La survie des centenaires belges (générations 1870-1894)
Michel Poulain, Dany Chambre et Michel FOULON*
L'évolution de la longévité au sein des populations humaines s'est traduite récemment par l'augmentation du nombre de centenaires. Certes, l'âge de 100 ans n'est, d'un point de vue physiologique, en rien différent de tout autre âge avancé, mais notre civilisation décimale lui a conféré le rôle de porte d'entrée dans l'extrême longévité. En Belgique, jusqu'à la décennie 1970, on recensait annuellement tout au plus une cinquantaine de nouveaux centenaires alors que de nos jours, ils sont plus de 400 à venir gonfler les rangs des centenaires survivants chaque année. Ce phénomène est généralisé, comme en témoignent les différentes études consacrées aux centenaires dans d'autres pays (Krach et Velkoff, 1999; Thatcher, 1999). S'il est avéré que le nombre de centenaires augmente, il n'en reste pas moins que leur survie commence seulement à être connue avec plus de détail. Faute d'un nombre suffisant de centenaires, l'aléa est longtemps resté la composante principale des quotients de mortalité calculés après 100 ans. Mais il convient aussi de considérer le risque élevé d'erreur qui entache l'âge exact au décès des personnes identifiées comme étant centenaires. Pour l'une et l'autre raisons, la mesure du risque de décéder au- delà de 100 ans ne présente pas le même niveau de fiabilité que celui des mesures avant l'âge de 100 ans, alors que l'intérêt porté à ce risque aux âges élevés est grand puisqu'il touche de près à l'âge limite de la vie humaine, theme largement traité dans un ensemble de disciplines connexes. Ann de contourner ces deux obstacles, deux solutions se présentent. La première consiste à regrouper un très grand nombre de données issues de pays différents en s'assurant au mieux de leur fiabilité. C'est dans ce sens que se sont développés les travaux de Kannisto et Thatcher qui ont constitué la base de données portant leurs noms à l'aide de données en provenance de 28 pays distincts (Kannisto, 1994, 1996). La seconde solution vise à maximiser la collecte des données et la fiabilité de chacune des informations recueillies. C'est dans ce sens que s'inscrit cette contribution relative aux centenaires belges des générations 1870 à 1894.
* GeDAP - Centre d'étude de gestion démographique pour les administrations publiques. Université catholique de Louvain.
Population ■ Biodemographie de la longévité, 56 (1-2), 2001, 133-158