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« Sumérien » : différence entre les versions

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Le '''sumérien''' (en sumérien <small>{{lang|sux-Latn|EME.ĜIR<sub>15</sub>}}</small>) est une [[langue morte]] qui était parlée dans l'[[Antiquité]] en [[Géographie de la Mésopotamie|Basse Mésopotamie]]. Elle est ainsi la [[langue]] parlée à [[Sumer]] aux {{-mi2-|IV|e|III|e}} Le sumérien comportait deux variétés (sociolectes) connues : l'[[émegir]] et l'[[émesal]].

Le sumérien est un [[Isolat (linguistique)|isolat linguistique]], c'est-à-dire qu'il n'a jamais pu être, jusqu'à aujourd'hui, rattaché à une [[famille de langues]] connue (comme d'autres langues au [[Proche-Orient ancien]], telles que le [[hatti (langue)|hatti]] et l'[[élamite]]<ref name="britanica">[http://www.britannica.com/EBchecked/topic/573229/Sumerian-language Encyclopædia Britannica en ligne]</ref>{{,}}<ref>[http://www.news.leiden.edu/news/our-sixty-minute-hour-comes-from-sumerian.html Nos 20 minutes]</ref>{{,}}<ref>[http://www.omniglot.com/writing/sumerian.htm Sumérien isolat]</ref>).

Le sumérien semble être la plus ancienne langue écrite connue, sous une forme d'écriture appelée le [[cunéiforme]], voire la plus ancienne langue connue{{sfn|Michalowski|2004|p=22}}.

L'[[akkadien]] a progressivement remplacé le sumérien comme langue parlée autour du {{-s-|XX}}, même si la plupart des habitants de l'époque étaient décrits comme [[Bilinguisme|bilingues]] sumérien-akkadien<ref name="deutscher2007">Guy Deutscher, {{lang|en|''Syntactic Change in Akkadian: The Evolution of Sentential Complementation.''}}, Université d'Oxford, {{p.|20–21}}, 2007 {{ISBN|978-0-19-953222-3}}</ref>. Le sumérien a d'ailleurs continué à être utilisé comme [[Langue liturgique|langue sacrée, cérémonielle]], littéraire et scientifique en [[Mésopotamie]] jusqu'au {{-s-|I}}<ref name="Joan">Joan Oates, ''Babylon'', édition révisée, Thames and Hudston, 1986, {{p.|30, 52-53}}.</ref>{{,}}<ref>A. K. Grayson, ''{{lang|en|texte=Penguin Encyclopedia of Ancient Civilizations}}'', ed. Arthur Cotterell, Penguin Books, 1980, {{p.|92}}</ref>.

== Terminologie ==
La terminologie employée par les historiens reprend en partie des termes rencontrés dans les textes antiques<ref>J. S. Cooper dans {{harvsp|id=SDB|Sumer|1999-2002}}, col. 78-82. {{harvsp|id=LIT|Black et al.|2004|p=l-li}}.</ref>{{,}}<ref>B. Lafont dans {{harvsp|id=SDB|Sumer|1999-2002}}, col. 151-153.</ref>. Le mot [[Sumer]] est issu du terme [[akkadien]] ''{{Langue|akk|Šumerum}}'', correspondant au sumérien {{lang|sux|<tt>ki-engi</tt>}} ({{Citation|pays autochtone}} ?), qui désignait une région couvrant la partie sud de la Mésopotamie. C'est la région d'où proviennent la majorité de la documentation écrite en sumérien, et manifestement la région où cette langue était parlée par la majorité de la population au {{-m|III|e}} (il est aussi possible qu'elle ait été la langue vernaculaire dominante dans la vallée de la [[Diyala]]). Ce terme géographique apparaît souvent en opposition à la région qui la bordait au nord, le pays d'[[Akkad (région)|Akkad]], ''{{Langue|akk|Akkadum}}'' en akkadien et {{lang|sux|<tt>ki-uri</tt>}} en sumérien, peuplé majoritairement de Sémites, les « Akkadiens », locuteurs de l'[[akkadien]] et sans doute aussi d'autres langues sémitiques aux périodes archaïques. On trouvait du reste plus couramment le terme de « Pays », {{lang|sux|<tt>kalam</tt>}}, pour désigner ces contrées. La langue sumérienne était également évoquée dans les textes, {{lang|sux|<tt>eme-gi{{ind|7}}</tt>}} (équivalent à {{Citation|langue autochtone}}) en sumérien, et ''šumeru'' en akkadien des phases babyloniennes tardives (aussi ''lišan šumeri'', « langue sumérienne »)<ref>''The Chicago Assyrian Dictionary'', vol. 17, ''Š part III'', 1992, {{p.|273-274}}</ref>. Les historiens ont ensuite créé le terme « Sumériens » pour qualifier le peuple vivant dans cette région et parlant cette langue, conception qui est étrangère à la mentalité antique et n'apparaît donc pas dans les textes cunéiformes{{sfn|Cooper|2011-2013|p=293-294}}.

== Redécouverte ==
{{Article connexe|Assyriologie}}

La redécouverte de la langue sumérienne se produit dans le contexte de la traduction des inscriptions cunéiformes à partir de la première moitié du {{s|XIX|e}}. Les textes traduits, datés des époques récentes de l'histoire antique du Moyen-Orient (empire néo-assyrien et empire achéménide) sont écrits en akkadien (qu'on appelle alors « assyrien », avec un sens plus large qu'actuellement, puisque ce sont les capitales assyriennes qui sont fouillées à cette période), et sont donc constitués majoritairement de signes phonétiques renvoyant à cette langue ; mais il devient assez vite évident que cette écriture comprend une autre catégorie de signes, des [[logogramme]]s (on parle aussi d'idéogrammes), ne renvoyant pas à des sons mais à des choses, et ne s'écrivant pas comme ils se prononcent. [[Edward Hincks]], un des principaux artisans de la traduction de ce système d'écriture, est le premier à émettre l'hypothèse que ces logogrammes renvoient en fait à une langue non-sémitique, d'un passé plus ancien que les textes, qui serait celle des inventeurs de ce système d'écriture et aurait été en partie préservée sous cette forme par les peuples écrivant l'akkadien. Cette intuition est confirmée par [[Henry Rawlinson (assyriologue)|Henry Rawlinson]] qui découvre en 1852 parmi les tablettes exhumées à Ninive des listes bilingues reliant des mots akkadiens à leur équivalent en sumérien{{sfn|Cooper|2011-2013|p=290}}{{,}}<ref>Kevin J. Cathcart, ''[http://cdli.ucla.edu/pubs/cdlj/2011/cdlj2011_001.html The Earliest Contributions to the Decipherment of Sumerian and Akkadian, Cuneiform Digital Library Journal]'', 2011</ref>.

Il est rapidement établi qu'il s'agit d'une [[langue agglutinante]], ce qui fait qu'on la range d'abord dans la catégorie des langues « touraniennes » ou « scythiques », celles qui sont caractérisées de nos jours comme « [[langues ouralo-altaïques]] » (aujourd'hui abandonnées par les linguistes). Se pose alors la question du nom à donner à cette langue nouvellement découverte, qui n'est manifestement celle d'aucun peuple connu pour cette région par les textes grecs ou bibliques, et on a alors le choix entre plusieurs termes apparaissant dans les textes cunéiformes et renvoyant à des peuples inconnus jusqu'alors. Rawlinson et Lenormand proposent de l'attribuer aux « Akkadiens » (alors qu'il devient plus tard évident que cela renvoie à une population parlant une langue sémitique) ; P. Haupt fait de même, mais il est le premier à employer le terme de « sumérien », pour désigner un des [[sociolecte]]s de cette langue, l'Eme-sal. [[Jules Oppert|J. Oppert]] propose en 1869 que c'est l'intégralité des variantes de cette langue qu'il convient de désigner par le terme « sumérien ». Sa position est confirmée par [[Carl Bezold]] qui déchiffre en 1889 un texte établissant clairement l'équivalence entre le mot sumérien désignant cette langue, eme-gi(r), et sa traduction en akkadien, ''lišan šumeri''{{sfn|Cooper|2011-2013|p=291}}.

Reste à établir la fonction et la nature de cette langue, qui alors n'est connue que par des logogrammes dans des textes en akkadien. En 1874, J. Halévy propose que cette langue ne soit pas la langue d'un peuple, mais une forme d'écriture pratiquée dans le milieu des prêtres, une sorte de [[Écriture hiératique|hiératique]] mésopotamien. La majorité des spécialistes du sujet préfère s'en tenir à l'idée initiale d'une langue d'un peuple plus ancien. Il faut attendre les fouilles de Tello (l'antique [[Girsu]]) et de [[Nippur]] en Basse Mésopotamie et la découverte puis la publication à partir des années 1880 des premières tablettes intégralement écrites en sumérien pour que la question soit tranchée : le sumérien était bien une langue parlée et écrite aux débuts de l'histoire mésopotamienne{{sfn|Cooper|2011-2013|p=295}}<ref>{{Chapitre |langue=fr |auteur1=Ph. Abrahami |titre chapitre=Un système d'idéogrammes : « sumérien ou rien |auteurs ouvrage=B. Lion et C. Michel |titre ouvrage=Les écritures cunéiformes et leur déchiffrement |lieu=Paris |éditeur= |année=2008 |isbn= |lire en ligne= |passage=111-128}}.</ref>.

[[François Thureau-Dangin]], travaillant au [[Musée du Louvre|Louvre]] à Paris, a également apporté d'importantes contributions pour déchiffrer le sumérien avec les publications de 1898 à 1938, comme en 1905 avec ''Les inscriptions de Sumer et d'Akkad''. [[Charles Fossey]] au [[Collège de France]] à [[Paris]] était un autre chercheur à la production abondante et fiable. Ses contributions au dictionnaire sumérien-assyrien<ref>[http://quod.lib.umich.edu/cgi/t/text/pageviewer-idx?c=genpub;cc=genpub;sid=925969e1cdb54224dccf86fdb4bdef76;rgn=full%20text;idno=ACG1616.0002.001;view=image;seq=00000217 Dictionnaire sumérien-assyrien]</ref> s'avèrent novatrices<ref>P. Anton Deimel, ''Sumerisch - Akkadisches Glossa'', {{abrd|vol.|volume}} III de 4 volumes ''{{lang|de|texte=Sumerisches Lexikon}} de Deimel'', 1934</ref>.

