« Grippe espagnole » : différence entre les versions

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| origine = Inconnue. Identifiée aux [[États-Unis]]
| localisation =
| date arrivée = {{date|4| mars| 1918}}
| date fin = {{date||Juillet| 1921}}
| morts = Entre {{unité|20|et=100|millions}}
}}
 
La '''grippe espagnole''', également appelée « '''pandémie grippale de l'année 1918''' », est une [[pandémie]] de [[Virus de la grippe A (H1N1)|grippe A (H1N1)]], due à une souche particulièrement [[Virulence|virulente]] et [[Contagion|contagieuse]] qui s'est répandue deen [[{{date|mars 1918]]}} et a fini par s'éteindre dans la seconde moitié de l'année 1919. Quelques derniers cas sporadiques ont eu lieu en [[Nouvelle-Calédonie]] en [[{{date|juillet 1921]]}}<ref>{{Lien web|titre=La grippe espagnole de 1918, la plus grande pandémie de l'histoire de l'humanité |url=https://rcf.fr/culture/histoire/la-grippe-espagnole-de-1918-la-grande-tueuse-1 |site=rcf.fr |consulté le=2021-04-05}}</ref>.
 
Bien que les premiers cas dûment répertoriés soient apparus en France et aux [[États-Unis]], on lui a attribué le nom de « grippe espagnole » car l'[[Espagne]] (non impliquée dans la [[Première Guerre mondiale]]) fut le seul pays à publier librement les informations relatives à cette [[épidémie]].
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=== Hypothèses sur l'origine géographique ===
Comme la plupart des grippes, cette épidémie a d'abord été supposée d'origine asiatique. Au début du {{s|XXI}}, et de recherches s'appuyant sur la génétique du virus, cette hypothèse a perdu de sa crédibilité au profit d'autres, et c'est maintenant l'hypothèse d'une origine aux USAÉtats-Unis, plus précisément au Kansas, qui est privilégiée :
* les cas précoces et mortels d’infections respiratoires signalés dès 1916-1917 dans le [[camp britannique d'Étaples]] dans le [[Pas-de-Calais]] (France) {{incise|où les Britanniques installèrent le plus grand complexe hospitalier de tous les temps}} et à [[Aldershot]] au [[Royaume-Uni]], pourraient être à l'origine de l'épidémie. Le camp d'Étaples en particulier concentrait {{citation|tous les ingrédients pouvant favoriser l'émergence d'une pandémie grippale : surpeuplement, cochons vivant à proximité d'oies, de canards, de poulets et de chevaux, et gaz (certains [[mutagène]]s) utilisés en grande quantité}}{{sfn|Karl Feltgen 2007|p=17|id=kf}}. L'historien [[Pierre Darmon (historien)|Pierre Darmon]] enfin a signalé plusieurs épidémies de pneumonies ayant touché les travailleurs [[Viêt|annamites]] en France en 1917 et 1918<ref>[[Pierre Darmon (historien)|Pierre Darmon]], « La grippe espagnole submerge la France », ''L'Histoire'', {{n°|281}}, novembre 2003, {{p.}}79-85.</ref> ;
* un rapport de recherches en 2014 de Michael Worobey, Guan-Zhu Han et Andrew Rambaut, validées par Neil M. Ferguson de l'[[Imperial College London|Imperial College]] de [[Londres]], situe les premières souches entre 1889 et 1900, sur des jeunes Américains ayant développé des anticorps, invalidant de fait la thèse d'une épidémie qui aurait été importée de [[Canton (Chine)|Canton]] en 1918<ref>[https://www.pnas.org/content/early/2014/04/24/1324197111?sid=06eeb488-9d65-4686-8aa3-0678785d0456 Genesis and pathogenesis of the 1918 pandemic H1N1 influenza A virus], pnas.org du 28 avril 2014, consulté le 19 mars 2020.</ref>. Selon le Professeur Berche, « De mauvaises conditions sanitaires, des populations affaiblies et de grands rassemblements. ». « On pense que la grippe espagnole est apparue d'abord au [[Kansas]] où elle a contaminé de jeunes soldats américains, qui étaient réunis trois mois dans des camps de formation militaire, à raison de {{unité|50000}} à {{unité|70000|individus}}, avant de traverser le pays et de prendre la mer pour l'Europe »<ref>[https://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/04/29/22281-lorigine-virus-grippe-espagnole-1918-enfin-precisee L'origine du virus de la grippe espagnole de 1918 enfin précisée], lefigaro.fr du 29 avril 2014, consulté le 19 mars 2020.</ref>. Trois thèses récentes appuient cette origine géographique du virus : le rapport de l'''Oxford Academy'', publié dans le magazine ''{{lang|en|texte=Evolution, Medicine, and Public Health}}'', volume 2019, étudie les trois thèses qui avaient, jusque-là, été évoquées (États-Unis, France et Chine) et réfute la Chine arguant que les écrits de l'époque s'appuyaient uniquement sur des données symptomatiques, et non sur la science, la microbiologie en 1918 étant peu développée. Le rapport valide donc, données à l'appui, une origine vraisemblable au Kansas<ref>{{en}} Michael Worobey, Jim Cox, Douglas Gill, [https://academic.oup.com/emph/article/2019/1/18/5298310 « The origins of the great pandemic »], ''oup.com'', 21 janvier 2019, consulté le 19 mars 2020.</ref>. Loring Miner, un médecin du Kansas rural, rencontra des cas dans les premières semaines de 1918. Miner, alerté par le taux de mortalité envoya un rapport aux autorités sanitaires. Quelques semaines plus tard, l'un des premiers [[Foyer de contagion|foyers épidémiques]] aurait éclaté, vers la base militaire de [[Fort Riley]] au nord-est de l'État. L'épidémie se serait propagée ensuite à la fois en Amérique du Nord et vers l'Europe, lors du débarquement de la force expéditionnaire américaine à [[Bordeaux]] en {{date-|avril 1918}}{{sfn|Karl Feltgen 2007|p=17|id=kf}}.
 
