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« Tutti Frutti (chanson) » : différence entre les versions

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== Reprises ==
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Elle a été reprise par de nombreux musiciens, les versions les plus connues étant celles de [[Pat Boone]] et [[Elvis Presley]]. Le groupe [[Queen]
Elle a été reprise par de nombreux musiciens, les versions les plus connues étant celles de [[Pat Boone]] et [[Elvis Presley]]. Le groupe [[Queen]] la jouait également régulièrement durant ses spectacles dans les [[années 1970]]-[[Années 1980|1980]], notamment lors du « Magic Tour », immortalisé sur le DVD ''[[Live at Wembley '86|Live at Wembley]]''. Cette chanson a également été jouée durant un concert de [[T. Rex]] et [[Elton John]], en [[1972 en musique|1972]], immortalisé sur le [[DVD]] ''Born to Boogie''.



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=== Premières reprises ===
=== Premières reprises ===

Version du 9 juin 2021 à 06:42

Tutti Frutti

Single de Little Richard
extrait de l'album Here's Little Richard
Face A Tutti Frutti
Face B I'm Just a Lonely Guy
Sortie
Enregistré
La Nouvelle-Orléans
Durée 2:25
Genre Rock 'n' roll
Format 45 tours
Auteur Dorothy LaBostrie
J. Lubin
Richard Penniman
Producteur Robert Blackwell
Label Specialty

Singles de Little Richard

Tutti Frutti est l'une des premières chansons de rock 'n' roll, interprétée par Little Richard, signée Dorothy LaBostrie, J. Lubin et Richard Penniman (vrai nom de Little Richard). Premier succès commercial du chanteur, elle est devenue un standard du genre.

Enregistrement

Bien que Richard Penniman dit « Little Richard » ait enregistré pour RCA et Peacock Records dès 1951, ses premiers disques étaient relativement ternes et n'ont pas eu le succès commercial escompté par ses producteurs. En , il envoya un enregistrement demo à Specialty Records, lequel fut entendu par le propriétaire de la petite maison de disques, Art Rupe. Rupe trouva cet enregistrement prometteur, signa un contrat avec Little Richard et organisa en une session d'enregistrement, le , au Studio J & M de Cosimo Matassa à La Nouvelle-Orléans, avec Robert Blackwell en tant que producteur et le groupe de musiciens de Fats Domino, comprenant : Lee Allen (saxophone alto), Alvin « Red » Tyler (saxophone baryton), Justin Adams (guitare), Frank Fields (contrebasse), Earl Palmer (batterie), Huey Smith (piano) ; Little Richard chante et joue du piano[1],[2].

Ils enregistrèrent d'abord des morceaux de blues qui n'emballèrent guère le producteur[3]. À la pause déjeuner, frustré que son style exubérant ne soit pas dûment capté sur bande, il se mit à frapper les touches du piano et à chanter une chanson grivoise, scandée par l'onomatopée devenue célèbre : « A Wop Bop Aloobop Alop Bam Boom! », qu'il aurait écrite et composée plusieurs années auparavant, et qu'il jouait régulièrement sur scène[4]. Selon certains témoignages, il aurait d'abord écrit et interprété la chanson tout en travaillant comme concierge dans une gare routière[5], puis l'aurait peaufiné dans des cabarets du Sud[6]. Little Richard chantait initialement[7] :

A-wop-bop-a-loo-mop a-good-Goddam!
Tutti Frutti, good booty
A-wop-bop-a-loo-mop a-good-Goddam!
Tutti Frutti, bon derrière

Ainsi dans les paroles originales, « Tutti Frutti » aurait assez clairement fait référence à un homme homosexuel, la suite variant légèrement selon les sources, comme suit d'après une biographie[4] :

Tutti Frutti, good booty
If it don't fit, don't force it
You can grease it, make it easy
Tutti Frutti, bon derrière
Si ça rentre pas, forcez pas
Mettez de l'huile, et c'est offert

Ou selon la version de Charles Connor, batteur de Little Richard[8] :

Tutti Frutti, good booty
If it's tight, it's all right
And if it's greasy, it makes it easy
Tutti Frutti, bon derrière
Si c'est serré, c'est agréable
Et si c'est huilé, ça se laisse faire

Après cette performance animée, Blackwell reconnut immédiatement le potentiel commercial de la chanson, mais considérant les paroles trop crues et choquantes, demanda à ce que celles-ci soient révisées[6]. Il confia la tâche à Dorothy LaBostrie, qui selon lui était une parolière talentueuse même si elle « ne comprenait pas la mélodie »[9].