[[Friedrich Delitzsch]] a publié un dictionnaire de la grammaire sumérienne<ref>Friedrich Delitzsch, ''Sumerisches Glossar'', 1914</ref>{{,}}<ref>[[Friedrich Delitzsch]], ''{{lang|de|texte=Grundzüge der sumerischen Grammatik}}'', 1914</ref>. L'élève de Delitzsch, [[Arno Poebel]], a publié une grammaire avec le même titre, ''Grundzüge der sumerischen Grammatik'', en 1923, et fut l'ouvrage de base pour les étudiants en sumérien jusqu'à la parution d'une nouvelle synthèse grammaticale par [[Adam Falkenstein]] en 1959 (''Das Sumerische''). Les avancées des décennies suivantes sont synthétisées en 1984 par Marie-Louise Thomsen (''The Sumerian Language: An Introduction to its History and Grammatical Structure''), puis par [[Dietz-Otto Edzard]] en 2003 (''Sumerian Grammar''), depuis prolongée par des synthèses plus brèves et travaux de recherche produits par d'autres chercheurs (Piotr Michalowski, Pascal Attinger, Gabor Zolyomi, Gonzalo Rubio, etc.). La reconstitution reste incomplète, car à côté d'un ensemble de points sur lesquels les différents spécialistes s'accordent de gros points de désaccord subsistent, notamment sur la morphologie verbale{{sfn|Michalowski|2020|p=91}}.

== Sources ==
{{Article connexe|Cunéiforme}}

La compréhension du sumérien repose avant tout sur l'analyse des textes en sumérien et des logogrammes en sumérien présents dans les textes écrits dans d'autres langues (akkadien surtout), en fonction des contextes de ces documents.

Les plus anciens textes écrits à la fin du {{-m|IV|e}} sont de nature administrative, enregistrant des opérations généralement simples, ainsi que quelques listes lexicales. Ils ne comprennent pas d'éléments phonétiques et grammaticaux évidents, aussi la question de savoir s'ils transcrivent du sumérien est débattue. C'est aux alentours de 2900 av. J.-C. qu'apparaissent les premiers éléments permettant de relier l'écriture à une langue, et il s'agit alors sans équivoque possible du sumérien. Vers cette même période apparaissent des textes juridiques (actes de vente), puis vers le milieu du {{-m|III|e}} des compositions plus « littéraires » témoignant d'un développement de la pratique de l'écrit ; les textes officiels et juridiques sont plus étoffés. C'est aussi de cette période que datent les premières transcriptions écrites de l'akkadien, et peu après d'autres langues sémitiques de Syrie ([[Mari (Syrie)|Mari]], [[Ebla]]), villes où les scribes écrivent aussi en sumérien. Les tablettes administratives et économiques restent majoritaires (documents de [[Girsu]], [[Adab (Sumer)|Adab]]). Avec l'apparition de l'[[empire d'Akkad]] (v. 2340-2190 av. J.-C.), la langue akkadienne prend un statut plus important, mais le sumérien reste très pratiqué dans les cités de Sumer. Après l'effondrement de cet empire la documentation de Girsu du temps du roi [[Gudea]] est une source importante pour la connaissance du sumérien, puis cette langue reprend un statut officiel à l'échelle du Sud mésopotamien sous l'égide de la [[troisième dynastie d'Ur]] (v. 2112-2004 av. J.-C.). On parle parfois de [[période néo-sumérienne]] pour désigner cette phase succédant à l'empire d'Akkad, qui voit un essor de la littérature en sumérien (hymnes, prières, mythes, épopées). Cette littérature est en fait essentiellement attestée par des copies scolaires datées des premiers siècles du {{-m|II|e}}, mises au jour à [[Nippur]] et [[Ur (Mésopotamie)|Ur]]. En revanche la documentation administrative en sumérien s'arrête à cette période, le dernier exemple connu datant du milieu du {{-s|XIX|e}} C'est à ce moment que le statut du sumérien écrit évolue, alors qu'il n'est manifestement plus ou très peu parlé : les signes sumériens sont préservés sous la forme de logogrammes dans des textes en akkadien, ce qui indique qu'ils étaient prononcés en akkadien ; le sumérien reste une langue enseignée dans les centres scolaires mésopotamiens, non seulement parce que les scribes doivent en avoir une connaissance basique pour écrire les logogrammes courants, mais aussi parce qu'elle préserve un statut de langue prestigieuse. Les sources écrites en sumérien de cette époque proviennent essentiellement du milieu scolaire, qui reste donc bilingue sumérien-akkadien alors que la société l'est de moins en moins. Dans le milieu des temples, le sumérien a un statut de langue liturgique et magique, qui concourt également à son prestige. De la littérature officielle en sumérien est encore produite jusqu'au {{-s|XVIII|e}} dans les royaumes d'Isin et de Larsa, mais avec la domination babylonienne qui leur succède l'akkadien devient de plus en plus employé dans la production littéraire. Par la suite ce ne sont que quelques catégories de textes en sumérien qui sont préservées et transmises jusqu'à la fin de la tradition cunéiforme aux débuts de notre ère ; quelques nouvelles compositions en sumérien sont écrites, des traductions de textes littéraires sumérien en akkadien sont effectuées, mais tout cela ne constitue qu'une portion très réduite de la production littéraire. Le sumérien reste très employé dans le domaine magique (c'est la langue privilégiée pour les incantations) et liturgique (lamentations, notamment sous la variante [[Emesal]]){{sfn|Michalowski|2020|p=86-89}}.

<gallery mode="packed">
Fichier:Early writing tablet recording the allocation of beer.jpg|Tablette enregistrant des distributions de [[bière]] depuis les magasins d'une institution, v. 3200-3000 av. J.-C. [[Uruk]], [[British Museum]].
Fichier:Instructions of Shurrupak, Sumerian proverb collection, c. 2400 BC - Oriental Institute Museum, University of Chicago - DSC07114.JPG|Fragment des ''[[Instructions de Shuruppak]]'', un des plus anciens textes littéraires sumériens connus. [[Adab (Sumer)|Adab]], v. {{date-|2500 av. J.-C.}} Musée de l'[[Institut oriental de Chicago|Oriental Institute de Chicago]].
Fichier:P1050775 Louvre statue Gudea statue A détail ecriture rwk.JPG|Détail d'une inscription sur une statue du roi [[Gudea]] de [[Lagash]]. Girsu, {{-s|XXII|e}} [[Musée du Louvre]].
Fichier:Cuneiform tablet with grain rations, Ur III Period, c. 2100-2000 BC - Harvard Semitic Museum - Cambridge, MA - DSC06147.jpg|Tablette administrative de la [[troisième dynastie d'Ur]] ({{-s|XXI|e}}). [[Harvard Semitic Museum]].
Fichier:School Days fragment, Sumerian tale - Oriental Institute Museum, University of Chicago - DSC07151.JPG|Fragment de tablette d'un récit relatif à la vie des scribes (« ''School Days'' »). Début du {{-m|II|e}} Musée de l'[[Institut oriental de Chicago|Oriental Institute de Chicago]].
Fichier:Library of Ashurbanipal synonym list tablet.jpg|[[Liste lexicale]] de synonymes sumérien/[[akkadien]]. [[Ninive]], {{-s|VII|e}} [[British Museum]].
</gallery>

Certains types de textes jouent un rôle plus direct dans la compréhension moderne du sumérien, parce qu'ils avaient été élaborés durant l'Antiquité dans un même but, afin d'aider ceux qui ne connaissaient pas le sumérien à l'apprendre ou à le comprendre, notamment pour la rédaction des textes cunéiformes qui nécessitaient une connaissance au moins basique des logogrammes et donc du vocabulaire sumérien. Trois catégories de textes servant ces besoins peuvent être distinguées :
* des traductions en akkadien de textes littéraires écrits en sumérien, qui sont certes parfois fautives, mais restent d'un apport inestimable ;
* les [[listes lexicales]] bilingues sumérien-akkadien, comprenant des milliers d'entrées de mots, avec dans certains cas des aides à la prononciation (à destination de locuteurs de l'akkadien) ;
* des sortes de textes grammaticaux écrits par des locuteurs de l'akkadien, qui reflète leur propre analyse du sumérien{{sfn|Black|2007|p=7-8}}.

== Histoire ==
{{article général|Sumer|position=section}}

=== Une langue isolée ===
[[Fichier:P1120804 Louvre Cone d'Uru-KA-gina AO3149 rwk.JPG|vignette|right|alt=Photo verticale d'une stèle en forme de cône, gravée d'inscriptions|Cône historique d'[[Urukagina]] (ou Uru-ka-gina) relatant les réformes de ce prince contre les abus des jours anciens, vers 2350 {{av JC}}, conservé au [[musée du Louvre]].]]

La reconstitution de l'histoire du sumérien est limitée par le fait qu'il s'agit d'une [[Isolat (linguistique)|langue isolée]]. Depuis son déchiffrement, de nombreuses tentatives ont été faites pour tenter de le relier à différentes langues et lui attribuer une famille de langues spécifique, sans résultat probant{{sfn|Michalowski|2004|p=22}}.

Relier le sumérien aux familles de langues connues s'est avéré impossible. D'une part, les millénaires écoulés entre les formes connues de sumérien [[Logogramme|logographique]] et la plus ancienne forme reconstructible de la langue, constituent une période trop longue pour faire des comparaisons fiables, d'autant que les changements phonétiques et sémantiques de vocabulaire qui peuvent se produire sur d'aussi longues périodes peuvent rendre une langue méconnaissable par rapport à sa langue d'origine<ref name="Edzard"/>.

D'autre part, ces recherches comparatives ont souffert des travaux à visées [[Nationalisme|nationalistes]], cherchant à rattacher des langues modernes à la plus ancienne langue écrite connue, et entachés de lacunes méthodologiques criantes{{sfn|Michalowski|2020|p=86}}. Pour ce qui est des études plus neutres, elles se sont avant tout concentrées vers la comparaison entre le sumérien et d'autres [[langues agglutinantes]], avec en arrière-plan l'énigme des origines géographiques du sumérien. Aucune des propositions faites n'a suscité l'adhésion des spécialistes{{sfn|Cooper|2011-2013|p=295}}.