=== Les premiers cas ===
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Pour l'Europe, dès les années 1916-1917, la « pneumonie des Annamites » fait des ravages parmi les ouvriers ou soldats d’origine [[Indochine|indochinoise]] présents en France, qui meurent de façon fulgurante de syndromes respiratoires aigus. Il est suspecté que cela soit la première vague de cette grippe<ref>{{Article|titre=Retour sur la grippe espagnole : « On pensait en avoir fini avec les grandes épidémies. Et patatras, {{nb|240000 morts}} » |périodique=Le Monde.fr |date=2020-03-18 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/03/18/retour-sur-la-grippe-espagnole-on-pensait-en-avoir-fini-avec-les-grandes-epidemies-et-patatras-240-000-morts_6033587_3260.html |consulté le=2020-03-18 }}.</ref>. Les travailleurs chinois du Chinese Labour Corps, organisés en service d'assistance pour les troupes britanniques dans le Nord de la France, ont peut-être apporté la grippe en Europe. En avril 1918, elle est dûment répertoriée dans un cantonnement britannique à [[Rouen]]<ref name="SciencePG">{{Lien web |langue=en |titre=The 1918 Spanish Flu Pandemic, the Origins of the H1N1-virus Strain, a Glance in History |url=http://article.sciencepublishinggroup.com/html/10.11648.j.ejcbs.20160204.11.html}}.</ref>. L'épidémie se répand rapidement, par le biais des mouvements de troupes alliées, d'abord à [[Glasgow]] en [[Grande-Bretagne]], au mois de mai<ref name=Pays/>, puis aux [[États-Unis]], et enfin en [[Italie]] et en [[Allemagne]], atteignant son apogée durant le mois de [[Juin 1918 (guerre mondiale)|juin 1918]], moment où les premiers cas sont signalés en [[Nouvelle-Écosse]] (Canada)<ref name=Pays>[http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2661677 « Leçons tirées de l'influenza pandémique »], ''[[ Le Pays (journal montréalais publié de 1910 à 1921)|Le Pays]]'', 20 septembre 2019, p. 4.</ref>.
{{article détaillé|Grippe espagnole au Canada}}
 
Le premier cas enregistré officiellement aux États-Unis le {{date-|4 mars 1918}} se trouve dans le {{lien|fr=Camp Funston|lang=en|trad=Camp Funston|texte=camp militaire de Funston}} dépendant de [[Fort Riley]] au [[Kansas]]. Le patient zéro à cet endroit aurait été un certain Albert Gitchell, un fermier appelé sous les drapeaux, contaminé par l'un de ses oiseaux, lui-même contaminé par un oiseau sauvage<ref>[https://www.rts.ch/info/monde/11270912-comment-la-grippe-espagnole-a-pu-faire-jusqu-a-100-millions-de-morts.html « Comment la grippe espagnole a pu faire jusqu'à 100 millions de morts »], documentaire de 2018 produit par la BBC et diffusé sur RMC Story.</ref>. La maladie s'y étend rapidement.
 
Tous ces pays sont [[Première Guerre mondiale|en guerre]] et censurent les informations sur la maladie pour ne pas affecter le moral des populations. Aussi, quand en mai 1918 la grippe atteint l'Espagne, la presse espagnole est la première à en décrire les effets<ref name="Tueuse63">{{harvsp|Spinney|2018|p=63-64}}.</ref>. C'est pour cette raison que l'épidémie a souvent été qualifiée en Europe de « grippe espagnole »<ref name="Figaro">{{Lien web |titre=L'origine du virus de la grippe espagnole de 1918 enfin précisée |url=https://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/04/29/22281-lorigine-virus-grippe-espagnole-1918-enfin-precisee |site=sante.lefigaro.fr |date=2014-04-29 |consulté le=2020-03-17}}.</ref>{{,}}<ref name="sciencesetavenir">{{Lien web |titre=Grippe espagnole : le mystère de son origine enfin résolu |url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/grippe-espagnole-le-mystere-du-virus-resolu_18249 |site=Science et Avenir |date=30/04/14}}.</ref>{{,}}{{note| groupe=alpha| Également parce que le roi [[Alphonse XIII]] en est rapidement tombé malade. Le terme de ''grippe espagnole'' s'est répandu largement, mais en Espagne on l'a appelée ''grippe française''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Philippe|nom1=Chassaigne|titre=Les Sociétés, la Guerre, la Paix|sous-titre=1911-1946|éditeur=Sedes|date=2003|pages totales=286|isbn=978-2-301-00205-1|lire en ligne={{Google Livres|6F37DAAAQBAJ|p=186}}|consulté le=2020-03-01|titre chapitre=Glossaire}}.</ref>, en Allemagne ''grippe des Flandres''<ref name="Geo">{{Lien web|nom1=Dumeurger |prénom1=Marine |titre=La grippe espagnole : le tueur invisible de 1918 |url=https://www.geo.fr/histoire/la-grippe-espagnole-le-tueur-invisible-de-1918-189192 |site=Geo.fr |date=2018-07-25 |consulté le=2020-03-17}}.</ref>, au [[Sénégal]] ''grippe brésilienne'', au [[Brésil]] ''grippe allemande'', en [[Pologne]] ''grippe bolchévique'' et en [[Empire perse|Perse]], ''grippe britannique''<ref>{{harvsp|Spinney|2018|p=64}}</ref>{{,}}<ref>{{article| titre=La mère de toutes les pandémies| périodique=[[Courrier international]]| numéro=1528| date=13-19 février 2020| pages=46-47}}.</ref>{{,}}<ref>{{article| langue=de| titre=Die Mutter aller Pandemien|auteur1=Stefan Schmitt|auteur2=Anna-Lena Scholz| périodique=[[Die Zeit]]| numéro=6/2020| date=30 janvier 2020| présentation en ligne=https://www.zeit.de/2020/06/spanische-grippe-virus-seuche-pandemie}}.</ref>.}}, sauf en Espagne où elle porte le sobriquet de « Soldat napolitain »<ref name="Tueuse63" />.
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=== Septembre 1918 : l'épidémie et le continent américain ===
Aux États-Unis, c'est dans la région de [[Boston]], aux environs du {{date-|14 septembre}}, que les premiers cas mortels d'une grippe, bientôt tristement connue sous le nom de « grippe espagnole », sont signalés.
 
