Figure emblématique dans le domaine de l'éthologie et de la conservation de la nature, icône mondiale de la cause animale, elle est célèbre pour ses travaux sur les chimpanzés. Sans formation scientifique formelle au début de ses recherches dans les années 1950, elle a passé d'innombrables heures dans la forêt pour observer nos cousins primates, et révéler des comportements que l'on croyait jusque-là attribués aux humains.

Née en 1934, Jane Goodall a donc fêté cette année ses 90 ans. C'est à cette occasion qu'elle était l'invitée de l'UNESCO, le 19 octobre à Paris, pour un discours historique dans lequel elle est revenue sur sa vie et sur son engagement, un chimpanzé en peluche calé sur son pupitre. La veille, Jane Goodall nous a donné rendez-vous dans le quartier de l'Opéra pour un entretien exceptionnel.

"Il y a urgence, mais il ne faut pas perdre espoir"

"Le message que j'ai voulu faire passer est que nous sommes pressés par le temps, martèle Jane Goodall. Nous atteignons le point de non-retour en ce qui concerne le changement climatique, la biodiversité, la perte de terres arables, l'agriculture intensive et industrielle. Nous sommes dans une situation d'urgence et nous devons agir. Les mots ne suffisent plus, les promesses ne servent à rien. Il faut tenir les promesses et avancer. Nous avons encore un tout petit peu de temps, mais nous en avons de moins en moins. Le message le plus important, c'est un message d'urgence à agir, à agir maintenant !"

Aux plus jeunes qui se préoccupent de l'environnement, elle souhaite dire : "Il ne faut pas perdre espoir.  Mais ne pensez pas que vous pouvez sauver le monde, pensez à ce que vous pouvez faire. Est-ce que vous vous intéressez au traitement des chiens abandonnés ? Est-ce que vous voulez qu'on laisse faire la déforestation ? Que l'on déblaye des terrains pour bâtir des supermarchés ? Il ne faut pas s'occuper du monde, il faut s'occuper de petites choses qui peuvent faire la différence. Petit à petit, pas à pas..."

Une icône de l'environnement

Figure mondiale de l'écologie, Jane Goodall a même une poupée Barbie à son effigie. "Il m'a fallu très longtemps pour comprendre que j'avais ce statut d'icône, confie-t-elle. "Il m'a fallu très longtemps pour comprendre que j'avais ce statut d'icône. Au début, je voulais me cacher, j'avais les cheveux longs, je me mettais des lunettes de soleil, mais les gens me reconnaissaient encore dans la rue. Au bout d'un moment, je me suis dit qu'il fallait que je tire profit de ce statut. Je ne comprends pas très bien comment tout ça s'est produit, mais force est de constater qu'en rencontrant des gens dans la rue, j'arrive à les faire sourire. Quelle joie !"

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Les chimpanzés les plus marquants

"Les chimpanzés m'ont tellement apporté !", s'exclame-t-elle. Parmi tous ceux qui ont marqué sa vie, Jane Goodall pense au premier qui l'a autorisée à s'approcher de lui. "Il m'a appris que les chimpanzés peuvent fabriquer et utiliser des outils, à une époque où les chercheurs pensaient que seuls les humains en étaient capables." Et puis il y a évidemment Wounda, cette femelle chimpanzé, qui au moment de sa remise en liberté en 2013, après avoir frôlé la mort, a offert à Jane Goodall une longue et émouvante étreinte.

L'année suivante, la primatologue racontait cet épisode dans La Tête au carré : "Wounda était dans une cage, nous communiquions à travers les barreaux. Et lorsqu'on l'a relâchée, c'était extraordinaire. Tout à coup, elle m'a regardée et a eu un geste incroyable, elle m'a prise dans ses bras et ça a duré bien plus d'une minute. Je peux vous dire que tout le monde pleurait. Pourquoi cela s'est produit ? Je n'en ai pas la moindre idée."

Aujourd'hui, elle ne s'explique toujours pas véritablement ce geste. "J'ai un lien particulier avec différents types d'animaux, un lien émotionnel, peut-être un lien spirituel. C'est peut-être de cet ordre-là..."

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