Ferdinand Ier (empereur du Saint-Empire)
Ferdinand Ier, né le à Alcalá de Henares près de Madrid et décédé le à Vienne en Autriche, issu de la maison de Habsbourg, est empereur romain germanique de 1556 à 1564. En 1521, il devient souverain des territoires héréditaires des Habsbourg en tant qu'archiduc d'Autriche ; en 1526, il devient roi de Bohême, de Hongrie et de Croatie. Élu roi des Romains en 1531, du vivant de son frère aîné Charles Quint, il est le dernier roi germanique à avoir été couronné à Aix-la-Chapelle.
Ferdinand est longtemps resté dans l'ombre de son frère ; néanmoins, le partage successoral de 1521 séparant définitivement les pays d'Autriche et des Pays-Bas des Habsbourg lui confère déjà une position particulière. L'archiduc pose les bases de la gestion efficace de ses territoires. Il acquiert les royaumes de Bohême et de Hongrie par héritage, même si la plus grande partie de ce dernier est occupée par des troupes ottomanes. Dans le cadre des affaires du Saint-Empire romain, il a longtemps agi comme représentant de son frère absent ; puis, à l'abdication de Charles Quint le , comme son successeur. Il est définitivement désigné empereur par l'assemblée des princes à Francfort le , la confirmation du pape n'étant plus jugée nécessaire. Ferdinand joue, en outre, un rôle important dans la conclusion de la paix d'Augsbourg en 1555.
Sa devise était Fiat justitia et pereat mundus (« que la justice triomphe, même si le monde doit périr »).
Biographie
Né en Espagne, quatrième des six enfants de Philippe le Beau et de son épouse Jeanne de Castille et frère cadet du futur empereur Charles Quint, Ferdinand est le petit-fils de l'empereur Maximilien Ier du côté paternel et du roi Ferdinand II d'Aragon du côté maternel. Lorsqu'il est orphelin de père à trois ans et que sa mère sombre dans la folie, il est élevé à la cour de son grand-père Ferdinand (dont il porte le prénom), et éduqué dans l'esprit de la scolastique espagnole. Petit-fils préféré, il est censé succéder à son grand-père sur les trônes espagnols de Castille et d'Aragon ; toutefois, le défunt Ferdinand n'a pas laissé de testament et c'est son frère aîné, né et élevé dans les Flandres, qui devient roi des Espagnes en 1516.
L'année suivante, Charles arrive en Espagne et les frères se rencontrent pour la première fois. En 1518, Ferdinand doit se rendre aux Pays-Bas. Il y poursuit ses études sous l'égide de sa tante Marguerite d'Autriche, qui le met en contact avec l'humanisme d'Érasme. L'intention de Marguerite de laisser Ferdinand se porter candidat à la succession de l'empereur Maximilien, en lieu et place de son frère Charles, échoua.
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Les parents de Ferdinand : Philippe le Beau et Jeanne de Castille.
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Ferdinand, à l'âge de dix ou douze ans.
Archiduc d'Autriche
Maximilien mourut au château de Wels le ; comme son fils Philippe le Beau était déjà décédé, son patrimoine passa aux fils de ce dernier, Charles et Ferdinand. En matière de succession, afin d'éviter un morcellement du domaine, le principe de primogéniture était la norme dans le système féodal de l'Espagne et des pays bourguignons, tandis que dans les territoires héréditaires des Habsbourg l'héritage était réparti entre les fils du souverain décédé et gouverné en main commune. En conséquence, Charles, invoquant l'antériorité de sa naissance et les droits qui en découlent, reçut la totalité des territoires espagnols et bourguignons comme unique héritier. Quant à la question de la succession dans les pays autrichiens, Charles, ayant été élu empereur des Romains à Francfort le , et son frère Ferdinand se réunirent à la Diète de Worms en 1521 et convinrent que Ferdinand devrait gouverner sur l'archiduché d'Autriche et l'Autriche intérieure (les duchés de Styrie, de Carinthie et de Carniole ainsi que le Littoral). L'année suivante, Ferdinand obtint également le comté de Tyrol et Vorarlberg ainsi que les possessions de l'Autriche antérieure en Souabe. Ferdinand gouvernait également sur les domaines du duc Ulrich VI de Wurtemberg confisqués par la ligue de Souabe.
