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Progressif Media

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Progressif Media
Logo de Progressif Media.
Histoire
Fondation
Cadre
Forme juridique
Domaine d'activité
Programmation informatiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Captieux (33840) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Pays
Organisation
Effectif
30 employés ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateur
David Bonhomme
Président
David Bonhomme
Directeur
Personnes clés
Galansire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Actionnaires
Chantal Barry (26,89 %), VivendiVoir et modifier les données sur Wikidata
Chiffre d'affaires
1,2 M (), 3,9 M (), 4,7 M ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Résultat net
83 400 (), 247 800 (), 28 449 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Identifiants
SIREN
TVA européenne
OpenCorporates

Progressif Media est une agence de communication et de services du numérique française fondée en siégeant à Captieux, hébergée depuis octobre 2024 dans les locaux de Lagardère News aux côtés de CNews, le Le Journal du dimanche et Europe 1.

Ses liens avec des mouvances d'extrême droite sont critiqués au même titre que son travail d'influence pour le groupe Vivendi, actionnaire minoritaire, de Vincent Bolloré et ses idées réactionnaires. L'agence est citée dans une plainte déposée en par l'ONG Reporters sans frontières qui y dénonce des campagnes de discrédit.

Débuts des prestations

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L'entreprise est fondée en 2011 par David Bonhomme[1] et Thomas Ghys[2] à Strasbourg[3]. Elle travaille notamment au fil des années pour la Fondation Jérôme-Lejeune, Malakoff Humanis, Thierry Casasnovas[4] et pour le développement du site web de Génération identitaire[1]. Elle participe aussi à la production d’œuvres audiovisuelles destinées aux adolescents au compte de l'Alliance biblique française[3],[5],[6].

À partir de 2021, la presse et des collectifs militants portent l'attention sur l'agence en raison de ses liens tout d'abord supposés puis avérés avec des mouvances d'extrême droite. Elle est notamment associée à l'opération de communication « Les Corsaires » qui vise à contrer l'action du collectif des Sleeping Giants s'opposant aux discours qui incitent à la haine sur les réseaux sociaux[1],[7],[8],[9]. Des documents internes à l'entreprise montrent que les moyens mis en œuvre n'ont pas le succès escompté, l'opération est qualifiée d'échec par Libération, la grande majorité des entreprises contactées ayant décidé de retirer leurs publicités pointées par Sleeping Giants[10]. En 2024, des documents internes à l'entreprise consultés par Libération montrent que Progressif Media a activement cherché à identifier les animateurs de Sleeping Giants France et à divulguer illégalement leurs données personnelles[10].

L'agence participe au développement du projet Canto, une application de chants controversés[11],[12]. Certaines prestations sont réalisées par l'intermédiaire de l'entreprise New Soul, société sœur absorbée en [1].

Passage sous le giron du groupe de Bolloré

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Le groupe Vivendi de Vincent Bolloré achète en 8,5 % de son capital à ZeWatchers[13], une fondation chrétienne évangélique dirigée par Chantal Barry et proche de Bolloré[1],[14],[15] qui en détenait 30 %[1]. La même année, le militant anti-avortement Émile Duport rejoint le comité de direction de Progressif Média[1]. Parmi les salariés de l'entreprise, Vivien Hoch est le fondateur du comité Trump France. Georges Matharan, également salarié, est un youtubeur d’extrême droite identitaire[1],[16]. Durant la même année, l'agence édite le site web de Paraffine, un cabinet de conseil qui agit contre la « culture woke » et « la politisation à l'extrême du champ sociétal »[17]. En fin d'année, l'agence est invitée au siège de la Conférence des évêques de France pour discuter de l'essor des influenceurs catholiques[18].

Selon une enquête de Libération publiée le , l'agence est hébergée dans les locaux de Vivendi Village et est activement impliquée dans de nombreux projets d’extrême droite[1],[9]. Lui est assigné comme objectif de « concevoir et mettre en œuvre des campagnes d’influence alignées sur la vision réactionnaire du milliardaire »[1],[19]. Trois semaines plus tard, le journal rapporte que salariés et ex-salariés de l'agence subissent des « coups de pression » de la direction après les révélations de Libération afin de découvrir l'origine de la fuite[20]. L'agence compte alors une trentaine de salariés[1].

