Gaule celtique
La Gaule celtique, appelée Celtica en Latin, est une des trois principales régions de la Gaule, selon le récit de Jules César dans son ouvrage intitulé Commentaires sur la guerre des Gaules (58–51/50 av. J.-C.).
La Gaule celtique était habitée par les Celtes, également appelés Gaulois par les Romains en leur langue[2]. Le territoire correspond aujourd'hui à une grande partie de la France (de la Seine à la Garonne), la Suisse, le Luxembourg et l'Allemagne sur la rive ouest du Rhin[3]. Selon le témoignage de Jules César, les Aquitains et les Belges formaient des peuples distincts des Gaulois, les Aquitains étant considérés comme proto-basques tandis que l'ethnicité des Belges demeure plus floue, ces derniers rassemblant vraisemblablement des peuplades à la fois celtiques, germaniques et relevant d'un troisième groupe dit « bloc du Nord-Ouest »[4].
Celtica constituait une des principales régions de l'Europe occidentale, à l'image de Germania et de Britannia.
Étymologie et nom
[modifier | modifier le code]Selon les ethnographes romains et Jules César dans son récit Commentaires sur la guerre des Gaules, la Gaule était composée de trois principales régions : la Gaule belgique (Belgica), la Gaule celtique (Celtica) et la Gaule aquitaine (Aquitania). Les habitants de la Gaule celtique se désignaient eux-mêmes comme Celtes dans leur propre langue, et furent ensuite appelés Gaulois par les Romains et Jules César :
« Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. »
Une définition similaire est donnée par Pline l'Ancien :
« Gallia omnis Comata uno nomine appellata in tria populorum genera dividitur, amnibus maxime distincta. a Scalde ad Sequanam Belgica, ab eo ad Garunnam Celtica eademque Lugdunensis, inde ad Pyrenaei montis excursum Aquitanica, Aremorica antea dicta. Universam oram[6]. »
« L'ensemble de la Gaule connue sous le nom général de Comata, est divisée en trois peuples, qui se distinguent les uns des autres par les rivières suivantes. Belgica de l'Escaut à la Seine, Celtica ou Lugdunensis de la Seine à la Garonne, et Aquitanica anciennement appelée Aremorica de la Garonne aux montagnes des Pyrénées. »
Diodore raconte que Gaul serait le même personnage qu’un certain Galates, un fils de Heracles par son mariage avec une princesse de Celtia. Cette princesse était d’une beauté extraordinaire. Galates baptisa son peuple d'après son propre nom, et ceux-ci baptisèrent le royaume ainsi[7].
La Gaule celtique fut redécoupée et renommée en Gaule lyonnaise (Gallia Lugdunensis en latin) en tant que province de l'Empire Romain, après la conquête de Jules César.
Historiographie
[modifier | modifier le code]L'idée d'une Gaule unie regroupant les régions Celtica, Belgica et Aquitanica fut inventée au XIXe siècle par le nationalisme républicain français naissant, en contradiction avec les témoignages des écrivains antiques qui distinguaient en réalité différentes régions. Le terme de "Gaulois" (inventé par les Romains) fut alors utilisé à la place de "Celtes" (nom réellement utilisé par les autochtones eux-mêmes dans leur propre langue) car il permettait de créer l'illusion d'une nation française millénaire distincte des autres cultures européennes [2]. En réalité, les Celtes peuplaient non seulement le territoire de la France actuelle, mais également l'Europe centrale et les îles Britanniques, et partageaient des cultures similaires [3]. Des fouilles archéologiques ont permis par exemple de découvrir des torques et des carnyx – trait caractéristique de la civilisation celtique – aussi bien en France, qu'en Allemagne ou encore en Grande-Bretagne.
Des théories nationalistes identiques ont été développées au Royaume-Uni et en Allemagne, par la personnification de la nation dans les allégories antiques "Britannia" et "Germania" basées sur les noms géographiques latins (voir les articles correspondants : Britannia (allégorie) et Germania (allégorie)). La Suisse utilisera quant à elle la figure allégorique d'Helvetia en référence au peuple celte des Helvètes. Bien que le terme "Celtica" fût utilisé par les Romains pour désigner une grande partie du territoire de la France actuelle, les gouvernements français n'ont jamais utilisé la figure allégorique féminine correspondante, et ont préféré glorifier le personnage de Vercingétorix ou le Coq gaulois pour incarner la nation.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Gustav Droysens Allgemeiner historischer Handatlas in 96 Karten mit erläuterndem Text Bielefeld [u.a.]: Velhagen & Klasing 1886, S. 16
- Lucien Bély, Connaitre l'histoire de France, Paris, J.-P. Gisserot, , 127 p. (ISBN 2-87747-264-7, lire en ligne), p. 7 :
« La Gaule a précédé la France. Mais ce sont les Romains qui ont appelé Gaule ce territoire qu'ils étaient sur le point de conquérir et désigné comme les Gaulois ce peuple qu'ils voulaient soumettre après l'avoir redouté. Selon Jules César, ceux-ci se disaient eux-mêmes des Celtes. La Gaule, telle que les Romains la définirent, appartenait donc à un monde celtique beaucoup plus vaste qui s'étendait au nord des civilisations méditerranéennes. »
- Lucien Bély, Connaitre l'histoire de France, Paris, J.-P. Gisserot, , 127 p. (ISBN 2-87747-264-7, lire en ligne), p. 12 :
« Le général romain [Jules César] considéra que le Rhin qu'il avait atteint servirait désormais de frontière entre ce qu'il appela la Gaule d'un côté, et la Germanie de l'autre : « César a donc créé la "nation gauloise". Il a imposé le nom de Gaule qui remonte à l'extrême fin de l'époque préromaine, avec sa limitation par le Rhin » (Karl-Ferdinand Werner). De l'autre côté du Rhin, il y avait encore des Celtes. Mais les Romains eurent avant tout, le souci de fortifier cette frontière le long du Rhin et du Danube, pour en faire le limes. Et dans cette Gaule qui fut parfois qualifiée de "chevelue" (comata) ou de "porteuse de braies" (braccata), César distingua, à côté des Belges, les Aquitains au sud de la Garonne (qui n'étaient pas celtes), et les Gaulois ou Celtes à proprement parler. »
- Bernard Sergent, Les Indo-Européens : Histoire, langues, mythes, Bibliothèques scientifiques Payot, Paris, 1995, p. 205.
- Commentarii de bello Gallico, Liber I sur Wikisource.
- Pline l'Ancien, « Naturalis Historia (4.17 / 4.31) »
- « LacusCurtius • Diodorus Siculus — Book V Chapters 19‑40 », sur penelope.uchicago.edu (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Bernard Sergent et Fabien Régnier, Dictionnaires des femmes et hommes celtiques illustres. De l'Antiquité et du Haut Moyen Âge, 2022, Yoran Embanner, 384.p. Fouesnant, (ISBN 978-2-36747-072-6)