L'accord de 1521 était la première étape dans le processus de division de la maison de Habsbourg entre une branche espagnole et une branche autrichienne. Ferdinand fut nommé représentant de l'empereur en son absence et obtint finalement l'engagement de son frère de le soutenir à l'élection au roi des Romains comme successeur potentiel. En plus, la noce prévue avec Anne Jagellon (1503 – 1547), fille du roi défunt Vladislas, lui donna la perspective de succéder à ce dernier dans les pays de la couronne de Bohême et de Hongrie. Cet union, arrangée par l'empereur Maximilien en 1515 lors du « double mariage » entre sa petite-fille Marie avec le frère d'Anne, Louis II Jagellon, eut lieu le à Linz. Ferdinand et Anne sont à l'origine de la branche des Habsbourg à Vienne dits aussi maison d'Autriche, préparant le chemin pour la monarchie de Habsbourg.
Toutefois, la prise de pouvoir s'avéra particulièrement difficile. À la fin du règne de Maximilien, les territoires héréditaires sont surendettés et une politique d'austérité dure fut mise en place par le nouvel archiduc, qui ne parle même pas la langue allemande et est entouré de conseillers espagnols. Avec cette méthode, Ferdinand s'attira la haine de l'aristocratie ainsi que des citoyens. En 1522, il décide de faire un exemple public : le maire rebelle de Vienne et sept conseillers sont menacés de la peine de mort et exécutés à Wiener Neustadt. Finalement, l'archiduc réussit à mettre un terme à l'emprise des États. Il poursuivit la politique de centralisation commencée par son grand-père Maximilien et crééa un réseau des différents services administratifs, notamment un collège de conseillers (Geheimer Rat), une autorité budgétaire centrale (Hofkammer) et une chancellerie à la cour (Hofkanzlei). Plus tard, en 1556, le Hofkriegsrat (Conseil aulique de la guerre) fut établi, chargé de l'administration des guerres du Saint-Empire et des autres possessions de la maison d'Autriche.
À Vienne, la Hofburg fut reconstruite en tant que résidence somptueuse pendant les années 1530. Ferdinand favorisa le développement de l'université de Vienne, et son médecin personnel fut l'érudit humaniste Wolfgang Lazius. Peu à peu, des nobles locaux furent nommés aux postes politiques importants. Bernhard von Cles (1485-1539), prince-évêque de Trente et consultant influent de l'archiduc, devint président du collège de conseillers en 1527.
Roi de Bohême et de Hongrie
Au sud-est du Saint-Empire, les forces ottomanes du sultan Soliman le Magnifique avançaient. La politique expansionniste du souverain turc se retourna contre le royaume de Hongrie. À l'été 1521, ses troupes assiégèrent Belgrade et s'emparèrent de la ville jusqu'au . Le roi Louis II de Hongrie, beau-frère de Ferdinand depuis le « double mariage » de 1515, était devenu majeur en 1522 ; il ne disposait pas d'une armée de métier pour défendre les frontières contre l'envahisseur. Son épouse Marie était en demande d'aide de sa part auprès de ses frères Charles et Ferdinand, mais en vain. Le , une force hongroise mal préparée subit une défaite écrasante à la bataille de Mohács ; Louis II et son commandant, l'archevêque Pál Tomori, moururent dans les combats.