En , le film documentaire Sacerdoce sur la prêtrise est présenté au public. Il est porté par Émile Duport avec l'aide de l'agence et sous la réalisation de Damien Boyer[21]. Distribué dans les salles de cinéma par Saje distribution, une entreprise dirigée par Chantal Barry, sa diffusion télévisée est programmée sur les antennes du groupe Canal+, filiale du groupe Vivendi[21].

En 2024, après l'enquête de Libération établissant des liens entre Progressif Media et l'extrême droite, des comptes inactifs ou nouvellement créés dépendants de seulement deux adresses IP différentes, tentent de faire supprimer la présente page Wikipédia[22].

Travaux d'influence

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Se concentrant sur une mission d'influence, l'agence mène une campagne de désinformation contre l'ONG Reporters sans frontières (RSF)[23],[24],[25],[26]. Une vague de haine alimentée par de la désinformation démarre une semaine après que le Conseil d'État donne gain de cause à l'ONG et enjoint l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) en de réexaminer le respect par CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information[23],[24],[25],[26],[27].

Diverses méthodes sont utilisées pour porter atteinte à la réputation de l'organisation, comme du typosquattage menant vers un faux site web nommé Sectaires sans frontières qui prône un fichage des journalistes, l'utilisation de fausses identités ou encore de l'astroturfing alimenté par les membres des « Corsaires » à coup de visuels caricaturant sur Twitter (X)[23],[24],[25],[26]. Elle héberge aussi des sites web qui se présentent comme des initiatives citoyennes, mais ont en commun de défendre les intérêts idéologiques et économiques de Vincent Bolloré[23],[24],[26].

L'agence tente par ailleurs d'influencer le paysage médiatique[23],[24],[26]. Afin d'assurer le renouvellement de la fréquence TNT de CNews par l'Arcom, elle s'attarde à regarder les chaînes concurrentes — notamment de l’audiovisuel public — pour mener une campagne de signalement d’atteintes au pluralisme auprès de l'autorité de régulation[23],[24],[26]. Selon RSF, l'agence cherche dans une autre mesure à positionner CNews — chaîne la plus sanctionnée du paysage audiovisuel au moment des révélations — comme « le seul lieu en faveur de la liberté d’expression » et « qui ne se laisse pas contraindre au silence par les diktats d’une société faussement bien-pensante »[23],[24].

Si ces opérations sont détaillées dans un rapport qui aurait été transmis à Vivendi selon RSF[23],[24], le groupe indique au Monde ne pas avoir « connaissance des éventuelles pratiques illégales attribuées à Progressif Media »[26] et rappelle sa participation minoritaire au capital[26]. L'agence ne répond ni aux sollicitations des journalistes, ni aux multiples tentatives de RSF[26]. Le , Reporters sans Frontières porte plainte contre Progressif Media pour « usurpation d'identité » et « pratiques commerciales trompeuses »[28],[29],[30].

Dans un article du , La Lettre confirme que l'agence est hébergée dans les locaux de Vivendi Village et rapporte qu'elle s'est récemment mise à incuber plusieurs influenceurs d'extrême droite pour les assister dans le tournage de leurs vidéos, comme Pierre Valentin, George Matharan et Thaïs d'Escufon[31]. En , Progressif Media déménage aux côtés des médias de Bolloré, au sein des bureaux hébergeant CNews, Le Journal du dimanche et Europe 1[32].

