Réserves obligatoires
Les réserves obligatoires sont des réserves financières que les banques et autres établissements financiers doivent obligatoirement déposer auprès de la banque centrale. Le taux de réserves obligatoires permet aux banques commerciales d'épargner une partie de leurs revenus. Il s'agit donc d'un filet de sécurité. Il s'agit aussi d'une manière pour les banques commerciales de se fournir en monnaie banque centrale. Les réserves obligatoires font l'objet de la politique monétaire conventionnelle.
Concept
[modifier | modifier le code]Les banques commerciales sont obligées par la banque centrale à déposer un pourcentage de leur encours de dépôts dans un compte auprès de la banque centrale du pays[1]. Dans la plupart des cas, seule une partie des dépôts est prise en compte. Par exemple, dans la zone euro, il s’agit des dépôts et des titres de créance et instruments du marché monétaire dont les échéances sont inférieures à deux ans[2]. Ainsi, si une banque a 100 € comme dépôts et si le pourcentage de réserve est de 10 %, les réserves obligatoires à déposer à la banque centrale s’élèvent à 10 €.
Les banques centrales et, plus largement, les autorités monétaires, ont pour mission de surveiller la stabilité des marchés bancaires et financiers, ainsi que de l'inflation[1]. Si l'économie est en phase basse, elles peuvent ainsi réduire le taux des réserves obligatoires afin que les banques aient plus d'oxygène pour créer du crédit (voir effet multiplicateur du crédit) ; à l'inverse, lorsque l'inflation guette, les autorités monétaires peuvent augmenter le montant des réserves afin de restreindre la création de crédits[3].
La modification des taux de réserves obligatoires peut permettre de compenser les effets d'une politique monétaire. Ainsi, si une banque centrale augmente ses taux directeurs afin d'attirer des capitaux étrangers et éviter une chute de valeur de la monnaie, la banque centrale peut en même temps baisser le taux de réserves obligatoires pour accroître les liquidités disponibles des banques[4]. Si les banques manquent de liquidité, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas assez de monnaie fiduciaire pour faire face à la demande des clients, la banque centrale peut augmenter son taux de rémunération des dépôts[5].
Si le taux de réserves obligatoires est à l'origine contraignant, les années 2010 voient un phénomène de création de sur-réserves. Le TRO est vastement dépassé par les banques commerciales qui considèrent l'environnement macroéconomique comme dégradé. Cette situation mène à la mise en place de systèmes à deux paliers.
Histoire
[modifier | modifier le code]Europe
[modifier | modifier le code]Les taux de réserves obligatoires sont mis en place au niveau de la BCE dès 1999[6]. Le required reserve ratio est fixé à 2 % dans la zone euro pour les dépôts à vue et les dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à deux ans[2]. Le taux évolue et est abaissé à 1 % en 2012[7].
Ces réserves obligatoires sont rémunérées à un niveau indexé sur la moyenne du taux de refinancement des opérations principales de refinancement de l’Eurosystème[8], soit un taux qui était de 1 % en 2010, puis a atteint 1,5 % en août 2011[9], avant de redescendre à 1,25 % fin 2011, puis 1 % en janvier 2012[10], 0,5 % puis 0,25 % en 2013, pour atteindre 0,15 % en juillet, 0,05 % le 10 septembre 2014[11], puis 0,00 % à partir du 16 mars 2016[12].
Chine
[modifier | modifier le code]Mettant fin à 2 ans de hausse et pour tenir compte d’une baisse de l’inflation et de la croissance, la banque centrale chinoise abaisse à 21 % le 5 décembre 2011, puis à 20,5 % le 24 février 2012[13],[14] et à 20 % le 12 mai[15] le montant des réserves des grandes banques. Après 2 ans de stabilité, ce montant est, une nouvelle fois diminué, à 19,5%, mi-juin 2014 pour la plupart des banques chinoises[16]. Celles des banques petites et moyennes avaient été abaissées à 16,5 % en novembre 2012[17]. Six nouvelles hausses de ce montant ont lieu pendant le 1er semestre 2011, le portant le 20 juin 2011, à un niveau record de 21,5 % pour les plus grandes banques[18],[19].
