中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU III 追忆似水年华 第三卷(250)
Le Côté de Guermantes 盖尔芒特家那边
作者:Marcel Proust 马塞尔-普鲁斯特
Deuxième Partie 第二部
编辑整理:WANGGUOTONG
— Oui, seulement baissez la capote. Enfin pensez à ma proposition, me dit M. de Charlus avant de me quitter, je vous donne quelques jours pour y réfléchir, écrivez-moi. Je vous le répète, il faudra que je vous voie chaque jour et que je reçoive de vous des garanties de loyauté, de discrétion que d’ailleurs, je dois le dire, vous semblez offrir. Mais, au cours de ma vie, j’ai été si souvent trompé par les apparences que je ne veux plus m’y fier. Sapristi ! c’est bien le moins qu’avant d’abandonner un trésor je sache en quelles mains je le remets. Enfin, rappelez-vous bien ce que je vous offre, vous êtes comme Hercule dont, malheureusement pour vous, vous ne me semblez pas avoir la forte musculature, au carrefour de deux routes. Tâchez de ne pas avoir à regretter toute votre vie de n’avoir pas choisi celle qui conduisait à la vertu. Comment, dit-il au cocher, vous n’avez pas encore baissé la capote ? je vais plier les ressorts moi-même. Je crois du reste qu’il faudra aussi que je conduise, étant donné l’état où vous semblez être.
“可以,不过得把车篷放下。好了,别忘了我同您说的话,”德-夏吕斯先生离开我时又对我说,“我给您几天时间,您把考虑的结果写信告诉我。我再说一遍,我必须每天见到您,我要您保证做到诚实,守口如瓶,况且,应该说,您似乎已经做过保证了。可是,我一生中上当受骗的次数太多,也就不再相信表面现象。他妈的!最起码也得让我在放弃一个宝库之前,知道把它交给谁呀!好吧,记住我提的建议,您和赫丘利一样,走到了十字路口,不幸的是,您没有那样强健的肌肉。千万不要放弃选择通往道德的路,否则您会后悔一辈子的。怎么,”他对马车夫说,“您还没把车篷放下哪?我只好亲自动手了。再说,既然您醉成这个样子,我相信这车也得由我来赶了。”——
Et il sauta à côté du cocher, au fond du fiacre qui partit au grand trot.
他跳上车,坐到马车夫身边。马车飞快跑了。
Pour ma part, à peine rentré à la maison, j’y retrouvai le pendant de la conversation qu’avaient échangée un peu auparavant Bloch et M. de Norpois, mais sous une forme brève, invertie et cruelle : c’était une dispute entre notre maître d’hôtel, qui était dreyfusard, et celui des Guermantes, qui était antidreyfusard. Les vérités et contre-vérités qui s’opposaient en haut chez les intellectuels de la Ligue de la Patrie française et celle des Droits de l’homme se propageaient en effet jusque dans les profondeurs du peuple. M. Reinach manœuvrait par le sentiment des gens qui ne l’avaient jamais vu, alors que pour lui l’affaire Dreyfus se posait seulement devant sa raison comme un théorème irréfutable et qu’il démontra, en effet, par la plus étonnante réussite de politique rationnelle (réussite contre la France, dirent certains) qu’on ait jamais vue. En deux ans il remplaça un ministère Billot par un ministère Clemenceau, changea de fond en comble l’opinion publique, tira de sa prison Picquart pour le mettre, ingrat, au Ministère de la Guerre. Peut-être ce rationaliste manœuvreur de foules