Quelques exemples de familles linguistiques proposées sont :
* [[langues kartvéliennes]]<ref name=Hurro/> ;
* [[langues hourro-urartéennes]]<ref name=Hurro/> ;
* [[langues munda]]<ref name=Hurro>Sergei A. Starostin, {{lang|en|''Hurro-Urartian as an Eastern Caucasian Language''}}, Munich, 1986</ref> ;
* [[langues dravidiennes]]<ref name=Hurro/> ;
* influence [[Aire linguistique|aréale]] de [[langues indo-européennes]]<ref>{{article|nom=Whittaker|prénom=Gordon|date=2008|titre=The Case for Euphratic|journal=Bulletin of the Georgian National Academy of Sciences|lieu=Tbilisi|volume=2|numéro=3|pages=156–168|url=http://www.science.org.ge/2-3/Gordon%20Whitteker.pdf}}</ref> ;
* [[langues ouraliennes]]<ref>Simo Parpola, {{lang|en|''Sumerian: Uralic Language''}}, {{53e}} Rencontre Assyriologique Internationale, Moscou, 23 juillet 2007</ref> ;
* [[langues nostratiques]]<ref>Allan R. Bomhard, PJ Hopper, ''Toward Proto-Nostratic: a new approach to the comparison of Proto-Indo-European and Proto-Afroasiatic'', 1984, {{p.|27}}</ref> ;
* [[langues dené-caucasiennes]]<ref>Merritt Ruhlen, {{lang|en|''The Origin of Language: Tracing the Evolution of the Mother Tongue''}}. John Wiley & Sons, New York, 1994. Page 143.</ref> ;
* [[langues tibéto-birmanes]]<ref>Jan Braun, ''Sumerian and Tibeto-Burman, Additional Studies'', 2004 {{ISBN|83-87111-32-5}}.</ref>.

=== Contacts avec les langues sémitiques ===
{{Article connexe|Akkadien}}

Le sumérien est écrit et parlé aux {{-mp|IV|e|-|III|e}}, alors que la Mésopotamie méridionale est une région où plusieurs langues coexistent. Nombre d'entre elles sont manifestement des [[langues sémitiques]]. L'[[akkadien]] est la principale langue écrite aux côtés du sumérien, mais la documentation écrite ne reflète sans doute que très imparfaitement la réalité des langues parlées, et il est probable que plusieurs dialectes et langues sémitiques soient parlés par des personnes en contact avec des locuteurs du sumérien, dialectes et langues dont aucun témoignage écrit n'a été préservé. L'akkadien devient progressivement la langue dominante de la Basse Mésopotamie, supplantant les autres langues, dans sa variante « babylonienne »<ref>{{chapitre|langue= en| prénom1 = Andrew | nom1= George | titre= Babylonian and Assyrian: A history of Akkadian |auteurs ouvrage= John Nicholas Postgate (dir.)| titre ouvrage=Languages of Iraq, Ancient and Modern |lieu= Cambridge |éditeur= [[British School of Archaeology in Iraq]] - Cambridge University Press |année= 2007 | passage= 39-47}}</ref>. Cela explique les nombreux échanges qui ont eu lieu entre le sumérien et des langues sémitiques, dont l'akkadien. Il a pu être proposé que les deux aient formé une [[aire linguistique]]{{sfn|Edzard|2003|p=173-178}}. De fait, des similitudes structurelles entre le sumérien et les langues sémitiques semblent impliquer un contact très ancien entre les locuteurs de ces langues{{sfn|Cooper|2011-2013|p=295}}.

Les contacts entre sumérien et akkadien sont plus couramment envisagés sous l'angle du second au premier, qui se traduit notamment par un important emprunt de vocabulaire (environ 7 % des mots selon une vague estimation d'Edzard), une simplification du vocabulaire et l'adoption d'une syntaxe SOV (alors que les langues sémitiques antiques sont de type VSO ; une explication alternative étant que ce serait une caractéristique aréale, puisque la syntaxe SOV est courante dans les langues de la Mésopotamie antique et des régions voisines). De nombreux mots communs aux deux langues pourraient être des sortes de mots culturels apparus dans un contexte linguistique suméro-sémitique. Et le sumérien lui-même a emprunté de nombreux mots aux langues sémitiques, par exemple, ''silim'' qui vient de la racine ''slm'' et signifie « bien-être » ; ou le terme ''arad'' qui vient de la racine ''wrd'' « serviteur », « esclave ». Une partie des similitudes peut refléter le fait que le sumérien tel qu'on le connaît est souvent écrit par des locuteurs de l'akkadien, et même majoritairement pour les périodes récentes<ref>{{Chapitre|langue=en| prénom1= C. Jay |nom1=Crisostomo | titre=Sumerian and Akkadian Language Contact| auteurs ouvrage=R. Hasselbach‐Andee (dir.)| titre ouvrage=A Companion to Ancient Near Eastern languages|éditeur =Wiley-Blackwell|lieu= Hoboken|année= 2020|passage=403-420}}</ref>.

=== Des origines insaisissables ===

Des éléments indiqués précédemment, il résulte que l'on ne sait pas grand chose de l'histoire ancienne du sumérien. En l'absence de langue apparentée, il est impossible de lui trouver une origine géographique extérieure à la Mésopotamie. Le fait que cette langue soit en contact avec des langues sémitiques depuis des temps très reculés ne permet pas d'être plus précis, puisqu'on trouve cette famille de langue sur un espace couvrant la Syrie et la Mésopotamie dès que la documentation écrite permet de se faire une idée de la question, dans la seconde moitié du {{-m|III|e}} Cela explique que les origines du sumérien, et plus largement des Sumériens, soient débattues et insaisissables. Une partie des chercheurs suppose qu'ils ont une origine extérieure à la Basse Mésopotamie, mais ils ne peuvent se reposer sur des critères linguistiques comme vu plus haut, et ils ne reçoivent pas de secours de la part des sources archéologiques, qui ne documentent pas d'intrusion d'éléments culturels extérieurs en Basse Mésopotamie durant les dernières phases de la Préhistoire. L'hypothèse concurrente postule que le sumérien et les Sumériens soient apparus en Basse Mésopotamie, donc un processus de formation d'une langue et d'une ethnie ([[ethnogenèse]]) à partir de divers éléments installés dans la région. Aucune réponse ne peut être apportée à la question en l'absence de documentation sur les langues parlées avant l'apparition de l'écriture. Du reste, même la langue des inventeurs de l'écriture dans les derniers siècles du {{-m|IV|e}} est débattue : il est généralement estimé que ce sont des Sumériens, mais il n'y a pas de preuve déterminante en ce sens car les textes de l'époque ne portent pas ou très peu d'indications sur leur prononciation, et ne peuvent donc être rattachés avec certitude à aucune langue. Ce n'est qu'à partir de la première moitié du {{-m|III|e}} (v. 2750-2700 av. J.-C.) que des textes renvoient sans aucun doute possible à la langue sumérienne, et qu'on trouve dans ces mêmes textes des noms de personne en sumérien, ce qui constitue la date la plus ancienne pour laquelle il soit assuré qu'il y a des locuteurs de cette langue en Basse Mésopotamie{{sfn|Cooper|2011-2013|p=295-296}}{{,}}{{sfn|Michalowski|2020|p=86}}.

=== Variétés ===
Deux [[variété (linguistique)|variétés]] (ou [[sociolecte]]s) du sumérien sont connues. La variété usuelle est appelée ''[[Émegir|Ême-ĝir]]''<ref group="Note">''ĝ'' se prononce {{VAPI|ŋ}}.</ref>. L'autre variété est appelée ''[[Émesal|Ême-sal]]'', littéralement « langue fine » ou « voix aiguë »<ref>Rubio, 2007, {{p.|1369}}.</ref>, bien que souvent traduite par « la langue des femmes ». L'Ême-sal est utilisé exclusivement par des personnages féminins dans certains textes littéraires. Il domine également dans certains types de chansons rituelles. Ses caractéristiques particulières sont pour la plupart [[phonologie|phonologiques]] (par exemple {{VAPI|m}} remplace souvent {{VAPI|g}}), mais également [[lexique|lexicales]] (par exemple « dame » se dit ''ga-ša-an'' plutôt que ''nin'' en Ême-ḡir).

Dans les textes littéraires du {{XXe siècle av. J.-C.}}, une distinction est reconnaissable entre une forme ordinaire du sumérien, l'émegir, et une variété spécifique pour relater le discours féminin, l'émesal<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Harald|nom1=Haarmann|titre=Foundations of culture|sous-titre=knowledge-construction, belief systems and worldview in their dynamic interplay|lieu=Francfort-sur-le-Main|éditeur=[[Peter Lang (maison d'édition)|Peter Lang]]|année=2007|pages totales=311|isbn=978-3-631-56685-5|lire en ligne=https://books.google.es/books?id=c2Mb6bYd5FQC&pg=PA150&q=20th+century+sumerian|consulté le=2020-11-08}}</ref>.

Il y a entre les deux variétés des différences phonologiques et lexicales mais il n'y a pas de différences grammaticales<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Harald|nom1=Haarmann|titre=Foundations of culture|sous-titre=knowledge-construction, belief systems and worldview in their dynamic interplay|lieu=Francfort-sur-le-Main|éditeur=[[Peter Lang (maison d'édition)|Peter Lang]]|année=2007|pages totales=311|isbn=978-3-631-56685-5|lire en ligne=https://books.google.es/books?id=c2Mb6bYd5FQC&pg=PA150&q=grammatical+differences|consulté le=2020-11-08}}</ref>.

=== Les fins du sumérien ===

Comme vu précédemment, la documentation administrative rédigée intégralement en sumérien cesse dans la première moitié du {{-s|XIX|e}}. Comme ce genre de document usuel est considéré (avec les lettres) comme celui reflétant le plus la pratique orale, il est considéré que le sumérien a cessé d'être une langue vernaculaire vers cette période, face à l'[[akkadien]]<ref>M.-J. Seux dans {{harvsp|id=SDB|Sumer|1999-2002}}, col. 353-354.</ref>. La date exacte de la fin du sumérien vernaculaire est discutée : pour certains il s'achève dès la période de la [[troisième dynastie d'Ur]], au {{-s|XXI|e}} Pour d'autres il continue dans les premiers siècles du {{-m|II|e}}, la [[période d'Isin-Larsa]] (v. 2000-1760 av. J.-C.), voire un peu après, notamment dans la région de [[Nippur]]{{sfn|Michalowski|2020|p=87}}.