Après réécriture, le sens devient plus ambigu, et si le sous-entendu sexuel reste présent celui-ci s'inscrit dans un contexte hétérosexuel moins subversif :

A-wop-bop-a-loo-bop a-lop-bam-boom!
Tutti Frutti, aw rooty[10]
Tutti Frutti, aw rooty
I got a gal named Sue
She knows just what to do
She rocks to the East, she rocks to the West
She is the gal that I love best
A-wop-bop-a-loo-bop a-lop-bam-boom!
Tutti Frutti, tout baigne
Tutti Frutti, tout baigne
J'ai une amie qui s'appelle Sue
Elle connaît très bien mes goûts
Elle se balance à gauche, elle se balance à droite
C'est la fille que je préfère

Outre Penniman et LaBostrie, le troisième nom crédité en tant qu'auteur, « J. Lubin », n'est pas clairement identifié ; selon certaines sources il s'agirait de l'auteur-compositeur Joe Lubin[11], mais d'autres prétendent que ce serait un pseudonyme utilisé par Art Rupe pour bénéficier des redevances sur certaines chansons de son label[1].

Selon d'autres témoignages, ce récit faisant de « Tutti Frutti » une chanson à l'origine ouvertement sexuelle serait apocryphe. Dorothy LaBostrie a ainsi déclaré : « Little Richard n'a rien écrit de « Tutti Frutti ». Je vais vous dire exactement comment j'en suis arrivé à écrire cela. Je vivais dans la rue Galvez et avec une amie nous aimions aller acheter de la crème glacée à l'épicerie du coin. Un jour, nous sommes entrés et avons vu cette nouvelle saveur, « Tutti Frutti ». J'ai tout de suite pensé : ça alors, c'est une chouette idée pour une chanson. Je l'ai donc gardée dans un coin de ma mémoire jusqu'à ce que j'arrive au studio ce jour-là. J'ai aussi écrit ce même jour la face B de « Tutti Frutti », « I'm Just A Lonely Guy », et un spiritual, « Blessed Mother ». Dans les années 1980 Dorothy LaBostrie recevait encore des chèques de redevances pour cette chanson, en moyenne de 5 000 dollars tous les trois à six mois.[12],[13],[14]

Selon Blackwell, les contraintes de temps ont empêché le développement d'un nouvel arrangement, donc Little Richard a enregistré la chanson révisée en trois prises, en un quart d'heure, avec la partie de piano d'origine. Le titre figurant en face B du 45 tours, I'm Just a Lonely Guy, a été enregistré le même jour.

Le disque est sorti peu après, en , sous le titre Tutti Frutti, et a eu aussitôt un succès considérable, devenant un classique du rock 'n' roll naissant.

Classement

Entrée au hit-parade des États-Unis en novembre 1955, elle atteint en 1956 la deuxième position du classement des meilleures ventes de disques rhythm and blues, et se classe no 21 des charts pop aux États-Unis en février.

Mais la reprise de Pat Boone, plus sage, culmine à la 12e place le mois suivant.

Impact et postérité

La chanson, combinant des éléments de boogie, de gospel et de blues, a introduit plusieurs des caractéristiques distinctives du rock 'n' roll, de par son exécution énergique, son style vocal tout en puissance, ainsi que sa rythmique. Le tempo trouve ses racines dans le boogie-woogie, mais s'éloigne du rythme shuffle associé à ce style, introduisant le tempo typique du rock 'n' roll. Little Richard a renforcé le rythme du rock 'n' roll, alors à ses balbutiements, par un jeu de piano à deux mains, jouant des motifs récurrents de la main droite, faisant ainsi surgir le rythme du registre aigu de l'instrument. Ce morceau est devenu la fondation du tempo rock 'n' roll standard, par la suite consolidé par Chuck Berry[15].

En 2003, « Tutti Frutti » a été classée 43e plus grande chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone[16].

En 2007, un panel éclectique d'artistes musicaux renommés (incluant Brian Wilson, Björk, Tori Amos, Tom Waits, Pete Wentz et Steve Earle) a placé « Tutti Frutti » n°1 au classement établi par Mojo « Les 100 disques qui ont changé le monde »[17] (incluant aussi bien des 45 tours que des albums), décrivant le morceau comme « le son de la naissance du rock and roll » et « un torrent de salacités hurlé par un extraterrestre bisexuel »[18].