À compter de cette date, cette vague virale, bien qu'étant dans la lignée directe de la précédente, se caractérise par une mortalité {{nb|10 à 30 fois}} plus élevée que les épidémies grippales habituelles, soit un taux de mortalité moyen situé entre {{nobr|2,5 et 3 % des grippés}}. Les symptômes, auparavant décrits comme bénins par un journal de l'époque, sont {{citation|une tendance à l’hémorragie [et] des attaques aux poumons, dont le résultat était souvent fatal. L’épidémie sévit avec plus de sévérité au mois d’octobre<ref name=Pays/>.}}
 
Du fait de sa grande contagiosité, l'épidémie se répand partout où les voyageurs contaminés, civils ou militaires, vont au gré des [[Chemin de fer|transports ferroviaires]] et [[transport maritime|maritimes]] de cette époque, inconscients du danger et de la puissance meurtrière de ce qu'ils portent. Dès le {{date-|21 septembre 1918}}, dans l'ensemble du Nord-Est des États-Unis, des côtes américaines du [[golfe du Mexique]], ainsi qu'en [[Californie]] et dans la majorité des grandes villes de l'Est américain, sont signalés des décès dus à la grippe : c'est le début d'une augmentation significative et anormale du nombre de cas mortels. Dans le même temps, les premiers cas sont répertoriés en Europe, la souche américaine ayant encore probablement renforcé l'épidémie par le biais de renforts américains venus aider les armées alliées. Une semaine plus tard, début {{date-|octobre 1918}}, c'est l'ensemble du territoire des États-Unis et de l'[[Amérique du Nord]] qui est atteint. Il aura suffi de {{nb|15 jours}} à ce virus pour être présent sur l'ensemble du sous-continent Nord-Américain.
 
[[Fichier:Spanish flu death chart.png|right|vignette|Taux de mortalité à [[New York]], [[Londres]], [[Paris]] et [[Berlin]].]]
C'est alors seulement que l'épidémie prend réellement une ampleur considérable. En effet, si elle était déjà présente dans l'ensemble de ces territoires, le nombre de contaminés n'était pas encore très élevé. Et c'est seulement après sa dissémination que le nombre de contaminés explose.
 
Aussi, comme le montre le graphique ci-contre, c'est le mois d'{{date-|octobre 1918}} qui voit le plus de cas mortels aux États-Unis : un taux de mortalité de près de 5 % chez les malades, soit, rapporté à la population entière ({{nobr|30 à 40 %}} de la population est atteinte), un taux de mortalité global de 2 %. L'État américain, ainsi que la population, prennent soudainement conscience de l'importance de cette épidémie.
 
C‘est sur le même schéma que l'Europe, puis le reste du monde, sont à leur tour atteints.
 
=== Octobre 1918 : l'épidémie devient pandémie ===
[[Fichier:165-WW-269B-25-police-l restored.jpg|vignette|En {{date-|décembre 1918}}, à [[Seattle]], les forces de l'ordre sont équipées de masques.]]
[[Fichier:165-WW-269B-11-trolley-l.jpg|droite|vignette|upright=1.1|À Seattle, le poinçonneur a ordre de ne pas laisser monter les passagers non munis de masques. Durant près d'un an, les transports et l'économie de tous les pays seront affectés par les mesures d'hygiène.]]
[[Fichier:8391 lores.jpg|vignette|Dans tous les pays, les hôpitaux sont débordés et il faut construire des hôpitaux de campagne, ici dans le [[Massachusetts]] ({{date-|29 mai 1919}}).]]
Les [[États-Unis]] sont brutalement submergés par cette épidémie nouvelle. Bon nombre de villes américaines sont paralysées du fait du grand nombre de malades, ainsi que du grand nombre de personnes refusant d'aller travailler. Alors que les [[médecin]]s américains, désemparés, sans aucune information ou aide possible, font face à cette épidémie du mieux qu'ils le peuvent, une infirmière sur quatre meurt. Alors que cette épidémie, à son [[apogée]] de puissance aux États-Unis, y sème le [[wikt:chaos|chaos]], le désarroi et surtout la mort, l'[[Europe]] compte ses premiers morts dans les rangs des militaires alliés. Avec son arrivée en Europe<ref>Les troupes confinées à bord des navires, dont le [[SS Leviathan]], se contaminent rapidement. ''In'' [https://clio-cr.clionautes.org/la-grande-grippe-1918-la-pire-epidemie-du-siecle-histoire-de-la-grippe-espagnole.html La grande grippe 1918. La pire épidémie du siècle], Freddy Vinet - Présentation en ligne.</ref>, ce virus devint international, ce qui annonce déjà son originalité.
 