était-il lui-même manœuvré par son ascendance. Quand les systèmes philosophiques qui contiennent le plus de vérités sont dictés à leurs auteurs, en dernière analyse, par une raison de sentiment, comment supposer que, dans une simple affaire politique comme l’affaire Dreyfus, des raisons de ce genre ne puissent, à l’insu du raisonneur, gouverner sa raison ? Bloch croyait avoir logiquement choisi son dreyfusisme, et savait pourtant que son nez, sa peau et ses cheveux lui avaient été imposés par sa race. Sans doute la raison est plus libre ; elle obéit pourtant à certaines lois qu’elle ne s’est pas données. Le cas du maître d’hôtel des Guermantes et du nôtre était particulier. Les vagues des deux courants de dreyfusisme et d’antidreyfusisme, qui de haut en bas divisaient la France, étaient assez silencieuses, mais les rares échos qu’elles émettaient étaient sincères. En entendant quelqu’un, au milieu d’une causerie qui s’écartait volontairement de l’Affaire, annoncer furtivement une nouvelle politique, généralement fausse mais toujours souhaitée, on pouvait induire de l’objet de ses prédictions l’orientation de ses désirs. Ainsi s’affrontaient sur quelques points, d’un côté un timide apostolat, de l’autre, une sainte indignation. Les deux maîtres d’hôtel que j’entendis en rentrant faisaient exception à la règle. Le nôtre laissa entendre que Dreyfus était coupable, celui des Guermantes qu’il était innocent. Ce n’était pas pour dissimuler leurs convictions, mais par méchanceté et âpreté au jeu. Notre maître d’hôtel, incertain si la révision se ferait, voulait d’avance, pour le cas d’un échec, ôter au maître d’hôtel des Guermantes la joie de croire une juste cause battue. Le maître d’hôtel des Guermantes pensait qu’en cas de refus de révision, le nôtre serait plus ennuyé de voir maintenir à l’île du Diable un innocent.且说我这边回到盖尔芒特府,正碰上我们家的膳食总管在同盖尔芒特家的膳食总管谈话,一个是重审派,一个是反重审派,谈话内容和刚才布洛克同德-诺布瓦先生的谈话相同,但从形式上看,两个膳食总管的谈话简单干脆、阴阳怪气、毫不容情:实际上成了一场争吵。的确,在法兰西祖国联盟和人权联盟的上层知识分子中针锋相对的真理和谎言已广泛传播到下层人民中间了。雷纳克先生施展策略,利用了那些和他从没有见过面的人的感情。德雷福斯案在他的理智面前不过是一个无可辩驳的定理,他确实以一种希奇古怪、闻所未闻的合乎理性的政治纸牌戏(有人说是针对法国的)“论证”了这个定理。他用两年时间,终于使克雷孟梭内阁代替了比约内阁,彻底改变了舆论,把比卡尔救出监牢,并且徒劳无益地让他当上了陆军部长。也许这个操纵群众的唯理主义者自己也受到他祖先的操纵。既然包容最多真理的哲学体系归根结底是由一种感情强加给这个体系的创始人的,那么怎能假设,在象德雷福斯案那样简单的政治事件中,这种感情不会在推理人毫无意识的情况下把握推理人的理智呢?布洛克自以为是按照逻辑选择重审派的,然而他明明知道他的鼻子、肤色和头发却是犹太人种强加给他的。理智可能更自由一些;但它却服从于某些并不是由它自己规定的法则。两位膳食总管之间的争论情况比较特殊。重审派和反重审派自上而下把法国分成两部分,这两股波涛发出的声音虽然微弱,但寥寥可数的回声却很真诚。在一次大家避而不谈这一案件的谈话中,当我们听到有人小心翼翼地报告一个通常是不真实的,但却受人欢迎的政治消息时,我们可以从报告人预言的目标推断出他的倾向。于是在某些问题上就有了冲突,一边是遮遮掩掩的传教热忱,另一边是道貌岸然的愤慨。我进屋时听到正在争论不休的两个膳食总管当然是例外。我们家的那位说德雷福斯有罪,盖尔芒特家的说他无罪。他们这样做不是为了隐瞒各自的信仰,而是别有用心,赌红了眼。我们家的那位对案子能不能重审心中没有把握,他想先发制人,这样倘若重审派失败,盖尔芒特家的膳食总管也就不敢为正义事业的失败而幸灾乐祸了。而盖尔芒特家的心想,假如政府拒绝重审,我们家的膳食总管会因为看到一个无辜者仍被囚禁在魔鬼岛上而增加烦恼。门房看着他们争吵。我似乎觉得这次在盖尔芒特府的佣人中出现的分裂不是由他挑起来的——