En 2010, la Bibliothèque du Congrès des États-Unis a inclus « Tutti Frutti » à son Registre National des Enregistrements, déclarant que ce morceau, avec sa fameuse introduction a capella, avait inauguré une nouvelle ère dans l'histoire de la musique.[réf. souhaitée]

Dans un hommage au chanteur publié en mai 2020 dans le New Musical Express, Jordan Bassett décrit la chanson, et plus particulièrement sa fameuse scansion incandescente « A Wop Bop Aloobop Alop Bam Boom! », comme étant : « Le big bang qui a enflammé le rock'n'roll, la naissance du teenager, l'étincelle ayant allumé le fusible qui a parcouru les sons d'Elvis Presley et des Beatles, et qui continue de traverser les veines de n'importe qui — et de n'importe quoi — déterminé à résister au statu quo »[19].

Reprises

Elle a été reprise par de nombreux musiciens, les versions les plus connues étant celles de Pat Boone et Elvis Presley. Le groupe Queen la jouait également régulièrement durant ses spectacles dans les années 1970-1980, notamment lors du « Magic Tour », immortalisé sur le DVD Live at Wembley. Cette chanson a également été jouée durant un concert de T. Rex et Elton John, en 1972, immortalisé sur le DVD Born to Boogie.

Premières reprises

Pat Boone

Après son succès avec « Ain't That A Shame », Pat Boone a sorti une reprise de « Tutti Frutti », considérablement édulcorée par rapport à la version déjà retravaillée produite par Robert Blackwell pour Little Richard. La version de Pat Boone a atteint le n°12 du classement national des ventes, alors que la version originale a culminé à la 21e place. Pat Boone lui-même a admis qu'il n'avait pas vraiment envie de faire une reprise de ce morceau, estimant que celui-ci n'avait « aucun sens », mais ses producteurs ont insisté pour qu'il sorte une version différente, pressentant que celle-ci aurait du succès.

Little Richard a eu une attitude ambivalente vis-à-vis de cette reprise, considérant que Pat Boone avait « pris [sa] musique », admettant néanmoins qu'il ait rendu le morceau plus populaire du fait qu'il était un artiste déjà bien établi auprès du public blanc, mais aurait déclaré par la suite[20] :

« Ils ne voulaient pas que je sois mêlé aux blancs [...] J'ai senti que j'étais relégué dans la catégorie rhythm and blues pour ne pas faire de l'ombre aux rockers, parce que c'est là que se trouve l'argent. Quand « Tutti Frutti » est sortie, il leur fallait une rock star pour me bloquer l'entrée des maisons des blancs, parce que j'étais un héros pour les gosses blancs. Alors les gosses blancs mettaient Pat Boone sur leur armoire, et moi ils me mettaient dans un tiroir, parce qu'ils préféraient ma version, mais les familles ne me voulaient pas à cause de l'image que je projetais. »

Elvis Presley

Elvis Presley a enregistré « Tutti Frutti » pour son premier album publié chez RCA le . Sa version est également sortie sur un EP de 4 titres (RCA EPA-747) et en tant que face B du 45 tours de « Blue Suede Shoes » (RCA 47-6636), lequel a atteint la 20e place au Billboard. Il y répète « A-wop-bop-a-loo-bop-a-lop-bam-boom! » à chaque couplet.

The Beatles

Selon Mark Lewisohn dans The Complete Beatles Chronicles (p. 365), les Beatles ont joué « Tutti Frutti » en concert au moins de 1960 à 1962 (notamment à Hambourg et Liverpool). Selon des témoignages, Paul McCartney aurait à chaque fois assuré le chant, mais on ignore si leur version était basée sur l'originale de Little Richard ou la reprise d'Elvis Presley, aucun enregistrement de ces prestations n'ayant été identifié.

En revanche, selon Allen J. Weiner dans The Beatles – The Ultimate Recording Guide (p. 225), le morceau a été enregistré plus tard durant les sessions du projet Get Back (devenu Let It Be). Quelques mois après, George Harrison a joué sur une reprise en live à Copenhague avec Delaney & Bonnie et Eric Clapton, sortie sur un enregistrement bootleg ; une autre prestation lors d'un concert en Angleterre a fait l'objet d'un enregistrement officiel, publié en 1970. En 1972, Ringo Starr a joué de la batterie sur une brève reprise (qu'il a également produite) avec Elton John au piano and Marc Bolan au chant. Enfin, dans les années 1990, Paul McCartney a interprété « Tutti Frutti » lors d'un soundcheck, enregistré avec des moyens professionnels, dans une version évoquant davantage celle de Pat Boone, en plus alanguie ; cette version est sortie sur un enregistrement bootleg, intitulé Soundcheck Songs Vol. 1.