Héritant avec son épouse Anne Jagellon, Ferdinand avait droit à succéder au trône de Bohême et de Hongrie. Son beau-frère, le roi Louis II, n'avait laissé aucun descendant mâle ; toutefois, les deux monarchies étaient théoriquement électives et comme successeur, Ferdinand avait besoin du soutien de la noblesse locale. En Bohême, un État impérial, il fut immédiatement inféodé avec le pays par son frère, l'empereur Charles Quint. Néanmoins, Ferdinand dut faire de trop nombreuses concessions aux aristocrates revendiquant plus d'autonomie, et alors seulement, le , l'assemblée des États au château de Prague l'élit roi. Le couronnement eut lieu le . Avec la couronne de Bohême, le patrimoine de l'empereur Charles IV, les Habsbourg acquérirent la dignité électorale longtemps attendue. Le royaume de Bohême, le margraviat de Moravie et les duchés de Silésie, ainsi que la Basse- et la Haute-Lusace furent inclus dans leur emprise en tant que parties intégrantes de la monarchie de Habsbourg.
La situation en Hongrie était en revanche plus difficile : même si les nobles de Croatie l'avaient élu roi en 1527, une majorité des États hongrois et de la petite noblesse rejetèrent la succession de Ferdinand et se prononcèrent en faveur de Jean Zapolya, voïvode de Transylvanie. Jean se fit élire roi de Hongrie par une diète réunie à Székesfehérvár (Albe Royale) le et fut couronné le lendemain sous le nom de Jean Ier. En même temps, la minorité des États refusant d'accepter son règne s'était réunie à Presbourg, déclarait les décisions de Székesfehérvár non valides, et élit l'archiduc Ferdinand roi de Hongrie le . Par cet événement historique, l'union personnelle entre l'Autriche et la Hongrie fut scellée.
L'année suivante, Ferdinand commença une campagne en Hongrie et Jean Zapolya dut fuir vers la Pologne. Il put se faire couronner le ; toutefois, le pays sombra peu après dans une guerre civile. Jean demanda l'aide du sultan Soliman, et les forces ottomanes marchèrent de nouveau sur la Hongrie. Ferdinand n'avait guère le pouvoir de s'opposer à une armée de 100 000 hommes. En 1529, les Ottomans conquirent la ville de Buda, et le siège de Vienne commença le . Les troupes de Soliman se retirèrent en octobre ; toutefois, la partie sud-est de la Hongrie restera sous l'occupation turque à long terme. À ce stade, la Tabula Hungariae, la plus ancienne carte encore existante du pays, est publiée, elle fait aujourd'hui partie du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Ferdinand signa finalement le a le traité de Nagyvárad avec Jean Zapolya. Les deux parties convinrent de reconnaître la seigneurie de Jean au sein du royaume de Hongrie en échange du droit de Ferdinand d'hériter son patrimoine. Toutefois, la réalisation de l'accord se révéla difficile : à la mort de Jean en 1540, sa veuve Isabelle Jagellon revendique le trône pour son fils Jean Sigismond qui est élu roi (Jean II) par les partisans de son père. Après la guerre austro-turque, la Hongrie resta divisée et Ferdinand ne régna que sur la partie nord-ouest jusqu'au lac Balaton, nommée la Hongrie royale, résidant à Presbourg. La partie centrale autour de Buda était occupée par les forces ottomanes alors que dans l'est, Ferdinand dut subir le développement de la Transylvanie comme principauté quasi indépendante sous le règne de Jean Sigismond Zapolya mais vassale de l’Empire ottoman.
Le règne de Ferdinand fut paisible malgré des difficultés pour s'imposer en Hongrie : depuis les années 1520, les confins militaires (Militärgrenze) sont créés par les Habsbourg, une zone tampon de largeur variable située le long des frontières avec les Ottomans en Croatie, Hongrie, Voïvodine et Banat. Tenant compte de la menace de nouvelles attaques, le roi obtient l'aide financière considérable par ordonnances de la Diète d'Empire. La situation politique de la Hongrie demeure fragile.
Dès le début de son règne en Hongrie et en Bohême[1], sous l'influence de ses conseillers allemands, juristes spécialisés en droit romain, Ferdinand Ier poursuivit la politique absolutiste et centralisatrice dont les innovations principales étaient : la rémunération des fonctionnaires de l'État en numéraire, et non par des donations, la séparation des affaires financières des affaires politiques et judiciaires, la gestion collégiale des compétences qui assure, par une surveillance mutuelle, une administration fiable.