En 2007 et début 2008, les autorités monétaires chinoises augmentent le montant des réserves pour limiter l’inflation. Puis, fin 2008, la banque centrale chinoise l’abaisse 4 fois pour compenser les effets de la crise financière mondiale. À partir de décembre 2009, elle relève à nouveau le montant des réserves obligatoires qui était alors de 15,5 % dans le but de réduire les pressions inflationnistes ; ce montant augmente plusieurs fois en 2010, jusqu’à atteindre 18,5 % fin 2010 pour les grandes banques[20], dépassant ainsi le niveau record atteint mi-2008 avant la crise[21].
États-Unis
[modifier | modifier le code]Aux États-Unis, le taux de réserves obligatoires est déterminé en fonction du montant des comptes de transactions nettes des institutions financières. Ainsi, pour un montant de 0 à 16,3 millions de dollars, le taux est de 0% ; il est de 3% pour ceux de 16,3 millions à 124 millions ; de 10%, enfin, pour les montants supérieurs[5][Passage à actualiser].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Philippe Deubel, Marc Montoussé et Serge d' Agostino, Dictionnaire de sciences économiques et sociales, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0512-1, lire en ligne)
- « Les réserves obligatoires », sur le site de la Banque de France (consulté le )
- Paul Jacques Lehmann, Le Système des réserves obligatoires et le contrôle de la masse monétaire, Publication Univ Rouen Havre, (lire en ligne)
- Marc Montoussé, Économie monétaire et financière, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0611-1, lire en ligne)
- Yoann Brun, Lou Dumez, Matthias Knol et Fabrice Tricou, Monnaie et financement de l'économie, dl 2019 (ISBN 978-2-35030-634-6 et 2-35030-634-8, OCLC 1134989408, lire en ligne)
- (en) Banque Centrale Européenne, minimum reserve requirements
- baisse du ratio de réserves obligatoires de 2 % à 1 % Banque de France, janvier 2012
- Règlement (CE) No 1745/2003 De La Banque Centrale Européenne du 12 septembre 2003 concernant l'application de réserves obligatoires, , 7 p. (lire en ligne), Article 8.1
- Banque centrale Européenne - BCE - Réserves obligatoires et taux de rémunération
- (en) Minimum reserve and liquidity statistics BCE, consulté le 30 aout 2013
- (en) "Data" Minimum reserves – remuneration rate 0,15 % BCE, consulté en juillet 2014
- (en) « Monetary policy decisions », sur ecb.europa.eu, (consulté le )
- La Chine va baisser le taux des réserves obligatoires de 0,5 point de pourcentage Le quotidien du peuple, 1er décembre 2011
- La Chine a baissé de 50 points de base le ratio de réserves obligatoires Ambassade de la République Populaire de Chine, 19 février 2012
- La Banque centrale chinoise a annoncé samedi une nouvelle baisse des réserves obligatoires des banques lamontagne.fr, 13 mai 2012
- (en) PBOC Expands Reserve-Ratio Cuts Bloomberg.com, le 16 juin 2014
- (en) RRR for small and medium-sized lenders is 16.5 percent english.eastday.com , 3 novembre 2012
- Radio Chine Internationale La banque centrale a relevé le taux des réserves obligatoires à 20 % pour les grandes institutions financières et à 16,5 % pour celles de moyenne et de petite taille
- Reuters - la Banque populaire de Chine va relever de 50 points de base le ratio de réserves obligatoires mardi 14 juin 2011
- (en) Reuters – China raises banks' reserve ratios, hausse des réserves obligatoires chinoises 10 décembre 2010
- CCTV-China Central TV mai 2010
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Banque centrale
- Politique monétaire
- Taux de rémunération des dépôts
- Système de réserves fractionnaires
- Réserves obligatoires par pays