Je remontai et trouvai ma grand’mère plus souffrante. Depuis quelque temps, sans trop savoir ce qu’elle avait, elle se plaignait de sa santé. C’est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls, mais enchaînés à un être d’un règne différent, dont des abîmes nous séparent, qui ne nous connaît pas et duquel il est impossible de nous faire comprendre : notre corps. Quelque brigand que nous rencontrions sur une route, peut-être pourrons-nous arriver à le rendre sensible à son intérêt personnel sinon à notre malheur. Mais demander pitié à notre corps, c’est discourir devant une pieuvre, pour qui nos paroles ne peuvent pas avoir plus de sens que le bruit de l’eau, et avec laquelle nous serions épouvantés d’être condamnés à vivre. Les malaises de ma grand’mère passaient souvent inaperçus à son attention toujours détournée vers nous. Quand elle en souffrait trop, pour arriver à les guérir, elle s’efforçait en vain de les comprendre. Si les phénomènes morbides dont son corps était le théâtre restaient obscurs et insaisissables à la pensée de ma grand’mère, ils étaient clairs et intelligibles pour des êtres appartenant au même règne physique qu’eux, de ceux à qui l’esprit humain a fini par s’adresser pour comprendre ce que lui dit son corps, comme devant les réponses d’un étranger on va chercher quelqu’un du même pays qui servira d’interprète. Eux peuvent causer avec notre corps, nous dire si sa colère est grave ou s’apaisera bientôt. Cottard, qu’on avait appelé auprès de ma grand’mère et qui nous avait agacés en nous demandant avec un sourire fin, dès la première minute où nous lui avions dit que ma grand’mère était malade : « Malade ? Ce n’est pas au moins une maladie diplomatique ? », Cottard essaya, pour calmer l’agitation de sa malade, le régime lacté. Mais les perpétuelles soupes au lait ne firent pas d’effet parce que ma grand’mère y mettait beaucoup de sel (Widal n’ayant pas encore fait ses découvertes), dont on ignorait l’inconvénient en ce temps-là. Car la médecine étant un compendium des erreurs successives et contradictoires des médecins, en appelant à soi les meilleurs d’entre eux on a grande chance d’implorer une vérité qui sera reconnue fausse quelques années plus tard. De sorte que croire à la médecine serait la suprême folie, si n’y pas croire n’en était pas une plus grande, car de cet amoncellement d’erreurs se sont dégagées à la longue quelques vérités. Cottard avait recommandé qu’on prît sa température. On alla chercher un thermomètre. Dans presque toute sa hauteur le tube était vide de mercure. À peine si l’on distinguait, tapie au fond dans sa petite cuve, la