C'est en effet de [[Nippur]] que provient la majorité de la documentation écrite en sumérien pour la première moitié du {{-m|II|e}}, cette ville étant devenue le principal centre d'étude et sans doute de rédaction du sumérien. Ailleurs dans la documentation écrite il est désormais traité comme une langue étrangère par les scribes, locuteurs de l'[[akkadien]]. Mais ceux-ci ont besoin de l'apprendre dans leur cursus littéraire où sa maîtrise reste indispensable pour comprendre les logogrammes et les textes littéraires et liturgiques. Le sumérien est alors devenu une langue littéraire et liturgique prestigieuse, qui continue à être copiée et écrite dans les milieux savants mésopotamiens, et récitée par le clergé, jusqu'à la disparition de la tradition cunéiforme<ref>Sur ces questions : C. Woods, « Bilingualism, Scribal Learning, and the Death of Sumerian », dans S. L. Sanders (dir.), [http://oi.uchicago.edu/pdf/OIS2.pdf ''Margins of Writing, Origins of Cultures''], Chicago, 2006, {{p.|91-120}} ; P. Michalowski, « The Lives of the Sumerian Language », dans S. L. Sanders (dir.), [http://oi.uchicago.edu/pdf/OIS2.pdf ''Margins of Writing, Origins of Cultures''], Chicago, 2006, {{p.|159-184}}.</ref>. Ce « post-sumérien » est souvent très proche dans sa syntaxe de l'akkadien pratiqué au quotidien par les scribes, et comprend couramment diverses erreurs grammaticales par rapport au sumérien « classique »{{sfn|Black|2007|p=7}}.

L'akkadien perd à son tour son statut vernaculaire dans la seconde moitié du {{-m|I|er}} face à l'[[araméen]], mais il est aussi préservé dans le milieu des temples mésopotamiens, aux côtés du sumérien. La fin de l'écriture cunéiforme aux débuts de notre ère marque manifestement la fin de la connaissance du sumérien, même s'il est parfois avancé qu'un usage liturgique de cette langue survive quelque temps encore dans des centres religieux du nord mésopotamien ([[Harran]], [[Édesse (Osroène)|Édesse]]){{sfn|Michalowski|2020|p=89}}.

== Aperçu grammatical ==

Le sumérien est une [[langue agglutinante]]<ref name=britanica/>, cela signifie que les mots sont constitués d'une chaîne d'[[Affixe|affixes]] ou des [[Morphème|morphèmes]] plus ou moins séparables.

Le sumérien est une [[langue ergative|langue semi-ergative]]. Il se comporte comme une [[langue accusative]] aux {{1re}} et {{2e|personne}} du présent et du futur, ou pour les formes de temps inachevées mais utilise l'ergatif dans la plupart des autres formes de l'indicatif. En sumérien, le cas de l'ergatif est marqué par le suffixe -e. Voici un exemple de l'emploi de l'ergatif : ''lugal-e'' e<sub>2</sub> mu-un-de<sub>3</sub> « le roi a construit la maison » ; ''lugal ba-gen'' « le roi est allé » (le sujet transitif s'exprime différemment par rapport au sujet intransitif car il faut le suffixe -e). Exemple de l'emploi du nominatif et de l'accusatif : i<sub>3</sub>-du-un « Je vais » ; e<sub>2</sub>ib<sub>2</sub>-ud<sub>3</sub>-un « Je construis la maison ». L'[[absolutif]] ne comprend pas de suffixe.

Le sumérien distingue les genres grammaticaux (personnel et impersonnel), mais il n'a pas de pronoms spécifiques pour distinguer les genres masculin ou féminin. Le genre personnel est employé pour désigner non seulement les humains mais aussi les dieux et, dans certains cas, pour le mot « statue ». Le sumérien a également été réputé avoir deux temps (passé et présent-futur), mais ceux-ci sont actuellement décrits comme [[Aspect perfectif/imperfectif|aspects perfectifs ou imperfectifs]]. Il existe un grand nombre de cas grammaticaux : l'absolutif (-O), l'[[ergatif]] (-e), le [[génitif]] (- (a) k), le [[datif]] et [[ablatif]] (-r (a) pour les noms personnels, -e pour les noms impersonnels), le [[locatif]], le [[comitatif]] (-da), l'[[équatif]] (-gin), le directif/adverbial (-s (e)), l'[[ablatif]] (-ta, seulement avec des noms impersonnels). La désignation et le nombre de cas varient dans la littérature scientifique<ref name="Edzard"/>.

Une autre caractéristique du sumérien est le grand nombre d'[[Homophonie|homophones]] (mots ayant la même structure sonore, mais des significations différentes). Les différents homophones (ou, plus précisément, les différents signes cunéiformes qui les dénotent) sont marqués avec des numéros différents par convention, « 2 » et « 3 », souvent remplacés respectivement par un accent aigu et un accent grave. Par exemple : ''du'' = « aller » ; ''du<sub>3</sub>'' = ''dù'' = « construire »<ref name="Edzard"/>.

== Système d'écriture ==
{{Article détaillé|Cunéiforme}}

Depuis environ 3500 {{av JC}}, les Sumériens ont joué un rôle crucial dans le sud de la Mésopotamie, devenant une civilisation évoluée, en particulier grâce au développement d'une écriture utilisable dans le cadre de l'économie et de l'administration vers 3350 {{av JC}} (découverte à [[Uruk]] dans le niveau archéologique IVb). C'est le plus ancien développement de l'écriture, datant de la même période que les plus anciens [[Écriture hiéroglyphique égyptienne|hiéroglyphes égyptiens]].

L'écriture est née des besoins d'administration. Autour de 3200 {{av JC}}, on commença à graver dans de plus grands blocs d'argile des motifs qui étaient jusqu'alors inscrits sur des compteurs d'argile, et à leur adjoindre des caractères supplémentaires. C'est au départ de cette forme archaïque que se développa en quelques siècles jusqu'à sa pleine maturité l'écriture mésopotamienne [[cunéiforme]], ainsi nommée d'après la forme de ses traits résultant de la pression d'un stylet anguleux dans l'argile molle. Cette écriture a été conservée sur des tablettes d'argile et d'autres supports tels que statues et bâtiments qui ont été découverts lors de fouilles archéologiques en Mésopotamie.

Cette langue est composée de différents signes en forme de clous ou de coins ; ce qui lui vaut son nom d'écriture cunéiforme. Pendant près de {{unité|3000|ans}}, elle est taillée dans de l'argile et cette technique dura jusqu'aux chutes des empires mésopotamiens. La première forme de l'écriture au début de son apparition n'est pas comme plus tard composée d'un alphabet, mais est à ce stade composée de près de {{nombre|2000|signes}} représentant chacun un mot ([[logogramme]]) ou une idée ([[idéogramme]])<ref>''L'aube des civilisations'', {{p.|134}}</ref>.

À l'origine, l'écriture cunéiforme sumérienne s'est développée comme écriture idéographique ou logographique. Chaque signe correspondait à un mot et sa signification était initialement reconnaissable. En quelques siècles, s'est développée complémentairement une représentation syllabique basée sur le principe du [[rébus]]. À de nombreux signes ont été associées une ou plusieurs syllabes phonétiques, généralement de type V, CV, VC ou CVC (où V représente une voyelle et C une consonne). Le cunéiforme sumérien s'est ainsi développé comme système logographique-phonologique.

Illustrons, par l'exemple d'une courte inscription sur briques de [[Gudea]] (gouverneur de la cité-État de Lagash vers 2130 {{av JC}}), les principes de la [[translittération]] de l'écriture cunéiforme et de sa décomposition par l'analyse grammaticale.

{| class="wikitable"
|-
|'''Écriture cunéiforme'''||[[Fichier:Cuneiform sumer dingir.jpg|100x33px|alt=signe dingir]][[Fichier:Cuneiform sumer inana.jpg|100x33px|alt=signe inana]]||[[Fichier:Cuneiform sumer nin.jpg|100x33px|alt=signe nin]][[Fichier:Cuneiform sumer kur.jpg|100x33px|alt=signe kur]][[Fichier:Cuneiform sumer kur.jpg|100x33px|alt=signe kur]][[Fichier:Cuneiform sumer ra.jpg|100x33px|alt=signe ra]]||[[Fichier:Cuneiform sumer nin.jpg|100x33px|alt=signe nin]][[Fichier:Cuneiform sumer a.jpg|100x33px|alt=signe a]][[Fichier:Cuneiform sumer ni.jpg|100x33px|alt=signe ni]]
|-
|'''Translittération'''||diĝir inanna||nin-kur-kur-ra||nin-a-ni
|-
|'''Analyse'''||<sup>d</sup>Inanna||nin+kur+kur+ak||nin+ani+[ra]
|-
|'''[[Glossaire]]'''||<sup>divinité</sup>Inanna||maîtresse/souveraine-pays-pays-(génitif)||maîtresse/souveraine-son/sa-(datif)
|}

{| class="wikitable"
|-
|'''Écriture cunéiforme'''||[[Fichier:Cuneiform sumer ka.jpg|100x33px|alt=signe ka]][[Fichier:Cuneiform sumer de2.jpg|100x33px|alt=signe de2]][[Fichier:Cuneiform sumer a.jpg|100x33px|alt=signe a]]||[[Fichier:Cuneiform sumer pa.jpg|100x33px|alt=signe pa]][[Fichier:Cuneiform sumer te.jpg|100x33px|alt=signe te]][[Fichier:Cuneiform sumer si.jpg|100x33px|alt=signe si]]||[[Fichier:Cuneiform sumer szir.jpg|100x33px|alt=signe szir]][[Fichier:Cuneiform sumer bur.jpg|100x33px|alt=signe bur]][[Fichier:Cuneiform sumer la.jpg|100x33px|alt=signe la]][[Fichier:Cuneiform sumer ki.jpg|100x33px|alt=signe ki]]
|-
|'''Translittération'''||gu<sub>3</sub>-de<sub>2</sub>-a||PA.TE.SI||ŠIR.BUR.LA ki
|-
|'''Analyse'''||Gudea||ensi<sub>2</sub>||Lagash<sup>ki</sup>
|-
|'''Glossaire'''||Gudea||gouverneur||Lagash<sup>localité</sup>
|}

{| class="wikitable"
|-
|'''Écriture cunéiforme'''||[[Fichier:Cuneiform sumer ur.jpg|100x33px|alt=signe ur]][[Fichier:Cuneiform sumer dingir.jpg|100x33px|alt=signe dingir]][[Fichier:Cuneiform sumer ga2.jpg|100x33px|alt=signe ga2]][[Fichier:Cuneiform sumer tum3.jpg|100x33px|alt=signe tum3]][[Fichier:Cuneiform sumer du10.jpg|100x33px|alt=signe du10]][[Fichier:Cuneiform sumer ke4.jpg|100x33px|alt=signe ke4]]
|-
|'''Translittération'''||ur-diĝir-ĝa<sub>2</sub>-tum<sub>3</sub>-du<sub>10</sub>-ke<sub>4</sub>
|-
|'''Analyse'''||ur+<sup>d</sup>Ĝatumdu+ak+e
|-
|'''Glossaire'''||héros(?)-<sup>divinité</sup>Ĝatumdu-(génitif)-(ergatif)
|}