Ne convoquant les États généraux que contraints et forcés par des circonstances politiques exceptionnelles, les souverains habsbourgeois gèrent leurs États à partir d'institutions centrales créées dès le 1er janvier 1527 : un Conseil Secret qui s'occupe des affaires extérieures et des questions générales de politique intérieure et un Conseil de la Cour pour l'administration centrale et les affaires judiciaires, les décisions des deux corps étant soumis à l'approbation de la Chancellerie de la Cour. Les finances sont gérées par la Chambre de la Cour. En 1556, est créé un Conseil Suprême de Guerre pour les Affaires Militaires.
Régent d'Empire
Au cours de la période qui suit la diète de Worms, Charles Quint engagea les guerres d'Italie avec la France et se chargea des affaires gouvernementales de l'Espagne et des Pays-Bas. En sa qualité de représentant de l'empereur, Ferdinand a convoqué plusieurs diètes impériales. Ses prérogatives, cependant, restent clairement inférieurs à ceux de Charles. Dans les questions touchant à la foi, Ferdinand qui était catholique suit à l'origine une voie pragmatique : bien qu'il a apporté son soutien à l'établissement de la ligue de Ratisbonne en 1524, il a remarqué la puissance de la Réforme protestante et s'est efforcée d'aboutir à un équilibre fondé sur une acceptation mutuelle. En même temps, sa vocation des jésuites était à l'origine de la Contre-Réforme. Il mena une campagne contre les anabaptistes, aboutissant à la brûlure du prédicateur Balthazar Hubmaïer à Vienne en 1528 et de Jacob Hutter à Innsbruck en 1536 (les huttérites trouvèrent refuge dans la Moravie).
Dans l'ensemble du Saint-Empire, des émeutes ont éclaté, dont la guerre des Paysans allemands. Les soulèvements sont réprimés brutalement, notamment par les états de la ligue de Souabe, mais Ferdinand il-même luttait contre des forces rebelles en Tyrol. Le protestantisme en expansion menace le pouvoir impérial des Habsbourg : les électeurs Frédéric III et Jean Ier de Saxe, ainsi que le landgrave Philippe Ier de Hesse, le duc Ulrich VI de Wurtemberg et des nombreuses villes d'Empire prirent parti pour la nouvelle confession. À la diète de Spire, en 1529, Ferdinand a cherché un appui pour lutter contre les forces ottomanes mais il a également répété l'Édit de Worms de l'an 1521 condamnant le luthéranisme. Plusieurs princes ont repondu avec la « protestation de Spire », l'origine du mot protestant. Ils ont ainsi décidé de s'unir par une alliance militaire, la ligue de Smalkalde.
Après neuf ans d'absence, Charles Quint a de nouveau participé à la diète d'Augsbourg en 1530. Les protestants, sept princes luthériens et deux villes impériales, y présentent au souverain un compromis, la confession d'Augsbourg. Peu tard, le , Ferdinand est élu roi des Romains à Cologne ; il a récolté la majorité de cinque votes des princes-électeurs contre l'opposition de Jean Ier de Saxe. Il fut couronné par l'archevêque de Cologne, Hermann V de Wied, à la cathédrale d'Aix-la-Chapelle (ce fut le dernier sacre célébré dans cette église). Il est alors régent de plein droit, ce qui lui apportait une autorité politique plus forte.
Cependant, la Saxe reste opposé à son couronnement, soutenue par la Bavière et par une large majorité des États protestants. En 1532, Charles Quint et les protestants ont conclu la paix de Nuremberg visant à une reconnaissance des droits et obligations mutuels. À la fin de l'année, l'empereur a participé à la campagne contre les Ottomans et s'est ensuite rendu en Espagne. Ferdinand a agi une nouvelle fois comme régent ; en 1534, il fit la paix avec Ulrich de Wurtemberg qui récupéra son duché. Plus tard, pendant la guerre de Smalkalde, il lui a de nouveau retiré le fief - un conflit non résolu jusqu'à la paix de Passau en 1552.