salamandre d’argent. Elle semblait morte. On plaça le chalumeau de verre dans la bouche de ma grand’mère. Nous n’eûmes pas besoin de l’y laisser longtemps ; la petite sorcière n’avait pas été longue à tirer son horoscope. Nous la trouvâmes immobile, perchée à mi-hauteur de sa tour et n’en bougeant plus, nous montrant avec exactitude le chiffre que nous lui avions demandé et que toutes les réflexions qu’ait pu faire sur soi-même l’âme de ma grand’mère eussent été bien incapables de lui fournir : 38°3. Pour la première fois nous ressentîmes quelque inquiétude. Nous secouâmes bien fort le thermomètre pour effacer le signe fatidique, comme si nous avions pu par là abaisser la fièvre en même temps que la température marquée. Hélas ! il fut bien clair que la petite sibylle dépourvue de raison n’avait pas donné arbitrairement cette réponse, car le lendemain, à peine le thermomètre fut-il replacé entre les lèvres de ma grand’mère que presque aussitôt, comme d’un seul bond, belle de certitude et de l’intuition d’un fait pour nous invisible, la petite prophétesse était venue s’arrêter au même point, en une immobilité implacable, et nous montrait encore ce chiffre 38°3, de sa verge étincelante. Elle ne disait rien d’autre, mais nous avions eu beau désirer, vouloir, prier, sourde, il semblait que ce fût son dernier mot avertisseur et menaçant. Alors, pour tâcher de la contraindre à modifier sa réponse, nous nous adressâmes à une autre créature du même règne, mais plus puissante, qui ne se contente pas d’interroger le corps mais peut lui commander, un fébrifuge du même ordre que l’aspirine, non encore employée alors. Nous n’avions pas fait baisser le thermomètre au delà de 37°½ dans l’espoir qu’il n’aurait pas ainsi à remonter. Nous fîmes prendre ce fébrifuge à ma grand’mère et remîmes alors le thermomètre. Comme un gardien implacable à qui on montre l’ordre d’une autorité supérieure auprès de laquelle on a fait jouer une protection, et qui le trouvant en règle répond : « C’est bien, je n’ai rien à dire, du moment que c’est comme ça, passez », la vigilante tourière ne bougea pas cette fois. Mais, morose, elle semblait dire : « À quoi cela vous servira-t-il ? Puisque vous connaissez la quinine, elle me donnera l’ordre de ne pas bouger, une fois, dix fois, vingt fois. Et puis elle se lassera, je la connais, allez. Cela ne durera pas toujours. Alors vous serez bien avancés. » Alors ma grand’mère éprouva la présence, en elle, d’une créature qui connaissait mieux le corps humain que ma grand’mère, la présence d’une contemporaine des races disparues, la présence du premier occupant — bien antérieur à la création de l’homme qui pense ; — elle sentit cet allié millénaire qui la