Suivant la même évolution qu'aux États-Unis, la maladie, partant du Nord-Est de la [[France]], conquiert bien vite l'ensemble des [[tranchée]]s alliées ainsi que le territoire français et, du fait des mouvements de troupes britanniques, gagne la Grande-Bretagne.
 
Vers le {{date-|15 octobre}}, l'épidémie atteint, en [[France]], puis en [[Angleterre]], une importance considérable. Avec une à deux [[semaine]]s de décalage, l'[[Espagne]], l'[[Italie]], l'[[Allemagne]] et l'ensemble des pays limitrophes comptent leurs premiers morts. De là, l'Europe étant à l'époque le centre colonisateur du monde, des [[bateau]]x, avec à leur bord des [[Marin (profession)|marins]] grippés, partent vers l'[[Afrique]], l'[[Amérique du Sud]], les [[Indes britanniques|Indes]] et la [[Chine]], ainsi que vers l'[[Océanie]], ces marins colportant vers ces terres alors encore épargnées une épidémie qui, de fait, devient alors pandémie.
 
Fin octobre et début novembre, d'abord en France et en Grande-Bretagne, ensuite dans l'Europe entière durant le mois de {{date-|novembre 1918}}, l'épidémie devient aussi grave qu'aux États-Unis. [[Max C. Starkloff]], médecin de la ville de [[Saint-Louis (Missouri)|Saint-Louis]] ([[Missouri (État)|Missouri]]) met en place un des premiers cas de [[distanciation sociale]] en médecine moderne<ref name="bioMérieux Connection 2018">{{Lien web|langue=en|titre=How Public Health Policies Saved Citizens in St. Louis During the 1918 Flu Pandemic|url=https://www.biomerieuxconnection.com/2018/10/25/how-public-health-policies-saved-citizens-in-st-louis-during-the-1918-flu-pandemic/|série=bioMérieux Connection|date=2018-10-25|consulté le=2020-03-15}}.</ref>, en ordonnant la limitation du nombre de personnes pouvant s'attrouper et en fermant les écoles. Saint-Louis a ainsi un des taux de mortalité les plus bas des États-Unis<ref name="The American Influenza Epidemic of 1918: A Digital Encyclopedia 1918">{{Lien web|titre=St. Louis, Missouri and the 1918-1919 Influenza Epidemic|url=https://www.influenzaarchive.org/cities/city-stlouis.html|série=The American Influenza Epidemic of 1918: A Digital Encyclopedia|date=2019-02-13|consulté le=2020-03-15}}.</ref>{{,}}<ref name="Roos 2020">{{Lien web|auteur1=Roos|prénom1=Dave|titre=How U.S. Cities Tried to Halt the Spread of the 1918 Spanish Flu|url=https://www.history.com/news/spanish-flu-pandemic-response-cities|série=HISTORY|date=2020-03-11|consulté le=2020-03-15}}.</ref> (moins de 60 pour {{formatnum:100000}} environ, six semaines après que les premiers cas ont été signalés<ref name="McKinsey McKinsey Enriquez 2018 pp. 319–324">{{Article |auteur1=McKinsey |prénom1=David S. |auteur2=McKinsey |prénom2=Joel P. |auteur3=Enriquez |prénom3=Maithe |titre=The 1918 Influenza in Missouri: Centennial Remembrance of the Crisis |périodique=Missouri Medicine |volume=115 |numéro=4 |date=Jul–Aug 2018 |issn=0026-6620 |oclc=7850378090 |pmid=30228752 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6140242/ |consulté le=2020-03-14 |pages=319–324 }}.</ref>).
 
Cependant, les populations européennes, affaiblies par quatre ans de guerre et de pénuries, subissent des pertes, pires encore que celles des États-Unis, proportionnellement à leur population. Des villes entières sont paralysées, autant par la maladie que par sa crainte. Aux États-Unis, l'épidémie perd enfin de sa force, après deux mois de choc : septembre, mois de la propagation, et octobre, mois des morts.
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En Europe, pour la France et la Grande-Bretagne, après une propagation en octobre (avec déjà un grand nombre de morts), c'est principalement novembre, en raison des infrastructures sanitaires débordées, qui voit les plus grandes vagues de mortalité. Pour les autres pays d'Europe, la période de propagation s'étend de mi-octobre à mi-novembre, celle du pic de mortalité, de mi-novembre à mi-décembre. La censure de guerre limite l'écho médiatique de la pandémie, les journaux annonçant qu'une nouvelle épidémie touchait surtout l'[[Espagne]], pays neutre publiant librement les informations relatives à cette épidémie, alors que celle-ci fait déjà des ravages en France.
 
