril en émoi, prirent la suite du bouc, a la grande joie de
la bayadére, Le bouc quant a Jui s’était mis & brouter
Prosaiquement prés des chandelles. Rongeant son frein, le
pauvre gentilhomme repris sa route.
Peu de temps aprés, une affaire étonnante défraya la
chronique. Depuis des semaines, et méme des mois, un
couvent de religieuses était la victime des assiduité du
Malin. Des centaines de témoins avaient assisté lors de messe
solennel 4 la Cathédrale A des spectacles effrayants. La les
religieuses étaient prises d’un mal étrange, elles se
convulsaient, recrachaient les osties, injuriaient le Saint-
Sacrement, écumaient, se roulaient sur le sol, retroussaient
leurs robes en des attitudes qui ne laissaient aucune
€quivoque. Bref le couvent entier était possédé. Le
phénoméne perdurait et ne semblait point vouloir cesser.
Trés ému, Kériolet fila vers la ville de Loudun,
persuadé qu'’enfin il allait aboutir.
Il ne fut pas admis auprés de la supérieure, qui en
dehors de ses accés lubriques, conservait, par la grace de
V'Evéque la direction de son couvent. Considéré comme une
victime, elle faisait l'objet de hautes protections, qu’il eu été
indescent de contrarier. C’est tout juste s'il put rencontrer
un coadjuteur obscure, qui se langa dans une diatribe
contre le malheureux confesseur des dites nonnes, l’accusant
de commerce avec le démon - Le malheureux confesseur, en
Voccurrence l'Abbé Grangier, devait d’ailleurs payer de sa
vie les élucubrations hystériques de ces brebis -
(absolument authentique).
45LES COURS DE GWEN
Un matin alors qu'il errait en ville, il se trouva mélé
4 un important rassemblement Populaire, Massé auprés de la
Cathédrale, ils attendaient la niame Procession qui conduisait
les soeurs 4 la messe solennelle. Le Genthilomme fit comme
eux. Banniére en téte la longue cohorte s'étirait, quelques
religieuses calmes d’apparence, défilaient, encadrés par force
moines, moinillons, diacres et porteurs de goupillons, précédé
d'un prélat 4 l’air ennuyé.
Un homme debout & cété de Pierre, émit un petit rire
discret. Kériolet se tourna pour considérer le rieur. Il était
grand vétu de sombre, une coiffure équivoque lui couvrait le
chef, et ses yeux étincellait. Pétrifié, le Breton n’osait
respirer. L’autre pris un air affable.
~ Tu me cherchais ? dit-il .
Le reste de la journée, iis la passérent dans une
taverne discréte. Pierre écoutait avec attention le discours
brillant de son vis-a-vis. L’autre Iui faisait mille-graces, lui
décrivant par le menu la vie fastueuse qui s’offrait a lui.
Kériolet devenait grave. Une curieuse alchimie maturait en
lui, mélange perfide de désirs fanés et despoirs mort-nés
auxquels se supperposaient des fragments de Pplaisirs
doucedtres. Une victoire aux couleurs Palissantes se
dessinait devant ses yeux. Un kaléidoscope résumant ses
aventures tourbillonnait en iui, théorie fumeuse d’érrances
imbéciles. Une larme de fiel coula dans son coeur.
Méphisto renchérissait, faisait le gros dos, le paon, le
beau... Le tentateur affina son verbe, faisant miroiter
Vattrait du pouvoir, rebondissant sur lincaleulable masse de
savoir qui allait étre sienne, glissant sur la fortune, les
femmes qu'il aurait, les honneurs sans fin...
Pierre demeurait de glace. Son visage devint pareil a
celui d’un catafalque, un gisant de bon granit d’armor. Dans
le Celte paien, s’allumait la flamme de Patrick, l’Evéque
vainqueur de l'Irlande et de la Celtie,
Le Diable, inquisiteur, senti la menace.
- Enfin que veux-tu, tonna I'entité 2
Pierre de Kériolet se leva, en proie a une intense
46LES COURS DE GWEN
répulsion pour celui qu’il avait tant cherché. D’une voie
étonnamment puissante il cria.
- Je sais maintenant que je te Hais. Je veux
dégueuler tout le noir que j'ai dans l’ame !
L’autre chancella, ce courba sous |’impact du verbe,
recula, bousculant péle-méle bancs et tables et s’en fut par
la porte qui resta béante derriére lui.
= 000-
L'enemi, n'est autre chose qu'une partie de la
personnalité du Gentilhomme Breton. Sa présence est une
objectivation de ses désirs, de ses pulsions. Son égo noir. II
effectue une purification, exorcise ses démons. C'est un
rejet, une catharsis. Il se confesse A lui méme en objectivant
sa réalité obscure, en prenant conscience de son "moi social"
plein d’envie de désirs et de domination. Tout comme le héro
de "la guerre des étoiles" qui combat son double, qui se
combat lui méme, en tuant "I"homme noir” qui est en lui lors
de son initiation dans l’ordre des chevaliers Jedi,
C'est un aspect de la décréation, que l’on retrouve
dans la plupart des récits initiatiques ou mystiques. C’est
aussi, souvent l’'aspect qui passe le plus inapergu de toute
une littérature a vocation jatique qui fait l'impasse sur
cet aspect fondamental.
C'est le sens profond de la quéte du Graal.
L’ART DE LA DECREATION,
Si l'on considére la décréation comme importante (elle
est en fait indispensable), se pose a I'étudiant le choix et les
moyens de la méthode.
Bien qu'il n’existe pas A proprement parlé de
techniques de décréation (sauf peut étre quelques méthodes
récente, dont les résultats ne nous semblent pas probant) il
existe en fait plusieurs voies parfaitement adaptés bien que
trés différentes. les unes sont issues des pratiques extrémes
orientales du yoga, d’autre des traditions occidentales de la
chevalerie, et les mieux définies sont issues de la plus pure
tradition mystique de l’Occident, celle des grands Maitres de
Véglise Orthodoxes. Une voie trés proche est constitué par
47LES COURS DE GWEN
les techniques trés sophistiqué du soufisme et de la
mystique profonde de I'Islam.
Quoiqu'il en soit, ce choix est une question
entigrement personnelle, dans lequel nul ne peut intervenir.
Cependant il conviendra de rester en harmonie avec ses
racines, il ne peut €6tre question de céder 4 une mode
orientale si l'on est d'origine bretonne ou basque... Et
réciproquement. La mémoire génétique est un phénoméne plus
important qu’on ne le croit généralement.
Nous aborderons donc dans les pages qui vont
suivre la pratique de la décréation, ou plus précisement les
techniques de cet art majeur sans lequel, le terme méme
@initiation est une simple vue de Vesprit. Je ne peux
qu’encourager les chercheurs sincéres, ceux qui souhaitent
réellement progresser A poursuivre cette quéte.
Ce que nous souhaitons, au travers de ce modeste
cours, est de faire passer un message d’authenticité. Les
sciences sacrées sont trop souvent frelatés par des
personnes sans racines, et plus souvent sans vergogne, ne
cherchant au travers de leurs discours qu’a se faire valoir,
se déguiser en grand Maitre, voire en adepte, pour certains
ce n'est souvent qu'une question d’argent, qu’il leur soit
pardonné s’ils ont besoin de survivre, quant aux autres, je
les mets en garde, quelque chose en eux se révoltera un
jour, et le repentir sera inutile.
Ora et labore.
000 -
Suite dans le volume 3...
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