tâtait, un peu durement même, à la tête, au cœur, au coude ; il reconnaissait les lieux, organisait tout pour le combat préhistorique qui eut lieu aussitôt après. En un moment, Python écrasé, la fièvre fut vaincue par le puissant élément chimique, que ma grand’mère, à travers les règnes, passant par-dessus tous les animaux et les végétaux, aurait voulu pouvoir remercier. Et elle restait émue de cette entrevue qu’elle venait d’avoir, à travers tant de siècles, avec un climat antérieur à la création même des plantes. De son côté le thermomètre, comme une Parque momentanément vaincue par un dieu plus ancien, tenait immobile son fuseau d’argent. Hélas ! d’autres créatures inférieures, que l’homme a dressées à la chasse de ces gibiers mystérieux qu’il ne peut pas poursuivre au fond de lui-même, nous apportaient cruellement tous les jours un chiffre d’albumine faible, mais assez fixe pour que lui aussi parût en rapport avec quelque état persistant que nous n’apercevions pas. Bergotte avait choqué en moi l’instinct scrupuleux qui me faisait subordonner mon intelligence, quand il m’avait parlé du docteur du Boulbon comme d’un médecin qui ne m’ennuierait pas, qui trouverait des traitements, fussent-ils en apparence bizarres, mais s’adapteraient à la singularité de mon intelligence. Mais les idées se transforment en nous, elles triomphent des résistances que nous leur opposions d’abord et se nourrissent de riches réserves intellectuelles toutes prêtes, que nous ne savions pas faites pour elles. Maintenant, comme il arrive chaque fois que les propos entendus au sujet de quelqu’un que nous ne connaissons pas ont eu la vertu d’éveiller en nous l’idée d’un grand talent, d’une sorte de génie, au fond de mon esprit je faisais bénéficier le docteur du Boulbon de cette confiance sans limites que nous inspire celui qui d’un œil plus profond qu’un autre perçoit la vérité. Je savais certes qu’il était plutôt un spécialiste des maladies nerveuses, celui à qui Charcot avant de mourir avait prédit qu’il régnerait sur la neurologie et la psychiatrie. « Ah ! je ne sais pas, c’est très possible », dit Françoise qui était là et qui entendait pour la première fois le nom de Charcot comme celui de du Boulbon. Mais cela ne l’empêchait nullement de dire : « C’est possible. » Ses « c’est possible », ses « peut-être », ses « je ne sais pas » étaient exaspérants en pareil cas. On avait envie de lui répondre : « Bien entendu que vous ne le saviez pas puisque vous ne connaissez rien à la chose dont il s’agit, comment pouvez-vous même dire que c’est possible ou pas, vous n’en savez rien ? En tout cas maintenant vous ne pouvez pas dire que vous ne savez pas ce que Charcot a dit à du Boulbon, etc., vous le savez puisque nous vous l’avons dit, et vos « peut-être », vos « c’est possible » ne sont pas de mise puisque c’est certain. »