Parmi les [[comptoir]]s et [[Empires coloniaux|colonies]] européennes, seule l'[[Australie]] est en mesure d'appliquer une [[quarantaine]] rigoureuse. Pour les autres, l'épidémie est inévitable : les Européens qui débarquent amènent avec eux le virus. À partir de début novembre 1918, le virus se répand très vite dans toute l'Afrique, l'Amérique latine, les Indes, la Chine ainsi qu'en Océanie. Le pourcentage de malades oscille entre 30 et 80 % de contaminés dans les populations locales, parmi lesquels de 1 à 20 % de cas mortels. Les vagues épidémiques, là aussi, durent de l'ordre de deux mois sur une région. La pandémie est donc enrayée vers le début de {{date-|janvier 1919}}, avec un pic de mortalité en {{date-|décembre 1918}}.
 
Après deux mois d'accalmie, de {{date-|décembre 1918}} à {{date-|janvier 1919}}, l'année [[1919]] voit étrangement une recrudescence importante du nombre de cas. Cette troisième « vague » est toutefois moins grave<ref>{{article| titre=Retour sur la grippe espagnole : On pensait en avoir fini avec les grandes épidémies. Et patatras, 240 000 morts | auteur1=Freddy Vinet | auteur2= Florent Georgesco | périodique=[[Le Monde]] | jour= 18 | mois=mars | année=2020 | url texte=https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/03/18/retour-sur-la-grippe-espagnole-on-pensait-en-avoir-fini-avec-les-grandes-epidemies-et-patatras-240-000-morts_6033587_3260.html}}</ref>, les individus atteints lors des deux premières vagues présentant désormais une [[immunité humaine|immunité]] et ne pouvant donc ni être contaminés ni colporter le virus. Ce retour de la pandémie déclenche des foyers épidémiques disséminés sur la planète, notamment dans les régions jusqu'alors épargnées, comme l'Australie, où il ne sera résorbé qu'en {{date-|août 1919}}.
 
Certains pays seront encore touchés en 1919 et 1920 ; le dernier cas est signalé en {{date-|juillet 1921}}, en [[Nouvelle-Calédonie]]<ref>{{Article |langue=en |auteur=G. Dennis Shanks, Nick Wilson, Rebecca Kippen, John F Brundage |titre=The unusually diverse mortality patterns in the Pacific region during the 1918–21 influenza pandemic: reflections at the pandemic's centenary |périodique=The Lancet |volume=18 |numéro=10 |date=octobre 2018 |DOI=10.1016/S1473-3099(18)30178-6 |pages=323 | issn = 1473-3099}}.</ref>.
 
En un peu plus d'un an, la pandémie aura fait finalement plus de victimes (voir les évaluations dans le [[Chapeau (presse)|chapeau]]) dans le monde que la [[Première Guerre mondiale]] entre {{date-|août 1914}} et {{date-|novembre 1918}}.
 
== Propriétés ==
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Les caractéristiques génétiques du virus ont pu être établies grâce à la conservation de tissus prélevés au cours d'[[autopsie]]s récentes{{quand}} sur des cadavres [[inuit]]s et [[Norvège|norvégiens]] conservés dans le [[pergélisol]] (sol gelé des pays nordiques). Ce virus est une grippe [[H1N1]] dont l'origine aviaire est fortement suspectée à la suite de l'identification en 1999 de la séquence complète des {{nb|1701 [[nucléotide]]s}} du gène de l'[[hémagglutinine]]<ref>{{Article|langue=en|nom1=Gibbs|prénom1=Mark J.|nom2=Gibbs|prénom2=Adrian J.|titre=Molecular virology : Was the 1918 pandemic caused by a bird flu ?|périodique=Nature|volume=440|numéro=7088|jour=27|mois=avril|année=2006|pages=E8-E8|doi=10.1038/nature04823}}.</ref>. Le virus est à l'origine de trois vagues principales :
* « virus père », souche inconnue : virus de grippe source, à forte [[contagiosité]] mais à [[virulence]] normale (mortalité de 0,1 %) qui, par mutation, donna le virus de la grippe espagnole. Le virus père ne fut identifié qu'en {{date-|février 1918}} par le médecin généraliste {{lien|fr=Loring Miner|lang=de|trad=Loring Miner|texte=Loring Miner}} du [[Comté de Haskell (Kansas)|Comté de Haskell au Kansas]] et suivi rigoureusement qu'à partir d'avril (après une épidémie touchant des milliers de soldats américains dans le Camp Funston en mars), et jusqu'à {{date-|juin 1918}} (gagnant l'[[Europe]] lors du débarquement des troupes américaines à [[Brest]], [[Bordeaux]], [[Étaples]]), alors qu'il sévit probablement dès l'hiver 1917-1918 en [[Chine]] ;
* « virus de la grippe espagnole », souche [[H1N1]] se révélant être de même origine que le « virus père » qui a [[Mutation (génétique)|muté]], les personnes atteintes lors de la première vague sont en effet immunisées lors de la deuxième : virus à forte [[virulence]] apparu aux [[États-Unis]] (attesté à la parade de [[Philadelphie]]<ref>{{en}} [http://www.upenn.edu/gazette/1198/lynch.html Flu by Eileen A. Lynch. The devastating effect of the Spanish flu in the city of Philadelphia, PA, USA].</ref>) ; cette appellation inclut généralement aussi son « virus père ». Cette version plus létale (mortalité de 2 à 4 %) sévit en deux vagues meurtrières, l'une de mi-septembre à décembre [[1918]], l'autre de février à mai [[1919]]. Tous les continents et toutes les populations ont été gravement touchés.
 