Face à la menace des guerres ottomanes, Ferdinand a soutenu les tentatives de son frère de résoudre les conflits religieux par la négociation. Il lui-même a ouvert le Colloque religieux d'Haguenau en 1540 qui a toutefois finalement échoué. Lors des diètes à Spire et à Nuremberg en 1542 et 1543, peu d'avancées ont été réalisées. Dans la guerre de Smalkalde, les princes protestants se sont alliés contre l'empereur ; Ferdinand marche en compagnie de son frère, contre l'opposition d'une partie des États de Bohême. Les insurgents furent vaincus à la bataille de Muehlberg en 1547 et la ligue de Smalkalde fut démantelée.
Quelques années plus tard, toutefois, la relation entre les frères s'est détériorée : Charles Quint a essayé de préparer la succession de son fils Philippe tant dans l'Espagne que dans le Saint-Empire. Ferdinand, à son tour, n'était pas prêt à renoncer aux droits de son fils Maximilien II. De longues négociations ont finalement permis la conclusion d'un accord équilibré, en vertu duquel Philippe doit être élu roi des Romains et Maximilien soit nommé son successeur. Néanmoins, le plan a très tôt été mis en échec en raison de réserves émises par les princes-électeurs.
En 1552, pendant les incohérences dans la maison de Habsbourg, une nouvelle révolte des princes protestants éclate, avec à sa tête l'électeur Maurice de Saxe. Lorsque Ferdinand essaie d'abord, au moyen d'entretiens, de résoudre les difficultés, il suscite la méfiance de l'empereur rendant ainsi sa tâche plus complexe. Malgré l'opposition de son frère, l'intervention de Ferdinand a permis de réaliser la paix de Passau, traité dans lequel l'empereur permet aux protestants de pratiquer leur religion selon les conditions fixées par la confession d'Augsbourg. Ferdinand peut maintenant se consacrer à faire face au danger d'invasion par les Ottomanes, lorsque Charles Quint s'était lancé dans une vaine attauqe sur la ville de Metz étant sous occupation française. Le pouvoir de l'empereur a fléchi au cours des années suivantes. Dans la seconde guerre des margraves qui s'est déroulé entre 1552 et 1555, Ferdinand, à l'aide d'une alliance stratégique avec plusieurs princes (dont Maurice de Saxe), parvint à vaincre le margrave rebelle Albert II Alcibiade de Brandebourg-Culmbach.
La convocation de la diète d'Augsbourg a été freinée par les hostilités continuelles. Les discussions sur les questions religieuses ont débuté le ; Ferdinand était toujours encore en désaccord avec son frère, surtout en ce qui concerne l'inclusion des accords anticipés avec les princes dans la paix de Passau. Dans le cadre des négociations, il joue un rôle essentiel. Réceptive à un compromis, il recommandera une étude approfondie sur les revendications des princes ; en échange, il réussit à établir la « réserve ecclésiastique » selon laquelle une prince-évêque, dans le cas d'un changement de confession, doit subir une perte de pouvoir temporel. Le , la paix d'Augsbourg, fondé sur le principe : cujus regio, ejus religio (« tel prince, telle religion »), suspend les hostilités entre les États luthériens et catholiques dans le Saint-Empire.
Empereur
Trente-quatre ans après l'apparition de Martin Luther à la diète de Worms, le recès à Augsbourg signe l'échec définitf de la politique d'unification sous la religion catholique de l'Empire menée par Charles Quint. Encore pendant les délibérations, l'empereur, consterné, a déclaré à son frère qu'il soit prêt à démissionner. L'année suivante, il abdique la couronne impériale en faveur de son frère Ferdinand qui a profité de cette période pour forger des alliances, en particulier avec la Bavière et l'archevêché de Salzbourg, et pour s'assurer du consentement des princes-électeurs. Bien que catholique, il était partisan d'un compromis avec les princes luthériens et en fin de compte, il est également parvenu à un accord politique avec l'électeur Auguste de Saxe. Simultanément, la situation en Hongrie s'est encore aggravée avec l'attaque des forces ottomanes sur la ville de Szigetvár.
