Michael HERITY

Les premiers ermitages et monastères en Irlande, 400-700

Résumé

Située à l'extrémité nord-ouest de la terre, l'Irlande ne fut jamais gouvernée par les Romains. Aussi, le système juridique romain, la construction romaine et « la froide rectitude de la pensée romaine », pour reprendre l'expression de Françoise Henry, sont longtemps demeurés étrangers à la personnalité et à l'esprit irlandais.

La société celtique irlandaise était organisée autour du tuath1, c'est-à-dire du territoire d'une tribu gouvernée par un roi (ri), avec une population disséminée, et où de nombreuses unités familiales vivaient soit dans un caiseal (fort en pierres), soit dans un râth (fort circulaire), soit dans un crannôg (village lacustre)2. Il semble que la tribu avait coutume de se rassembler sur de grands centres tribaux ou des sites royaux, une fois tous les trois ou quatre ans, pour le aonach^, « rassemblement » au cours duquel avaient lieu la promulgation de différentes lois, l'organisation de divers jeux, et qui était aussi l'occasion d'un grand marché, comme à Aonach Carman dans la province de Leinster ou à Aonach Tailteann dans le comté de Meath. L'inauguration du nouveau roi se tenait sur un site royal ou sur un lieu de rassemblement ; à Tara dans le comté de Meath [pi. I] et à Carnfree dans le Connacht4, ces sites royaux ont été fondés sur des lumuli funéraires préhistoriques qui remontent, au-delà de l'âge du bronze, jusqu'à l'âge de pierre.

La virtuosité de l'art celtique est légendaire et l'art celtique irlandais ne fait pas exception. C'est un art aux lignes courbes, héritier des arts celtiques européens de la Tène ; cet art, où l'invention