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Du fait de l'absence d'étude sur des souches originales du virus de la grippe espagnole, aucune souche n'ayant pu être conservée, il est impossible de déclarer, aujourd'hui du moins, quelle est la source qui a vu apparaître le « virus père ». Il y a cependant deux hypothèses possibles concernant l'apparition du « virus père » de la grippe espagnole : la première est que ce virus proviendrait de la [[Mutation (génétique)|mutation]] d'un virus humain préexistant ; dans ce cas, il devrait n'être que faiblement différent de l'original et les populations humaines devraient, en bonne partie, être [[immunisé]]es. La seconde est qu'il proviendrait d'une souche nouvelle, provenant d'une autre [[espèce]], notamment les [[Oiseau|espèces aviaires]], qui sont des réservoirs naturels de bon nombre de virus. C'est effectivement souvent ainsi qu'apparaissent les nouvelles souches de virus de la grippe : par l'interaction de populations humaines, [[porc]]ines et aviaires.
 
Si cela demeurait inconnu à l'époque, il est désormais attesté que les différentes espèces d'oiseaux, notamment les [[canard]]s domestiqués, sont des réservoirs naturels de quantité de virus et que ceux-ci peuvent, sous certaines conditions, se transmettre à d'autres espèces, tels les [[porc]]s. Or, le mode d'organisation traditionnel de la paysannerie mettait en contact direct et continuel les oiseaux de [[Basse-cour d'élevage|basse-cour]], les porcs et les humains. Les premiers, souvent des canards, sont un réservoir naturel de virus. Les populations porcines subissent ainsi continuellement l'assaut des virus grippaux aviaires, qu'ils ne craignent normalement pas du fait de la [[barrière des espèces]]. Mais ce contact continuel permet, le cas échéant, aux variantes des virus de s'adapter au système immunitaire [[mammalien]]. Et parce que le système immunitaire des porcs est proche de celui de l'homme, les virus grippaux aviaires peuvent donc atteindre ainsi l'homme par le biais des porcs.
 
Plusieurs études semblent pointer vers une origine aviaire du virus responsable de la grippe espagnole. En reconstituant le virus à partir d'un prélèvement issu d'une femme Inuit décédée en 1918 et conservée dans le [[pergélisol]] [[Alaska|alaskain]], des chercheurs américains ont découvert de fortes similitudes entre ce virus et des souches aviaires<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Ann H.|nom1=Reid|prénom2=Thomas G.|nom2=Fanning|prénom3=Johan V.|nom3=Hultin|prénom4=Jeffery K.|nom4=Taubenberger|titre=Origin and evolution of the 1918 “Spanish” influenza virus hemagglutinin gene|périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences|volume=96|numéro=4|pages=1651–1656|date=1999-02-16|issn=0027-8424|issn2=1091-6490|pmid=9990079|pmcid=PMC15547|doi=10.1073/pnas.96.4.1651|lire en ligne=https://pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.96.4.1651|consulté le=2023-12-12}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Ann H.|nom1=Reid|prénom2=Thomas G.|nom2=Fanning|prénom3=Thomas A.|nom3=Janczewski|prénom4=Jeffery K.|nom4=Taubenberger|titre=Characterization of the 1918 “Spanish” influenza virus neuraminidase gene|périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences|volume=97|numéro=12|pages=6785–6790|date=2000-06-06|issn=0027-8424|issn2=1091-6490|pmid=10823895|pmcid=PMC18739|doi=10.1073/pnas.100140097|lire en ligne=https://pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.100140097|consulté le=2023-12-12}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Jeffery K.|nom1=Taubenberger|prénom2=Ann H.|nom2=Reid|prénom3=Raina M.|nom3=Lourens|prénom4=Ruixue|nom4=Wang|titre=Characterization of the 1918 influenza virus polymerase genes|périodique=Nature|volume=437|numéro=7060|pages=889–893|date=2005-10|issn=0028-0836|issn2=1476-4687|doi=10.1038/nature04230|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/nature04230|consulté le=2023-12-12}}</ref>{{secsou}}. Néanmoins, les chercheurs n'excluent pas la possibilité que le virus ait d'abord évolué parmi d'autres espèces de mammifères avant d'atteindre les populations humaines.
Des chercheurs américains ont d'ailleurs publié en [[octobre 2005]], dans les revues ''Science'' et ''Nature'' (voir Bibliographie), une étude sur un virus de la grippe espagnole reconstitué (à partir d’un prélèvement de poumon d’une femme décédée lors de la pandémie de 1918 en [[Alaska]] et enterrée dans le [[pergélisol]]), qui tend à montrer que son origine était aviaire.
 