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j et k Pierre Plottu et Maxime Macé, « Progressif Media : dans le secret de la fabrique à influenceurs de Bolloré » Accès payant, Libération, (consulté le ).
  2. « Vivendi prend une participation dans l’agence digitale Progressif Media », sur Investir, (consulté le )
  3. a et b Anne-Gaëlle Besse, « L'aventure « ZeBible » continue pour Élisabeth Terrien avec une web-série » Accès payant, sur La Voix du Nord, (consulté le )
  4. « Casasnovas, Pfizer, McDonald’s et Bolloré : ce qui se cache derrière le magazine RGNR », sur lextracteur.fr, (consulté le ).
  5. Marine Bisch, « Plus belle la Bible dans ma peau d'ado », Le Pèlerin, no 6777,‎ , p. 10.
  6. « L'autre expérience », sur ZeBible (consulté le ).
  7. Maxime Macé et Pierre Plottu, « Les Corsaires : derrière « l’armada numérique », un publicitaire très Manif pour Tous », sur StreetPress, (consulté le ).
  8. Samuel Laurent, « « Sleeping Giants » contre « Corsaires » : bataille autour du boycottage publicitaire de médias conservateurs », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  9. a et b « Avisa Partners, la désinformation tendance brune ? », sur Reflets.info, (consulté le )
  10. a et b Maxime Macé et Pierre Plottu, « Lutte contre l’extrême droite : les «Sleeping Giants» proposés au Nobel de la paix », Libération (consulté le ).
  11. Pierre Plottu et Maxime Macé, « «Canto», l’appli subventionnée qui fait chanter l’extrême droite », Libération (consulté le ).
  12. Adrien Franque, « Reporters sans frontières victime d’une opération d’influence d’une boîte de com liée à l’empire Bolloré », Libération, (consulté le ).
  13. AFP, « Vivendi acquiert 8,5% de l'agence de marketing numérique Progressif Media » Accès libre, Le Figaro, (consulté le ).
  14. Adrien Franque et Bernadette Sauvaget, « Qui est Chantal Barry, cette proche de Bolloré qui veut propager un message chrétien dans les médias ? » Accès payant, Libération, (consulté le ).
  15. « Vivendi acquiert 8,5% de l'agence de marketing numérique Progressif Media », Le Figaro, (consulté le ).
  16. Clément Rabu, « Georges Matharan, le vidéaste identitaire au passé étudiant encombrant », Mediapart,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  17. Rozenn Le Carboulec, « Outing et complotisme : le "Figaro" contre les "militants trans" » Accès payant, sur Arrêt sur images, (consulté le )
  18. Odile Riffaud, « L'essor des influenceurs catholiques », sur Radio chrétienne francophone, (consulté le ).
  19. (it) Mauro zanon, « Come funziona Progressif Media, la fornace francese degli influencer sovranisti », sur Il Foglio, (consulté le ).
  20. « Après les révélations de «Libé», chasse aux sorcières dans la fabrique à influenceurs de Bolloré » Accès payant, Libération, (consulté le ).
  21. a et b Maxime Macé et Pierre Plottu, « Le film complotiste Sound of Freedom débarque en France, poussé par une proche de Bolloré », Libération, (consulté le ).
  22. Frontal, « Après les révélations de « Libé » sur ses liens avec l’extrême droite, Progressif Media essaye de nettoyer sa page Wikipédia » Accès payant, Libération, (consulté le ).
  23. a b c d e f g et h « Derrière la campagne de désinformation contre RSF, Progressif Media, une boîte d’influence sulfureuse hébergée par Vivendi, le groupe contrôlé par Bolloré » Accès libre, sur Reporters sans frontières, (consulté le ).
  24. a b c d e f g et h Yunnes Abzouz, « Une agence d’influence proche de Bolloré a mené une campagne de désinformation contre RSF » Accès payant, sur Mediapart, (consulté le )
  25. a b et c Adrien Franque, « Reporters sans frontières victime d’une opération d’influence d’une boîte de com liée à l’empire Bolloré » Accès libre, Libération, (consulté le ).
  26. a b c d e f g h et i Brice Laemle, « Reporters sans frontières dénonce « une opération de déstabilisation » de Progressif Media, une société liée à la galaxie Bolloré », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  27. « Pluralisme et indépendance de l’information : l’Arcom devra se prononcer à nouveau sur le respect par CNews de ses obligations » Accès libre, sur Conseil d'État, (consulté le ).
  28. « France : RSF dépose plainte pour usurpation d’identité et pratiques commerciales trompeuses | RSF » Accès libre, sur Reporters sans frontières, (consulté le )
  29. « RSF porte plainte après avoir été ciblé par une agence d'influence liée à Vivendi », sur La Lettre, (consulté le )
  30. « Reporters sans frontières porte plainte contre X pour usurpation d’identité et pratiques commerciales trompeuses », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  31. Alexandre Berteau, « Parrainée par Vincent Bolloré, l'agence Progressif Media joue les pouponnières pour influenceurs de la droite dure » Accès payant, La Lettre, (consulté le ).
  32. Alexandre Berteau, « Vivendi installe son agence d'influence Progressif Media aux côtés des médias de Vincent Bolloré » Accès payant, La Lettre, (consulté le ).

Liens externes

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