{| class="wikitable"
|-
|'''Écriture cunéiforme'''||[[Fichier:Cuneiform sumer e2.jpg|100x33px|alt=signe e2]][[Fichier:Cuneiform sumer gir2.jpg|100x33px|alt=signe gir2]][[Fichier:Cuneiform sumer su.jpg|100x33px|alt=signe su]][[Fichier:Cuneiform sumer ki.jpg|100x33px|alt=signe ki]][[Fichier:Cuneiform sumer ka.jpg|100x33px|alt=signe ka]][[Fichier:Cuneiform sumer ni.jpg|100x33px|alt=signe ni]]||[[Fichier:Cuneiform sumer mu.jpg|100x33px|alt=signe mu]][[Fichier:Cuneiform sumer na.jpg|100x33px|alt=signe na]][[Fichier:Cuneiform sumer du3.jpg|100x33px|alt=signe du3]]
|-
|'''Translittération'''||e<sub>2</sub>-ĝir<sub>2</sub>-su.ki.ka-ni||mu-na-du<sub>3</sub>
|-
|'''Analyse'''||e<sub>2</sub>+Ĝirsu<sup>ki</sup>+ak+ani||mu+na+n+du<sub>3</sub>
|-
|'''Glossaire'''||temple-Ĝirsu<sup>localité</sup>-(génitif)-son/sa||il a construit
|}

Cette écriture sera plus tard reprise pour l'[[akkadien]], l'[[ougaritique]], l'[[amorrite]] et l'[[élamite]], ainsi que par les rois égyptiens qui voulaient communiquer avec leurs provinces du Proche-Orient et les rois mésopotamiens. L'écriture cunéiforme a aussi servi à transcrire certaines [[langues indo-européennes]], comme le [[hittite (langue)|hittite]] (qui avait en parallèle une écriture [[Hiéroglyphes hittites|hiéroglyphique]]) et le [[Vieux perse|vieux-persan]], bien que dans ces cas les instruments de [[gravure]] aient été différents, éloignant les signes de leur [[graphie]] originelle<ref name="deutscher2007" />. La reprise du système graphique s'est accompagnée d'adaptations : les signes, s'ils sont les mêmes en sumérien et en akkadien, ou encore en vieux-persan, n'ont cependant pas la même valeur sémantique.

'''Remarques''' :

* « Diĝir » et « ki » sont des [[Sémagramme|déterminatifs]], non prononcés. Par convention, ils sont écrits en exposants dans l'analyse.
* « PA.TE.SI » et « ŠIR.BUR.LA » sont des ''logogrammes composés''<ref group="Note">Un ''logogramme composé'' (ou ''composé diri'', d'après la prononciation de l'un d'entre eux, traditionnellement pris comme exemple type) est un mot composé de plusieurs logogrammes et ne se prononçant pas comme la succession des logogrammes individuels.</ref>. Par convention, on écrit en capitales la prononciation des composants d'un tel logogramme composé.

'''Traduction''' : « Pour [[Ishtar|Inanna]], souveraine de tous les pays et sa maîtresse, [[Gudea]], gouverneur de [[Lagash]] et héros de [[Gatumdug|Ĝatumdu]], a construit son temple de Girsu. »

L'écriture sumérienne et les questions de transcription et translittération ne sont pas discutées plus avant dans cet article : il est fait référence à l'article cunéiforme.

=== Transcription ===

La transcription du sumérien, sous la forme du cunéiforme, est le processus par lequel un [[Épigraphie|épigraphiste]] fait un dessin au trait pour montrer des signes d'inscription sur une tablette d'argile ou en pierre sous une forme graphique adaptée pour la publication moderne. Mais tous les épigraphistes ne sont pas fiables, et avant qu'un savant publie un traitement important d'un texte, les spécialistes vont prendre des dispositions pour comparer la transcription publiée à la tablette réelle, pour voir si des signes, notamment cassés ou endommagés, devraient être représentés différemment.

En revanche, la translittération est le processus par lequel un sumérologue décide de la façon de représenter les signes du cunéiforme en caractères latins, toujours dans cette même langue. Selon le contexte, un signe cunéiforme peut être lu comme l'un des nombreux logogrammes possibles, dont chacun correspond à un mot de la langue sumérienne, comme une syllabe phonétique (V, VC, CV ou encore CVC), ou comme un déterminant. Certains logogrammes sumériens ont été écrits avec de multiples signes en cunéiformes.

== Phonologie ==

Les quatre voyelles a, e, i, u / + les 16 consonnes sont :

{| class="wikitable"
|-
|bgcolor='#C0F0F0' | Translittération||b||d||g|| ||p||t||k|| ||z||s||š||ḫ|| ||r||r̂||l||m||n||ĝ
|-
|bgcolor='#C0F0F0' | Langue d'origine||bʰ||dʰ||gʰ|| ||pʰ||tʰ||kʰ|| ||ʦ||s||ʃ||x|| ||r||(?)||l||m||n||ŋ
|-
|}

De nombreux scientifiques supposent l'existence du [[phonème]] / h /. Sa prononciation exacte est également peu claire<ref name="Edzard">Edzard, 2003, ''Sumerian Grammar''</ref>.

=== Consonnes ===

Le sumérien est supposé avoir au moins les consonnes suivantes :

{| class="wikitable"
|+Consonnes sumériennes
! colspan=2 |
![[Consonne bilabiale|Bilabiale]]
![[Consonne alvéolaire|Alvéolaire]]
![[Consonne post-alvéolaire|Post-alvéolaire]]
![[Consonne vélaire|Vélaire]]
|-align=center
! colspan=2 | [[Consonne nasale|Nasale]]
| {{IPA|m}}
| {{IPA|n}}
|
| {{IPA|ŋ}} (g̃)
|-align=center
! colspan=2 | [[Consonne occlusive|Occlusive]]
| {{IPA|p b}}
| {{IPA|t d}}
|
| {{IPA|k g}}
|-align=center
! colspan=2 | [[Consonne fricative|Fricative]]
|
| {{IPA|s z}}
| {{IPA|ʃ}} (š)
| {{IPA|x}} (ḫ)
|-align=center
! colspan=2 | [[Consonne battue|Battue]]
|
| {{IPA|ɾ}} (r̂)
|
|
|-align=center
! rowspan=2 | [[Consonne liquide|Liquide]]
! <small>[[Consonne latérale|Latérale]]</small>
|
| {{IPA|l}}
|
|
|-align=center
! <small>[[Consonne rhotique|Rhotique]]</small>
|
| {{IPA|r}}
|
|
|}

* Une distribution de six consonnes occlusives peut avoir existé dans la langue, et elles sont<ref name="keetman"/> :
*# p ([[consonne occlusive bilabiale sourde]]),
*# t ([[consonne occlusive alvéolaire sourde]]),
*# k ([[consonne occlusive vélaire sourde]]),
*# b ([[consonne occlusive bilabiale voisée]]),
*# d ([[consonne occlusive alvéolaire voisée]]),
*# g ([[consonne occlusive vélaire voisée]]).

En règle générale, /p/, /t/ et /k/ n'ont pas pu être utilisés en fin de mot<ref name="keetman">J. Keetman, 2007, ''{{lang|de|texte=Gab es ein h im Sumerischen?}}'' Dans Babel und Bibel 3, {{p.|21}}.</ref>.

* Une simple distribution de trois [[Consonne nasale|consonnes nasales]]<ref name="Aksum"/> :
*# m ([[Consonne nasale bilabiale voisée]]),
*# n ([[Consonne nasale alvéolaire voisée]]),
*# g ([[Consonne nasale vélaire voisée]])
* Un ensemble de trois sifflantes<ref>D. Foxvog, [http://home.comcast.net/~foxvog/Grammar.pdf « Introduction to Sumerian grammar »], {{p.|21}}, consultée le 15 mars 2009.</ref> :
*# s (peut-être une fricative alvéolaire non voisée),
*# z (peut-être une [[consonne fricative alvéolaire voisée]]),
*# s (peut-être une fricative).

L'hypothèse de l'existence de diverses autres consonnes a été émise sur la base des alternances graphiques et des prêts, mais aucun n'a trouvé une large acceptation. Par exemple, Diakonoff énumère en évidence deux sons l-, deux sons r-, deux sons h-, et deux sons g- ; et suppose une différence phonétique entre les consonnes qui sont abandonnées en fin de mot (comme le g dans zag > za<sub>3</sub>). D'autres phonèmes consonantiques ont été proposés comme semi-voyelles tels que /j/ et /p/<ref name="Sumerian language">{{lang|en|"Sumerian language"}}. Projet {{lang|en|texte={{abr|ETCSL|Electronic Text Corpus of Sumerian Literature}}}}. Faculté des études orientales, Université d'Oxford. 2005-03-29.</ref>, et une fricative glottale /h/<ref>Pascal Attinger, ''Éléments de linguistique sumérienne'', 1993, {{p.|212}}</ref>.

Très souvent, une consonne en fin de mot n'est pas exprimée par écrit, et peut être omise dans la prononciation, elle refait surface seulement quand elle est suivie par une voyelle : par exemple le /k/ du génitif -ak n'apparaît pas dans ''e<sub>2</sub>lugal-la'' « la maison du roi », mais devient évident dans ''e<sub>2</sub>lugal-la-kam'' « (il) est la maison du roi »<ref name="keetman"/>.

=== Voyelles ===

Les 4 voyelles de l'écriture cunéiforme sont /a/, /e/, /i/ et /u/. L'hypothèse de l'existence du phonème /o/ a été émise, justifiée par la translittération akkadienne qui ne la distingue pas du phonème /u/. Cependant, cette hypothèse est contestée<ref name="Aksum">Piotr Michalowski, ''Sumerian''. In : Roger D. Woodard (ed.), ''{{lang|en|The Ancient Languages of Mesopotamia, Egypt and Aksum.}}'', 2008, {{p.|16}}.</ref>.

Il existe des preuves d'une [[harmonie vocalique]] matérialisées par la hauteur ou l'[[Avancement ou rétraction de la racine de la langue|ATR]] dans le préfixe i3/e-, cas retrouvés dans des inscriptions de [[Lagash]] de l'ère présargonique (cela a poussé des chercheurs à postuler non seulement un phonème /o/ qui est supposé avoir existé, mais aussi le phonème /ɛ/ et, plus récemment, le /ɔ/<ref>Eric J. M. Smith, « ''{{lang|en|texte=Harmony and the Vowel Inventory of Sumerian}}'' », ''Journal of Cuneiform Studies'', volume 57, 2007</ref>).