Charles Quint avait abdiqué solennellement de sa souveraineté sur les États bourguignons en faveur de son fils Philippe qui devient également roi d'Espagne. L'empereur partait pour l'Espagne et, le , il a transféré à son frère tous les mandats pour les négociationas avec les princes-électeurs. Finalement, le , Ferdinand a été proclamé empereur par l'assemblée des princes à Francfort. Le pape Paul IV, toutefois, refusa de le reconnaître pour souverain du Saint-Empire, parce que le consentement du Saint-Siège n'était intervenu ni dans son élection ni dans l'abdication de Charles : Ferdinand nia la nécessité de ce consentement, et depuis, les empereurs ont cessé de demander la confirmation du pape.
La monarchie universelle des Habsbourg touchait à sa fin. Lorsque la monarchie espagnole sous Philippe devint par la suite le principal défenseur du catholicisme en Europe, Ferdinand et ses successeurs sur le trône du Saint-Empire étaient de plus en plus incapable de mener les politiques extérieures d'une manière cohérente. Dans l'espoir de recouvrer le patrimoine espagnol, les fils aînés de Maximilien II ont été éduqués à la cour d'Espagne. Le roi Philippe lui-même épouse en seconde noce sa nièce Anne d'Autriche. Néanmoins, des divergences se firent jour en Italie où Ferdinand Alvare de Tolède, vice-roi de Naples sous la suprématie de Philippe, a acquis l'État des Présides, un petit territoire d'une grande importance stratégique. Plus tard, en 1569, le duc Cosme Ier de Toscane fut élevé au rang de grand-duc par le pape Pie V, sans le consentement de l'empereur.
Dans les affaires internes du Saint-Empire, l'érosion du pouvoir des Habsbourg ont tout d'abord débouché sur un apaisement des princes. Ferdinand a cherché à moderniser l'administration d'après le modèle des territoires héréditaires des Habsbourg, dont les différents secteurs d'activité du Conseil aulique et le cabinet qui entoure l'archichancelier impérial. Les dernières années de l'empereur furent consacrées à concilier les princes protestants et catholiques ; toutefois, il n'a pas été en mesure de créer les conditions d'une réconciliation. Vis-à-vis la France, il renonçait au renvoi des Trois-Évêchés en Lorraine.
La préparation de la succession sur le trône impérial n'était pas une tâche facile pour Ferdinand, en raison notamment de la sympathie de son fils Maximilien II pour le protestantisme. L'empereur avait arrangé le mariage de Maximilien avec sa cousine Marie d'Autriche, fille de Charles Quint et a assuré son élection au roi des Romains en 1562. Néanmoins, par précaution, il répartit les territoires héréditaires de la dynastie parmi ses fils : lorsque Maximilien II obtient l'archiduché d'Autriche, ses frères cadets Ferdinand II et Charles ont reçu les pays de l'Autriche antérieure et intérieure. En conséquence, cette réinterprétation du traité de Neuberg débouche sur un nouvel affaiblissement de la monarchie de Habsbourg. La division durera jusqu'à la coronation de Ferdinand III d'Autriche, fils de Charles, en 1619.
Atteinte d'une forte fièvre, Ferdinand est décédé à Vienne le . Il est enterré dans la cathédrale Saint-Guy de Prague aux côtés de son épouse Anne.
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Table de Ferdinand Ier à Francfort en 1558.
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Ses armoiries en tant que roi des Romains, 1536, palais de la Hofburg, Vienne, Autriche.