Autres reprises

Liste (non exhaustive) d'artistes ayant enregistré Tutti Frutti[21] :

Références dans d'autres médias

« Tutti Frutti » a fourni son titre à l'un des premiers essais sur le développement du rock 'n' roll et de la pop dans les années 1950 : Awopbopaloobop Alopbamboom, de Nik Cohn, paru en 1969.

Val Kilmer chante « Tutti Frutti » dans le film Top secret ! (1984).

La scène d'ouverture du film d'animation The Brave Little Toaster (1987) fait entendre la chanson.

Elle retentit également dans le film It Takes Two (1995), lors d'une scène de bataille de nourriture.

Le clip vidéo officiel de La Fièvre de Suprême NTM (1995) débute par un extrait de Tutti Frutti.

Le jeu vidéo DJ Hero inclut un mashup de « Tutti Frutti » avec « Beats » de Shlomo, réalisé par DJ Yoda.

Notes et références

  1. a et b Dawson, Jim, 1944-, What was the first rock 'n' roll record?, Faber and Faber, (ISBN 0-571-12939-0 et 978-0-571-12939-3, OCLC 26397148, lire en ligne)
  2. Livret du CD Little Richard, Tutti Frutti, Selected Singles 51-56, Saga, 2007.
  3. Jean-William Thoury, Dictionnaire du rock, sous la direction de Michka Assayas, Robert Laffont, 2000, p. 1025.
  4. a et b White, Charles, 1942-, The life and times of Little Richard : the quasar of rock, Harmony Books, (ISBN 0-517-55498-4 et 978-0-517-55498-2, OCLC 10711582, lire en ligne), p. 55
  5. Cox, Michael, 1949-, Mind-blowing music, Hippo, (ISBN 0-590-19570-0 et 978-0-590-19570-6, OCLC 45329797, lire en ligne)
  6. a et b (en) Lhamon, W. T., Deliberate speed : the origins of a cultural style in the American 1950s : with a new preface, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2002, ©1990, 286 p. (ISBN 0-674-00873-1 et 978-0-674-00873-1, OCLC 49803526, lire en ligne)
  7. White, Charles, 1942-, The life and times of Little Richard : the quasar of rock, Harmony Books, (ISBN 0-517-55498-4 et 978-0-517-55498-2, OCLC 10711582, lire en ligne), p. 49
  8. Rock 'n' Roll America, documentaire de la BBC, 2015, partie 1, vers 41:00.
  9. Brackett, David,, The pop, rock, and soul reader : histories and debates (ISBN 978-0-19-084358-8, 0-19-084358-6 et 978-0-19-084359-5, OCLC 1097365692, lire en ligne)
  10. « Aw rooty » était une expression argotique signifiant « tout va bien ».
  11. (en-US) « Joe Lubin | Biography & History », sur AllMusic (consulté le )
  12. « DOROTHY LABOSTRIE », sur www.rockabilly.nl, 2020-05-20 (date d'archivage) (consulté le )
  13. Hannusch, Jeff., I hear you knockin' : the sound of New Orleans rhythm and blues, Swallow Publications, (ISBN 0-9614245-0-8 et 978-0-9614245-0-3, OCLC 12991604, lire en ligne), p. 222
  14. (en-US) « Dorothy LaBostrie | Biography & History », sur AllMusic (consulté le )
  15. (en) Michael Campbell et James Brody, Rock and Roll : An Introduction, Cengage Learning, , 400 p. (ISBN 978-0-534-64295-2, lire en ligne), p. 115
  16. « Rolling Stone : The RS 500 Greatest Songs of All Time », sur www.rollingstone.com, 2007-04-16 (date d'archivage) (consulté le )
  17. « Rocklist.net...Mojo Lists... », sur www.rocklistmusic.co.uk (consulté le )
  18. « Tutti Frutti Tops World-changing Hit List | Contactmusic.com », sur www.contactmusic.com, 2014-06-01 (date d'archivage) (consulté le )
  19. (en-GB) « Little Richard 1932–2020: the King and Queen of rock'n'roll who gave us everything », sur NME Music News, Reviews, Videos, Galleries, Tickets and Blogs | NME.COM, (consulté le )
  20. Harrington, Richard. "'A Wopbopaloobop' and 'Alopbamboom', as Little Richard himself would be (and was) first to admit." The Washington Post, 12 Nov. 1984, final ed., sec. C1.
  21. Second Hand Songs.