Les syllabes peuvent répondre à n'importe laquelle des structures suivantes : V, CV, VC ou CVC. S'il a existé des structures syllabiques plus complexes, les enregistrements cunéiformes ne permettent pas de les détecter.

== Morphologie ==
=== Nom ===
Le nom sumérien est composé typiquement d'une ou de deux syllabes, rarement plus sauf dans les mots composés.
[[Fichier:Villes de Sumer (fr).svg|thumb|alt=Photographie d'une carte parsemée de nombreux points rouges symbolisant l'emplacement des cités|Carte de Sumer]]
{{Exemple|
igi {{=}} œil, e {{=}} temple, nin {{=}} femme, dame.}}
Beaucoup de mots bisyllabiques sont décomposables :
{{Exemple|lugal {{=}} roi (lu {{=}} homme, gal {{=}} grand).}}
En fin de mot, une particule s'ajoute afin de préciser le rôle du mot dans la phrase ainsi que diverses modalités. D'autres particules comme les possessifs se greffent aussi en fin de mot.
{{Exemple|lugal.ani {{=}} son roi (ani étant la marque de la {{3e|personne}}).}}
Deux mots peuvent se suivre afin de fabriquer un [[génitif]], surtout dans le cas de noms propres.
{{Exemple|ur.Namma {{=}} homme de Namma (ur {{=}} homme, Namma {{=}} dieu local).}}

Sinon, usuellement, on utilise le marqueur .k pour le génitif.
{{Exemple|
* nin.ani.r {{=}} pour sa dame (femme.possessif_3{{e}}_personne.pour)
* nin.ani.k {{=}} de sa dame (k {{=}} génitif)
* e.r {{=}} pour (le) temple (temple.pour)
* e.k {{=}} du temple (k {{=}} génitif)
* e.0 {{=}} le temple (0 {{=}} marque du vide, absolutif)}}

Il y a deux genres grammaticaux, généralement appelés humain et non-humain (le premier comprend les dieux et le mot « statue » dans certains cas, mais pas les plantes ni les animaux non humains, le dernier comprend également plusieurs noms collectifs). Les adjectifs suivent le nom (lugal.mah = « grand roi »). En général, l'ordre des phrases serait : nom - adjectif - chiffre - phrase génitive - proposition relative - marqueur de possession - marque du pluriel et marqueur de cas.
{{Exemple|
* diĝir gal-gal-gu-ne-ra {{=}} pour tous mes grands dieux<ref>[http://homepages.fh-giessen.de/kausen/wordtexte/Sumerisch.doc Kausen, Ernst, 2006. ''{{lang|de|texte=Sumerische Sprache}}''. P. 9.]</ref>.}}

{| class="wikitable"
|-align="center"
! Cas !! Humaine !! Non-humaine
|-
| Genitif || colspan="2" align="center"| -ak
|-
| Ergatif || colspan="2" align="center"| -e
|-
| Absolutif || colspan="2" align="center"| -Ø
|-
| Datif ||align="center"| -ra ||align="center"| —
|-
| Directif ||align="center"| — ||align="center"| -e
|-
| Locatif || colspan="2" align="center"| -a
|-
| Locatif 2 ||align="center"| — ||align="center"| -ne
|-
| Terminatif || colspan="2" align="center"| -še
|-
| Adverbiatif || colspan="2" align="center"| -eš
|-
| Ablatif || colspan="2" align="center"| -ta
|-
| Comitatif || colspan="2" align="center"| -da
|-
| Equatif || colspan="2" align="center"| -gen
|}

=== Le pluriel ===

Le sumérien a deux nombres, le [[Nombre grammatical|singulier]] et le [[Nombre grammatical|pluriel]]. Le pluriel n'est marqué que dans les noms ou groupes verbaux dont le sujet est du genre personnel, la marque du pluriel est facultative et est marquée par le [[affixe|suffixe]] « ene ». Si le pluriel est un nombre défini (exemple : « lugal-umun »), le suffixe n'est pas nécessaire, le nom sera au pluriel par défaut. Le pluriel peut toutefois être marqué par une répétition du mot dans le cas des genres impersonnels, avec une probabilité que cela désigne une généralité (« ''du-du'' » : tous les mots).

''Exemples de formation du pluriel''
{| class="wikitable"
|- bgcolor='#COFOFO'
!Sumérien
!Français
|-
|''diĝir-ene''||Les dieux
|-
|''lugal-ene''||Les rois
|-
|''lugal-umun''||Sept rois
|-
|''bad''||Le mur (sg), les murs (pl)
|-
|''du-du''||Les mots, tous les mots
|-
|''kur-kur''||Les montagnes, les pays étrangers
|-
|''šu-šu''||Les mains
|-
|''a-gal-gal''||Les grands
|-
|''udu-hi-a''||Plusieurs moutons
|-
|}

=== L'ergatif ===

Le sumérien est une langue ergative. Il a donc différents cas de figure pour l'[[complément d'agent|agent]] (sous réserve) d'un passage transitif et pour le sujet d'un passage intransitif. Le premier cas est l'[[ergatif]] et le deuxième cas est l'[[absolutif]], on l'utilise en plus des verbes transitifs :
* [[ergatif]] pour les verbes transitifs ;
* [[absolutif]] pour le sujet de verbes transitifs et intransitifs.

''Exemple de l'emploi de l'ergatif'' :
{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!Sumérien
!Français
!Explication
|-
|''lugal-Ø mu-ĝen-Ø''||Le roi (''lugal'') est venu (''mu-ĝen'')||verbe intransitif : le sujet (« lugal ») employé dans le cas de l'[[absolutif]]
|-
|''lugal-e bad-Ø i-n-sig-Ø''||Le roi a détruit (''i-n-sig-Ø'') le mur (''bad'') faible||Verbe transitif : l'[[complément d'agent|agent]] (« lugal-e ») est employé dans le cas de l'[[ergatif]]
|-
|}
Or les Sumériens n'utilisaient pas systématiquement le cas de l'[[ergatif]], mais aussi le [[nominatif]] et l'[[accusatif]].

''Comparaison des constructions de l'ergatif, du nominatif et de l'accusatif'' :
{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!
!Verbe transitif sujet
!Verbe intransitif sujet
!Verbe transitif d'objet
|-
|Analyse de l'ergatif et de l'absolutif||Ergatif||Absolutif||Absolutif
|-
|Analyse du nominatif et de l'accusatif||Nominatif||Nominatif||Accusatif
|-
|}

=== Les cas ===

En sumérien le [[nominatif]] marque à la fois le [[substantif]] et le [[verbe]], phénomène que l'on appelle en [[linguistique]] « double marquage », et qui est identique au singulier et au pluriel. Ce marquage est placé à la fin d'un [[syntagme]] nominal, notamment après les pluriels en ''ene'' (en théorie ''ĝeš'' : « arbre », ''ĝešene'' : « arbres », ''ĝešeneke'' : « les arbres », mais en pratique les règles de ce marquage sont compliquées par les phénomènes de contraction combinés avec les effets du syllabaire et les interactions avec les autres [[Cas grammatical|cas]]). Un modèle plus récent, représenté entre autres par Gábor Zólyomi<ref>Gábor Zólyomi, « ''Genitive Constructions in Sumerian'' », dans ''Journal of Cuneiform Studies'', the American Schools of Oriental Research, Boston, Massachusetts, 48, 1996, {{p.|31–47}} {{ISSN|0022-0256}}</ref> propose que les [[Cas grammatical|cas]] du sumérien sont utilisés pour marquer une valeur nominale au sujet ou au verbe. Selon ce modèle, il pourrait y avoir un nombre de cas considérablement plus élevé que les neuf habituellement définis.

Par exemple, les déclinaisons des substantifs ''lugal'' (« roi ») et ''ĝeš'' (« arbre ») sont les suivantes :
{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!Cas
!lugal
!ĝeš
!Fonction/Importance
|-
|[[Absolutif]]||lugal-Ø||ĝeš-Ø||Sujet intransitif / Verbe transitif
|-
|[[Ergatif]]||lugal-e||(ĝeš-e)||Complément d'agent de verbes transitifs
|-
|[[Génitif]]||lugal-ak||ĝeš-ak||Le roi/arbre
|-
|[[Équatif]]||lugal-gin||ĝeš-gin||Comme un roi/arbre
|-
|[[Datif]]||lugal-ra||-||Pour le roi
|-
|[[Allatif]]||-||ĝeš-e||Vers l'arbre
|-
|[[Terminatif]]||lugal-še||ĝeš-še||Dans la direction du roi/arbre
|-
|[[Comitatif]]||lugal-da||ĝeš-da||Avec le roi/arbre
|-
|[[Locatif]]||-||ĝeš-a||Dans l'arbre
|-
|[[Ablatif]]||-||ĝeš-ta||En avant de l'arbre
|-
|''Pluriel''||lugal-ene-ra||-||Pour les rois
|-
|}

=== Les pronoms ===

Constructions des pronoms possessifs en sumérien :
{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!
!{{1re}} Personne
!{{2e}} Personne
!{{3e}} Personne
|-
|Singulier||-ĝu||-zu||ni, -bi
|-
|Pluriel||-me||-zu-ne-ne, za||(-a)-ne-ne
|-
|}
''Construction de mots en sumérien'' :
{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!Sumérien
!Français
|-
|''ama-zu''||Ta mère
|-
|''dub-ba-ni''||son conseil d'écriture
|-
|''ama-za(-k)''||Votre mère (génitif)
|-
|''dub-ba-ni-še''||À son conseil d'administration
|-
|}

=== Chaîne nominale ===

Pour tous les syntagmes nominaux, il y a une séquence bien définie de positions. L'ordre est le suivant :

* '''1''' racine + '''2''' attributs adjectifs épithètes ou des participes + '''3''' chiffres + '''4''' attributs génitif (complément du nom) + '''5''' clauses relatives + '''6''' possessifs +
* '''7''' marques du pluriel + '''8''' appositions + '''9''' marqueurs de cas<ref>Ernst Kausen, ''{{lang|de|texte=Sumerische Sprache}}'', 2006 {{p.|9}}.</ref>