Ce que l'on sait de ce virus père tient en ses propriétés [[Pathologie|pathologiques]]. Il était somme toute assez commun : durée d'incubation très courte (de 1 à 2 jours), immense majorité de cas bénins et mortalité habituelle d'environ 0,15 %, soit un cas mortel sur {{nb|700 malades}}, particulièrement chez les vieillards et les [[nourrisson]]s, comme c'est encore le cas aujourd'hui. Ces cas mortels n'étaient pas dus au virus lui-même mais, du fait de l'affaiblissement de l'organisme qu'il entraîne, à des complications de [[maladie]]s normalement non mortelles ({{page h'|Bronchite|bronchite}}, [[pneumonie]]...).
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=== Traitement médical ===
Comme aucun [[vaccin]] adapté n'était disponible, ni de médicaments [[Antiviral|antiviraux]] pour traiter le virus, ni d'[[Antibiotique|antibiotiques]] pour traiter les infections bactériennes secondaires<ref>{{Article|langue=English|prénom1=Amy Sarah|nom1=Ginsburg|prénom2=Keith P.|nom2=Klugman|titre=COVID-19 pneumonia and the appropriate use of antibiotics|périodique=The Lancet Global Health|volume=8|numéro=12|date=2020-12-01|issn=2214-109X|pmid=33188730|doi=10.1016/S2214-109X(20)30444-7|lire en ligne=https://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(20)30444-7/abstract|consulté le=2022-01-02|pages=e1453–e1454}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Les surinfections bactériennes |url=https://pasteur-lille.fr/centre-de-recherche/thematiques-de-recherche/maladies-infectieuses-et-inflammatoires/surinfections-bacteriennes/ |site=Institut Pasteur de Lille |consulté le=2022-01-02}}</ref>, les médecins s'appuieraientappuyèrent sur un assortiment aléatoire de médicaments avec des degrés d'efficacité variables, tels que l'[[Acide acétylsalicylique|aspirine]], la [[quinine]], l'[[arsenic]], la [[digitale]], la [[strychnine]], les [[Sulfate de magnésium|sels d'Epsom]], l'[[huile de ricin]] et certains dérivés de l'[[iode]]. Des traitements de médecine traditionnelle, telles que la [[Saignée (médecine)|saignée]], la consommation d'alcool et de tabac, l'[[ayurveda]] en Inde, et le kanpo au Japon, ont également été pratiqués<ref name="SciencePG" />.
 
Une [[Épidémie de rougeole aux États-Unis en 1917-1918|épidémie de rougeole s'est produite aux États-Unis en 1917-1918]], au sein des camps militaires de l'armée, dont l'histoire généralement a été éclipsée par la pandémie grippale de l'année 1918. Elle a fait plus de {{Nombre|3000|morts}} dont beaucoup de bronchopneumonies. La compréhension de la copathogénèse virale-bactérienne de l'épidémie de rougeole s'est avérée cruciale des mois plus tard lorsque la pandémie de grippe espagnole a provoqué des milliers de pneumonies bactériennes post-grippales similaires, dans les mêmes camps<ref>{{Article|langue=en|prénom1=David M|nom1=Morens|prénom2=Jeffery K|nom2=Taubenberger|titre=A forgotten epidemic that changed medicine: measles in the US Army, 1917–18|périodique=The Lancet Infectious Diseases|volume=15|numéro=7|pages=852–861|date=2015-07|pmid=26070967|pmcid=PMC6617519|doi=10.1016/S1473-3099(15)00109-7|lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1473309915001097|consulté le=2024-10-05}}</ref>.
 
=== Mortalité ===
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Du fait, sans doute, de la priorité militaire de l'époque, et malgré la [[virulence]] de cette [[pandémie]] mondiale, aucune étude scientifique approfondie ne fut entreprise. Seuls quelques médecins isolés comme {{lien|fr=Loring Miner|lang=de|trad=Loring Miner|texte=Loring Miner}} écrivirent de petits traités exposant les [[symptôme]]s constatés, des statistiques de contamination ou de [[taux de mortalité]]. Les rares prélèvements conservés (par exemple dans de la [[paraffine solide]]) s'avèrent aujourd'hui dégradés et inutilisables<ref name="Berche">{{ouvrage|auteur=[[Patrick Berche]]|titre=Faut-il encore avoir peur de la grippe ? Histoire des pandémies|éditeur=Odile Jacob|date=2012|pages totales=278|isbn=2738127592|lire en ligne=}}.</ref>.
 
Aucune [[souche]] n'ayant pu être conservée, aucune étude n'a pu être faite sur l'origine de sa contagiosité et de sa virulence, l'une comme l'autre restant inexpliquées jusqu'en 1950, date à laquelle le chercheur {{lien|Johan Hultin}} découvre des tissus contenant des traces du virus sur des corps d'Inuits enterrés dans le [[pergélisol|permafrost]] d'Alaska<ref>{{Lien web|url=https://www.cdc.gov/media/pressrel/r051005.htm|titre={{en}} Researchers Reconstruct 1918 Pandemic Influenza Virus; Effort Designed to Advance Preparedness Retrieved|date=5 octobre 2005|site=Center for Disease Control}}.</ref>.
 
