Turquie: «Cumhuriyet», un quotidien sous pression
La police turque a procédé ce lundi 31 octobre à l'arrestation d'une douzaine de membres du personnel du quotidien d'opposition, Cumhuriyet, dont son rédacteur en chef, accusés d'avoir publié des articles potentiellement de nature à légitimer l'action des putschistes. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant les locaux du journal à Istanbul pour exprimer leur soutien à la rédaction et crier « Le journalisme n'est pas un crime ! » Cumhuriyet est un des derniers et des plus anciens journaux d'opposition.
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Fondé en 1924, Cumhuriyet (« République » en turc) s'est transformé en machine à scoops sous la houlette du célèbre journaliste turc Can Dündar, prédécesseur de M. Sabuncu, multipliant les enquêtes embarrassantes pour le pouvoir.
Il a notamment publié en 2015 une enquête retentissante affirmant, vidéo à l'appui, que les services secrets turcs avaient fourni des armes à des rebelles islamistes en Syrie. M. Erdogan avait alors affirmé que M. Dündar allait « payer le prix fort ».
« Ils prennent d'assaut la dernière forteresse », a réagi sur Twitter M. Dündar, condamné pour « révélation de secrets d'Etat » en première instance et qui vit désormais en Allemagne.
Pressions « purement politiques »
Les Etats-Unis, par la voix du département d'Etat, se sont dit « profondément préoccupés par ce qui semble être une pression accrue du pouvoir sur des médias d'opposition ». Au micro de RFI, Erol Onderoglu, le représentant de Reporters sans frontières à Istanbul dénonce « des pressions purement politiques. »
« On ne peut que dénoncer l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire au profit d’un gouvernement qui a mis en application une politique pour réduire au silence, non seulement les partis d’opposition, mais aussi les médias critiques, explique-t-il. Cumhuriyet, c’est un des six anciens médias quotidiens en Turquie. Avoir plus d’une dizaine de journalistes en garde-à-vue, c’est une pression immense que ce petit quotidien peut ressentir aujourd’hui. »
Estimant qu'une « nouvelle ligne rouge a été franchie contre la liberté d'expression en Turquie », le président du Parlement européen Martin Schulz a affirmé lundi que les « purges massives en cours semblent motivées par des considérations politiques plutôt que par une logique légale ou sécuritaire ».
Les autorités turques nient pour leur part toute atteinte à la liberté de la presse et affirment que les seuls journalistes arrêtés sont ceux liés à des « organisations terroristes », expression désignant le PKK et le réseau güléniste.
(avec AFP)
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