Les postes individuels d'un syntagme nominal peuvent être occupés comme suit :
{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!N°
!Description
!Options d'instrumentation
|-
|1||Racine||Nom
|-
|2||Épithètes / participes||Adjectif ; verbe à l'infinitif
|-
|3||Chiffre / numéro||
|-
|4||Attribut du génitif||Complément du nom
|-
|5||Relative||
|-
|6||Possessifs||
|-
|7||Marque du pluriel||La marque du pluriel est le suffixe /ene/ ou /hia/
|-
|8||Apposition||
|-
|9||Marque des cas||
|-
|}

=== Structure de la phrase nominale par rapport à d'autres langues ===

{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!N°
!Langue
!Phrase nominale
!Analyse
!Traduction
|-
|1||Sumérien||šeš-ĝu-ene-ra||Frère – possessif – pl – datif||pour mes frères
|-
|2||[[Turc]]||kardeş-ler-im-e||Frère – pl – possessif – datif||à mes frères
|-
|3||[[Mongol]]||minu aqa-nar-dur||Possessif Frère – pl – datif||pour mes frères
|-
|4||[[Hongrois]]||testvér-ei_m-nek||Frère/sœur – pl_possessif<ref>Dans une construction possessive, la marque du pluriel prend une forme spécifique qui ne peut être utilisée indépendamment</ref> – datif||pour/à mes frères/sœurs
|-
|5||[[Finnois]]||velji-lle-ni/sis-are-ni||Frère/sœur – pl – allatif – possessif
|pour/à mes frères/sœurs
|-
|6||[[Bouroushaski]]||u-mi-tsaro-alar||Possessif – mère – pl||à leurs mères
|-
|7||[[Basque]]||zahagi berri-etan||Tuyau Nouveau – pl||dans les nouveaux tuyaux
|-
|}

Ces exemples montrent que dans les [[Langue agglutinante|langues agglutinantes]], les différents types de syntagmes nominaux sont possibles en ce qui concerne l'ordre de leurs éléments<ref name="Edzard"/>.

=== Pronoms personnels indépendants ===

Voici les pronoms personnels indépendants en sumérien :
{| class="wikitable"
|-bgcolor='#COFOFO'
!
!Singulier
!Traduction
!Pluriel
!Traduction
|-
|{{1re}} Personne||ĝe||je||me||nous
|-
|{{2e}} Personne||ze||tu||zu||vous
|-
|{{3e}} Personne||ane, ene||il, elle, on||anene, enene||ils
|-
|}

=== Verbe ===

Le verbe sumérien a, comme le nom, une ou deux syllabes. Il est sujet à deux conjugaisons (transitive et intransitive) et à deux aspects (''hamtu'' et ''maru'', comme indiqué dans les grammaires akkadiennes du sumérien).

Les terminaisons usuelles sont :
* {{1re|personne}} du singulier, intransitif = -en ;
* {{1re|personne}} du pluriel, intransitif = -en -dè -en ;
* {{2e|personne}} du singulier, intransitif = -en -zè -en.

Toutefois, la conjugaison sumérienne est plus complexe que celles de la plupart des langues modernes ; le verbe est soumis à un double marquage, qui indique la personne du sujet mais en outre celle du complément d'objet direct et des autres compléments, s'il y a lieu.

Exemple : ''mu.na.n.du.0'' = « il a construit »
* mu = marqueur du définitif ou du très probable ;
* na = marque du datif (construire pour) ;
* n = agent {{3e|personne}} singulier ;
* du = radical (construire) ;
* 0 = absolutif.

La forme verbale sumérienne distingue un certain nombre de modes et d'[[accord (grammaire)|accords]] avec le sujet ou l'objet, le nombre et le genre. La langue peut également intégrer des références pronominales à d'autres modificateurs de verbe, comme : ''e<sub>2</sub>- še<sub>3</sub> ib<sub>2</sub>-ši-du-un'' « je vais à la maison », mais aussi ''e<sub>2</sub>-se<sub>3</sub> i<sub>3</sub>-du-un'' « je vais à la maison » et simplement ''ib<sub>2</sub>-ši-du -un'' « je vais chez lui » sont possibles<ref name="cale">Justin Cale Johnson, ''The Eye of the Beholder: Quantificational, Pragmatic and Aspectual Features of the *bí- Verbal Formation in Sumerian'', {{lang|en|texte={{abr|UCLA|University of California, Los Angleles}}}}, Los Angeles, 2004</ref>.

La racine verbale est presque toujours monosyllabique et forme une chaîne dite verbale<ref>Voir par exemple Rubio 2007, Attinger 1993, Zólyomi 2005, ''{{lang|de|texte=Sumerisch}}'', dans ''{{lang|de|texte=Sprachen des Alten Orients}}''</ref>. Les formes conjuguées peuvent recevoir des préfixes et des suffixes, tandis que les formes non conjuguées ne peuvent avoir que des suffixes. {{référence souhaitée}} Globalement, les préfixes ont été divisés en trois groupes qui se produisent dans l'ordre suivant : préfixes modaux, « préfixes de conjugaison », et les préfixes pronominaux et dimensionnels<ref>Par exemple Attinger 1993, Rubio 2007</ref>.

==== Préfixes modaux ====

Les préfixes modaux sont /Ø/ (à l'indicatif), /nu-/, /la-/, /li-/ (négatif; /la/ et /li/) /ga -/, /ha/ ou /il-/, /u-/, /na-/ (négatif ou positif), /bara-/ (négatif ou vétitif), /nus-/ et /SA-/ avec davantage de l'assimilation de la voyelle. Leur signification peut dépendre de TA.

== Caractéristiques ==

[[Fichier:Accadian text.png|thumb|upright=1.2|left|Texte cunéiforme (akkadien ?)]]

Le sumérien est une [[langue agglutinante]], ce qui signifie que chaque mot est formé de multiples [[morphème]]s associés les uns aux autres ; il s'oppose ainsi aux [[langue isolante|langues isolantes]] comme le [[langue chinoise|chinois]] (où chaque mot n'existe que sous une forme fixe) et aux [[langue flexionnelle|langues flexionnelles]], où les mots se déclinent sous des formes différentes formées par l'utilisation d'[[affixe]]s ne pouvant être séparés de la [[racine (linguistique)|racine]]. On retrouve en sumérien une utilisation importante de [[mot composé|mots composés]] : ainsi par exemple le mot ''lugal'' signifiant « roi » est formé par l'accolement des mots pour « grand » et « homme ».

C'est aussi une [[ergativité|langue ergative]], ce qui signifie que le [[sujet (grammaire)|sujet]] d'un verbe [[transitivité (grammaire)|transitif direct]] est décliné au cas ergatif, ce qui se marque par la [[postposition]] ''-e''. Le sujet d'un verbe [[transitivité (grammaire)|intransitif]] et l'objet direct d'un verbe transitif relèvent de l'[[absolutif]], ce qui en sumérien (comme dans la plupart des langues ergatives) est marqué par l'absence de [[Affixe|suffixe]] (ou encore ce qui est appelé « suffixe zéro »), comme dans ''lugal-e é mu-un-dù'' « le roi construit une maison / un temple / un palais » ; ''lugal ba-gen'' « le roi partit ».
{{clr|left}}

== Exemple de texte ==

'''Translittération'''<ref>[http://cdli.ucla.edu/cdlisearch/search/index.php?SearchMode=Text&txtID_Txt=P222532 CDLI - Found Texts]</ref>:<br />
'''I.1-7:''' <sup>d</sup>en-lil<sub>2</sub> lugal kur-kur-ra ab-ba dingir-dingir-re<sub>2</sub>-ne-ke<sub>4</sub> inim gi-na-ni-ta <sup>d</sup>nin-ĝir<sub>2</sub>-su <sup>d</sup>šara<sub>2</sub>-bi ki e-ne-sur <br />
'''8-12:''' me-silim lugal kiš<sup>ki</sup>-ke<sub>4</sub> inim <sup>d</sup>ištaran-na-ta eš<sub>2</sub> GAN<sub>2</sub> be<sub>2</sub>-ra ki-ba na bi<sub>2</sub>-ru<sub>2</sub> <br />
'''13-17:''' uš ensi<sub>2</sub> umma<sup>ki</sup>-ke<sub>4</sub> nam inim-ma diri-diri-še<sub>3</sub> e-ak <br />
'''18-19:''' na-ru<sub>2</sub>-a-bi i<sub>3</sub>-pad <br />
'''20-21:''' eden lagaš<sup>ki</sup>-še<sub>3</sub> i<sub>3</sub>-ĝen <br />
'''22-27:''' <sup>d</sup>nin-ĝir<sub>2</sub>-su ur-sag <sup>d</sup>en-lil<sub>2</sub>-la<sub>2</sub>-ke<sub>4</sub> inim si-sa<sub>2</sub>-ni-ta umma<sup>ki</sup>-da dam-ḫa-ra e-da-ak <br />
'''28-29:''' inim <sup>d</sup>en-lil<sub>2</sub>-la<sub>2</sub>-ta sa šu<sub>4</sub> gal bi<sub>2</sub>-šu<sub>4</sub><br />
'''30-31:''' SAḪAR.DU<sub>6</sub>.TAKA<sub>4</sub>-bi eden-na ki ba-ni-us<sub>2</sub>-us<sub>2</sub><br />
'''32-42:''' e<sub>2</sub>-an-na-tum<sub>2</sub> ensi<sub>2</sub> lagaš<sup>ki</sup> pa-bil<sub>3</sub>-ga en-mete-na ensi<sub>2</sub> lagaš<sup>ki</sup>-ka-ke<sub>4</sub> en-a<sub>2</sub>-kal-le ensi<sub>2</sub> umma<sup>ki</sup>-da ki e-da-sur <br />
'''II.1-3a:''' e-bi id<sub>2</sub> nun-ta gu<sub>2</sub>-eden-na-še<sub>3</sub> ib<sub>2</sub>-ta-ni-ed<sub>2</sub><br />
'''3b:''' GAN<sub>2</sub> <sup>d</sup>nin-ĝir<sub>2</sub>-su-ka 180 30 1/2 eš<sub>2</sub> niĝ<sub>2</sub>-ra<sub>2</sub> a<sub>2</sub> umma<sup>ki</sup>-še<sub>3</sub> mu-tak<sub>4</sub> <br />
'''3c:''' GAN<sub>2</sub> lugal nu-tuku i<sub>3</sub>-ku<sub>x</sub>(DU) <br />
'''4-5:''' e-ba na-ru<sub>2</sub>-a e-me-sar-sar <br />
'''6-8:''' na-ru<sub>2</sub>-a me-silim-ma ki-bi bi<sub>2</sub>-gi<sub>4</sub> <br />
'''9-10:''' eden umma<sup>ki</sup>-še<sub>3</sub> nu-dab<sub>5</sub> <br />
'''11-18:''' im-dub-ba <sup>d</sup>nin-ĝir<sub>2</sub>-su-ka nam-nun-da-ki-gar-ra bara<sub>2</sub> <sup>d</sup>en-lil<sub>2</sub>-la<sub>2</sub> bara<sub>2</sub> <sup>d</sup>nin-ḫur-sag-ka bara<sub>2</sub> <sup>d</sup>nin-ĝir<sub>2</sub>-su-ka bara<sub>2</sub> <sup>d</sup>utu bi<sub>2</sub>-du<sub>3</sub>