Cette pandémie a fait prendre conscience de la nature internationale de la menace des [[épidémie]]s et [[maladie]]s, et des impératifs de l'[[hygiène]] et d'un réseau de surveillance pour y faire face. Le Comité d'hygiène de la [[Société des Nations]] (SDN), ancêtre de l'[[Organisation mondiale de la santé|OMS]], a été créé à la suite de cette épidémie.
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{{Catégorie détaillée|Mort de la grippe espagnole}}
* [[Francisco de Paula Rodrigues Alves|Rodrigues Alves]], président du Brésil<ref name="Saint-Sauveur 2017" />.
* [[Guillaume Apollinaire]], poète français<ref name="Saint-Sauveur 2017">{{lien web|prénom=Charles |nom=de Saint-Sauveur |titre={{date-|1918}} : une saison en enfer avec la grippe espagnole |url=http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/une-saison-en-enfer-15-01-2017-6569217.php |site=[[Le Parisien]] |jour=publié le 15 |mois=janvier |année=2017 |consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>.
* [[Louis Botha]], Premier ministre de l'Union d'Afrique du Sud<ref name="Saint-Sauveur 2017" />.
* [[Frederick Trump]], grand-père de [[Donald Trump]], président des États-Unis de 2017 à 2021.
* [[Pascal Ceccaldi]], journaliste et député français.
* [[John H. Collins]], acteur, scénariste et réalisateur américain.
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* [[Marie Lenéru]], dramaturge française.
* [[Meri Te Tai Mangakāhia]], suffragette maorie néo-zélandaise.
* [[Jacinta Marto]] et [[Francisco Marto]] (canoniséetous deux canonisés en 2013), avec deux autres enfants elle prétend avoirportugais, vutémoins lades Vierge[[apparitions Mariemariales àde Fátima]].
* [[Francisco Marto]] (canonisé en 2013), témoin de l'apparition mariale de Fátima.
* [[Léon Morane]], pionnier français de l'aéronautique.
* [[Edmond Rostand]], dramaturge, écrivain et metteur en scène français<ref name="Saint-Sauveur 2017" />.
* [[Egon Schiele]], peintre autrichien<ref name="Saint-Sauveur 2017" />.
* [[Humbert de Savoie-Aoste]], membre de la Maison royale d'Italie;
* [[Amadeo de Souza-Cardoso]], peintre portugais.
* [[Erik de Suède]], prince suédois.
* [[Iakov Sverdlov]], homme d’Etatd’État et révolutionnaire russe.
* [[Mark Sykes]], conseiller britannique décédémort à Paris pendant les [[accords Sykes-Picot]]<ref name="Saint-Sauveur 2017" />.
* [[Frederick Trump]], homme d'affaires, grand-père de [[Donald Trump]], président des États-Unis de 2017 à 2021.
* [[Max Weber]], juriste, économiste et sociologue allemand considéré comme l'un des fondateurs de la [[sociologie]]<ref name="2009_Louis_BEGLEY_passage227"/>.
 
== Documentaire ==
 
* 2005 : ''Les chroniques de l'insolite - La Grande Épidémie'' réalisé par Stéphane Bégoin.
* 2021 : ''La Grippe espagnole, la grande tueuse'' réalisé par Paul Le Grouyer et Lucie Pastor<ref>{{Article|langue=fr|titre=« La Grippe espagnole, la grande tueuse », sur France 2 : dix-huit mois d’enfer sur Terre|périodique=Le Monde.fr|date=2021-09-29|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/09/29/la-grippe-espagnole-la-grande-tueuse-sur-france-2-dix-huit-mois-d-enfer-sur-terre_6096508_3246.html|consulté le=2022-11-11}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La grippe espagnole, la grande tueuse |url=https://television.telerama.fr/tele/documentaire/la-grippe-espagnole-la-grande-tueuse,50524941,emission192435435.php |consulté le=2022-11-11}}</ref>.
 
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* {{en}} T. Tumpey T et coll. « Characterization of the reconstructed 1918 spanish influenza pandemic virus », ''[[Science (revue)|Science]]'' 2005, {{pp.|77-80}}.
* {{ouvrage|prénom1=Freddy|nom1=Vinet |titre=La grande grippe |sous-titre=1918, la pire épidémie du siècle : histoire de la grippe espagnole |lieu=Paris |éditeur=Vendémiaire |collection=Chroniques |année=2018 |pages totales= 259 |isbn=978-2-36358-301-7}}.
* {{Article |langue=en |prénom1=Michael |nom1=Worobey |prénom2=Guan-Zhu |nom2=Han |prénom3=Andrew |nom3=Rambaut |titre=Genesis and pathogenesis of the 1918 pandemic H1N1 influenza A virus |traduction titre=Genèse et pathogenèse du virus de la grippe pandémique A (H1N1) de {{date-|1918}} |périodique=[[Proceedings of the National Academy of Sciences]] |volume=111 |numéro=22 |jour=3 |mois=juin |année=2014 |pmid=24778238 |pmcid=PMC4050607 |doi=10.1073/pnas.1324197111 |lire en ligne=http://www.pnas.org/content/111/22/8107.full.pdf |résumé=http://www.pnas.org/content/111/22/8107.abstract |consulté le=4 janvier 2018 |format=pdf |pages=8107-8112}}.
* {{article|auteur=André Minet|titre=La grippe espagnole en [[Tarn (département)|Pays Tarnais]] |sous-titre= quand le virus prenait le train …|lieu=Castres|périodique=[[Société culturelle du Pays castrais]]|tome=cahier n° 48|année=2021|isbn=978-2-904401-85-5}}
{{div col end}}
 
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=== Liens externes ===
* {{AutoritéLiens}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* "La grippe espagnole 1914-1918", ''Concordance des temps'', France-culture, [https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/la-grippe-espagnole-1914-1918]
* {{en}} [http://www.pandemicflu.gov/general/greatpandemic3.html#ok La grippe espagnole, État par État aux USA]
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{{Palette|Grippe|Pandémies}}
{{Portail|maladies infectieuses|virologie|entre-deux-guerres|Première Guerre mondiale|Années 1920}}
 
[[Catégorie:Grippe espagnole| ]]