Ascendance
Descendants
Le à Linz (Autriche), il épousa Anne Jagellon (1503-1547), fille et héritière de Vladislas IV, roi de Bohême et de Hongrie et d'Anne de Foix. Ferdinand et Anne eurent une descendance nombreuse qu'ils mirent au service de la politique dynastique de leur époque :
- Élisabeth (1526-1545), épouse Sigismond II Auguste, roi de Pologne (1520-1572) ;
- Maximilien (1527-1576), épouse Marie d'Espagne (1528-1603), fille de Charles Quint, qui lui succède à la tête de l'empire (Maximilien II) ;
- Anne (1528-1590), épouse en 1546 Albert V (1528-1579) duc de Bavière[2] ;
- Ferdinand (1529-1595), archiduc d'Autriche, comte de Tyrol, qui épouse morganatiquement, en 1557, Philippine Welser (1527-1580) puis, en 1582, Anne-Catherine de Mantoue (1566-1621), fille de Guillaume Gonzague, duc de Mantoue[3] ;
- Marie (1531-1581), épouse en 1546 Guillaume duc de Juliers, de Clèves et de Berg (1516-1592) ;
- Madeleine (1532-1590), religieuse ;
- Catherine (1533-1572), qui épouse, en 1549, François III Gonzague (1533-1550), duc de Mantoue[3], puis, en 1553, Sigismond II Auguste (1520-1572), roi de Pologne, veuf de sa sœur Élisabeth ;
- Éléonore (1534-1594), épouse Guillaume Gonzague (1538-1587), duc de Mantoue[3] ;
- Marguerite (1536-1567), religieuse ;
- Jean (1538-1539) ;
- Barbara (1539-1572), épouse Alphonse II d'Este, duc de Ferrare ;
- Charles II d'Autriche (1540-1590), épouse Marie-Anne de Bavière (1551-1608)[2] ;
- Ursule (1541-1543) ;
- Hélène (1543-1574), religieuse ;
- Jeanne (1547-1578), épouse en 1565 François de Médicis (1541-1587), grand-duc de Toscane ; elle est la mère de Marie de Médicis.
Il est à noter, fait rarissime, que quatre de ses enfants sont des ancêtres directs de Louis XIV de France : Maximilien, Anne, Charles et Jeanne.
Fratrie
- Éléonore (1498-1558), épouse en 1519 Manuel Ier de Portugal (1469-1521) puis en 1530 François Ier de France
- Charles (1500-1558), épouse en 1526 Isabelle de Portugal
- Isabelle (1501-1526), épouse en 1515 Christian II de Danemark
- Marie (1505-1558), épouse en 1521 Louis II de Hongrie (1505-1526)
- Catherine (1507-1578), épouse en 1525 Jean III de Portugal
Notes
- (en) Article « Ferdinand I », dans l'Encyclopædia Britannica.
- Double union Habsbourg-Wittelsbach : Albert V de Bavière est le père de Marie Anne de Bavière. Ils deviennent beau-frère et belle-sœur.
- Triple union Habsbourg-Gonzague : François III de Mantoue et Guillaume sont frères. Leurs épouses, déjà sœurs, deviennent donc belles-sœurs entre elles comme les frères deviennent beaux-frères. Anne-Catherine étant fille de Guillaume, Ferdinand sera à la fois gendre et beau-frère des deux ducs.
Bibliographie
- Claude Michaud, Ferdinand de Habsbourg (1503-1564), Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque d'études de l'Europe centrale » (no 10), , 388 p. (ISBN 978-2-7453-2461-0, présentation en ligne).
Liens externes
- Empereur romain germanique
- Roi des Romains
- Roi de Germanie
- Roi de Hongrie
- Roi de Bohême
- Archiduc d'Autriche
- Dynastie des Habsbourg
- Chevalier de l'ordre de la Toison d'or (XVIe siècle)
- Chevalier de la Jarretière
- Naissance en mars 1503
- Naissance à Alcalá de Henares
- Décès en juillet 1564
- Décès à Vienne (Autriche)
- Décès dans l'archiduché d'Autriche
- Décès à 60 ans
- Personnalité inhumée dans la cathédrale Saint-Guy de Prague