'''Traduction'''<ref>Chavalas, Mark William. The ancient Near East: sources historiques en translations {{p.|14}}.</ref><br />
'''I.1-7:''' [[Enlil]], le roi de toutes les terres, père de tous les dieux, par son commandement de l'entreprise, fixe la frontière entre [[Ningirsu]] et [[Shara (dieu)|Shara]].<br />
'''8-12:''' Mesilim, roi de [[Kish (Mésopotamie)|Kish]], sur l'ordre de Ishtaran, mesuré sur le terrain et a mis en place une pierre là-bas<br />
'''13-17:''' Ush, dirigeant d'Umma, a agi avec arrogance. <br />
'''18-19:''' Il a arraché la pierre <br />
'''20-21:''' et marcha vers la plaine de [[Lagash]]. <br />
'''22-27:''' [[Ningirsu]], guerrier d'[[Enlil]], sur son ordre juste, firent la guerre avec [[Umma (Sumer)|Umma]]. <br />
'''28-29:''' Sur l'ordre de [[Enlil]], il jeta son grand filet de bataille au-dessus<br />
'''30-31:''' et entassés tumulus pour lui sur la plaine.<br />
'''32-42:''' [[Eanatum]], souverain de [[Lagash]], oncle de [[En-metena]], souverain de Lagash, a fixé la frontière avec Enakale, dirigeant d'[[Umma (Sumer)|Umma]] ;<br />
'''II.1-3a:''' fait le canal qui s'étend désormais à partir du canal de la Gu'edena ;<br />
'''3b:''' à gauche un champ de [[Ningirsu]] d'une longueur {{unité|1.290|mètres}}, vers le côté d'[[Umma (Sumer)|Umma]]<br />
'''3c:''' et établi comme terrain sans propriétaire.<br />
'''4-5:''' Au fait sur le canal il a inscrit des pierres,<br />
'''6-8:''' et a restauré la pierre de Mesilim.<br />
'''9-10:''' Il n'a pas franchi la plaine d'[[Umma (Sumer)|Umma]].<br />
'''11-18:''' Sur la levée de [[Ningirsu]], le « Namnundakigara », il a construit un sanctuaire dédié à [[Enlil]], un sanctuaire pour [[Ninhursag]], un sanctuaire pour [[Ningirsu]] et un sanctuaire pour [[Shamash|Utu]].

== Voir aussi ==

* Tablettes exposées aux [[British Museum]], [[Musée du Louvre|Louvre]], [[Pergamon Museum]]…
* [[Littérature sumérienne]]

== Annexes ==
{{Traduction/Référence|de|Sumerische Sprache|122268069}}
{{Traduction/Référence|en|Sumerian language|628692501}}

=== Notes ===
{{Références|groupe=Note}}

=== Références ===
{{Références|colonnes=2}}

== Bibliographie ==

=== Civilisation sumérienne ===

* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Louis|nom1=Huot|titre=Les Sumériens, entre le Tigre et l'Euphrate|lieu=Paris|éditeur=|année=1989|isbn=|id=HUOT}}
* {{chapitre| langue = fr| titre = Sumer| titre ouvrage = Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 72-73| auteurs ouvrage= Jacques Briend et Michel Quesnel (dir.)| éditeur= Letouzey & Ané| année =1999-2002, col. 77-359| id = SDB}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Harriet|nom1=Crawford (dir.)|titre=The Sumerian World|lieu=Londres et New York|éditeur=[[Routledge]]|année=2013|isbn=|id=WO}}
* {{Chapitre|langue=en|prénom1=Jerold S.| nom1=Cooper|titre=Sumer, Sumerisch (Sumer, Sumerian)| titre ouvrage=Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie|volume=XIII| éditeur=De Gruyter| lieu=Berlin| année=2011-2013| passage= 290-297}}

=== Introductions au sumérien et à son histoire ===

* {{chapitre|langue= en| prénom1 = Dietz Otto | nom1= Edzard | lien auteur1 = Dietz-Otto Edzard | titre= The Sumerian Language |auteurs ouvrage= Jack M. Sasson (dir.)| titre ouvrage= Civilizations of the Ancient Near East|lieu= New York |éditeur= Scribner |année= 1995 | passage= 2107-2116}}
* {{Chapitre | langue = en | prénom1 = Miguel | nom1= Civil | titre= Sumerian | titre ouvrage= Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Ancient Near East | auteurs ouvrage = [[Eric M. Meyers]] (dir.) | volume= 5 | année= 1997 | lieu= Oxford et New York| éditeur= Oxford University Press| passage=92-95}}
* {{Chapitre| langue= en | prénom1= Piotr| nom1= Michalowski | titre= Sumerian |titre ouvrage= The Cambridge Encyclopedia of the World's Ancient Languages | auteurs ouvrage= Roger D. Woodard| lieu= Cambridge|éditeur= Cambridge University Press|année = 2004|passage= 19–59 }}
* {{Chapitre| langue= en | prénom1= Piotr| nom1= Michalowski | titre= The Lives of the Sumerian Language| auteurs ouvrage = Seth L. Sanders (dir.)| titre ouvrage= Margins of Writing, Origins of Cultures| lieu = Chicago| éditeur= The Oriental Institute of Chicago| année =2005| passage= 159–184 }}
* {{chapitre|langue= en| prénom1 = Jeremy | nom1= Black | titre= Sumerian |auteurs ouvrage= John Nicholas Postgate (dir.)| titre ouvrage=Languages of Iraq, Ancient and Modern |lieu= Cambridge |éditeur= [[British School of Archaeology in Iraq]] - Cambridge University Press |année= 2007 | passage= 5-30}}
* {{Chapitre|langue=en| prénom1= Piotr| nom1= Michalowski | titre=Sumerian | auteurs ouvrage=R. Hasselbach‐Andee (dir.)| titre ouvrage=A Companion to Ancient Near Eastern languages|éditeur =Wiley-Blackwell|lieu= Hoboken|année= 2020|passage=87-105 }}

=== Grammaires du sumérien ===
* {{en}} M.-L. Thomsen, ''The Sumerian language: An introduction to its history and grammatical structure'', Akademisk Forlag, 1984
* {{en}} [[Dietz-Otto Edzard|D. O. Edzard]], ''Sumerian Grammar'', Handbuch der Orientalistisk, Brill, 2003
* {{article|langue= fr| prénom1 = Bertrand | nom1= Lafont | titre= Introduction au sumérien |périodique= Lalies| numéro=31 |année= 2011 | passage= 95-176 |id= LAF}}

=== Articles connexes ===
* [[Sumer]]
* [[Cunéiforme]]
* [[Akkadien]]
* [[Linguistique]]
** [[Liste de langues]]
*** [[Langues par famille]]
**** [[Isolat (linguistique)]]

=== Liens externes ===
* [http://www.freelang.com/dictionnaire/sumerien.html Dictionnaire Freelang] • Dictionnaire sumérien-français / français-sumérien [[Freelang]]
* [http://www.sumerian.org/sumerlex.htm Sumerian lexicon] • Lexique sumérien-anglais, organisé par types de syllabe
* [http://psd.museum.upenn.edu/epsd/nepsd-frame.html The Pennsylvania Sumerian Dictionary (PSD)] • Lexique matriciel, consultable par entrées sumériennes, translittérations, noms de signe, akkadien, anglais
* [http://cdli.ucla.edu/digitlib.html {{lang|en|texte=Cuneiform Digital Library Initiative (CDLI)}}] • Collections numériques de textes cunéiformes, avec photographie et/ou translittérations
* [http://etcsl.orinst.ox.ac.uk/index.html {{lang|en|texte=The Electronic Text Corpus of Sumerian Literature}}] • Corpus électronique de l'Université d'Oxford
* [http://www-etcsl.orient.ox.ac.uk/edition2/signlist.php Liste des signes cunéiformes sumériens] • Noms des signes, représentations des cunéiformes, translittérations, valeurs
* Éléments de linguistique sumérienne (par Pascal Attinger, 1993), sur [http://doc.rero.ch RERO DOC] : [http://doc.rero.ch/lm.php?url=1000,40,4,20080304131832-QE/th_AttingerP.pdf parties 1-4], [http://doc.rero.ch/lm.php?url=1000,40,4,20080304131832-QE/Attinger_Pascal_-_El_ments_de_linguistique_sum_rienne_1993_2.pdf partie 5]
* Deux documents mis à jour annuellement par Daniel A. Foxvog, professeur d'assyriologie retraité de l'{{lang|en|University of California at Berkeley}}, et pouvant intéresser les débutants en sumérien et autres lecteurs de cet article : {{lien web|langue=en|titre=Introduction to Sumerian Grammar|url=http://home.comcast.net/~foxvog/Grammar.pdf}} et {{lien web|langue=en|titre=Elementary Sumerian Glossary|url=http://home.comcast.net/~foxvog/Glossary.pdf}}

{{Palette|Mésopotamie|Proche-Orient ancien}}


{{Portail|langues|Proche-Orient ancien|Mésopotamie}}
{{Portail|langues|Proche-Orient ancien|Mésopotamie}}

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Sumérien
EME.ĜIR
Période Attesté à la fin du IVe millénaire av. J.-C. ; extinction possible vers le XXIe siècle av. J.-C. ; utilisé comme langue classique jusqu'au Ier siècle[1]
Extinction XXe siècle av. J.-C.
Pays Sumer, Empire d'Akkad
Région Mésopotamie (Irak actuel)
Typologie SOV, agglutinante, à fracture d'actance
Classification par famille
  • - hors classification (isolat)
    • - sumérien[2]
Codes de langue
IETF sux
ISO 639-2 sux
ISO 639-3 sux
Étendue individuelle
Type ancienne
modifier 

free palestine

  1. ↑ Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Joan
  2. ↑ Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées britanica
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