我上楼回到家里,发现外祖母病得更厉害了。一些日子以来,她常叫身体不舒服,但不知道得了什么病。我们只有在生病的时候才意识到我们的生命不仅仅属于我们自己,而是和我们的躯体——一个不同界的存在物紧紧地联系在一起,万丈深渊把我们同躯体隔开,它不认识我们,我们也无法让它理解我们。如果我们在路上遇到强盗,不管是什么样的强盗,即使不能让他们同情我们,至少,也可以用利益打动他们。可是要躯体怜悯我们,这就如同对牛弹琴,徒费口舌。对躯体而言,我们的话不会比水声更有意义,而我们却要和它一起生活,不免惶恐不安。我外祖母常常觉察不到身体有什么不适,因为她的注意力全放在我们身上。当她觉得很难受的时候,为了治好病,她总想弄清楚得的是什么病,但却枉费心思。如果说她身体表现出来的种种病症,在她的思想上仍然是模糊不清,难以理解的话,那么这些病症对于和它们属于同一界的创造物来说却是清清楚楚,很好理解。人的思想要弄清楚躯体对它说了什么,最后总要求助于这些创造物,正如要知道一个外国人回答什么,必须找他的一个同胞来当翻译一样。它们能和我们的躯体交谈,告诉我们躯体在大发雷霆,还是即将息怒。我们把戈达尔大夫请来给我外祖母看病。他一听到我们说外祖母病了,脸上就露出莫测高深的微笑,问我们:“病了?不至于是外交病吧?”这使我们又气又恼。为了解除病人的焦躁不安,他叫她试用以牛奶为主的食谱。外祖母每餐都吃牛奶做的浓汤,可是并不见效,因为她在汤里面放了许多盐。那时候,大家还不知道盐对人体有害处(维达还没有研究出来)。医学是医生一个接一个犯下的互相矛盾的错误之综合;你把最好的医生请来看病,你有幸求助于一个真理,可是几年后,这个真理很可能被认为是谬误。因此,要不是不相信医学比相信医学更荒唐(因为从错误的积累中逐渐产生了一些真理),否则的话,相信医学很可能是天下最大的荒唐了。戈达尔吩咐我们给外祖母试体温。有人拿来了体温表。体温表的玻璃管几乎是空的,看不见水银,勉强能看见银色的蝾螈卧在它的小槽里。它仿佛死了。我们把玻璃管塞进外祖母的口腔(玻璃管在外祖母的嘴里不用呆很久),不一会儿,小巫婆就给她算好了命。我们发现小巫婆停在塔楼的半中央,静止不动,准确地向我们显示出我们要她显示的,我外祖母反复捉摸也没有得到的数字:38度3。我们第一次感到了不安。我们使劲地甩动体温表,想把这个决定命运的符号甩掉,仿佛这样甩,不仅能使体温表指示的温度下降,而且也能使外祖母的体温下降似的。唉!失去理智的小巫婆显然不愿意满足我们的愿望,因为第二天,体温表刚插进外祖母的嘴里,女预言家纵身一跳就跳到同一个度数上,毫不留情地停下来,用她闪闪发光的魔棍给我们指出了同一个数字:38度3,坚定的信念和能凭直觉感到我们感不到的事实使她变成了一个美人。对我们的愿望和期望,我们的要求,她都充耳不闻,毫不退让,好象这是她最后的警告和威胁似的。为了使女巫婆改变反应,我们求助于另一个和体温表属于同一界的,但比体温表更有威力,不仅能询问,而且能指挥身体的创造物:退烧药。这种退烧药和阿斯匹林同属一类,但尚没有应用于临床。我们没有把体温表降到37度5以下。希望它不要再往上升。我们让外祖母服了退烧药,然后又把体温表放到她嘴里。那位警觉的女巫婆这次一动也不动,宛若铁面无情的卫兵,当有人把通过关系搞到的上级机关的通行证拿给她看时,她认为通行证符合规定,便答道:“好,我没意见,既然如此,那就过去吧。”可她却闷闷不乐,没精打采,仿佛在说:“这对你有什么好处?既然你认识奎宁,他可以命令我不动。一次,十次,二十次。可是,他会厌烦的,我了解它,走着瞧吧。好日子长不了,到那时你就会病得更厉害了。”——于是,我外祖母感觉到在她的躯体内有一个比她更了解人体的生灵,和灭绝的树种是同代人,是地球的第一个占领者,比有思想的人类出现还要早。她感到这个古老的盟友在摸她的脑袋、心脏和胳膊,甚至有点儿叫人难以忍受;它熟门熟路,把一切组织得井井有条,以应付一场即将揭幕的十分古老的战斗。不多久,皮东被打死,寒热被威力无比的化学元素战胜,我外祖母也许很想穿过地球的各个界,越过所有的动植物,向这个化学元素鸣谢。她激动的心情久久不能平静,因为她刚才相隔那么多世纪,同一个先于植物而存在的元素进行了一场对话。再说体温表,它就象一个暂时被更古老的天神所打败的命运女神,手持银色纺锤停止了纺线。唉!不幸的是,人类还驯服了其他一些低级创造物,用来追捕自己无力追捕的神秘猎物,可是,这些创造物冷酷无情地给我们带来了微量的蛋白,但每天都有一定的量,使蛋白也似乎同我们感觉不到的某个持续状态有关系。贝戈特从前曾向我推荐过迪-布尔邦大夫,说他不会使我感到乏味的,他会想出一些治疗方案,尽管看上去荒诞不经,但同我奇特的智慧很相适应;我这个人生来认真,从来只让我的智慧服从我自己的本性,因此我听了贝戈特的建议感到很生气。但是,人的思想是不断变化的,它可以冲破我们本性开始设置的防线,从现成的丰富的智慧宝库中吸收养料。当我们听到有人在议论一个我们素不相识的人时,我们常常会把这个陌生人想象成才华横溢的人,与此相仿,现在我对迪-布尔邦大夫产生了无限的信任,仿佛他比别人更敏锐,更能洞察真理。当然,更确切地说,我知道他是一个神经病专家,钱戈大夫临终前曾对他预言,说他将成为神经病学和精神病学的最高权威。“啊!我不知道,这完全可能。”弗朗索瓦丝也在场,她第一次听到迪-布尔邦和钱戈的名字,但这丝毫不妨碍她说:“这完全可能。”在这种场合说“这完全可能”,“也许”,“我不知道”,实在叫人啼笑皆非。我真想回击她:“既然您对别人说的事一无所知,当然您也就不会知道了;既然不知道,又何来可能与不可能呢?无论如何,您现在绝对不能说您不知道钱戈对迪-希尔邦说过那番话了。既然我们对您说了,您也就知道了;既然这是肯定的,您那个‘也许’、‘这完全可能’在这里也就用不上了。”——
喜欢wangguotong朋友的这个帖子的话,👍 请点这里投票,"赞" 助支持!
帖子内容是网友自行贴上分享,如果您认为其中内容违规或者侵犯了您的权益,请与我们联系,我们核实后会第一时间删除。
打开微信,扫一扫[Scan QR Code]
进入内容页点击屏幕右上分享按钮
楼主本月热帖推荐:
>>>查看更多帖主社区动态...